Elections Régionales : les tracts en revue

A quelques jours du premier tour de ces régionales de mars 2010, la population a enfin reçu les tracts des partis politiques et coalitions en lice. Les meilleurs spécialistes de Haut Courant ont bien évidemment sauté sur l’occasion pour analyser, comparer et classer ces différents flyers.

En Languedoc-Roussillon, ce sont donc onze tracts et presque autant de bulletins de vote qui ont été envoyés à chaque électeur. Au cas par cas, les politologues de Haut Courant ont décortiqué, étudié, lu et relu ces tracts, avant de les passer au rayon X, afin bien entendu, d’établir un classement.

«Oui je suis révolté !»

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Christian JeanJean est révolté. Il nous le dit longuement, en colonne, en ligne, avec des petits tirets, en noir, en blanc, en jaune, sur fond bleu, blanc, rose ou vert.
Sur le recto, le candidat de l’Union Républicaine Populaire nous présente son CV, la liste des partis et mouvements qui le soutiennent, les raisons qui le poussent à être «révolté», mais aussi le pourquoi du comment il est «serein est déterminé».
Au verso, il présente son programme dans six cadres prenant la forme de cartes à jouer : développement économique, enseignement et formation, aménagement durable, tourisme, santé et nature et enfin culture régionale.
Au final, on a l’impression que le tract part dans tous les sens. Sans oublier les caractères en jaune. Avec un tract comme ça, on comprend que le pauvre Christian JeanJean soit révolté.

Les + :

  La croix de Lorraine

Les – :

  Trop brouillon

  Abime les yeux

La note Haut Courant : 3/10

«Le monde du travail a les moyens de se défendre»

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Le second tract à être passé à la loupe de HautCourant est celui de la liste Lutte Ouvrière, conduite par Liberto Plana.
Schéma de couleur très simple (caractères en noir sur du blanc ou du jaune pâle), aucune icône, aucune touche graphique, rien, si ce n’est une photo de Liberto Plana.
Le tract se résume plus ou moins à un pamphlet contre le grand patronat (le terme revient sept fois), les banques et les banquiers (dix fois), les actionnaires (quatre fois) et le gouvernement (quatre fois également) sur une page recto-verso.
Le problème, c’est que tout ça n’est pas très excitant. La révolution et «faire rendre gorge» au grand patronat, oui, mais pas sans dessin de poings levés, pas sans étoile rouge ou portrait du Che.

Les + :

  La Révolution

  Que du texte

Les – :

  Pas très glamour

  Que du texte

La note Haut Courant : 4/10

«La Région – La France – La Vie»

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Vient ensuite le tract de La Maison de la Vie et des Libertés, dirigée par Jean-Claude Martinez, dissident du FN.
Au contraire du tract de l’Union Républicaine Populaire, celui de la MVL et plus carré. Sur le recto, outre une photo de Jean-Claude Martinez et de quelques membres présents sur les listes, se trouve un rapide résumé du cursus du leader («JCM qui est-il ?»). Avec quelques charmantes et désuètes touches en occitan («Amics d’aqui Estimat amics») toujours utiles pour flatter la culture locale, «JCM» nous présente ses grandes idées pour «la vie» (le terme est utilisé onze fois sur le tract), notamment la création d’une «Alliance de civilisation Europe – Amérique latine».
Au recto, le programme est présenté en trois points : «protéger nos racines», «ouvrir nos ailes» et «embellir nos vies». On retrouve plusieurs cris de ralliement de l’extrême-droite : maintien de l’identité, préservation de la langue d’Oc et Catalane, sauvegarde du patrimoine agricole, ainsi que (plus étrange) la nécessité de faire la lumière sur les disparus d’Oran du 5 juillet 1962.
Mais là où «JCM» fait fort, c’est dans la conclusion de son appel aux électeurs : puisqu’il affirme qu’il peut leur «dire la vérité, [leur] montrer le chemin et [les] conduire à la solution». Nul doute que les languedociens sont maintenant rassurés.

Les + :

  L’occitan ça en jette

  Bonne présentation

Les – :

  Le curé n’aime pas la concurrence

  Où est la rhétorique provie ?

La note Haut Courant : 6/10

«Uniquement pour vous»

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Encore une fois, Georges Frêche fait dans l’originalité. Le tract de la liste «Tous pour le Languedoc-Roussillon avec Georges Frêche» est le seul à ne pas offrir une photo de son leader.
Et à vrai dire, le tract ne présente rien du tout. Quelques photos montrant un Languedoc-Roussillon où tout le monde rigole, une adresse internet et six formules qui veulent tout et rien dire à la fois au verso de la page. «Un destin pour chacun», «restons nous même», etc. Le tout sur un fond brun uni et sobre.
Le président de Région sortant avait annoncé qu’il n’avait pas besoin de faire campagne. C’est clairement ce qui ressort de ce tract. Mais les électeurs qui ne font pas encore partie de son fan club risquent d’être un peu déroutés.

Les + :

  La provoc’, toujours la provoc’

  Se lit vite

Les – :

  Et sinon, le programme, c’est quoi ?

  Un destin pour le cœur économique agréable n’a pas de rides

La note Haut Courant : 6/10

«Râler c’est bien… Voter c’est mieux !»

