Montpellier à l’heure de la SELidarité

Pour lutter contre les effets de la crise économique, les Montpelliérains choisissent de plus en plus
les réseaux d’échanges comme remède. Les SEL (Systèmes d’échange locaux) représentent un
moyen d’entraide reposant sur la solidarité entre ses membres.

Selon un sondage IFOP du 5 novembre 2011, 68% des Français déclarent être affectés par la crise économique dans leur vie personnelle. Les Montpelliérains n’échappent pas à ce constat. Pour faire face à la crise, un système à le vent en poupe : le système d’échange local, communément appelé SEL.

Les SEL sont apparus dans les années 1980 outre-Atlantique, puis en France, en 1995. Il y en a maintenant un peu partout dans le monde, dont 451 référencés en France (12 dans l’Hérault, dont 2 à Montpellier : SEL de Montpellier et SELriz).

Qu’est-ce qu’un SEL ?

Un SEL est un circuit économique alternatif, utilisant une monnaie virtuelle afin d’échanger des biens et des services. Classé généralement dans l’économie sociale et solidaire, le SEL est aussi une idéologie. Adhérente du SEL de Montpellier, Sabine Lopez est d’avis que « d’avantage d’échanges et de solidarité entre les gens est un moyen de contrebalancer une consommation qui devient destructrice pour notre planète ».

797_6388dd51e59e7f8ce32d18115ede7d0a.jpgMais concrètement, comment cela marche-t-il ? « Nous échangeons des services sur la base d’une unité de temps appelé Grain de Sel (un grain de sel égal une minute) » explique Mme Lopez, avant de compléter : « Chacun dispose d’une feuille de richesse dans laquelle sont marqués les grains de Sels accumulés ou débités. Par exemple : Paul aide au déménagement de Pierre pendant 1 heure. Il devra donc marquer 60 grains de Sels qui seront débités sur la feuille de Pierre et crédités sur la sienne ».

Un système en expansion

« De plus en plus de monde est en recherche de système alternatif pour économiser et réduire sa consommation » souligne Sabine Lopez. Depuis 2008 et le début de la crise économique, le SEL de Montpellier a constaté qu’il y avait « de plus en plus d’adhérents ». Surtout, tous les âges sont représentés.
Le SEL, une bonne alternative pour réaliser des économies ? « Oui, bien sûr, c’est évident » répond Mme Lopez, « d’autant plus que nous pouvons également échanger des objets sous forme de bourse locale d’échange (BLE). Donc, avant d’acheter, nous passons une annonce à notre SEL pour savoir si quelqu’un a l’objet en question ».

Sans faire de bruit, le SEL de Montpellier arrive à conquérir un nombre croissant de personnes. Si quelques adhérents sont arrivés par l’intermédiaire des médias (télévision et presse), beaucoup ont connu ce système grâce au bouche à oreille.
Pour plus de convivialité, des réunions sont fréquemment organisées. Ainsi, grâce à l’aide de toute une communauté, un lien social se crée, en plus des économies réalisées.

En temps de crise, il y a ceux qui se retranchent dans leur coin à se priver, et les autres, qui préfèrent faire jouer la solidarité pour économiser au mieux.

Concerts : le marché européen n’a plus la cote

Chargés d’organiser les tournées, les managers de groupes américains font face à la crise de la zone euro et préfèrent se concentrer sur des marchés lucratifs tels l’Australie, l’Asie ou l’Amérique latine, plutôt que de prendre un risque en Europe.

Quel est le point commun entre Metallica, les Red Hot Chili Peppers et Bruce Springsteen ? Ils sont américains, et veulent se faire payer en dollars. La crise affaiblit considérablement la monnaie européenne, malgré les efforts du duo franco-allemand. L’organisation d’une tournée en Europe devient par conséquent de plus en plus risqué pour les managers en termes de rentabilité.

