Daniel Cohn-Bendit : « Je suis un utopiste réaliste »

Europe Écologie avait rendez-vous avec ses militants, ce mercredi 17 février 2010. C’est après trois heures de meeting et un discours plein de ferveur que Daniel Cohn-Bendit répond aux questions d’Haut Courant… avec le sourire et en toute simplicité.

Comment faites-vous pour conserver cette ferveur après 30 années de politique ?

Mon secret : j’aime la politique. J’aime penser le changement, faire bouger les lignes. Je suis là pour jouer mon rôle d’utopiste lucide et réaliste. Ce que j’aime en politique, c’est de prendre des risques. Nous savons tous qu’il y a des dangers, mais l’essentiel est de gouverner autrement. La politique se fait ensemble, ou ne se fait pas. Ensemble, pensons radicalement et transformons quotidiennement.

En tant que député européen, pensez-vous que des ponts peuvent-être établis entre l’Europe et les régions ?

Oui. Je crois qu’il y a des tas de projets régionaux qui peuvent être financés par des fonds européens. A l’heure actuelle, ce n’est pas le cas et c’est dommage. Il faut que les élus régionaux se rapprochent des élus européens et trouvent un projet et des moyens ensemble : formuler un projet régional au niveau européen. Par exemple, dans certaines régions, 14% des projets ferroviaires sont financés par l’Europe. C’est trop peu. Pour que cela fonctionne, il faut qu’il y ait une coopération des régions et un projet collectif. Pour le moment, il n’y a pas de cohérence entre l’ensemble des régions. Nous devons casser cet égoïsme régional.

Quelle place donnez-vous au citoyen dans le projet de transformation prôné par Europe Écologie ?

Une transformation, c’est prendre le temps d’ouvrir des discussions pour que le jugement du citoyen s’intègre dans le projet d’avenir. Concrètement, c’est multiplier les débats publics. Il est nécessaire que le citoyen s’approprie le projet et s’autogère. Dans la société de demain, l’autogestion est quelque chose que l’on peut réaliser, sans attendre une révolution qui n’arrivera pas. C’est possible par un système de coopératives pour vivre mieux ensemble. Nous proposons un pacte de comportement, c’est-à-dire mettre en place les instruments de la transformation écologique, pour des territoires responsables au service des citoyens. Les citoyens en ont marre qu’on les prenne pour des cons.

Dans votre discours, vous avez fait référence à Georges Frêche, quel bilan tirez-vous de son mandat ?

Par exemple, un mauvais bilan économique avec des projets pharaoniques qui ne vont pas dans le sens de l’intérêt commun. Comme la construction d’une Grande Salle qui a coûté à la Région 54 millions d’euros. Avec cette somme, on aurait pu construire 150 salles culturelles dans toute la région.

Est-ce que l’ouverture d’Europe Écologie à d’autres partis comme Cap21 ou le MoDem, peut-être une limite à sa progression ?

Non, je ne crois pas. Il faut inventer quelque chose de nouveau en politique. Certains partis sont arrivés au bout du rouleau. Nous voulons une culture de partenariat, dans le respect d’un projet commun. Il faut reconnaître les autres, ne pas les considérer comme des adversaires. Si le PS ne comprend pas cela, il ne comprendra jamais pourquoi les électeurs en ont marre des divisions. Et, à la fin, c’est toujours la droite qui va gagner.

Quel écologiste êtes-vous au quotidien ?

Chez nous, nous utilisons l’énergie solaire. Du coup, notre maison consomme un tiers de moins que ce que l’on consommait avant. Pour me déplacer, je prend le moins possible la voiture. Je privilégie le vélo, le métro… C’est beaucoup plus développé en Allemagne où je vis. En France, les gens sont d’ailleurs surpris de me voir prendre le métro parisien. Il faut mettre sa pratique au niveau de son discours. Finalement, être écologiste, c’est avoir une citoyenneté ordinaire.

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Mandroux, « maire courage » selon Montebourg

Mardi soir, soutenue par plus de 300 personnes, et portée par trois solides alliés, Hélène Mandroux déclare vouloir «mettre fin à tous les systèmes clientélistes» et appelle à «une gouvernance où le sens du juste l’emporte sur la concentration autocratique.» Arnaud Montebourg, Paul Alliès, André Vézinhet ainsi que ses colistiers viennent l’appuyer dans sa démarche.

