PC chinois, ennemi des Droits de l’Homme, nouvel ami de la France

En signant un protocole avec le Parti Communiste Chinois, Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, bafoue les promesses de campagne de Nicolas Sarkozy sur les Droits de l’Homme.

«Notre fierté repose enfin sur la vocation particulière de la France dans le monde …] Je ne transigerai pas avec les valeurs de notre pays, son indépendance et ses alliances. […] Je ne passerai jamais sous silence les atteintes aux droits de l’homme au nom de nos intérêts économiques. Je défendrai les droits de l’homme partout où ils sont méconnus ou menacés et je les mettrai au service de la défense des droits des femmes.» C’est sur ces promesses que finit [le programme du candidat aux élections présidentielles de 2007, Nicolas Sarkozy.

Deux ans et demi plus tard, le 24 octobre 2009, on apprend que lors d’une visite en Chine, Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, a signé avec le Parti communiste chinois (PCC), un protocole axé sur l’environnement et la sortie de crise économique. «Ce protocole veut dire une meilleure compréhension, une meilleure connaissance et beaucoup plus d’échange avec la Chine», a t-il déclaré à la sortie de son entretien avec Jia Qinglin, président du Comité national de la Conférence consultative politique du Peuple chinois (CCPPC). En revanche ce protocole passe sous silence des questions fondamentales, comme les droits de l’Homme, la liberté de la presse et la situation du Tibet, qui pourraient bien déranger le nouvel ami de la France : la Chine.

En effet, Amnesty International nous rappelle, dans son rapport de 2009 sur la situation des droits humains dans le monde, qu’en Chine «la torture et les mauvais traitements demeurent très répandus. La circulation des informations est toujours rigoureusement contrôlée : de nombreux sites Internet ont été bloqués et des journalistes ainsi que des internautes ont été harcelés et placés en détention pour avoir exprimé leurs opinions, pourtant de manière pacifique». En ce qui concerne les condamnations, la Chine n’est pas mal lotie, l’ONG nous informe qu’«au moins 7 000 condamnations à mort auraient été prononcées et […] au moins 1 700 exécutions auraient eu lieu en 2008».

Mais si Christian Estrosi, premier conseiller politique de l’UMP défend le projet de Xavier Bertrand en affirmant qu’il s’agit «d’ une bonne initiative, qui répond à une demande du parti communiste chinois qui sait que notre mouvement ne transige jamais sur le respect des droits humains», beaucoup de voix au sein de la majorité s’inquiètent de ce rapprochement. Dominique Tian, député de la 2ème circonscription des Bouches du Rhône et maire des 6ème et 8ème arrondissements de Marseille, ironise : «pourquoi n’a-t-on pas des relations avec le parti au pouvoir en Corée du Nord ou à Cuba ?»

Cette question mériterait d’être posée. En effet, ce n’est pas la première fois que le gouvernement français se compromet en s’affichant avec des régimes peu recommandables. Alors qu’Amnesty International présente la Libye comme un pays où «la liberté d’expression, d’association et de réunion est toujours fortement restreinte, dans un climat caractérisé par la répression de la dissidence et l’absence d’ONG indépendantes de défense des droits humains». On se souvient du tapis rouge déroulé par Nicolas Sarkozy en décembre 2007 au président libyen Mouammar Kadhafi, au nom d’une diplomatie de la réconciliation. On se rappelle aussi du rapprochement entre la France et l’Arabie Saoudite en mars 2008 dans le cadre d’une coopération entre des organismes de recherche français et leurs homologues saoudiens au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. En 2008, en Arabie Saoudite, «des militants des droits humains et des détracteurs pacifiques du gouvernement ont été arrêtés ou maintenus en détention; certains étaient des prisonniers d’opinion. La liberté d’expression, de religion, d’association et de réunion était toujours fortement restreinte. …] La peine de mort continuait d’être fréquemment utilisée et elle était infligée de manière discriminatoire aux travailleurs étrangers originaires de pays en voie de développement, ainsi qu’aux femmes et aux pauvres. Au moins 102 personnes ont été exécutées», nous indique de nouveau [Amnesty International.