Prévue en 2013, la tournée européenne de Metallica a été avancée en 2012 pour éviter d’être embourbée dans les problèmes économiques de l’Europe. « Vous devez vous demander quel est le meilleur moment de faire quoi, quand et où » explique Cliff Burnstein, manager du groupe, dans le Wall Street Journal. Le déclin de l’euro rend difficile, pour les pays utilisant cette monnaie, de payer les frais demandés.

L’économie du rock’n’roll américain

Depuis le début de la crise en 2008, les managers prennent donc soin de bien regarder des détails relatifs à l’économie, tels les taux de change ou les tendances économiques, avant de conclure un contrat avec des promoteurs de concert.

« Un dollar faible est la meilleure chose pour le rock’n’roll américain » observe William Zysblat, fondateur de RZO Productions qui a géré des tournées de U2, David Bowie, The Police ou les Rolling Stones. Sachant que 75% des revenus des groupes tel que Metallica proviennent des tournées à l’étranger, l’enjeu est crucial. « Dans les prochaines années, le dollar sera plus fort et l’euro plus faible, prévoit M. Burnstein. Je veux profiter de cela en jouant plus de concerts européens maintenant, parce qu’ils seront plus rentables pour nous ».

Le vieux continent connaît une inflation du prix des places de concert. « A cause des taux de change, les prix en Europe sont beaucoup plus élevés, et ce n’est pas une situation soutenable » explique Cliff Burnstein. Pour éviter de faire des tournées à perte, il existe deux solutions. La première est une augmentation pure et simple du prix des billets permettant ainsi de compenser d’éventuelles pertes liées à la monnaie. La seconde est de choisir si le groupe sera payé en dollar, en euro ou en une combinaison des deux, tout en se réservant la possibilité de bloquer les transactions au taux préférentiel.

« On est un produit d’exportation américain au même titre que Coca-Cola » Cliff Burnstein, manager de Metallica

Comme l’Europe ne représente plus un terrain propice, les groupes vont voir ailleurs. « On est un produit d’exportation américain au même titre que Coca-Cola. On va sur les meilleurs marchés » reconnaît le manager de Metallica. En 2013, les groupes de heavy metal dont il s’occupe iront enthousiasmer les foules d’Asie du Sud-Est, d’Amérique latine et d’Australie. Mais pas en Afrique, faute d’infrastructures et de potentiel de rentabilité.

Ayant déjà attiré, entre autres, les Red Hot Chili Peppers (en Amérique du Sud), ou Bob Dylan (en Asie), ces marchés sont donc des nouvelles terres d’accueil pour musiciens prudents.

Montpellier : une ville pour les jeunes…précaires

Selon les chiffres Insee, au troisième semestre 2011 le taux de chômage en France a atteint les 9,7% de la population active. Une augmentation sensible est relevée pour la tranche d’âge 25-49 ans, ainsi que pour les femmes entre 15 et 24 ans, les plus de cinquante ans ne sont pas non plus épargnés. Dans l’Hérault la situation est bien pire : plus du 13% des personnes actives sont à la recherche d’un travail. Alors que les CDI semblent aujourd’hui hors de portée, les Jobs étudiants, l’intérim, et les CDD apparaissent désormais comme un luxe pour les jeunes.

Amina a 28 ans et un diplôme en psychologie. Depuis quelque mois elle va régulièrement à la Maison des chômeurs et des citoyens solidaires pour recevoir un soutien dans sa recherche d’emploi. Elle a une expérience de quatre ans avec les personnes âgées et les handicapés, mais actuellement elle n’arrive plus à trouver un poste. La concurrence est trop forte : « j’ai envoyé plus de 40 CV et lettres de motivations, mais personne m’a rappelé . Il y a beaucoup de gens qui postulent pour les mêmes offres et moi je n’ai pas encore validé mes années de travail. Je suis en train de faire les démarches pour obtenir un VAE(Validation des Acquis de l’Expérience –ndlr), mais pour l’instant c’est la galère. Heureusement que j’ai une amie qui peut m’héberger.» Les salariés du secteur des services à la personne représentent près de 6% des salariés de l’Hérault, mais seulement un quart d’entre eux a moins de 35 ans. Ce chiffre semble encore plus préoccupant si l’on confronte la moyenne du temps de travail hebdomadaire (11,6 h) avec la proportion des personnes rétribuées en dessous de 1,2 Smic horaires brut (61%). Certes, dans le secteur les jeunes ne se réjouissent pas.

