Dry January : « Il y a un intérêt santé publique »

D’origine britannique, le « janvier sec » consiste à ne pas consommer d’alcool durant tout le mois de janvier. Julien Gambier, addictologue au CHU de Nîmes, s’occupe quotidiennement des patients dépendants de la boisson .

Comment avez-vous entendu parler du Dry January ?

C’est un patiente qui m’en a parlée, elle s’était engagée dans cette optique là et souhaitait voir avec son conjoint ce que pourrait donner un janvier sec. C’est foncièrement une bonne chose puisqu’il y a un intérêt de santé publique derrière. L’objectif principal est de réduire sa consommation d’alcool et surtout de savoir si l’on peut vivre sans. De plus cela permet de casser cette croyance populaire qui consiste à penser qu’il y a de nombreuses  situations où l’alcool est indispensable. Cependant, aucune promotion n’a vraiment été faite pour ce mouvement donc j’attends de voir les répercussions au niveau des instances de santé publique.

Est-ce un phénomène surtout destiné à des personnes dépendantes à l’alcool ?

Contrairement au tabac, où la plupart des consommateurs sont dépendants, l’alcool touche un public plus large majoritairement constitué de non-dépendants. Ceux là vont pouvoir stopper leur consommation plus facilement et avoir des effets bénéfiques car ils vont gagner en forme physique et morale, auront moins d’anxiété et dormiront mieux. Contrairement aux personnes dépendantes, leur risque santé lié à l’alcool dépend du nombre de verres consommé. Réduire sa consommation de ne serait-ce qu’un ou deux verres par jour, c’est gagner énormément en terme de réduction de risques.

Que signifie être dépendant à l’alcool ?

Il existe deux types de dépendance. La dépendance physique, d’une part, avec le cerveau qui s’habitue à baigner dans de l’alcool et se met à lutter contre ses effets sédatifs. Dans ce cas, l’arrêt brutal de consommation peut être très nocive allant jusqu’à tuer. Mais pour 70% des patients, il s’agit d’une dépendance comportementale où l’on associe des petites actions quotidiennes à l’alcool comme se poser chez soi le soir après une journée de travail ou en prenant l’apéro le midi.

A partir de quel moment peut-on parler de dépendance ?

Dans le sens commun, c’est lorsque l’on a régulièrement des problèmes liés à l’alcool mais la définition médicale est différente. En France, 60% des consommateurs sont dans l’usage à faible risque qui comprend 3 verres par jour pour les hommes, deux pour les femmes, une journée sans alcool dans la semaine et pas plus de quatre verres standard par occasion festive (mariage, anniversaire etc). 

À partir de quatre verres par jour, nous sommes dans l’usage à risque chronique, c’est à dire au delà de la limite à ne pas dépasser pour être en bonne santé. Après, tout cela est purement théorique, il existe des personnes qui ont consommé énormément d’alcool tout au long de leur vie sans avoir de complications de santé et d’autres qui en ont consommé moins et se sont retrouvés infarctus. Le risque est déterminé selon les populations et non pas par individu.

 

 

On a fait un jeu à boire devant le débat de la primaire

« Décisif ». Voilà comment France 2 a vendu le troisième débat de la primaire de la droite et du centre, ultime affrontement entre les 7 candidats avant le premier tour ce dimanche. Dans la rédaction de Haut Courant, on s’est obligés à le regarder. Anticipant la qualité du spectacle proposé, on a décidé de le suivre d’une manière digne des étudiants que nous sommes : en buvant.

Cravate ou pas cravate ? Dès l’introduction du débat, Bruno Le Maire a mis fin au suspense et à notre sobriété. Le « renouveau » portait bien une cravate hier soir, au grand dam de 3 joueurs qui ont parié sur le contraire. Pour le reste de la soirée, les choses sont bien plus sérieuses et les règles sont simples : chaque joueur incarne un candidat tiré au sort par une main presque innocente. Presque, puisque choisie dans un bar. Chaque fois qu’une case est cochée sur le bingo, le joueur boit un coup. Avertissement : cet article va parler autant d’alcool que du débat d’hier.

Les deux premiers débats ayant été soporifiques, on a décidé de se motiver pour le regarder, en faisant ce que les étudiants font de mieux : s’intéresser à la politique. Et boire. Surtout boire. On a donc fait des recherches extensives au comptoir pour écrire ce bingo tout en se préparant physiquement. Oui, Buzzfeed et Libé ont aussi fait des bingos. La Voix du Nord a poussé le vice jusqu’à écrire un bingo par candidat. Nous aussi. De toute façon, il est permis de copier puisque France 2 a clairement pompé notre photo de couverture Facebook pour son générique de début.