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C’est un Jean-Marie Le Pen bronzé, souriant et rajeuni de 15 ans qui appelle à voter Front National aux élections régionales. On en oublierait presque de voter France … Jamet, tant la tête de liste de l’Hérault est éclipsée par la figure du leader du parti.
Le verso est quand à lui plus évocateur. Un dessin humoristique représente un individu visiblement stressé. Il a de quoi, puisque ses enfants et ses parents sont agressés, que sa voiture brûle, qu’il ne se sent plus chez lui et que son emploi, son salaire et sa retraite sont sacrifiés à la mondialisation par l’état UMP et les régions PS, PC et Verts.
Il ne lui reste qu’une solution : Voter Front National. Il redressera du même coup l’école, retrouvera la fraternité et établira la justice fiscale. On en oublierait presque les propositions régionales déclinées sur un fond bleu un peu pâlichon.
Bref, le tract FN joue sur le national autant que sur le régional, et assume. En même temps, le parti ne s’appelle pas le Front Languedocien, donc ça passe pour cette fois.

Les + :

  Le dessin

  Le général nous regarde depuis Paris

Les – :

  Où est la voix de (la) France ?

La note Haut Courant : 6/10

«L’écologie vue d’ici»

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Le tract de l’Alliance Écologiste Indépendante de Patrice Drevet se démarque de la majorité des autres tracts par l’absence d’une quelconque déclaration aux électeurs. Et non, pas de petit paragraphe signé par l’ancienne star nationale de la météo, juste une liste d’engagements expliqués en détails au verso du tract.
Sans surprise, tout tourne autour de l’écologie. Sans surprise toujours, le vert est la couleur dominante (pourquoi est-ce que les écologistes n’ont pas décidé de s’appeler « les gris » ou « les bleus turquoises » ? La question est posée).
Mais ce qui retient l’électeur potentiel, c’est surtout la photo de Patrice Drevet. L’homme qui décidait du temps qu’il ferait dans notre beau pays se tient là devant un étang, l’air sérieux mais serein. Derrière lui, une petite fille et un buisson. L’image s’imprime dans les esprits : « Patrice Drevet, la force tranquille, l’homme qui va protéger nos enfants, nos étangs et nos buissons ». Osana messire!

Les + :

  Patrice Drevet, ce héros

  Beau panorama

Les – :

  L’écologie sans Dany, c’est un peu comme le pain sans fromage

La note Haut Courant : 6/10

«Changer en Languedoc-Roussillon, c’est possible !»

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Difficile travail que de parler du tract de Raymond Couderc (UMP et associés). Au-delà du contenu qui a de forts airs de déjà-vu (réduire le chômage, faire de la région un pôle d’excellence international, etc), la forme est également très classique.
Beaucoup de bleu (UMP oblige), une photo de Raymond Courderc, le nom des différentes têtes de liste et un engagement au recto, ainsi qu’un programme (en trois points) au verso. Rien à redire. C’est propre, c’est clair, et c’est un peu ennuyeux. Petite particularité : le tract de Raymond Couderc est le seul qui se lise horizontalement et pas verticalement. Il est important de le souligner.
À la rigueur, il serait possible de se moquer de la photo sur laquelle une centaine de personnes se retrouve en rang d’oignons autour du maire de Béziers, mais ça serait de la mauvaise foi. Seul petit espoir : souligner que la liste UMP est la seule liste issue d’un grand parti national qui ne fasse pas appel aux caciques parisiens. Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Les + :

  Bonne présentation

Les – :

  Ça manque un peu de punch

La note Haut Courant : 7/10

«À Gauche maintenant !»

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La rose. N’est-ce pas là l’emblème du parti socialiste ? C’est ce qui marque d’emblée sur le flyer de «À Gauche maintenant !». Pour l’électeur inattentif qui ne connaitrait pas la tête de liste René Revol, une piqure de rappel lui indique que sa liste est soutenue par Jean-Luc Mélenchon, Olivier Besancenot et Marie-Georges Buffet.
Ce même électeur distrait ne mettra également pas longtemps pour voir que René Revol s’adresse à lui sous la forme d’une lettre (avec introduction en «Madame, monsieur») et pour qu’il ne loupe rien, le plus important à retenir est souligné en jaune notamment les transports collectifs gratuits. Ça permet de passer toutes ces longues lignes de texte inutiles pour aller directement à l’essentiel.
Au verso sont développées les propositions de la liste sur trois volets distincts : «Urgence sociale», «Urgence démocratique» et «Urgence écologique». Bref, c’est vraiment l’urgence.

Les + :

  Affichage clair du candidat et des propositions

Les – :

 La rose, c’est original comme symbole

La note Haut Courant : 7/10

«L’écologie c’est maintenant !»

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Du bleu on passe au vert. Et du vert il y en a beaucoup sur le tract de la liste Europe Ecologie (ce n’est qu’une demi-surprise). Mais là encore, globalement, pas grand-chose à dire.
Une déclaration aux électeurs au recto, et «7 raisons de voter pour Europe Ecologie» au verso. A côté des fameuses sept raisons, une photo des stars du parti : Eva Joly, José Bové, Cécile Duflot et Daniel Cohn-Bendit. Ces derniers expriment leur soutien à Jean-Louis Roumégas, qui a toute leur confiance pour «faire mieux et autrement à la tête de la Région». Un cynique répondrait « encore heureux ».
Sinon, et bien on remarque que tout le monde sourit chez Europe Ecologie. Et encore, sourire est un euphémisme : José Bové et « Dany » ont l’air de s’éclater. Non, vraiment, chez Europe Ecologie, qu’est-ce qu’on déconne.