Diplômés et étudiants oui, mais pas privilégiés

Laurence, 29 ans, débarque à Montpellier en septembre après avoir quitté Paris. Elle possède plusieurs expériences de travail, un Master 1 et une formation comme institutrice. Pourtant, elle est toujours dans une situation précaire: « Je ne demande pas grande chose, je voudrais juste gagner ma vie. J’ai travaillé à l’usine, dans un chantier, dans un supermarché, mais rien qui ait abouti à un contrat, explique-elle. Je viens de trouver un logement, après plusieurs mois passés chez une pote, mais je ne sais pas si j’arriverai à payer le loyer le mois prochain

Des difficultés partagées par les étudiants. Plusieurs d’entre eux n’arrivent plus à financer leurs études et à assurer leur indépendance. Les petits jobs sont rares, mal payés, et souvent même pas déclarés. Beaucoup de jeunes sont dans l’obligation de renoncer à leurs droits pour aspirer à un poste : ils savent qu’ils peuvent être virés à tout moment. Comme Juan, étudiant et employé «au black» dans un bar montpelliérain, qui a été licencié il y a deux semaines «Un jour je suis arrivé au travail et le patron m’a dit que j’étais viré parce qu’il n’avait pas de quoi me payer. Il s’est même énervé contre moi. Je me suis senti exploité !».

Dans l’hôtellerie-restauration la précarisation est à son point le plus haut. Parmi les 17 000 saisonniers travaillant en région pendant l’été, un sur cinq entre septembre et novembre est allé s’inscrire à Pôle Emploi, un sur trois parmi les 25-40 ans. La crise et les mauvais investissements ont laissé beaucoup de caisses vides, et l’argent qui reste ne circule pas forcement par des voies légales. Le job étudiant devient alors un privilège, le contrat un luxe.

Le paradoxe du dynamisme

Il y a trois ans, une étude de l’Insee montrait que le Languedoc Roussillon au cours de la période 1993-2006 était la première région en France pour la création d’entreprises. En revanche, la même étude expliquait que 8 entreprises crées sur 10 ne comptaient aucun salarié, et notamment à Montpellier. Un chiffre qui explose en 2010 en atteignant la barre des 96%. Il s’agit pour la plupart de sociétés spécialisées dans les services, moteur de la région et première source d’emploi dans l’Hérault. Les seules qui n’ont pas été touchées par la crise.

Voici la contradiction : les nouveaux acteurs d’un secteur en plein développement sont ceux qui génèrent le moins d’emploi.

Le discours ne vaut pas pour les activités financières et d’assurance, qui augmentent leurs effectifs (+1500) en bénéficiant du soutien public apporté aux banques. En revanche, dans les autres secteurs ce sont les travaux intérimaires et les contrats à durée déterminée qui augmentent de manière significative. Autant que le chômage.

Le chômage n’est pas que dans les chiffres

« Il y a plus de jeunes qui viennent. Souvent ils sont diplômés et ils cherchent n’importe quel travail» affirme Marc Vinet, bénévole pour le Comité pour une répartition équitable de l’emploi et des revenus (Crée), qui a son siège à la Maison des chômeurs et des précaires. «Le taux de chômage est bien plus haut que 13%, il y a beaucoup de cas qui ne figurent dans les chiffres. En ville on est au moins à 20%, et dans le quartier de la Paillade à 40-45%.»