Surtout, pas d’originalité

« Bonsoir. » « Bonsoir. » « Bonsoir. » « Bonsoir. » « Bonsoir. » « Bonsoir. » « Bonsoir. » Pas de fantaisies ni de salut aux camarades présents hier soir. Le premier mot des candidats est à l’image de la première heure du débat : chacun dans son couloir et surtout pas d’originalité. David Pujadas attaque d’emblée sur l’élection de Donald Trump et « une poussée des populismes, peut-être aussi en France ? ». Peut-être, qui sait ? Festival de parades des candidats, personne ne voulant se mettre à dos le président-élu des États-Unis, ni froisser un potentiel électorat trumpiste. Juppé répond à la question par une question, NKM rappelle que Clinton a gagné le vote populaire, Bruno Le Maire frise le point Godwin en rapprochant la situation actuelle de l’Europe de 1945. Jusqu’ici, le bingo est un échec, les verres restent désespérément pleins.

Sans transition, Pujadas abandonne le sujet de la défense européenne et demande à l’ancien président Sarkozy si Alain Juppé est le meilleur rempart contre l’extrême-droite. On ne sait pas trop ce que cette question vient faire là. C’est sans importance. En 15 secondes, Nicolas Sarkozy dégaine un gloubi-boulga de propositions sur le Conseil de sécurité de l’ONU, l’agriculture française et un « Buy European Act ». Le rempart contre l’extrême-droite n’a pas tremblé.

Au tour de Jean-François Copé de réaliser le premier combo de la soirée : en une minute, il rappelle qu’il n’a pas été ministre, qu’il est ici seulement pour dézinguer de l’ancien président et qu’il est « décomplexé ». C’est celui qui le dit qui l’est. Alain Juppé rappelle que lui aussi est de droite, mais pas que de droite : « et du centre » ! Il n’a même pas peur du méchant Macron qui vient de se déclarer candidat, le refoulant à gauche. Macron est de gauche, tremblez, peuple de France ! Enfin, les verres commencent à se vider.

Pujadas fait le service minimum. Ouf !

Jusqu’à 21h15, on a eu peur de devoir changer de métier. Si si, regardez en bas à droite du bingo : « pas de questions sur Takieddine dans Mediapart = on finit les bouteilles et on change tous de métier. » On a bien fini les bouteilles, mais on n’a pas changé de métier. « Avez-vous oui ou non reçu de l’argent liquide de Libye pour financer votre campagne de 2007 ? » Dans son coin, Jean-Frédéric Poisson s’exclame « c’est pas vrai ». Les grands chevaux n’ont jamais été autant montés par un Nicolas Sarkozy outragé, un Nicolas Sarkozy brisé, un Nicolas Sarkozy martyrisé ! Mais un Nicolas Sarkozy libéré par « l’indignité » de la question, « une honte pour le service public ». David Pujadas ne relance pas l’ancien président, mais a fait le service minimum. Ouf.

Arrive le premier intervieweur, un jeune journaliste plein d’avenir. Transfuge de l’ORTF où il présentait le journal en noir et blanc au début des années 1970, à l’époque où même Alain Juppé était encore étudiant, Jean-Pierre Elkabbach débarque pour aborder l’international et l’Europe de manière mesurée, réfléchie et pas du tout anxiogène : « La France est en guerre ». Et on s’étonne que la jeunesse se réfugie dans l’alcool.
À ce moment, on regrette de ne pas avoir mis « ton candidat reprend un journaliste de volée » dans le bingo. NKM reprend Jean-Pierre Elkabbach sur la présence des forces spéciales françaises en Syrie. Ça vaut bien un « Taisez-vous Elkabbach ». Et une gorgée de plus. S’en suit une passe d’armes assez désagréable, qui affiche un méprisable mépris pour Monsieur « Renouveau mais avec une cravate quand même ».

L’ennui nous gagne

Sur l’international, il faut le dire, on s’ennuie un peu. Il n’y en a quasiment pas dans le bingo, comme dans les programmes de la plupart des candidats. Jean-Frédéric Poisson est toujours coincé à 1 minute 17 alors qu’Alain Juppé dépasse les 5, et son joueur commence à s’impatienter. Le candidat du PCD est le seul à soutenir Bachar Al-Assad, à qui il a rendu visite à plusieurs reprises. François Fillon affirme qu’Al-Assad a un « soutien populaire ». Malgré ces superbes énormités, on s’ennuie un peu. Jusqu’au moment où Alain Juppé apostrophe Fillon : « t’as fini ? » On avait un peu décroché du débat, mais ce micro clash nous redonne la super-pêche.

Entendu à la rédac : « Ils disent plein de conneries quand même. » On désespère un peu. Après plus d’une heure à s’hydrater en rythme avec les candidats, l’analyse politique de Haut Courant s’émousse et les candidats nous font remonter le temps grâce à leurs propositions. Suppression du collège unique, service militaire (ou « national »), voire salut au drapeau, Marseillaise obligatoire et uniformes dans les écoles pour Jean-François Copé. Pendant que François Fillon veut redresser la France, on lève le coude et on oublie un peu de l’écouter. Des sondages improvisés sont lancés dans la salle : qui vote ? à gauche ? à droite ? Sans surprise, la moitié des joueurs ne vote peu ou pas. À l’image d’une génération. Étonnant quand on voit des candidats à la présidence de la République âgés de 43 à 71 ans.