Les + :

  Ils sont vraiment sympas chez Europe Ecologie

Les – :

  Un peu de sérieux les gars

La note Haut Courant : 8/10

«Retrouvons nos valeurs»

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Hop, on retrouve la rose, la vraie, estampillée PS. Pour signaler son attachement à la vraie gauche, la gauche des valeurs, sociale et progressiste, Hélène Mandroux décide d’utiliser autant que faire se peut le rouge. Mais un rouge plus pâle que celui de «À Gauche maintenant !». Un rouge socialiste, presque rose mais pas complétement.
Ceci dit, le tract du PS est loin d’être folichon à première vue : déclaration d’intention accompagnée d’une photo de la maire de Montpellier et des autres têtes de liste au recto, programme en quatre points au verso (sous forme de questions/réponses)… On reste dans le «classique mais efficace».
Là où le Parti Socialiste tente de faire la différence, c’est par la liste de ses soutiens. Et oui, au PS, c’est un peu comme chez Haut Courant, il y a des grosses signatures : Robert Badinter, Bertrand Delanoë, Arnaud Montebourg, André Vézinhet, Martine Aubry, Georges Semprun et Gérard Saumade. Non, clairement le FN et Europe Écologie peuvent aller se rhabiller. Ils ne font pas le poids.

Les + :

  Le PS pour l’abolition de la peine de mort

 Le PS contre Franco

Les – :

  Ils s’y croient un peu quand même

La note Haut Courant : 8/10

«Maitres chez nous»

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Voila sans conteste le tract qui remporte le titre de « meilleur tract politique régional » cette année. Pourquoi ? Et bien d’abord, parce que le symbole de la Ligue du Midi est un chevalier. En quoi un chevalier médiéval représenterait-il le Midi ? Est-ce un cathare ? Un templier ? Aucune idée, mais c’est la classe, et il fallait oser.
L’essentiel du programme de la Ligue du Midi est expliqué au verso du tract. Quatre points principaux : «Réformer la fiscalité/fusionner les collectivités», «Défendre l’Environnement/Relocaliser l’économie», «Combattre l’insécurité» et «Promouvoir l’identité». Le tout avec une citation de De Gaulle. La Ligue entend entre autre instaurer un délit d’activités «anti-identitaires» et «criminaliser les complices» des «clandestins et des délinquants étrangers». Tout un programme.
Mais ce qu’il faut retenir, c’est cette image de Richard Roudier. Les mains sur les hanches, le leader de la Ligue du Midi adresse au lecteur un sourire enthousiaste. Parce que oui, dans les ligues identitaires de la droite-extrême, et bien on rigole aussi – parfois.

Les + :

  Le chevalier

  La franche rigolade

Les – :

  Le tract a un peu plus d’un siècle de retard

  Pas de référence au catharisme de nos ancêtres ou au complot judéo-maçonnique

La note Haut Courant : 9/10

Retour au dossier spécial Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon

Midi Pyrénées : trois favoris pour la présidence de région

A près d’une semaine du premier tour des élections régionales rien ne semble pouvoir empêcher la réélection du socialiste Martin Malvy. Ses deux principaux concurrents Gérard Onesta (Europe Ecologie) et Brigitte Barèges (UMP) espèrent toutefois faire mentir les sondages.

Les jeux sont faits en Midi Pyrénées. C’est en tous cas ce que l’on aurait envie d’affirmer en regardant le dernier sondage La Dépêche du Midi, France 3 Midi Pyrénées. A près d’une semaine du premier tour des élections régionales rien ne semble pouvoir arrêter le président socialiste sortant Martin Malvy. En cas de duel avec la député-maire de Montauban (UMP) Brigitte Barèges, il l’emporterait avec 38 points d’avance. Dans l’éventualité d’une triangulaire avec le candidat d’Europe Ecologie Gérard Onesta, le candidat socialiste conserverait 26 points d’avance sur sa rivale. Retour sur les profils des trois principaux protagonistes d’une campagne qui passionne peu les électeurs.

Martin Malvy : « La force tranquille »

Journaliste de formation (il a collaboré avec plusieurs journaux tels sud-ouest et la Dépêche du Midi) Martin Malvy s’oriente rapidement vers la politique. Il est ainsi élu conseiller général dans le Lot en 1970. Cette élection marque le début d’une présence de près de 40 années dans la scène politique locale et nationale. Il devient ainsi ministre du budget pendant un an de 1992 à 1993 et il est depuis 1998 président de la région Midi-Pyrénées.

Jouant sur son ancienneté en politique, Martin Malvy mène une campagne de terrain classique et sereine. Si bien que le vieux slogan du publicitaire Jacques Séguéla destiné à la campagne présidentielle de François Mitterrand en 1988 pourrait s’appliquer à celle de Martin Malvy.

Brigitte Barèges ou la difficile constitution des listes

Brigitte Barèges fait moins l’unanimité dans son camp que son adversaire socialiste. Avocate de formation, elle se lance en politique en 2001 lors des élections municipales de Montauban. Une première tentative réussie qui lui permet de devenir un an plus tard député du Tarn et Garonne.

C’est lors de la mise en place des listes pour les régionales 2010 qu’une polémique est née. Brigitte Barèges entendait présenter sa liste avant la validation du conseil national de l’UMP (qui est notamment chargé du vote des listes). Velléité repoussée fermement par les instances du parti, Xavier Bertrand et Jean Claude Gaudin en tête. Le Figaro.fr cite un dirigeant UMP qui déclare en parlant de Brigitte Barèges : « Barèges a voulu passer en force en présentant sa liste avant le conseil national. Nous l’avons mise en garde. Libre à elle maintenant de se conformer aux souhaits des instances dirigeantes de l’UMP. » Dans une région ancrée à gauche Brigitte Barèges aura bien du mal à s’imposer. Surtout si son camp n’avance pas uni.

Gérard Onesta : Va-t-il transformer l’essai d’Europe Écologie ?