«C’est un nouveau jour pour l’histoire de la région»

Mandroux, Vézinhet et Alliès : ce soir, les trois mousquetaires locaux sont bien quatre… Arnaud Montebourg faisant office d’invité surprise (mais annoncé). Tous rentrent en scène, suivis par quelques colistiers, sous les applaudissements.

Paul AllièsC’est Paul Alliès qui a l’entame : le Conseiller régional sortant et secrétaire national adjoint à la rénovation du Parti Socialiste commence fort en déclarant que «c’est un nouveau jour pour l’histoire de la région». Pour Madame le maire, «il est temps en Languedoc-Roussillon, de tourner la page.» Dans le conflit qui les oppose au président de Région sortant, Paul Alliès insiste sur l’importance de ce «combat, moral et identitaire : car l’identité socialiste commence là, avec les valeurs.»

Comme s’il répondait au sondage publié dans le Midi Libre[[Réaction de Paul Alliès au sondage du 16 février, le 18 février dans le Midi Libre]], Paul Alliès cite François Mitterrand : «Les campagnes électorales les plus courtes sont les meilleures», et de rajouter que «ce sont celles que l’on gagne.» Selon Mme Mandroux, ce qui compte, c’est que «jamais, réunion de toutes les forces de gauche n’a été aussi clairement annoncée. La victoire est possible pour la Gauche rassemblée.»

«Se battre pour de vraies valeurs et de justes causes»

André Vézinhet, « jeune » député et président du Conseil Général de l’Hérault depuis 1998 poursuit et préconise d’«unir les socialistes pour faire des choses qui honorent la politique : se battre pour de vraies valeurs et de justes causes.» Il rentre ensuite dans une critique des politiques locales et se déclare favorable à «une région forte».

André  VézinhetIl rappelle alors que les collectivités locales sont les premiers investisseurs de France, devant l’Etat, et que la région peut donc jouer sur des secteurs comme l’emploi. Hélène Mandroux veut d’ailleurs faire de la lutte contre le chômage une priorité : elle rappelle que dans la région, «un actif sur huit est privé d’emploi [[«et un sur cinq en dessous du seuil de pauvreté»]]». Elle propose pour y remédier, d’«instituer une conférence régionale sur l’emploi» dans le but de «mettre en place un service régional de création des métiers».

«J’ai senti comme un vent révolutionnaire, propre à déboulonner quelques statues !»

Vient le tour d’Arnaud Montebourg, jeune Conseiller général, député de Saône-et-Loire depuis 1997 et secrétaire national à la rénovation du PS. Avant de flatter Hélène Mandroux, en l’appelant «maire courage», il tient à se poser en témoin «de la direction nationale rassemblée». Et face à ceux qui opposent Paris à la province, il déclare : «la direction nationale, ce n’est pas Paris. C’est la France.»

Arnaud MontebourgMais au-delà, il présente ce qui se passe ici comme le symbole et le commencement d’un changement plus profond du Parti Socialiste. Il donne d’ailleurs rendez-vous le 3 juillet prochain pour la convention sur la rénovation du parti. D’ici là, il pense que «la victoire [est] dans un mois et qu’en tout cas, s’il faut revenir, [ils] reviendront (ndlr. lui, ou un membre de la direction du PS)». Et avoue avoir «senti depuis [sa] sortie de l’avion, comme un vent révolutionnaire, propre à déboulonner quelques statues !» Ô symbole, quand tu nous tiens…

A la fin de son discours, Equidad, une militante PS intervient dans la salle pour dire qu’«[elle] vient de Toulouse exprès pour soutenir Mme Mandroux.». «Je m’engage derrière vous pour combattre le machisme et la mauvaise éducation. Ne vous laissez jamais faire !» Suite à quoi, elle ravit la salle avec un chant catalan. Voilà de quoi faire chaud au cœur du maire.

«Je veux mettre fin à tous les systèmes clientélistes»

DSC_00203.jpgAprès de tels encouragements, Hélène Mandroux joue sur du velours. Et pourtant, elle ne mâche pas ses mots, loin s’en faut : elle dénonce successivement «un système occulte qui étouffe toute montée d’une nouvelle génération», «des systèmes clientélistes», «une concentration autocratique»…

Elle ne manque pas non plus de constater que la «présence des trois hommes] à ses cotés inflige un cinglant démenti à ceux qui disaient que le PS était incapable de se relever [[[Jean-Luc Mélenchon notamment]].» Pour elle, le président sortant du Conseil Régional n’est plus au Parti Socialiste, c’est un fait, mais n’est même plus à gauche : «Garder la région à gauche aujourd’hui, ça veut dire changer de majorité.»