Vive le débat d’idées, et vive le journalisme de canapé !

23h, on fait les comptes. Copé a déjà coché 5 cases, les bouteilles se vident. Toutes les cinq minutes, on entend « Qui joue Sarkozy ? Il a été pris en flag d’intox par Le Monde, tu bois ! » Rarement un candidat à la présidentielle aura autant dragué l’électorat âgé : rétablissement du service militaire, suppression des allocations pour les parents d’élèves absentéistes… Et rarement un journaliste aura autant bu devant un débat. Il devient difficile de se concentrer et d’écouter les candidats. Sur les notes prises par les joueurs, on lit « manque de réalisme », « propositions creuses », « faiblesse des idées », « Poisson est muet comme une carpe »…

Allez, on a tenu jusque-là, dernier effort de concentration pour les conclusions des candidats. Poisson balance son texte comme on récite du Prévert à l’école primaire. Juppé nous fait regretter d’avoir enlever « rassembler » du bingo. Mention spéciale pour Jean-François Copé, qui termine son allocution de candidat à la présidence de la République en rappelant qu’il est maire de Meaux, 53 000 habitants. Le renouveau répète ad nauseam qu’il faut de l’audace. Danton s’en retourne dans sa tombe. Sarkozy agite tous les épouvantails à sa disposition. Éthyliquement, la rédaction s’anime une dernière fois, tellement qu’on en oublie d’écouter François Fillon (oups). De NKM, on retiendra « moi, moi, moi. » Drôle de débat que ce grand oral où les candidats se parlent sans vraiment se répondre, chacun préférant se différencier de ses adversaires grâce à des détails infimes plutôt que d’entrer dans une joute d’idées. Pour citer David Pujadas, « vive le débat d’idées ». Et vive le journalisme de canapé !

Initiation et sensations au plus grand salon de vin bio au monde

Odorat, goût, ouïe, vue… Le salon Millésime Bio met nos cinq sens en éveil. Hautcourant a arpenté les allées du plus grand salon de vin bio au monde, qui s’est tenu à Montpellier du 26 au 28 janvier 2015. Une invitation à la découverte des facettes anecdotiques et traditionnelles de ce rendez-vous incontournable de la sphère viticole mondiale. Embarquez pour un parcours initiatique et une expérience sensorielle.

« Est-ce qu’il y a de la bière ? » Oui, pas de panique… Dans le plus grand salon de vin bio au monde, on trouve même de la bière biologique ! Vodka, rhum, ouzo, whisky, gin et autres alcools viennent gonfler les rangs de la production de boisson bio. Sur le seul stand britannique du salon, pas de vin mais des spiritueux «by appointment » du Prince de Galles. Avec sur la bouteille, un blason apposé tel un label ou une certification décernée par la famille royale. Classe. Mais le salon Millésime Bio c’est bien sûr l’antre du marché du vin bio.

Stand britannique d'alcools forts bio

On déguste, on crache, on commente…

Les professionnels du vin, cavistes, grossistes, restaurateurs, œnologues, importateurs sont là pour déguster, négocier et acheter la production de vignerons du monde entier. Un courtier rencontré au cours d’une dégustation dit en riant : « Je suis comme la bourse de Genève : neutre ! » Il doit évaluer le juste prix de la bouteille, et fait l’intermédiaire entre le producteur et le vendeur. Quand certains flânent au gré des stands, d’autres savent où ils vont et ce qu’ils cherchent. On déguste, on crache, on commente («ce vin, un vrai feu de garrigue…»), on re-goûte, on re-crache, on négocie, et rebelote. L’odeur enivrante des vapeurs d’alcool qui flotte dans les halls dès la matinée atteste de cette consommation effrénée. Sur les visages, des airs sceptiques, ravis, déçus, intéressés se dessinent. Tous sont parés de leur verre et d’un carnet de notes. Ils consignent des détails gustatifs et qualitatifs après chaque gorgée. Une véritable armée d’inspecteurs du pinard. Et chacun y va de son petit commentaire, parfois laissé sur un post-it, comme ici trouvé au bar de dégustation des vins médaillés : « Pas trop frais ! Petit fond de glace. »

Commentaire laissé au bar Challenge Millésime Bio

Un rendez-vous cosmopolite, convivial et coloré

Un brouhaha règne dans ces grands espaces ouverts, qui privilégient l’échange entre vignerons et visiteurs. On se rencontre, on s’interpelle et on bavarde. « Comment tu le trouves ? Il manque de corps, non ? » Ça parle allemand, italien, espagnol, anglais, portugais, chinois… Une triade de pays viticoles domine cette 22e édition : France, Espagne, Italie. Mais là, un stand bulgare, hongrois ou même grec. Nichés dans l’angle d’une allée, des vignerons ont parcouru près de 20 000 km pour avoir leur place au salon : trois domaines de Nouvelle-Zélande vendent pour la première fois ici des vins issus de la région de Malborought. Au milieu de toutes ces teintes rouges, blanches et rosées, un orange vif. Des oranges, des clémentines et des sanguines parsèment une table : le stand espagnol de Tarrangino, spécialisé dans les vins d’agrume, se démarque par son originalité.