En juin 2009, José Bové tête de liste d’Europe Écologie dans le sud-ouest pour les élections européennes avait frôlé le score du Parti Socialiste (15,82% contre 17,71%). Gérard Onesta peut donc avoir de belles ambitions pour ce scrutin.
Il se lance en politique chez les Verts en 1986 et devient député européen en 1991. C’est le début d’une longue carrière au parlement de Strasbourg dont il a occupé la vice-présidence de 1999 à 2009.

Il est aujourd’hui à la tête d’une liste auquel les derniers sondages promettent entre 16% et 17%, soit un score suffisant pour se maintenir. Quel choix adoptera Europe Écologie ? Gérard Onesta est resté très évasif sur la question. Une seule certitude, Martin Malvy devra se montrer suffisamment persuasif envers ses alliés si il veut éviter une triangulaire.

Pour suivre l’actualité de la campagne et en savoir plus sur les autres candidats, rendez-vous sur France3.fr

Les ténors du Sarkozysme viennent soutenir la candidate UMP en Rhône-Alpes

L’UMP rhône-alpine est entrée hier, jeudi 4 mars 2010, de plain- pied dans la dernière ligne droite de l’élection régionale. À l’occasion du grand meeting départemental du Rhône, réunissant 400 personnes, d’éminentes figures de la majorité se sont exprimées en faveur de la candidate Françoise Grossetête et de son équipe. En premier lieu desquels Luc Chatel, ministre de l’Éducation nationale, Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale, où encore Michel Mercier, ancien bras droit de François Bayrou.

Romain Ferrara: « Pour moi, Raymond Couderc est le meilleur candidat »

Rencontre avec Romain Ferrara, étudiant en Master 1 droit des affaires à Montpellier, et responsable des jeunes[[entre 16 et 30 ans]] UMP du département héraultais.

« J’ai incité mes parents à prendre leur carte UMP »

Haut courant : D’où vient votre engagement au mouvement des jeunes populaires ?

R.F. : Je me suis engagé à l’UMP en 2005, après les manifestations anti CPE. J’étais en Terminale et mon lycée (Paul Valéry à Sète) était bloqué. J’avais pris la parole dans des Assemblées Générales et exprimé mes opinions. J’ai senti qu’il se passait quelque chose. En mobilisant un peu de monde, on avait réussi à débloquer le lycée. Puis, j’ai rencontré des sympathisants et des militants de l’UMP.

Haut courant : Dans votre famille, est-ce qu’il y avait un engagement politique?

R.F. : Non pas du tout. Mes parents sont plutôt à droite mais j’étais encarté avant eux et je les ai incités à adhérer au parti. Ce ne sont pas eux qui m’ont inculqué une quelconque doctrine.

HC : Faites-vous partie d’autres organisations?

R.F. : J’ai été membre du mouvement étudiant UNI, la droite universitaire. Il a été récemment remplacé par le Mét (Mouvement des étudiants). Je suis le président fondateur du Saint Vincent Club, un club épicurien. Nos membres ont entre 18 et 25 ans. Des jeunes qui s’intéressent au vin et aux produits du terroir. Nous faisons des rencontres dans des domaines viticoles de la région, des dégustations.

« Georges Frêche a fait de bonnes choses mais il est fini »

HC : Comment militez-vous pour les régionales 2010?

R.F. : On accompagne Raymond Couderc (maire de Béziers et candidat UMP aux élections régionales) dans les forums thématiques qu’il mène dans toute la région. On distribue des tracts sur les marchés, on discute avec les proches et les amis. La politique est une interaction, pour échanger des idées et convaincre les gens. On porte aussi le projet de Raymond Couderc via Internet. Tous les moyens sont utilisés. Contrairement à Georges Frêche qui fait un meeting par département et reste centré sur Montpellier, notre candidat va vraiment dans chaque département, notamment ceux qui sont mis à l’écart et oubliés par le Président du Conseil Régional. Chaque section jeune, par département, a travaillé sur un thème différent. Pour l’Hérault, c’était l’éducation et le logement. On s’est donc réunis pour remettre à Raymond Couderc notre livre blanc lors d’une Convention régionale. Il s’en est servi pour élaborer son programme. La politique chez les Jeunes UMP, ce n’est pas uniquement faire la clape dans des meetings.

HC : Quelles en sont les grandes lignes?

R.F. : Une des lignes principales de la campagne est la tournée des oubliés. Georges Frêche, ancien maire et député de Montpellier, a beaucoup fait pour la capitale de la région Languedoc-Roussillon et ses alentours, mais il a complètement délaissé les Pyrénées-Orientales et la Lozère par exemple. Dans notre région, tout le monde contribue à l’énorme effort fiscal. Mais pour la redistribution, tout est centré sur Montpellier. La ville est pour lui une vitrine sur laquelle il s’appuie. C’est pour cela que les montpelliérains le porte dans leur coeur. Il a encore une notoriété extraordinaire. Mais, allez en parler à des catalans ou des lozériens…

HC : Mais le programme en lui-même?

R.F. : C’est donc rééquilibrer le budget du conseil régional. La communication a un budget qui a explosé. Elle est passée de 12 millions d’euros à 95 millions d’euros en cinq ans. Quant au budget du tourisme, il est ridiculement bas. Pour ce qui est des Maisons du Languedoc notamment à Shanghai et à New-York, elles coûtent 25 OOO euros par jour mais ne rapportent rien ! Il faudrait soit les supprimer soit les repenser, comme un lieu interactif et non comme une grande affiche publicitaire. Un lieu où les producteurs puissent vendre leurs produits. Des acheteurs locaux pourraient passer des commandes pour des vins languedociens.