Mais même toucher une allocation chômage peut devenir une odyssée. « Les procédures sont toujours plus complexes, les gens sont désorientés. En outre, à Pole Emploi il y a une volonté bien précise de faire baisser les chiffres à travers un durcissement dans la sélection des dossier», continue monsieur Vinet.

La précarité devient le reflet des inégalités sociales. A Montpellier comme ailleurs, ce sont ceux qui ont les moyens qui s’en sortent le mieux. Pour le reste, la «sur-cotation » de la ville ressemble plutôt à un chapeau trop grand qui oblige les jeunes à faire le dos rond. Ce qu’aujourd’hui on appelle la révérence du travail gratuit ou mal payé.

La possible chute de Silvio Berlusconi

« In the name of God, Italy and Europe, go ! » Le Financial Times pourrait bientôt voir son vœu exaucé. Plus que jamais, Silvio Berlusconi est sur la corde raide et il lui faudra tous les talents du meilleur des funambules pour ne pas tomber.

L’Italie placée sous tutelle économique

Troisième économie de la zone euro, l’Italie et sa dette colossale de plus de mille milliards d’euros sont en première ligne dans le collimateur du Fonds Monétaire International. C’est d’ailleurs pour cette raison que Silvio Berlusconi a fini par accepter que son pays soit placé sous la tutelle du FMI. « Nous nous sommes explicitement mis d’accord aujourd’hui sur le fait que le FMI et la Commission européenne devraient présenter leurs rapports chaque trimestre » a déclaré à ce sujet la chancelière allemande Angela Merkel. Une équipe d’experts devrait donc être envoyée tous les trois mois à Rome afin de vérifier que le gouvernement tient bien toutes ses promesses en matière économique.
Une telle décision devrait permettre de protéger l’Italie de toute propagation de la dette grecque à son économie et, au-delà, à l’économie mondiale. C’est en tout cas ce qu’a affirmé le président américain Barack Obama : « Bien que la Grèce soit le sujet le plus urgent, s’il y a une contagion à des pays plus grands, nous pourrions finir dans une situation non gérable. Nous avons besoin de construire une enceinte de protection. Le FMI doit avoir un rôle de soutien important »
Cette aide reste malgré tout difficile à encaisser pour le Cavaliere. Cela faisait des semaines qu’il promettait des mesures d’austérité mais cette fois-ci, elles vont devenir concrètes : dans deux semaines, il devra les faire examiner par le Parlement italien. Le même jour aura lieu un vote de confiance sur son gouvernement. Pas sur qu’il s’en sorte aussi bien le premier ministre grec George Papandreou…

Les parlementaires appelés à renouveler leur confiance

En deux décennies, Silvio Berlusconi aura été trois fois président du Conseil. Son mandat devait normalement durer jusqu’en 2013 mais, face à la crise politico-économique que traverse le pays et aux appels à sa démission, le Cavaliere n’a d’autre choix que d’accepter un vote de confiance au Parlement. Même s’il affiche un sourire de façade, la partie n’est pas gagnée d’avance. Les défections au sein de son parti, il Popolo della Libertà, n’en finissent plus. Jeudi, ce sont deux députés qui ont quitté le bateau en rejoignant le parti de centre-droit Unione dei Democratici Cristiani e di Centro. Le nombre de députés de la majorité est ainsi tombé à 314 sur 630 et sept autres alliés de Silvio Berlusconi pourraient décider eux aussi de le quitter. Au sein du gouvernement, personne n’est dupe. Guido Crosetto, sous-secrétaire d’Etat à la défense a avoué « [qu’il] ne sait pas combien de jours ou de semaine il reste à vivre à ce gouvernement. Mais il est clair qu’avec une majorité aussi fragile, cela ne peut pas durer longtemps ». Le ministre de l’économie, Giulio Tremonti, s’est refusé, lui, à répondre à toute question portant sur l’avenir politique de Silvio Berlusconi. Un silence éloquent. « Nous avons une majorité qui, je continue à le penser, est solide et nous allons donc continuer à gouverner » a en revanche affirmé le Cavaliere qui part toutefois à la pêche aux voix : « Nous devons leur faire comprendre que nous les considérons, nous devons leur donner notre reconnaissance, un rôle à jouer. » La carotte au bout du bâton, en somme.
Mais si son image déplait fortement à une grande partie des italiens et du reste du monde, il n’est pas certain que la chute de Silvio Berlusconi soit une bonne chose, du moins pas dans l’immédiat. En l’absence d’opposition forte et d’idées efficaces, l’Italie pourrait s’effondrer complètement. C’est d’ailleurs ce qui se dit au sein même de l’opposition : « Il est nécessaire de se rendre aux urnes le plus tôt possible –commente Antonio di Pietro- Mais attention aux gouvernements techniques parce qu’une majorité qui ferait les mêmes choses que ce nous n’acceptons pas de Berlusconi, ça serait comme tomber de Charybde en Scylla »
« In the name of God, Italy and Europe, go ! » disions-nous donc. Oui. Mais seulement si une majorité efficace se met en place.