Stand espagnol de vin d'agrume

Organisation militaire

La salle est profonde, la hauteur du plafond immense et l’architecture presque industrielle. Dans les trois halls du salon, les allées quadrillent de façon militaire les 632 stands. Des stands identiques pour chaque exposant : une table relevée d’une nappe blanche, deux chaises, un présentoir. Cette sobriété ne laisse aucune place au marketing. « Ce côté égalitaire est très appréciable » confie une vigneronne d’un petit domaine, qui se réjouit de ne pas être dans l’ombre d’un grand vignoble. Mais pour le responsable du stand de Miguel Torres, il ne fait pas bon être en entrée ou en sortie de couloir. Il regrette avoir été placé dans un angle. « Quand on rentre dans une maison, on ne s’éternise jamais trop dans l’entrée, on passe très vite au salon.  » Et bien là même constat, il remarque que les passants ne prennent pas le temps de se poser en début d’allée, ils prennent plus de temps au milieu de ces dernières.

Une consommation frénétique de vin

Au service verrerie, ça carbure. Des petites mains poussent sans cesse leur chariot dans les allées, débarrassant les verres sales. Un des agents raconte sa journée : « Chaque jour à 9 heures, on met en place 15 000 verres sur l’ensemble des tables. Et on finit à 2 heures du matin, une fois tous les stands redressés.  » Au total, 25 personnes assurent la rotation de 30 000 verres par jour. Malgré cette effervescence, une employée trouve le temps de papoter avec les vignerons et goûter leurs vins.

Au service verrerie, ça carbure!

Le staff gère aussi ces énormes crachoirs, disposés à chaque coin de stand. Ils ressemblent à de grosses bouteilles de vin en verre foncé, d’une contenance de 12 litres, et sont chapeautés d’un entonnoir. André, le chef du service verrerie, ne quitte pas son talkie-walkie et son oreillette : « Les vignerons m’appellent quand le crachoir est plein. » Le service est bien rodé. Pour les deux plonges du salon, ça fait beaucoup de vaisselle!

Crachoir

Au restaurant, l’ambiance est aussi conviviale que rébarbative. Après avoir fait la queue au buffet bio, on s’attable avec des inconnus, vignerons et journalistes. L’échange se crée automatiquement dans cette immense salle qui accueille 1500 personnes chaque midi. « Moi je suis blogueur, je tiens un site sur les vins… et vous ? » À la table voisine, des vignerons ont apporté leur bouteille, pour accompagner leur repas d’un petit verre de rouge. En revanche, ils ont l’air sceptiques à l’idée de partager une goutte de leur pinard avec des inconnus.

« The sky is the limit  »

Le dernier jour, le salon se vide. Les visiteurs tirent des diables, prêts à y empiler des caisses de vin. Au vestiaire, ça regorge de valises. Sur les tables du « coin repos », deux étrangers étudient la carte de Montpellier pour repartir en direction de la gare. Et s’ils ont besoin d’un petit coup de main, ils pourront toujours demander à Jean-François du Point Information. Jean-François, c’est un peu « le majordome du salon » : il répond à toutes les requêtes. « The sky is the limit  » prétend-t-il. Appeler un taxi, réserver une chambre d’hôtel, prêter une paire de ciseaux, « on m’a volé mon vin ! », etc. Les demandes s’enchainent. Au comptoir, une vigneronne lui demande un rouleau de scotch pour fermer une caisse de vin. « Je suis l’arche de Noé, et les gens sont satisfaits.»

À la sortie, visiteurs et exposants sont invités à remplir des fiches de satisfaction. Un vigneron se dit content mais souligne un bémol. « Le prix du stand est tout de même élevé (1100 euros, ndlr). Je partagerais peut-être mon stand l’année prochaine, pour réduire le coût de moitié. » À cent mètres de la porte, un bruit résonne. C’est celui du verre qui se brise. Deux employés font des allers-retours entre le salon et le point de recyclage. Ils ont des caddies remplis de bouteilles vides. Pour elles aussi le salon est terminé, direction le centre de recyclage pour vivre une nouvelle vie.

La terrible situation des Aborigènes d’Australie

Un taux de suicide démentiel frappe la population aborigène d’Australie, victime de la discrimination, de la drogue et de l’alcool. Avec un risque, selon Les Malezer, représentant aborigène, de voir ce peuple disparaître purement et simplement.

«Il y a un vrai risque que mon peuple disparaisse». Cri d’alarme lancé dans l’enceinte du World Intellectual Propety Organization (WIPO) à Genève par Les Malezer, Aborigène australien et président du Forum des peuples autochtones.
Révélateur d’un immense mal-être, le taux de suicide au sein de la population aborigène inquiète par son ampleur. Il est quatre fois plus élevé que dans le reste de la population australienne. La majorité des suicides est enregistrée chez les moins de 30 ans, selon la BBC. Ce phénomène s’explique par le fait que les Aborigènes «ne sont pas acceptés, ils sont discriminés et surtout séparés de leur terre et de leur mode de vie, ce qui leur fait perdre tous leurs repères et peut les conduire au suicide», analyse Pierrette Birraux Ziegler, du Centre de documentation, de recherche et d’information des peuples autochtones (DOCIP).