HC : Et le Label Sud De France, qu’en pensez-vous?

R.F. : C’est bien d’avoir une marque régionale pour développer ses produits mais ça a été très mal utilisé. Aujourd’hui, on a du jambon Serrano sous la marque Sud de France alors que ce n’est pas produit en Languedoc, cela n’a pas de sens. Si une intoxication alimentaire survient, toute la marque en pâtira, alors que nos producteurs n’y sont pour rien. Elle perd de son authenticité en se banalisant ainsi. Je suis en désaccord avec l’Express notamment, qui a décrit cette marque comme un des points forts du bilan de Georges Frêche.

HC : Pensez-vous que Raymond Couderc soit le meilleur candidat pour les régionales?

R.F. : Pour moi c’est le meilleur, et il a une expérience concluante à Béziers. Comme Frêche à Montpellier certes, mais le Président de région a un mauvais bilan. Je respecte l’homme. Je ne suis pas le Jeune UMP qui va casser du sucre sur son dos. Ce qui est choquant, c’est ce qu’il est en train de devenir et les bourdes qu’il fait à répétition. Il a peut être fait de bonnes choses mais il est fini. Il doit passer la main.

HC : Finalement, la campagne des régionales tourne autour de Frêche ?

R.F. : Non du tout. Je n’aime pas ces campagnes qui se fixent sur un adversaire. C’est stérile. Raymond Couderc a un programme construit. Il pointe les points noirs du bilan de Georges Frêche mais c’est de bonne guerre et il faut informer l’électorat. Je pense que Frêche se saborde tout seul. Même son parti le critique, on ne va donc pas en rajouter.

HC : Raymond Couderc avait soutenu en 1998 la liste de Jacques Blanc qui s’était associé au FN, cela ne vous dérange pas?

R.F. : Non. Je n’étais pas là, et je ne sais pas comment ça s’est passé. Ils se sont certes réunis pour une élection, mais ce n’est pas parce qu’il y a un ou deux conseillers régionaux du FN, que le programme du parti sera appliqué au sein de notre région ! Je comprends toutefois que cela ait pu faire polémique. Je vois mal Raymond Couderc s’allier avec la fille d’Alain Jamet (ndlr. Président du Front National de la Région Languedoc-Roussillon).

HC : Que pensez-vous de la position de Christian Jeanjean (Maire UMP de Palavas), candidat divers droite qui se présente face à Couderc?

R.F. : C’est vraiment dommage qu’il y ait cette scission mais elle ne représente vraiment pas grand-chose. Elle est de l’ordre de 3 ou 4%, il ne passera pas le premier tour. Ce n’est pas un adversaire dont on doit se méfier.

HC : Dans la mesure où la majorité des régions est à gauche, est-ce que vous élaborez une stratégie entre jeunes de différentes régions?

R.F. : Tous les mois environ, on se retrouve à Paris avec chaque responsable départemental. On rencontre des ministres et des cadres du parti. On échange sur la façon de mener campagne et l’on se donne des conseils mutuels.

HC : En tant que jeune, êtes-vous bien placé dans le parti? Et y-a-il une oligarchie?

R.F. : Ils nous laissent notre chance. Pour les régionales, on a pas mal de jeunes qui sont sur les listes. Bien plus que chez les socialistes. J’ai deux amis qui sont 17 et 20ème sur la liste dans l’Hérault, et ils ont 23 et 24 ans.

« J’ai des jeunes qui trouvent que l’on n’est pas assez à droite »

HC : Que pensez-vous de la politique nationale de l’UMP?

R.F. :Je suis resté fidèle à notre Président. Contrairement à certains déçus, je me reconnais tout à fait dans le Nicolas Sarkozy qui a été élu en 2007. Il y a bien sûr des choses qui peuvent choquer sur la forme, des façons de faire, des affaires et des scandales, mais c’est sa politique qu’il faut regarder. Dans le fond, les réformes sont fidèles au programme présidentiel.

HC : Vous appuyez-vous sur son bilan pour faire campagne?

R.F. : Pour les régionales, non. C’est une collectivité locale et les grandes orientations du national ne pèsent pas vraiment sur la façon dont on gère une collectivité.

HC : Qu’est-ce que vous pensez de la « Fnisation » de l’UMP?

R.F. : Je n’en pense pas grand-chose parce que je ne la vois pas. Vous parlez du national ? Moi, j’entends plutôt l’inverse. J’ai des jeunes qui trouvent que l’on n’est pas assez à droite parce que l’on se tourne aussi vers la Gauche Moderne. Pour les questions d’immigration, ils estiment le ministère de l’Immigration pas assez radical.

HC : Quel regard portez-vous sur l’alliance de l’UMP avec le Mouvement Pour la France de Philippe de Villiers?

R.F. : Le MPF, j’en suis un peu loin. Ils ont rejoint la majorité pour cette élection mais ce n’est pas l’UMP pour autant. Il faut se battre ensemble quand on voit qu’il n’y a que deux régions qui sont à droite.

Retour au dossier spécial Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon

Raymond Courderc lance la tournée des « Oubliés » en Languedoc-Roussillon

L’UMP a dévoilé dimanche 31 janvier ses listes électorales pour les régionales de mars. Parallèlement, Raymond Couderc, désigné tête de liste par les militants en janvier 2009 entame une tournée à travers la région. L’objectif ? Donner la parole aux « Oubliés du développement régional »… et prendre ses distances avec la métropole montpelliéraine de Georges Frêche.