La candidate propose aussi quelques mesures, «à destination de ceux qui disent que je n’ai pas de liste et pas de programme [Essentiellement des internautes]]». En vrac, travailler avec le sud de la Méditerranée, investir dans les quartiers les plus pauvres (ndlr. Elle a cité une dizaine de zones sensibles urbaines de la région sur [les 28 recensées par la SDTEFP [[Services du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, en Languedoc-Roussillon]]), mieux répartir les logements sociaux, établir un système de taxi entre les ports, proposer des billets de train gratuits pour les jeunes de 16 à 25 ans le week-end, ou se fixer l’objectif -ambitieux- de créer un ticket unique à un euro pour les Bus, Tram, Train.

A la fin de ce meeting PS, Hélène Mandroux n’oublie pas de remercier ses soutiens, et lance même un «merci» appuyé à Paul Alliès, à qui elle reconnait un combat de longue date. Elle conclut par une main tendue aux militants PS soutenant Georges Frêche : «ressaisissez-vous» leur dit-elle.

Franck Michau

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Crédits photo : Xavier Malafosse ; montpellierplus.midiblogs.com ; image.mabulle.com ; Franck Michau

Mis à jour le 19 février à 9h30

François Liberti: « Pour l’émer­gence d’une gauche de transformation sociale »

Depuis le 5 Janvier 2010, la gauche radicale[[Alternatifs, FASE, Front de Gauche (GU, PCF, PG) NPA, M’PEP, Objecteurs de Croissance]] présente une liste unitaire au premier tour des élections régionales en Languedoc Roussillon. Notons le caractère inédit de cet équipage : pareil consensus n’a été réalisé que dans le Limousin et en Pays de la Loire. Rencontre avec François Liberti (PCF), porte parole de la liste « A Gauche Maintenant ! ».

Avec son franc parler, l’ancien député-maire de Sète, vice président du Conseil général de l’Hérault, défend non pas une liste anti-Frêche, mais « fidèle aux valeurs de la Gauche ».
Objectif: « faire de la région un pôle de résistance aux politiques libérales »

Haut Courant : Comment parvient on à réaliser l’union de la gauche radicale ?

François Liberti : Concilier les différentes sensibilités, ça a mis du temps car nous n’avions pas l’habitude de travailler ensemble. Cela oblige à revoir les idées préconçues et à vérifier la pertinence des contenus. Encouragés par les résultats des élections européennes, on a voulu continuer sur la lancée de cette gauche de transformation au moment des régionales. Évidemment, il y a eu des périodes de confrontations passionnées durant la mise en œuvre de cette démarche partagée. Il faut noter que celle-ci s’est faite dans des circonstances particulières puisque, en Languedoc Roussillon, les militants du NPA ont refusé de suivre la position nationale suicidaire de leur parti.


Haut Courant : Pourquoi affirmez-vous qu’en Languedoc Roussillon, la Gauche a été trahie par le président de région sortant ?

François Liberti : Il y a plusieurs éléments distincts. Tout d’abord, c’est cette succession de petites phrases, qui sont tout sauf des dérapages : tout cela est calculé et structuré. Georges Frêche instrumentalise et affaiblit le débat d’idées et, le plus insupportable, joue avec un racisme populaire. Ce ne sont pas des valeurs de Gauche. Nous menons un combat basé sur les solidarités, les électeurs ne sont pas des cons! Quand on perd le sens des valeurs, on perd le sens même de la politique. Il faut en finir avec la mégalomanie et le pouvoir personnel en Languedoc Roussillon. Quand Frêche dit que Sarkozy lui ressemble comme une goutte d’eau, c’est tout à fait vrai, il se comporte comme une courroie de transmission de la politique sarkozienne dans la région.

Haut Courant : C’est-à-dire ?