Pour répondre à la question de Dominique Tian, on pourrait dire qu’il ne serait pas surprenant qu’une collaboration entre la France et la Corée du Nord se fasse d’ici peu.

Éric Besson affirme son identité

Le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale veut promouvoir les valeurs de la République en lançant un débat sur l’identité nationale. Et ce à quatre mois des élections régionales de mars 2010.

«J’ai envie de lancer un grand débat sur les valeurs de l’identité nationale, sur ce qu’est être français aujourd’hui», a déclaré dimanche le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, Eric Besson, au micro de RTL. Le ministre a en effet proposé aux associatifs et politiques de plancher sur la promotion des valeurs de la République française. Il invite ainsi «préfets et sous-préfets a organiser des réunions avec les forces vives de la Nation sur le thème de qu’est-ce qu’être Français, quelles sont les valeurs qui nous relient, quelle est la nature du lien qui fait que nous sommes français et que nous devons être fiers».

Éric Besson a déjà lancé quelques pistes de réflexions comme l’apprentissage de la Marseillaise aux élèves ou encore «un parrainage républicain » entre un étranger arrivant sur le territoire et un français «dans le but de faciliter l’intégration de celui-ci sur le territoire nationale.» Pour illustrer sa motivation, le ministre a aussi pris l’exemple de la burqa comme un phénomène «contraire aux valeurs de l’identité nationale.» Après les débats suscités par l’expulsion de trois clandestins Afghans le 21 octobre dernier, le ministre de l’immigration semble prendre à cœur le deuxième volet de sa fonction: celui de «l’identité nationale».

Même si Eric Besson conteste vouloir appliquer les thèses du Front national pour capter le reste de son électorat avant les élections régionales du printemps 2010, l’opposition ne cesse de critiquer la proposition du ministre. Les verts y voient une «vieille soupe nationaliste », le Parti Communiste « une résurgence du pétainisme », et pour le Parti Socialiste, il s’agit bel et bien d’une manœuvre électorale. En effet, à l’approche des élections régionales l’UMP semble vouloir jouer une carte qui avait fait la réussite de l’élection présidentielle de Nicolas Sarkozy, celle de la protection de l’identité française. Peu avant la présidentielle de 2007, un sondage CSA-Cisco pour France 3 et France Info, avait fait apparaître que l’irruption du thème de l’identité nationale dans le débat électoral était jugée comme une «bonne chose» par 62% des français, et 81% des électeurs potentiels de Nicolas Sarkozy.

Donc rien de nouveau sous le soleil sauf peut être une droite qui se rapproche encore un peu plus du terrain glissant du nationalisme.

Bouclier fiscal : « une parenthèse serait peut être salutaire. »

Il y a quinze jours, à l’Assemblée nationale, Charles de Courson, du Nouveau Centre, et Pierre Méhaignerie, de l’UMP, proposaient un amendement pour que les plus hauts revenus contribuent exceptionnellement à hauteur de 5% en ces temps de crise. Une façon implicite de remettre en cause le bouclier fiscal ou de le remanier. René Couanau, autre député UMP, souhaitait quant à lui suspendre le bouclier fiscal pour les revenus de 2009. Ces deux amendements ont été rejetés. Mais ils témoignent d’une division du groupe UMP à l’Assemblée vis-à-vis de cette mesure. Il n’y a pas que la Gauche qui s’échine à la discréditer. Jacques Domergue, député UMP de l’Hérault, et membre du Conseil Régional du Languedoc Roussillon, est encore hésitant sur la question. Il plaide néanmoins pour une « parenthèse », sans toutefois déroger à la ligne de conduite prônée par Nicolas Sarkozy.

Le coût du bouclier fiscal a doublé entre 2007 et 2008[[En 2007, lorsque le bouclier fiscal plafonnait encore à 60% le prélèvement maximum des plus hauts revenus, l’État a remboursé plus de 246 millions d’euros à l’ensemble des contribuables les plus riches. En 2008, ces remboursements ont quasiment doublé, pour un nombre de contribuables équivalent. Ils se sont élevés à 458 millions d’euros.]]. Pouvez vous nous rappeler quel est son intérêt ?