Jeanjean lance sa campagne au Mas-Drevon

Samedi 30 janvier, Christian Jeanjean inaugurait sa permanence de campagne rue Pedro-de-Luna à Montpellier. Suspendu par la majorité présidentielle pour avoir maintenu sa candidature face à l’investi Raymond Couderc, le maire de Palavas-les-Flots a présenté les grands axes de son programme.

Une candidature pour l’honneur

Le feuilleton politico-médiatique a agité la région pendant plusieurs semaines l’an dernier. Malgré la désignation, après vote interne à l’UMP, de Raymond Couderc comme tête de liste pour les régionales, Christian Jeanjean a choisi de maintenir sa candidature. Prenant acte de la victoire du sénateur-maire de Béziers aux primaires, le parti présidentiel a choisi de suspendre sine die M.Jeanjean le 7 juillet dernier. L’heure de la réconciliation n’a toujours pas sonné d’ailleurs. Le Palavasien attend le délibéré du tribunal d’instance de Paris, le 9 mars prochain, dans le litige qui l’oppose aux instances nationales du parti sur la validité de ces primaires.

Pour M.Jeanjean, les régionales 2010 sont aussi une question d’honneur. Sur son site de campagne, un onglet renvoie à une lettre que lui a adressé Raymond Couderc au lendemain des municipales de 2008. Dans cette missive, M.Couderc s’engage à deux reprises: «je ne suis pas candidat à la candidature pour les régionales». Pour l’édile de Palavas, cette lettre laissait le champ libre pour affronter Georges Frêche. Un souhait qui l’avait poussé à laisser son siège de député de l’Hérault en 2007. Ses ambitions ont été balayées, et sa dissidence rend peu probable une victoire le 22 mars prochain. Mais sa volonté de se présenter devant les électeurs est demeurée intacte.

Proposer plutôt qu’affronter

Une bonne centaine de supporters étaient présents, samedi 30 janvier, pour l’inauguration de la permanence de campagne de M. Jeanjean. Le modeste local est situé au milieu des commerces du Mas-Drevon. Et le staff du candidat Divers Droite veillait particulièrement à ne pas encombrer les artisans. M.Jeanjean a même achevé son discours en s’excusant auprès d’eux, et en s’engageant à favoriser le petit commerce s’il accède à la tête de la région.

Avant ça, le maire de Palavas-les-Flots a abordé pendant une trentaine de minutes les grands points de son programme électoral. Il a notamment promis d’agir pour l’agriculture: «Dans chaque département, nous lancerons de grands chantiers pour la pêche et pour la viticulture». En appellant à la création d’emplois dans le domaine environnemental, Christian Jeanjean a confirmé l’une des principales orientations de sa campagne: faire du développement durable un atout pour l’économie régionale. A ce sujet, il mise aussi sur le tourisme: «Notre région doit attirer, sur ses côtes comme dans l’arrière-pays». Pour autant, le candidat se veut réaliste sur le financement de la gestion qu’il envisage: «Nous avons des projets en quantité, mais il nous faudra les mener dans la rigueur. Notre région doit faire mieux que dans le passé.» Largement applaudi, M. Jeanjean a été à peine interrompu, au début de son discours, par une opposante, qui l’a qualifié de« menteur».

Dans une campagne qui, on l’a vu ces derniers jours, a été marquée par les règlements de comptes entre candidats, M. Jeanjean a surpris par sa sérénité face à ses concurrents. S’il a fustigé le bilan de Georges Frêche, il a fait à peine allusion à son frère ennemi, Raymond Couderc. Une modération qui a séduit ses fidèles: «Les autres listes n’échangent plus, elles se tapent dessus. Jeanjean, lui, au moins, il a un programme», assure une militante. Pour Aimée, habitante de Palavas, Christian Jeanjean a du courage de mener cette lutte seul: «Il a eu le même courage, en 2004, quand il a quitté l’agglomération de Montpellier pour montrer son désaccord à la politique de Frêche. Cela ne lui a apporté que des succès». Patrice, de Montpellier, est lui convaincu par le candidat Jeanjean: «Il s’est exprimé pour une vraie relance du Languedoc-Roussillon, avec une politique concrète pour la viticulture. Notre région a besoin de changement et il en propose».

Jeanjean l’inattendu?

Dans le sondage de la Sofres, commandité par le Parti Socialiste, la liste d’Union républicaine et populaire de Christian Jeanjean est créditée de seulement 4% des suffrages. Un score faible qui fait douter d’emblée sur la capacité du candidat Divers Droite à peser dans les tractations du second tour. Ce dernier s’est pourtant toujours défendu d’être un candidat « pantin« , assurant même, dans une interview à Midi-Libre le 16 janvier dernier, avoir eu vent «que Frêche venait de réunir son staff de campagne pour lui faire part des inquiétudes que je lui inspire». A ceux qui le disaient dans l’incapacité de former des listes pour les prochaines régionales, Christian Jeanjean, entouré de ses têtes de listes, a répondu samedi: «Nous avons réussi à monter une liste dans chacun des départements.» Réussira-t-il aussi à contredire les statistiques? Réponse le 14 mars prochain.

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Mis à jour le 1er février à 10h00

Identité nationale : le FN cherche à tirer profit d’un débat controversé

Jeudi 14 janvier, Marine Le Pen, numéro deux du Front national, était l’invitée de l’émission « A vous de juger» sur France 2. La députée européenne s’est livrée à un face à face houleux avec Eric Besson sur la question de l’identité nationale.