Une véritable crise identitaire

«Dans le domaine de la santé, de l’emploi, de l’éducation, les Aborigènes sont très marginalisés par rapport au reste de la population, alors que seulement un tiers d’entre eux vit dans une partie reculée du territoire. Leur niveau de vie est plus faible que celui des pays du Tiers-Monde alors que l’Australie fait partie des pays riches», déplore Les Malezer.
Et le gouvernement australien, que fait-il ? «Il prend un certain nombre de mesures pour améliorer leur situation mais c’est toujours imposé par le haut. Le gouvernement passe toujours par des intermédiaires» ajoute t-il. La solution, selon lui, consiste à «donner l’autorité aux communautés elles-mêmes pour qu’il y ait une auto-gestion plus efficace. L’Etat devrait seulement intervenir ponctuellement et dans des domaines bien particuliers». Pour Pierrette Birraux Ziegler, «il y a une déclaration des droits des peuples autochtones qui a été élaboré avec ces peuples et qui a été adoptée par l’ONU en 2007 après des années de discussion, il faut simplement la faire respecter» souhaite t-elle. L’Australie avait voté contre dans un premier temps avant de la signer deux ans plus tard.

Un risque de génocide culturel

Toutefois, le problème semble bien plus profond puisque «le gouvernement australien voit les Aborigènes comme des soûlards, des fainéants. Il souhaite les assimiler de force sans considération pour leur identité culturelle, sans parler du racisme dont les Aborigènes sont l’objet» s’insurge Les Malezer. Il souhaite que la culture aborigène soit reconnue, respectée, afin de mettre fin à une assimilation forcée qui finit par détruire son peuple. Car pour survivre, les Aborigènes ont besoin de voir leur mode de vie respectée, avec leur attachement à leur terre et à leurs traditions. D’où sa volonté de faire adopter un traité reconnaissant le droit de propriété intellectuel des peuples autochtones, afin que les dessins, les peintures, et les sculptures ainsi que les dessins et modèles architecturaux aborigènes soient reconnus comme le fruit d’une culture à part entière. Si l’attitude des autorités australiennes ne changent pas, Les Malezer craint un génocide culturel voire une disparition de son peuple à court terme, tant le malaise identitaire est profond. Il poursuit donc son combat pour éviter une telle situation.

Chope’in : la bière tient boutique à Montpellier

Au cœur du quartier des Beaux Arts, la rue Bernard Délicieux porte désormais très bien son nom. Et pour cause, depuis près d’un mois et demi, Chope’in s’y est installé. Le concept : une boutique spécialisée dans la vente de bières.

Le Graal est désormais à portée de main. Ce Graal, c’est Chope’in, une boutique entièrement dédiée à ce délicieux breuvage qu’est la bière. Et son prophète se nomme Olivier Tabariès. Mais comment ce Nîmois de quarante ans a-t-il pu se lancer dans cette aventure? Il nous le donne en mille : «C’est tout bête, je suis amateur de bière, j’adore vraiment ce produit». Ça tombe bien, nous aussi.

De la bière jusqu’à plus soif

Et ce n’est pas rien, car tenez-vous bien, Chope’in est le premier magasin du genre à Montpellier. Bien sûr, il existe d’autres points de vente à emporter, mais ceux-ci sont adossés à un bar. Alors qu’il existe des caves à vin, les caves à bières manquaient à l’appel. Le gérant argumente : je possède une tireuse à bière chez moi, et un jour qu’elle était en panne, je n’ai pas réussi à trouver un seul commerce qui pouvait remédier à mon problème». Honteux non ? Alors il décide d’y remédier lui-même. Une nouvelle vie pour cet ancien chef de projet des télécoms, qui a décidé de faire «primer la passion».

Entre bières trappistes et celles issues de la région, l’offre est d’environ quatre-vingt bières. Mais ce n’est qu’un début. Le commerçant pioche dans un catalogue contenant trois mille étiquettes. «Le but est de renouveler les bières qui marchent, puis d’ajouter de nouvelles références, trente à cinquante par livraison». On en a presque le vertige ! À cela s’ajouteront prochainement des dégustations et la possibilité de louer une tireuse professionnelle pour vos soirées les plus folles.

La passion pour la pression

L’ambition du gérant est aussi de «faire découvrir les produits difficilement accessibles» . Les brasseries locales par exemple, celles qui reviennent à l’artisanat. Car, si selon lui, toutes les brasseries sont censées être artisanales, ce n’est pas le cas des grandes industries, comme Kronenbourg ou Heineken. «Ce ne sont pas des brasseries, ils font des bières qui sont tout le temps pareilles, alors que la bière est un produit vivant, au même titre que le vin.»