Benoît Prévost : «Il faut repenser la place des marchés financiers dans l’économie»

Entre crise mondiale, promesses de moralisation du système financier et renouveau théorique, Benoît Prévost met en lumière sur le monde des économistes. Pour ce faire, il revient sur des croyances qui remontent au XVIIIe siècle.

«Les économistes sont à la fois partout et nulle part.» Pas de quoi rassurer le public de l’Agora des Savoirs du 12 janvier 2011. Mais Benoît Prévost, montpelliérain et professeur d’économie du développement, a plus d’un tour dans son sac. En voici la preuve, avec quelques éléments de réponses sur l’univers des «conseillers du Prince».

Haut Courant : Quelles sont les croyances des économistes ?

Benoît Prévost : Tout le monde pense en premier à l’argent, mais ce n’est pas fondamental. Leur premier objet de réflexion est le marché comme meilleure voie vers une société heureuse. Certains y sont opposés et mettent en avant des formes d’échanges qui n’obéissent pas aux mêmes logiques. Les altermondialistes ou les partisans de la décroissance prônent une économie plus conviviale que concurrentielle. Ainsi, utiliser de l’argent ou pas est secondaire et les logiques derrière l’échange sont essentielles.

Le phénomène d’immédiateté ne les oblige-t-il pas à transformer ces croyances en vérités ?

Il existe une obsession du chiffre. Les économistes de la conjoncture, parfois incapables de prévoir l’évolution des marchés financiers sur 15 jours, nous en fournissent tous les jours. Et on les laisse nous bercer sans poser de question. En parallèle, des théoriciens ont raflé des prix Nobel ces vingt dernières années pour avoir écrit que le marché est le meilleur des systèmes possibles. Or ce sont ces théories, et le jeu ambigu entre politiques et économistes, qui nous ont conduits à la situation de crise actuelle. Ces conseillers du Prince sortent rarement des coulisses du pouvoir et ne sont jamais responsables des conséquences de leurs théories.

La Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne … qui est le prochain sur la liste des économies en crise ?

Actuellement la politique d’ajustements structurels mise en œuvre dans ces pays est semblable à celle que le Fond Monétaire International a exigée des pays en voie de développement dans les années 80. Mais le jeu de domino peut aller jusqu’en France. Le système reste fragile, pour des raisons qui dépassent largement la finance. Les crises écologique ou énergétique à venir comptent aussi. Je ne ferais cependant aucune prédiction. L’économiste est là pour produire des scénarios et les politiques font leur choix. Le risque, c’est que les économistes ne croient plus qu’en un seul scénario ou se vouent aux jeux des prédictions.