Enfin ! La confrontation sur la question de « l’identité nationale » entre Eric Besson et Marine Le Pen a eu lieu. Et c’est une petite victoire pour la fille du leader frontiste. Il faut se rappeler en effet que le ministre de l’immigration et de l’identité nationale avait annulé sa participation à un débat à Liévin (Pas-de-Calais), prévu initialement le 13 janvier, après avoir appris la venue de Mme Le Pen. Annulation qui avait provoqué les foudres de la numéro deux du FN, dénonçant « une reculade puérile et ridicule » qui témoignait de la « couardise et de la piètre idée de la démocratie » du ministre. (Voir la vidéo). Marine Le Pen tenait donc là sa revanche.

« Un débat lancé comme un thème de campagne »

Sur le fond, la confrontation s’est avérée largement stérile, entre bataille de chiffres approximatifs et attaques personnelles. Eric Besson a tenté de retrouver des accents républicains, qui lui échappaient quelque peu ces derniers temps, face à une Marine Le Pen offensive et fidèle aux positions frontistes. Le ministre de l’identité nationale et de l’immigration continue de se féliciter de la tenue de ce débat, le voyant comme le « signe de la fin d’un monopole que s’est octroyé le FN pendant un certain nombre d’années ». La députée européenne s’en est prit quant à elle à «un débat lancé comme un thème de campagne » qui ne répondait pas aux vraies questions.

Et de reprocher à Eric Besson un manque d’honnêteté quant à l’intitulé du débat. Selon elle, celui-ci aurait dû d’entrée se placer sur la question de l’immigration. L’occasion pour la numéro deux du FN d’appeler, une nouvelle fois, à un « débat sur l’immigration ». « Peut-on continuer à accueillir dans notre pays l’équivalent de la population de la ville de Lille ? » s’est elle interrogée.

Un débat finalement sans vraie conséquence, duquel l’auditoire retiendra sans doute la surprenante conclusion de Mme Le Pen. Surprenante question d’abord : «Combien pèse le fait d’être français ? ». Et réponse à la mesure de la question : « Être français pèse un gramme, le poids d’un bulletin de vote, le seul privilège que les français ont encore ». Pour le reste, la fille du leader frontiste est restée sur les positions tenues pas le Front National sur le débat depuis son lancement, début novembre.

« Une escroquerie électorale »

Déjà invitée de France 2, le 1er novembre, alors que le « grand débat sur l’identité nationale » venait d’être lancé par Eric Besson, Marine Le Pen fustigeait une « escroquerie électoraliste » qui n’avait comme seul but de « ressouder une majorité qui part en lambeaux ». (Voir la vidéo).

Derrière cette admonestation, la numéro deux du FN s’inquiétait surtout d’une opération politique et médiatique de la majorité visant à conserver l’électorat frontiste qui s’était rallié à la candidature de Nicolas Sarkozy en 2007. C’est en substance ce qu’elle déclarait dans une tribune au Monde, du 22 décembre, s’en prenant à un président de la République qui souhaite « retenter le « coup » de la campagne de 2007 : apparaître comme le protecteur de notre pays, de ses valeurs et de son identité face à toutes les agressions ».

Refusant que ce débat ne soit l’apanage du gouvernement, le Front national n’avait pas tardé à réagir en lançant dès le 4 novembre « son » site consacré au « débat » sur l’identité nationale : identitenationale.net. Un espace, peut on lire sur ce site, qui constitue une réponse au gouvernement qui a « fait le choix d’un débat fermé, ficelé, dont les conditions d’organisation dans les sous-préfectures […] ne sont pas à la hauteur de l’enjeu ». Le site n’omet toutefois pas de préciser que ce débat « est essentiel, fondamental, car il conditionne notre vie de tous les jours mais aussi l’existence même de notre Nation ».

Un contexte favorable

Le Front national tentait ainsi de ne pas laisser le débat lui échapper. Sans doute le contexte dans lequel il se déroule depuis le mois de novembre l’a-t-il aidé. Entre la votation suisse sur les minarets, les nombreux dérapages du débat et sa dérive vers des questions liées à l’immigration, le parti frontiste est apparut en capacité de redevenir audible.

A commencer par Jean-Marie Le Pen et sa fille. En réaction à la tribune de Nicolas Sarkozy dans Le Monde, le 9 décembre, la députée européenne se félicitait, sur le site du Front national, « que Nicolas Sarkozy soit obligé sous la pression populaire de reconnaître la validité du référendum suisse et à appeler à une pratique religieuse non ostensible dans la sphère publique ». Et d’ajouter, « C’est là une victoire idéologique du Front National qui a été le premier à se féliciter du vote helvétique ». Et la numéro deux du FN renchérissait sur France 5, le 8 janvier, en estimant que « le débat leur échappe l’UMP] car ils ne l’ont jamais maitrisé » ([voir la vidéo).

Son père, Jean-Marie Le Pen n’a lui non plus pas été en reste. Ainsi ironisait-il, lors de ses vœux à la presse, le 6 janvier, en remerciant le président de la République de lui avoir rendu un fier service en lançant ce débat dans l’espoir de « siphonner » les voix d’extrême droite, comme à la présidentielle de 2007. Pour le leader frontiste, « en lançant en pleine campagne électorale un débat truqué sur l’identité nationale, aux bons soins du ministre socialiste et immigrationniste de l’Immigration, Nicolas Sarkozy a involontairement réveillé les Français ».