Vous l’aurez compris, le dada d’Olivier Tabariès, c’est la bière. Il est d’ailleurs intarissable sur les aspects techniques du cycle de production du produit. De la torréfaction de l’orge à la fermentation, le commerçant est incollable. Sa bière préférée ? «C’est une passion, donc par définition j’aime toutes les bières !»

Cette passion pour la bière, Olivier ne demande qu’à la partager. Comment résister ? D’ailleurs, pourquoi résister ?

Une Skins Party victime de son succès

« Déco enfantine et trash : coussins, nounours, poupées, petits vélos, balles en mousse, bonbons, filles, mecs, sexe… À VOLONTÉ !!! » étaient les mots d’ordre de la Skins Party organisée à la Villa Rouge le 5 Février dernier. Organisée par l’agence d’évènementielle Bad Twins, l’orgie adolescente s’est transformée en calvaire pour certains.

Les Skins parties, ce sont ces fêtes inspirées de la célèbre série britannique. Skins (en argot : « papier à rouler ») raconte la vie désabusée de lycéens vivant à Bristol.
Dans l’épisode 10 de la saison 1, le spectateur découvre la « secret party http://www.youtube.com/watch?v=tkesZCPIjQk » : scènes de bacchanales, dans lesquelles les adolescents en sous-vêtements ingurgitent ecstasy, coke, alcool et échangent joyeusement leurs partenaires. Dans cette ambiance psychédélique, la plèbe s’accouple avec l’aristocratie, les geeks du club de mathématiques sont tout aussi à l’aise que les reines de beauté. Pas de discrimination, tout le monde s’aime !
Il n’en fallait pas plus pour que les soirées du genre fleurissent dans l’hexagone. Voilà deux ans que les ados français s’adonnent aux fameuses Skins Parties.

Un concept devenu marketing

Bad Twins a annoncé la soirée à renfort de flyers

A Montpellier, l’agence d’évènementiel Bad Twins a flairé le bon filon. Moyennant 20 euros, les créateurs de l’évènement, Lucas Defossé et Emilien Avon, ont repris le concept de la « Skins party », originairement spontanée et gratuite, idéalement située dans un lieu secret et alternatif, qu’ils ont transformé en soirée payante et encadrée.
Annoncée sur Myspace et Facebook, cette Skins Party organisée à la Villa Rouge étaient attendue par plus de 3200 personnes, dont beaucoup avaient acheté leur entrées en préventes, au tarif préférentiel de 15 euros. Bref, on est loin de la soirée déjantée organisée dans un squat par une bande de potes amateurs.
Les intégristes de l’esprit Skins sont unanimes : « c’est pas dans une discothèque que se déroule ce type de soirée. Il y a des Skins parties à Montpellier, mais elles ne font pas l’objet d’un plan-marketing et d’un business. On prévient les gens au dernier moment, ils apportent ce qu’ils veulent et tout est permis. En boîte, c’est pas possible » explique Romain, 21 ans. Certes, mais le label Skins fait vendre.

Une organisation lourde de conséquences

Ainsi, dès 21h30, une foule de jeunes clients se presse vendredi soir aux portes de la Villa Rouge. En mini-short, corsets pigeonnants, et autres tenues ultra sexy, les premiers arrivants attendent patiemment de rentrer dans la boîte. Mais, très vite, des centaines de jeunes débarquent et forment une foule compacte sur un parking où les voitures ne peuvent plus rentrer. En quelques minutes, un millier de jeunes se retrouve à attendre. Pour patienter, certains fument des joints, d’autre sortent des bouteilles d’alcool. Vers 22h00, les esprits s’échauffent. Dans la file d’attente, l’ambiance est électrique : les bouteilles explosent et les coups fusent. Plusieurs personnes perdent connaissance, dont Capucine et son amie :
« J’ai fait un malaise dans la file d’attente, nous étions un énorme troupeau d’animaux amassés et écrasés dès 22h. Une amie a aussi fait un malaise, elle est tombée par terre et a failli se faire écraser par la foule. Moi, un inconnu a réussi à me sortir en me portant, car aucun videur n’était présent pour organiser la chose. J’ai du rentrer chez moi au bout d’une heure et demi de queue après mon malaise, sans avoir même pu rentrer a l’intérieur de la discothèque ». De rage, certains jettent leur préventes et rebroussent chemin, mais d’autres vont rester bloqués dans la file d’attente.

Alors que la fête bat son plein à l’intérieur ( http://www.youtube.com/watch?v=bVLuqyVgNcE&feature=PlayList&p=19E1DAF7AF829EC6&index=6 ) , la tension monte d’un cran sur le parking et l’ambiance dégénère vers 23h00. Incapable d’extirper ceux qui ont perdu connaissance, le service de sécurité de la Villa Rouge voit arriver sur les lieux un dizaine de camions de secours : Samu, Pompiers et Police débarquent sur le parking. Devant la difficulté de la tâche, les grands moyens sont déployés : les forces de l’ordre dégainent des gaz lacrymogènes qui atteignent l’ensemble des clients.
Venu de la région PACA pour l’occasion, César explique comment il s’est retrouvé piégé : « Beaucoup de personnes criaient qu’il y avait des malaises mais la foule poussait toujours. Avec mes amis, on s’est dit qu’il fallait qu’on sorte de là. Partir était notre seule envie, mais c’était impossible. Nous étions obligés de rester, jusqu’on se fasse gazer par des lacrymos !! »