François Liberti : On est dans une situation «laboratoire» en Languedoc Roussillon. Par exemple, quand la région se positionne pour financer la ligne de train à grande vitesse, c’est au détriment du réseau secondaire. Ce que l’on souhaite, c’est augmenter le réseau des TER, aller vers la gratuité des transports publics, ce qui est en soi un élément de justice sociale et à la fois un défi écologique.
D’autre part, le soutien de la région à une réforme territoriale visant à liquider les communes au profit des grandes métropoles qui captent l’essentiel des financements, ce n’est pas ce que nous voulons.
Et puis, nous trouvons anormal que la région participe au financement des lycées privés, au-delà de ce que la loi impose. Cet argent là devrait être redistribué pour aller vers la gratuité des transports dont j’ai parlé.

Haut Courant : Quelles sont donc les priorités de votre liste ?

 Photo : Rédouane Anfoussi

François Liberti : Il y a tout d’abord une urgence sociale due notamment à la précarité. Plus de 100 000 personnes sont mal logées dans la région. La lutte contre la spéculation immobilière est l’une de nos priorités, Frêche n’a pas freiné ce phénomène malgré la création de l’office foncier régional. On ne peut plus se contenter de quelques commissions-alibis bidons.
Il faut drainer les circuits vers ceux qui en ont vraiment besoin. Aujourd’hui la région débloque des aides aux entreprises, sans contrôle. Par exemple, l’argent public accordé à Areva et Sanofi n’a bénéficié qu’à la création d’emplois très qualifiés, d’autant plus qu’aujourd’hui ces entreprises licencient. L’engagement des fonds publics doit se faire sur une économie de proximité.

Haut Courant : Vous devez donc apprécier la création de la marque Sud de France ?

François Liberti : Cette fameuse marque ombrelle sert à la promotion de quelques grosses entreprises de la région qui importent des produits d’ailleurs, (comme des moules pêchées en Espagne) : le label sert ensuite de tête de pont pour la commercialisation à l’étranger. Je veux bien promotionner les vins du Languedoc à Shangaï ou New York, mais il faut aussi penser à redévelopper la production locale. Il faut aller vers un développement intelligent du territoire en favorisant un maillage de petites et moyennes productions.

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Mis à jour le 12 février à 4h00

Nos articles, liste par liste

++++Lutte Ouvrière

Tête de liste : Liberto Plana

++++A gauche maintenant !

Tête de liste : René Revol

 6/03 « A Gauche Maintenant » marche contre Agrexco

 19/02 « A Gauche Maintenant » : Une unité anticapitaliste dans un contexte antisocial

 10/02 François Liberti : « Pour l’émer­gence d’une gauche de transformation sociale »

 8/02 Extrême-Gauche : l’union fera t-elle la force ?

++++Europe Ecologie

Tête de liste : Jean-louis Roumégas

 15/03 Europe Ecologie : une soirée électorale « aux airs de 21 avril 2002 »

 12/03 Une semaine avec Europe Ecologie

 9/03 Dominique Voynet : « Il faut choisir sa Gauche »

 19/02 Le Languedoc-Roussillon devient un enjeu national pour Europe Ecologie

 18/02 Daniel Cohn-Bendit : « Je suis un utopiste réaliste »

 14/02 Georges Fandos :  » Il faut éviter la concentration sur Montpellier »

 6/02 Europe Ecologie au centre de toutes les attentions

 3/02 L’engagement écolo vu par les militants d’Europe Ecologie

 1/02 J-L Roumégas : « les socialistes ne peuvent pas se poser en rassembleurs de la Gauche alors qu’ils sont divisés »

 26/01 Europe Ecologie peaufine sa stratégie

++++PS

Tête de liste : Hélène Mandroux

 8/03 Pour la Journée de la femme, Martine Aubry vient au secours de son « amie » Hélène Mandroux

 8/03 Martine Aubry : « quand on est socialiste, on est féministe »

 17/02 Mandroux, « maire courage » selon Montebourg

 4/02 Gauche anti-frêchiste : « coup d’Etat » du PS?

 29/01 Déclaration d’Hélène Mandroux, jeudi 28 janvier

 29/01 Hélène Mandroux appelle au rassemblement de la gauche anti-Frêche

++++Divers gauche

Tête de liste : Georges Frêche

 15/03 Georges Frêche à son apogée

 12/03 « Mais qu’est-ce qu’il a ce Georges ? »

 12/02 Malgré la polémique, Frêche reste un poids lourd en Languedoc-Roussillon

 7/02 Georges Frêche : l’anti-parisianisme comme thème de campagne

 30/01 2004-2010 : Quel bilan pour Georges Frêche ?