L’intérêt du bouclier fiscal c’est de faire en sorte qu’aucun français ne paie en impôt, plus de la moitié de ce qu’il gagne. Cela a été mis en oeuvre dès 2007, lors de l’élection de Nicolas Sarkozy, parmi différentes mesures incluses dans le Paquet Fiscal. Mais le bouclier fiscal n’est qu’une partie infime de cette manne budgétaire. Alors aujourd’hui c’est en discussion, c’est vrai, parce que la conjoncture a changé, et parce qu’on est en situation de crise. Donc certains le remettent en cause.

C’était pour remédier au problème des exilés fiscaux, alors sont-ils de retour ?

Il y a eu 15% de personnes en plus, qui sont revenues, ou qui ne sont pas parties… Maintenant je suis incapable de dire si en terme d’efficacité et de rentabilité, c’est une bonne mesure. Ce qui est sûr, c’est qu’en matière fiscale il faut qu’il y ait une certaine lisibilité et surtout un certain suivi. On ne peut pas dire « on va faire en sorte que ceux qui ont de l’argent reviennent en France pour y payer leurs impôts », et le lendemain, dire le contraire. Moi je comprends tous ceux qui se manifestent contre le bouclier fiscal en disant qu’aujourd’hui, nous n’avons plus les moyens, et qu’il faut que les riches paient… C’est un discours audible. Mais je le répète, c’est dangereux parce que la rentabilité sera faible et le message, très négatif. Certains diront qu’en France, on change d’avis toutes les cinq minutes.

Justement, à l’Assemblée nationale, le groupe UMP est très partagé sur cette question…

Oui nous sommes partagés. Comme je viens de le dire, on n’aime pas donner des signaux contraires. Mais la situation économique actuelle n’est pas la même qu’en 2007. Cela peut justifier un réajustement. Est ce que ce réajustement doit aller jusqu’à la suppression du bouclier fiscal, ou pas ?

Deux amendements, proposés par des députés UMP, et visant à suspendre ou remanier de façon temporaire le bouclier fiscal, ont été rejetés à l’Assemblée Nationale. Dans quel camp vous placez-vous ?

Moi je ne suis pas déterminé là-dessus. J’entends les deux types d’arguments. Il y a du bon d’un côté, il y a du bon de l’autre… Mais je pense qu’aujourd’hui, une parenthèse serait peut être salutaire. Sans retoucher au bouclier fiscal sur un mode législatif, mais au moins une parenthèse, comme on le fait avec les parachutes dorés. On ne veut plus permettre aux PDG des entreprises aidées par l’État de toucher des stocks options… C’est l’État qui leur permet de ne pas être en cessation de paiement. Il faut qu’il y ait une logique.

Si l’on mettait le bouclier fiscal entre parenthèse, honnêtement, cela ne rapporterait pas grand chose à l’État. Mais en terme de symbole, pour ceux qui ont des difficultés ou qui perdent leur emploi, ce serait positif.

Nicolas Sarkozy ne souhaite ni commenter la manifestation du jeudi 19 mars, ni remanier son bouclier fiscal. Que faut-il comprendre ?

Non, je ne lie pas le bouclier fiscal à la manifestation. Elle témoigne d’un ras-le-bol et des difficultés que rencontrent les français. Mais le ras-le-bol…

Moi j’ai vu la situation des États-unis, j’y étais pendant trois jours. Et elle est bien pire qu’en France ! Des maisons sont en vente partout… des immeubles de 2000 appartements sont entièrement vides parce qu’ils n’ont pas trouvé d’acheteurs… Mais les américains ne sont pas comme les français. Ils ne descendent pas dans la rue pour manifester leur mécontentement…

Manifester, ici, c’est un droit…

…Ils se retroussent les manches, ils font des petits jobs. Or nous, on a l’impression qu’on en est incapable. Je ne dis pas que c’est la solution idéale, mais il y a sûrement aussi des solutions.