L’agence d’évènementiel Bad Twins semble clairement avoir été dépassée par le concept de la Skins Party. Près de 2500 personnes ont pénétré dans la boîte ce soir là, pour un tarif minimum de 15 euros. Ceux qui avaient acheté leurs préventes et qui sont restés dehors, se sont vu pour leur part, proposer un dédommagement relatif : la possibilité de participer à une autre soirée organisée par l’agence ! En somme, une belle avance sur trésorerie pour les mauvais jumeaux.

Le témoignage de
Marion, étudiante


« Je suis allée à la Skins avec une amie et nous sommes arrivées à 21h30 pour être sures de rentrer avec préventes. Jusqu’à 22h45 tout s’est bien passé. Mais quelques personnes de la file de non préventes ont commencé à pousser violemment. Là le chaos a commencé.
On a été piétinées, bousculées, écrasées, étouffées. Honnêtement, je pensais que j’allais mourir. Est rapidement venu le moment où on ne pouvait plus respirer. Un jeune homme à côté de moi a eu la jambe écrasée par une barrière.
Je me suis frayée un chemin, dans les cris et dans les coups. J’ai réussi à sortir de foule vers 23h30. Je suis sorti au bon moment, car peu de temps après tout le monde a été sauvagement gazés. J’ai vu l’arrivée de plusieurs camions de pompiers et de policiers. Je regardais les gens sortir de la foule: des pleurs, des cris, des suffocations…
Comme nous étions venues en taxi et donc nous n’avions pas la possibilité de nous réfugier dans une voiture en attendant de pouvoir rentrer dans la boîte, si cela était encore possible. Au bout d’un moment, la foule s’est dissipée et nous avons pu rentrer (vers 1h du matin).

A l’intérieur il y avait énormément de monde, malgré tous les départs. Nous étions écrasées par les gens. Moi qui suis fan des skins party, j’ai été profondément déçue par l’ambiance. A ce stade là tout se résumé à «défonce» et «baise». On se serait plutôt cru dans une Rave Party. Je me demande même si tout cela était bien légal. De plus, mon amie et moi avons constaté qu’il y avait beaucoup de mineurs (environ la moitié de la clientèle). Nous avons décidé de partir, car c’était glauque.
A 3h30 nous avons quitté la Villa Rouge, pleine de débris de bouteille, de préventes déchirées, d’accessoires perdus et de beaucoup de chaussures. C’est incroyable de perdre ses chaussures lors d’une soirée en boîte de nuit ! »

« La biture express », le nouveau phénomène

Pour faire face au nouveau phénomène de « biture express », l’hyper-alcoolisation des plus jeunes, le lycée Jules-Fil de Carcassonne fait tout pour sensibiliser élèves et parents à ce problème.

Aujourd’hui, « beaucoup recherchent l’ivresse. Et surtout, ils consomment de plus en plus jeunes. » Ce constat, tiré par Élizabeth Richard et Colette Maurete, profs de sciences et techniques sanitaire et sociale à Jules Fil, définit un nouveau phénomène qui touche les jeunes, la « biture expresse ». D’ailleurs, le proviseur, Jérôme Rallo, considère l’alcool comme un « problème à prendre à bras-le-corps ». Son adjointe, Marie-Thérèse Roque et l’infirmière Monique Dalenc encouragent la première phase, celle du constat. La deuxième, l’action, doit très vite intervenir.

Dès le matin, à 8 h quand les élèves rentrent dans l’établissement, il arrive que certains ne soient pas bien réveillés, en raison d’une fête qui s’est achevée tard la veille. Plusieurs pôles doivent vérifier l’état des jeunes. Le premier se trouve en cours, le second à l’infirmerie. Les lycéens y vont de leur plein gré ou y sont envoyés par un « adulte », qu’il soit surveillant, prof ou administratif. Hors de l’établissement, la scolarité entretient des relations régulières avec les conducteurs de bus du conseil général, en charge de transporter les élèves, là aussi pour établir son réseau. Marie-Thérèse Roque explique que certains de ses élèves sont « en danger », il est donc de son devoir « de responsabiliser les parents ». Evidemment, le discours diffère à chaque fois, selon les cas.

Pour la prochaine rentrée, « tous les adultes de l’établissement vont recevoir un sondage qui permettra d’élaborer une attitude commune » soutient Monique Dalenc. Ainsi, dès septembre, si le projet voit le jour, chaque adulte devra adopter une attitude commune. Ce sera la deuxième phase du projet, celle de l’action.