Les agences de notation financière sont remises en question. Qu’en pensez-vous ?traders.jpg

Si je bois juste du thé je vais vous dirais que peut-être il faudrait des agences de notation qui soient plus contrôlées par les États et après un verre de vin je vous dirais qu’il faut totalement les supprimer. Il faut totalement repenser la place des marchés financiers dans l’économie et la logique de financement de notre mode de production de richesse. Pointer du doigt quelques institutions financières ou grandes banques, comme Lehman Brothers, puis dire : « Il suffit de mettre des garde-fous pour que ça remarche bien » nous fait oublier d’interroger l’ensemble du système.

C’est-à-dire ?

Remettre en cause le système des marchés financiers c’est entre autre s’interroger sur le financement des retraites aux États-Unis, donc sur le système social américain et sur le mode de production et les rapports salariaux qui reposent sur ce système. Petit à petit, on arrive au cœur du système capitaliste contemporain. Aujourd’hui, on est dans une vrai crise de la théorie économique parce qu’on ne veut pas risquer de remettre trop de choses en question.

Que deviennent les projets de moralisation des marchés financiers énoncés par Nicolas Sarkozy au G20 ?

Il incarne une droite néolibérale qui a mis en place le marché financier et sa dérégulation. On est dans des questions de pompiers-pyromane. De plus une réforme en profondeur des systèmes financiers supposerait un temps plus long que celui sur lequel se base le renouvellement électoral. On voit comment aux États-Unis Barack Obama a été pris à la gorge par les élections à mi-mandat. Avec des élections dans un an et demi en France, ça laisse peut de temps.

Le néolibéralisme pourrait-il passer de mode ?

Il semble y avoir une demande de la part des hommes politique pour un renouvellement. Et l’appareillage théorique pour penser l’intervention ou non de l’État n’est pas radicalement différent. Les économistes, pour répondre à une demande politique, pourraient très bien montrer la nécessité que l’État intervienne. Joseph Stiglitz et Paul Krugman en parle déjà depuis longtemps. Le drame c’est qu’on utilise comme remèdes les mêmes théories qui ont conduits à cette crise. De la même manière qu’on n’a pas remis en cause le pouvoir des banques et des marchés financiers, on a rien changé au pouvoir des économistes.

Il y a un donc un grand «mais» au changement.

Il faut un effet de percolation pour que ces idées-là pénètrent tous les réseaux institutionnels assez forts pour dépasser les effets de structures sur le renouvellement générationnel et les fortes résistances psychologiques. Un économiste qui travaille à la réserve fédérale américaine avec une formation néolibérale et une pratique de 20 ans, va avoir du mal à accepter que le marché n’est peut-être pas la meilleure des choses qui soient. Et surtout à accepter qu’il se soit trompé.


Agora des savoirs – Benoît Prévost
envoyé par villedemontpellier. – L’info internationale vidéo.

Bill renfloue les caisses des New-Yorkais

Un énigmatique bienfaiteur offre des billets de banque aux passants de New-York qui en ont besoin.

Il faisait bon habiter à New York les 3 et 4 février… Un petit bonhomme, muni de grosses lunettes et d’un bonnet noir a distribué des dollars dans les rues de la ville. Billets de 50 ou de 100, Bill entend donner leurs « étrennes » aux personnes touchées par la crise.
La démarche est la suivante. On raconte ses petits malheurs à la caméra et « Bailout Bill » (Bill le Renfloueur) [[selon le nom du plan de sauvetage de l’économie américaine]]) décide de la somme qui vous est allouée. Certains auraient reçu jusqu’à 3000 dollars. Attention aux gourmands, le « renfloueur » est accompagné de gardes armés. D’autant plus qu’il serait dommage de mettre fin à cette sympathique distribution.
Près de 800 personnes ont fait la queue sous la neige devant le guichet de fortune installé à Times Square.

Bon samaritain ? Pas tout à fait. Le mystérieux donateur, propriétaire d’un site internet de petites annonces, économise le prix d’un spot publicitaire tout en s’offrant une image de marque.
Il compte ainsi se départir de 500 000 dollars et se rendre dans les villes de Philadelphie, Boston et Washington pour réitérer l’opération.

Une initiative commerciale qui laisse rêveur.