Il est certain, aujourd’hui, que le niveau de l’emploi en France est très mauvais. Les entreprises ferment les unes après les autres. D’un autre côté, l’État et les collectivités locales doivent aussi se retrousser les manches. Il faut mettre de l’argent dans l’entreprise plutôt que dans la communication ou dans des dépenses fastueuses. Voilà ce qu’il faut faire. Combien de temps cela va durer ? Ni vous ni moi ne le savons. Mais à mon sens, on est loin de la reprise.

Bouclier fiscal : « une parenthèse serait peut être salutaire. »

Il y a quinze jours, à l’Assemblée nationale, Charles de Courson, du Nouveau Centre, et Pierre Méhaignerie, de l’UMP, proposaient un amendement pour que les plus hauts revenus contribuent exceptionnellement à hauteur de 5% en ces temps de crise. Une façon implicite de remettre en cause le bouclier fiscal ou de le remanier. René Couanau, autre député UMP, souhaitait quant à lui suspendre le bouclier fiscal pour les revenus de 2009. Ces deux amendements ont été rejetés. Mais ils témoignent d’une division du groupe UMP à l’Assemblée vis-à-vis de cette mesure. Il n’y a pas que la Gauche qui s’échine à la discréditer. Jacques Domergue, député UMP de l’Hérault, et membre du Conseil Régional du Languedoc Roussillon, est encore hésitant sur la question. Il plaide néanmoins pour une « parenthèse », sans toutefois déroger à la ligne de conduite prônée par Nicolas Sarkozy.

Le coût du bouclier fiscal a doublé entre 2007 et 2008[[En 2007, lorsque le bouclier fiscal plafonnait encore à 60% le prélèvement maximum des plus hauts revenus, l’État a remboursé plus de 246 millions d’euros à l’ensemble des contribuables les plus riches. En 2008, ces remboursements ont quasiment doublé, pour un nombre de contribuables équivalent. Ils se sont élevés à 458 millions d’euros.]]. Pouvez vous nous rappeler quel est son intérêt ?

L’intérêt du bouclier fiscal c’est de faire en sorte qu’aucun français ne paie en impôt, plus de la moitié de ce qu’il gagne. Cela a été mis en oeuvre dès 2007, lors de l’élection de Nicolas Sarkozy, parmi différentes mesures incluses dans le Paquet Fiscal. Mais le bouclier fiscal n’est qu’une partie infime de cette manne budgétaire. Alors aujourd’hui c’est en discussion, c’est vrai, parce que la conjoncture a changé, et parce qu’on est en situation de crise. Donc certains le remettent en cause.

C’était pour remédier au problème des exilés fiscaux, alors sont-ils de retour ?

Il y a eu 15% de personnes en plus, qui sont revenues, ou qui ne sont pas parties… Maintenant je suis incapable de dire si en terme d’efficacité et de rentabilité, c’est une bonne mesure. Ce qui est sûr, c’est qu’en matière fiscale il faut qu’il y ait une certaine lisibilité et surtout un certain suivi. On ne peut pas dire « on va faire en sorte que ceux qui ont de l’argent reviennent en France pour y payer leurs impôts », et le lendemain, dire le contraire. Moi je comprends tous ceux qui se manifestent contre le bouclier fiscal en disant qu’aujourd’hui, nous n’avons plus les moyens, et qu’il faut que les riches paient… C’est un discours audible. Mais je le répète, c’est dangereux parce que la rentabilité sera faible et le message, très négatif. Certains diront qu’en France, on change d’avis toutes les cinq minutes.

Justement, à l’Assemblée nationale, le groupe UMP est très partagé sur cette question…

Oui nous sommes partagés. Comme je viens de le dire, on n’aime pas donner des signaux contraires. Mais la situation économique actuelle n’est pas la même qu’en 2007. Cela peut justifier un réajustement. Est ce que ce réajustement doit aller jusqu’à la suppression du bouclier fiscal, ou pas ?

Deux amendements, proposés par des députés UMP, et visant à suspendre ou remanier de façon temporaire le bouclier fiscal, ont été rejetés à l’Assemblée Nationale. Dans quel camp vous placez-vous ?