« un risque de remontée du Front national »

Autant de prises de positions qui inquiètent, à droite comme à gauche, en vue des élections régionales de mars prochain. Car dans ce contexte, Jean-Marie Le Pen estime son parti en capacité de se maintenir au second tour dans « dix à douze régions« . A droite, François Baroin, député (UMP) de l’Aube et maire de Troyes a été le premier à s’en inquiéter. Dans un entretien au Monde, il évoquait « un risque de remontée du Front national favorisé par la crise, d’une part, et par ce débat qui, au fond, ne peut que le servir ». Dans la même veine, Azouz Begag, ancien ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances dénonçait, dans les colonnes de Sud-ouest, un débat « indigne de la République française » qui va « profiter » au Front National.

Il reste qu’en dépit d’un Front national apparemment de nouveau galvanisé par ce débat, rien n’indique son retour en force sur le plan électoral. Un sondage TNS Sofres/Logica (lire ici) réalisé les 4 et 5 janvier indique que les français sont de plus en plus nombreux à se démarquer des idées frontistes. Seuls 18% des sondés adhéreraient toujours aux thématiques du parti de Jean-Marie Le Pen.

A Montpellier, Frédéric Lefebvre se livre à une attaque en règle contre Georges Frêche, « l’homme de la double outrance »

Lundi 14 décembre, Raymond Couderc, sénateur-maire de Béziers et tête de liste UMP pour les prochaines élections régionales de mars 2010 en Languedoc-Roussillon, inaugurait sa permanence, non loin de la place de la Comédie. Pour l’occasion, le candidat a reçu le soutien de Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP.

« La place de la Comédie n’a jamais aussi bien porté son nom qu’aujourd’hui, avec un président de région qui ne cesse de faire le comédien tous les jours ! ». Les propos de Frédéric Lefebvre donnent rapidement le ton et la nature de son discours : une attaque en règle du bilan et de la personne de Georges Frêche.

Il faut dire qu’au regard du contexte, il pouvait difficilement en être autrement. La venue du porte-parole intervient en effet quatre jours après le dépôt d’une plainte pour diffamation de Georges Frêche contre Éric Besson, ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale et Frédéric Lefebvre. Une plainte qui vient se rajouter aux offensives de la fin du mois de novembre quand le porte parole du parti présidentiel avait choisit de décerner au président de la région Languedoc-Roussillon deux « satanas d’or », trophées de l’UMP liés à la fiscalité régionale.

« L’homme de la double outrance »

Dans ce climat délétère, le discours de Frédéric Lefebvre a donc été sans vraies surprises. « Georges Frêche est l’homme de la double outrance » a-t-il asséné à plusieurs reprises. Pour le porte-parole de l’UMP, les élections régionales de mars 2010 sont l’occasion de « tourner une page qui s’assombrit de jours en jours ». Mais, visiblement peu à l’aise lorsqu’il s’agit d’évoquer avec précision le bilan chiffré de la politique fiscale de la région, Frédéric Lefebvre délaisse rapidement les aspects techniques du discours pour ne se concentrer que sur la personne de George Frêche.

Il est sûr que dans cet exercice, le proche de Nicolas Sarkozy excelle. « Les socialistes du Languedoc-Roussillon doivent avoir honte » lâche-t-il devant un parterre de fidèles comblés. Et de s’interroger, « Peut-on continuer avec un homme qui méprise à ce point les gens ? ».

L’occasion pour M. Lefebvre de revenir sur la plainte en diffamation déposée contre lui. « C’est une opération d’intimidation, de diversion, une manœuvre scandaleuse, s’emporte-t-il, il s’agit là de méthodes d’un autre âge ». D’autant plus que le président de région « a la plainte sélective ». Une raillerie qui vise directement le Parti socialiste, et notamment Arnaud Montebourg qui avait jugé « inacceptable » le soutien de son parti à Georges Frêche. « Pourquoi n’a-t-il pas déposé plaine contre lui ? » s’est faussement interrogé Frédéric Lefebvre.

En concluant son discours, le membre de la majorité s’est adressé directement à Raymond Couderc. « Raymond, on a besoin de toi, il est temps qu’il y ait à la tête de la région quelqu’un qui travaille plutôt que quelqu’un qui parle mal » lui a-t-il lancé.

« Une région apaisée »

Dans son discours, précédant celui de Frédéric Lefebvre, le tête de liste UMP s’était voulu moins offensif à l’égard de son adversaire, allant même jusqu’à s’inquiéter de son état de santé. « Je lui souhaite mes vœux de prompt rétablissement, car je veux une victoire avec panache » a jugé le sénateur-maire de Béziers.

Ponctués de « nous voulons » ses propos se sont portés en priorité vers les zones rurales de la région. « Nous voulons une région apaisée, qui ne soit pas montrée du doigt, une région qui se préoccupe de l’ensemble de son territoire, de ses habitants et non pas seulement de sa capitale » a exigé la tête de liste. Parmi ces préoccupations, la sécurité, thème phare de l’UMP, n’a pas été oubliée par Raymond Couderc : « Il faut développer la vidéosurveillance, dans les lycées et dans les transports publics, notamment dans le Ter ».

Un discours lissé, sans véhémence, qui contrastait habilement avec les propos à venir de Frédéric Lefebvre. Le porte parole de l’UMP est décidément bien dans son rôle.

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Le Parti socialiste face aux désordres de la majorité

A mi-mandat, rien ne va plus pour Nicolas Sarkozy et sa majorité. Le président de la République, pourtant peu enclin à l’autocritique, a même dû reconnaître, devant quelques journalistes, des « erreurs » depuis son arrivée à l’Elysée. Face aux désordres qui secouent la majorité présidentielle, le Parti socialiste tente, par contraste de faire bonne figure, et donner l’image d’un parti rassemblé. La zizanie à droite offre au principal parti d’opposition parlementaire l’occasion de se remettre en ordre de marche. Avant les régionales de 2010.