En attendant, les lycéens de première d’Élizabeth Richard et de Colette Maurete ont réalisé un sondage, distribué à plusieurs classes. Il confirme que les jeunes sont informés. Pour atteindre le plus grand nombre, les tableaux statistiques de l’enquête doivent être bientôt affichés au CDI de l’établissement. D’ailleurs, dans cette classe de sciences et technologies de la santé et du social où les trois quarts veulent devenir infirmière et beaucoup d’autres travailler dans le social, on commente allègrement les résultats. « On s’y attendait » souffle une d’elle. Les prémix, mélanges colorés d’alcool fort et de soda ou jus de fruits « se boivent comme du jus d’orange » ajoute un camarade. « Dans les fêtes de villages, des jeunes de 10-11 ans disent que c’est pour leur père » ajoute une autre.

En tout cas, une chose est sûre. Jules Fil n’est ni plus, ni moins touché que les autres lycées par les problèmes d’alcool chez les jeunes. Mais au moins, ici plus qu’ailleurs, on veut trouver des solutions au problème.

30 % des sondés boivent dix verres en soirées

Jérôme Rallo, proviseur du lycée Jules Fil, est très attaché à lutter contre l’alcool. Selon lui et son entourage pédagogique, son établissement est dans la « moyenne nationale » de la consommation d’alcool. En témoigne un sondage réalisé par la classe de première sciences et technologies de la santé et du social (ST2S, ex-SMS). Dans le cadre de leurs études, les élèves ont réalisé un questionnaire interne auprès de dix-sept classes. Les résultats indiquent entre autre que 90 % d’entre eux consomment de l’alcool, à intervalle plus ou moins régulier. Plus de quatre sur cinq déclarent boire occasionnellement. Élément surprenant, près d’un tiers avoue absorber plus de dix verres en soirée.

Juste quatre élèves sondés déclarent ne pas avoir reçu d’information concernant les risques liés à l’alcool. Un seul sondé avoue avoir déjà consommé en toute solitude et très peu sont accompagnés des parents. Deux ont déclaré avoir déjà bu dans l’enceinte du lycée. Ce dernier chiffre confirme ce que pensent professeurs et personnel administratif : les jeunes qui boivent aux abords de l’établissement n’y sont inscrits.

Témoignages de lycéens

En privé, certains élèves avouent boire parfois un peu trop. Quatre élèves de Jules Fil acceptent de témoigner, anonymement, de leur expérience avec l’alcool.

Une fois, cette première demoiselle a bu plus que de raison. Il semble que ça lui a servi de leçon. « Ce soir-là, j’étais proche du coma éthylique. Comme si je m’étais pris un mur de pleine face. Le soir, j’étais gelée et pour parler, c’était la galère. J’avais l’impression de bien parler, mais les autres ne comprenaient rien. Le lendemain matin, j’étais dans le brouillard total, je n’avais rien vu venir. Le lundi, en revenant au lycée, j’avais très honte, c’est rabaissant. » Maintenant, elle ne boit jamais plus d’un verre ou deux. Ce qu’elle ne veut pas, c’est « gâcher la soirée en finissant à l’hôpital, ni faire peur aux parents ». Puis son copain ne boit pas et il n’aime pas la voir dans de tels états.

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« Je n’ai jamais été ivre, je n’ai jamais vomi. Juste ce qu’on appelle joyeuse ». Le week-end, cette autre jeune fille boit un peu. « Certains disent qu’ils vont se saouler la g…… Et quand tu n’es pas joyeuse, tu ramasses les autres. L’autre soir, tout le monde était ivre. Moi, je n’avais bu qu’un seul verre, je me suis ennuyée toute la soirée. Quand je suis à cinq verres, j’ai chaud, je rigole, j’ai l’estomac en feu. » Elle-même, 17 ans, craint les mélanges entre l’alcool et le volant. « Une de mes copines a le permis. Un soir, elle retrouve des amies et revient saoule. On n’avait pas le choix que de rentrer avec elle. Maintenant, elle continue de boire et conduire, mais depuis, je refuse de monter avec elle. J’ai peur pour elle, elle prend beaucoup trop de risques. »

Un jeune homme déclare ne jamais boire au lycée. Si son éducation lui interdit, c’est aussi, et surtout, une question de respect pour les profs. « Ici, je suis là pour travailler ». Il a quand même un ami avec une grande maison dans un village. « En cinquième, le groupe (une petite vingtaine, avec pas mal de filles) amenait surtout de la bière, maintenant, c’est un peu de tout, whisky, vodka… Le but n’est pas d’être ivre, mais parfois on boit une dizaine de verres par soirée. Quand un d’entre nous va mal, les autres lui disent d’arrêter. » En tout cas, il n’est jamais question d’aller jusqu’au coma.

Enfin, cette élève-ci ne boit jamais. « Boire, ça ne me dit rien. Je ne sais même pas quel goût cela peut avoir. Enfin, on m’a dit que la bière avait un goût de rouille » ! Elle pense que le sondage est une bonne action mais qu’il faut plus intervenir auprès des secondes, car « beaucoup d’entre eux boivent déjà ». « Moi, je fais des soirées avec du thé. En tout cas sans alcool, je n’ai pas envie de me bousiller la santé. Puis j’ai peur des accidents de la route, de croiser quelqu’un qui a bu. »