Moi je ne suis pas déterminé là-dessus. J’entends les deux types d’arguments. Il y a du bon d’un côté, il y a du bon de l’autre… Mais je pense qu’aujourd’hui, une parenthèse serait peut être salutaire. Sans retoucher au bouclier fiscal sur un mode législatif, mais au moins une parenthèse, comme on le fait avec les parachutes dorés. On ne veut plus permettre aux PDG des entreprises aidées par l’État de toucher des stocks options… C’est l’État qui leur permet de ne pas être en cessation de paiement. Il faut qu’il y ait une logique.

Si l’on mettait le bouclier fiscal entre parenthèse, honnêtement, cela ne rapporterait pas grand chose à l’État. Mais en terme de symbole, pour ceux qui ont des difficultés ou qui perdent leur emploi, ce serait positif.

Nicolas Sarkozy ne souhaite ni commenter la manifestation du jeudi 19 mars, ni remanier son bouclier fiscal. Que faut-il comprendre ?

Non, je ne lie pas le bouclier fiscal à la manifestation. Elle témoigne d’un ras-le-bol et des difficultés que rencontrent les français. Mais le ras-le-bol…

Moi j’ai vu la situation des États-unis, j’y étais pendant trois jours. Et elle est bien pire qu’en France ! Des maisons sont en vente partout… des immeubles de 2000 appartements sont entièrement vides parce qu’ils n’ont pas trouvé d’acheteurs… Mais les américains ne sont pas comme les français. Ils ne descendent pas dans la rue pour manifester leur mécontentement…

Manifester, ici, c’est un droit…

…Ils se retroussent les manches, ils font des petits jobs. Or nous, on a l’impression qu’on en est incapable. Je ne dis pas que c’est la solution idéale, mais il y a sûrement aussi des solutions.

Il est certain, aujourd’hui, que le niveau de l’emploi en France est très mauvais. Les entreprises ferment les unes après les autres. D’un autre côté, l’État et les collectivités locales doivent aussi se retrousser les manches. Il faut mettre de l’argent dans l’entreprise plutôt que dans la communication ou dans des dépenses fastueuses. Voilà ce qu’il faut faire. Combien de temps cela va durer ? Ni vous ni moi ne le savons. Mais à mon sens, on est loin de la reprise.

La cigale chante, les fourmis légifèrent

Il était partout, il est partout, il sera partout. Nicolas Sarkozy se retrouve de nouveau sur tous les fronts. Il s’était calmé suite à la sévère défaite de son parti aux municipales, ayant compris que sa communication tous azimuts énervait. Le répit aura été de courte durée et il n’a pas pu s’empêcher de revenir omniprésent sur le devant de la scène, le gouvernement dans la caravane.

Les offensives sont multiples : assurance maladie, loi de modernisation de l’économie, spot publicitaire onéreux sur le pouvoir d’achat, réévaluation des quotas dicté par Brice Hortefeux en matière d’immigration, rapport de la Commission Copé sur la télévision publique. Une effervescence médiatique qui occulte et met volontairement au second plan le programme de la session extraordinaire de l’Assemblée Nationale prévue à partir du 1er juillet où seront votées, dans l’indifférence des vacances estivales, le projet de loi portant rénovation de la démocratie sociale et réforme du temps de travail ainsi que le projet de loi constitutionnelle, modifié par le Sénat, de modernisation des institutions de la Ve République. Deux réformes sensibles et importantes que le président préfère faire passer en session extraordinaire donc. Quand les Français favorisent le farniente aux luttes sociales. Pas bête le pensionnaire de l’Elysée.

Afin d’éviter les turbulences que ces réformes nationales de premier plan peuvent engendrer, Sarkozy va attirer le regard et les médias (à moins que ce ne soit le regard des médias) sur son hyperactivité internationale. L’occasion fait le larron et ce larron là souhaite sauver le monde entier. Présidant le Conseil de l’Union européenne au nom de la France, comment va-t-il surmonter le « non » irlandais ? Suite à son récent discours devant la Knesset, Sarkozy souhaite proposer une alternative aux Etats-Unis dans la résolution du conflit israélo-palestinien. Sans l’hypermédiatisation hexagonale, on dirait du Chirac dans le texte. Et pendant ce temps là, les députés UMP pourront légiférer en toute tranquillité, insidieusement dans l’ombre de la capitale. Voilà l’été!

On nous prend pour des truffes

Elle est bien belle notre démocratie parlementaire. Et bien au-delà de notre démocratie, notre parlement. On le croyait déjà ridicule avec ses chamailleries de cour d’école ou un Raymond Barre piquant du nez lors des séances de l’après-midi. Mais hier, le sommet du grotesque a été atteint.

Le projet sur les OGM a sombré, entraînant dans son naufrage la dignité de l’Assemblée. La deuxième lecture du texte devait être adoptée comme une lettre à la poste. Parfois les services postaux réservent des surprises. C’était sans compter la réussite d’une motion de procédure, une « question préalable » (rarement couronnée de succès), déposée par le député communiste André Chassaigne. Résultat des votes : 136 voix contre 135. Une voix d’écart. Très bien, la gauche jubile, applaudit, offre une standing ovation au communiste fervent défenseur du bio.
Mais combien de députés ont participé au scrutin ? 271. Faible score sur un total de 577 élus.

Désormais plus besoin de faire la sieste à l’Assemblée, on ne s’y rend visiblement plus !

Patrick Ollier, furtif président (UMP) de la chambre basse, l’a justifié par la tenue simultanée de « réunions importantes » empêchant les députés de la majorité d’être présents et de faire leur devoir. C’est donc ainsi que sont votées nos lois par ceux qui nous représentent ?

Camouflet pour la droite, qui se loupe une nouvelle fois sur le texte de loi sur les OGM, offrant le gant pour se faire gifler ; camouflet pour la crédibilité d’un parlement déjà bien érodée ; camouflet finalement pour les Français que l’on prend pour des truffes en leur faisant miroiter une nouvelle « manière de faire de la politique ».

Discorde dans la majorité

Sarkozy énerve. Et la tendance ne s’arrête pas à la gauche. Outre les villepinistes, depuis le début critiques à l’égard du président, certains barons de l’UMP montent au créneau. Après la crise à propos des OGM, nouvelles tensions en perspective dans les rangs de la majorité.

L’UMP serait-il sur le point de voler en éclats ? Depuis l’accession de Sarkozy à la tête du parti de la droite parlementaire, de nombreuses voix critiques s’élèvent à son encontre. Dans son propre parti, sa propre majorité.

Dans un entretien à L’Express du 6 mai, c’est Hervé Gaymard, député UMP, qui a jugé « incroyable que des bureaux politiques du parti du Président se tiennent au palais de l’Élysée ». L’ancien ministre de l’Economie du gouvernement Raffarin s’est ensuite référé à De Gaulle, incarnation, selon lui, « de la liberté de l’esprit et de la liberté intérieure». rapportgaymard_500.jpgAjoutant qu’il avait « toujours opéré une distinction nette entre les sphères publique et privée ». Première attaque !
Plus loin, le député de Savoie rappelle que le général De Gaulle « opérait une séparation claire entre le chef de l’Etat et, comme il disait, « l’armée de ceux qui le soutiennent ». Que des bureaux politiques de l’UMP se tiennent aujourd’hui au palais de l’Elysée me paraît incroyable». Deuxième attaque. Une dérive partisane de Sarkozy que Gaymard partage avec Julien Dray, porte-parole du PS. «Ces propos traduisent une dérive préoccupante de celui qui devrait être le premier des Français, au-dessus des contingences partisanes et des intérêts personnels », dénonce-t-il. Critiquant également la transformation de l’Elysée en «local de l’UMP».

«Le parti n’est pas à la hauteur»

estrosi2.jpg
Cette armée, indéfectible, commence justement à montrer des signes de méfiance. Le 11 mai, dans une interview accordée au Parisien Dimanche, c’est le maire de Nice et proche du chef de l’Etat Christian Estrosi qui s’est exprimé sans ménager l’organisation actuelle de l’UMP : «elle tarde à porter ses fruits. Les députés se battent pour défendre avec ferveur les convictions de ceux qui les ont élus. En revanche, le parti, lui, n’est pas à la hauteur.»

Le parti ou son utilisation par le président ? Car cette réorganisation dont il parle, c’est l’arrivée dans l’organigramme de deux ministres, proches de l’Élysée, Xavier Bertrand et Nathalie Kosiuscko-Morizet, faisant fi des militants. Un bel exemple de démocratie. Suite à la défaite aux municipales, Estrosi pointe ainsi l’échec de cette stratégie.

Copé refuse les « réformes toutes ficelées« 

COPPE_JeanFrancois_2_.jpgCe même 11 mai, sur Canal +, c’est Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale qui s’est attardé sur le manque de concertation des députés de la part du gouvernement. « On produit ensemble les réformes. On ne les prend pas toutes ficelées après le Conseil des ministres pour appuyer sur le bouton ‘oui’, ironise-t-il. D’ailleurs, à chaque fois qu’on n’est pas associé en amont, ça fait des couacs. »

Lors des dernières municipales, les urnes, et les sondages qui ont suivis, ont démontré que Nicolas Sarkozy s’était éloigné des Français. S’il s’éloigne de ses partisans, attention au risque, déjà présent, d’ultra-personnalisation du pouvoir.

Darcos : Le vilain petit canard de Périgueux

Périgueux, préfecture de la Dordogne. Dans un département où le foie gras est roi, le vilain petit canard du gouvernement s’appelle Xavier Darcos. Le maire sortant et ministre de l’éducation nationale perd près de 15 points par rapport à 2001. Arrivé second avec 45,25% contre 45,70% pour son adversaire socialiste, le candidat UMP est le seul ministre candidat en ballottage difficile dans un fief qui semblait gagné d’avance.

Ils étaient 23 membres du gouvernement à affronter la légitimité des urnes lors de ces élections municipales et cantonales. Seule une poignée a subi de plein fouet la victoire hexagonale de la gauche. Parmi eux, le ministre de l’éducation nationale, Xavier Darcos, maire sortant de Périgueux. A égalité -44 voix d’écart- avec le candidat socialiste qu’il avait nettement battu en 2001, le natif de Limoges risque gros.

La permanence de l’UMP fermée le soir du premier tour

A 60 ans, Xavier Darcos pouvait compter pourtant sur une liste d’union avec le Modem. Il doit cette alliance d’avant premier tour à son amitié avec François Bayrou dont il fut chef de cabinet au ministère de l’éducation nationale en 1994, avant de devenir le conseiller à l’éducation d’Alain Juppé, alors premier ministre. Mais les 6% de la liste dissidente Modem seront les véritables arbitres du second tour. La droite périgourdine vacille. Depuis 1971 et l’élection du gaulliste Yves Guéna à l’hôtel de ville, jamais Périgueux n’a connu un premier magistrat socialiste. « Une petite révolution est en cours. Depuis quarante ans, Périgueux a toujours élu un maire de droite, la semaine prochaine la gauche a de vraies chances de l’emporter » disent les opposants au ministre. Preuve de la fébrilité de l’UMP dans la préfecture périgourdine, dimanche soir, la permanence du parti présidentiel était fermée alors que Darcos préférait rester enfermé dans son bureau de la mairie.
perigueuxB.jpg
Pour l’UMP, qui tente de minimiser le caractère national de cette échéance, les ministres battus pourront rester en poste. « Si vous dites qu’à chaque fois, ils ne peuvent pas rester, il n’y aura plus aucun ministre qui voudra se présenter aux élections, ce qui est quand même embêtant dans une démocratie » justifiait Patrick Devedjan, secrétaire général de l’UMP, quelques jours avant le premier tour. Mais ces ministres en situation périlleuse ne sont pas légions. Et un léger remaniement ministériel n’est plus à exclure. Une défaite à Périgueux de Xavier Darcos résonnerait comme une claque importante dans une ville qui vote généralement à droite aux scrutins locaux.

Sarkozy fait campagne, une stratégie sans succès

Le cas Darcos met également en exergue la particularité de la capitale de la Dordogne. Depuis 1995, les Pétrocoriens alternent un vote à gauche aux échéances nationales avec un vote local à droite. L’inverse de la tendance française sur la même période. En 2007, Ségolène Royal y avait largement devancé Nicolas Sarkozy (56,45 % pour la candidate socialiste) avant que Pascal Deguilhem, candidat PS, ne soit élu député en juin. C’est dans cet anti-sarkozysme que réside la potentielle défaite de Darcos. Ministre en vue du gouvernement sur des sujets sensibles (mémoire d’un enfant de la Shoah, réforme de la carte scolaire), Darcos est l’un des rares maires à avoir accueilli le président de la République au cours de sa campagne.
Une stratégie visiblement sans succès.

Quand l’UMP veut court-circuiter la presse d’information

Le parti présidentiel aurait-il une telle aversion de la presse ? A tel point que pour fournir l’information, il se passerait des vecteurs traditionnels que sont les journaux ? Le 21 janvier, une newsletter de l’UMP tombe : « « Réforme Hebdo », le nouveau rendez-vous des citoyens avec les responsables politiques ». « Un outil d’information transparent »…

Le mail envoyé par l’Union pour un Mouvement Populaire commence ainsi : « Le 6 novembre dernier, l’UMP a lancé le tableau de bord du suivi des engagements, un outil d’information interactif et transparent destiné à suivre les réformes et les actions engagées depuis l’élection du président de la république et sur toute la durée du quinquennat ». Le suivi informatif des réformes et actions engagées par le gouvernement sera donc effectué par …. des membres du parti majoritaire du Président de la République. L’UMP semble ainsi penser que les journalistes ne font pas leur travail de recherche, de suivi et d’information sur les projets lancés par Nicolas Sarkozy. Il leur revient donc ce privilège d’informer les citoyens sur l’état d’avancement des réformes!

La Fédération numérique, véritable outil d’action

Au cours d’un rendez-vous hebdomadaire « filmé et diffusé en différé sur le site de l’UMP » chaque vendredi, « un membre du gouvernement répondra aux questions de Jérôme Chartier, député du Val d’Oise et secrétaire national chargé du Suivi du tableau de bord, et de Thierry Solère, secrétaire national en charge de la Fédération numérique ». Jérôme Chartier occupe donc un poste au Palais Bourbon dans les rangs de la majorité présidentielle. Thierry Solère, lui, en plus de son poste de secrétaire national en charge de la Fédération numérique de l’UMP, est maire-adjoint de Boulogne-Billancourt, une banlieue riche de la petite couronne parisienne, et vice-président du Conseil Général des Hauts de Seine où a longtemps régné notre président.

l_ump_lance_sa_federation_numerique_large.jpg

Tout nouvellement créée, la Fédération numérique de l’UMP est une plate-forme (UMPnet.org) de militantisme en ligne, phénomène en plein essor. Par ce biais, le parti au pouvoir entend se positionner comme le premier parti politique français sur Internet. « Mais la plateforme Internet n’a pas pour seule fonction de représenter le parti et de le rendre visible. C’est aussi un véritable outil d’action, un « moyen de faire de la politique autrement » ». Cette plate-forme « militante » servira de support à « Reforme Hebdo » pour soi-disant informer les citoyens.

« Réforme Hebdo, outil d’information interactif et transparent » ou moyen de communication ?

Connivence, parti pris, esprit critique oublié. Ce rendez-vous hebdomadaire, présenté comme une émission d’information, frôle entre la propagande et l’outil de communication. « Proche du peuple », tout le monde a le droit de poser ses questions au membre du gouvernement invité le vendredi suivant. Les journalistes devront-ils passer désormais par ce biais pour poser les questions qui dérangent ? Mais surtout, les questions choisies « méticuleusement » par les membres de la Fédération numérique seront-elles complaisantes avec l’interviewé ? N’est-ce pas le travail journalistique des services politiques que de suivre, commenter, critiquer et fouiller l’action gouvernementale ainsi que l’application des réformes sarkozystes ?

Premiers éléments de réponse dès ce vendredi 25 janvier. Le premier invité sera l’habile négociateur Xavier Bertrand, ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité qui répondra aux questions normalement soumises par les Internautes. En somme, une sorte de conférence de presse en ligne où les organisateurs ne risquent pas d’être pris au dépourvu par des questions qui les bousculent.