 28/01 Georges Frêche a-t-il vraiment dérapé ?

 24/01 Georges Frêche controversé mais soutenu

++++MoDem

Pas de liste

 15/02 Le MoDem jette l’éponge

 14/02 MoDem : Alerte orange en Languedoc Roussillon

 14/02 Le dépôt des listes du MoDem en Languedoc-Roussillon est repoussé à lundi

 6/02 MoDem : Marc Dufour présente sa propre liste

 5/02 Emmêlé dans ses contradictions, le MoDem va tenter de se mettre en marche

++++AEI

Tête de liste : Patrice Drevet

 15/02 Patrice Drevet : « j’espère bien dépasser les 10% au premier tour »

 5/02 Emmêlé dans ses contradictions, le MoDem va tenter de se mettre en marche

++++Divers droite

Tête de liste : Christian Jeanjean

 15/02 Jeanjean :  » Couderc ne tient pas Frêche à distance « 

 15/02 Jeanjean roule sur les terres de Frêche

 14/02 Jeanjean en route pour les Régionales

 8/02 Jeanjean 100% gagnant sur Facebook

 30/01 Jeanjean lance sa campagne au Mas-Drevon

++++UMP

Tête de liste : Raymond Couderc

 15/03 Une vidéo personnalisée de Xavier Bertrand, pour mobiliser l’électorat UMP

 12/02 Romain Ferrara : « Pour moi, Raymond Couderc est le meilleur »

 2/02 Raymond Courderc lance la tournée des « Oubliés » en Languedoc-Roussillon

++++FN

Tête de liste : France Jamet

 15/03 France Jamet : « Face à Frêche, le Front National doit former une grande opposition »

 31/01 « L’extrême droite est historiquement ancrée dans le Midi »

 24/01 Julien Sanchez : « Le FN n’a jamais été un parti raciste »

++++La maison de la vie et des libertés

Tête de liste : Jean-Claude Martinez

 12/03 Jean-Claude Martinez : « depuis 35 ans j’élève le peuple. Je leur fais croire qu’ils sont intelligents. »

++++Ligue du midi

Tête de liste : Richard Roudier

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Europe Ecologie peaufine sa stratégie

A moins de deux mois des élections, ils étaient réunis le 25 janvier dernier à Montpellier, pour leur réunion hebdomadaire. Constitution des listes, campagne de terrains et futures alliances, les enjeux ne manquent pas pour les sympathisants d’Europe Ecologie.

« Europe Ecologie est un miracle qui progresse. » C’est avec le sourire qu’Emmanuel Reynaud, secrétaire régional des Verts, a présenté le 25 janvier dernier l’évolution du rassemblement écologiste. A l’occasion de leur réunion hebdomadaire dans un local des verts boulevard Ledru Rollin à Montpellier une trentaine de sympathisants d’Europe Ecologie ont évoqué leur stratégie pour l’élection. Petit résumé des enjeux de la campagne électorale du mouvement écolo.

L’envie de vite faire campagne

Une impatience de partir sur le terrain a été manifestée par de nombreux participants. « On ne va tout de même pas attendre les affiches pour partir en campagne, il faut vite aller à la rencontre des gens, des associations. N’oublions pas que ce qui a fait le succès d’Europe Ecologie aux européennes, c’est que nous étions parti en campagne très tôt ! » s’exclame un militant Vert. « C’est vrai » surenchérit une responsable associative du quartier de la Paillade à Montpellier : « Les associations sont en souffrance et les autres partis occupent le terrain. » Aussitôt dit aussitôt fait, la prochaine réunion hebdomadaire d’Europe Ecologie se tiendra à La Paillade dans un local prêté gracieusement par un sympathisant.

La difficile constitution des listes

Emmanuel Reynaud est également revenu sur la constitution des listes. « Vous le savez la constitution des listes est longue à mettre en place car nous souhaitons la parité. Parité homme/femme et entre Verts et non Verts. Il s’agit de trouver une alchimie. Mais je pense que d’ici une semaine à quinze jours maximum, les listes seront constituées » explique-t-il.
Les listes sont d’autant plus longues à mettre en place qu’Europe Ecologie discute avec les « résistants » socialistes qui refusent de soutenir la liste conduite par Georges Frêche. « C’est une discussion, une rencontre qu’ils ont souhaité et que nous n’allons pas refuser. Comme toujours depuis la fondation d’Europe Ecologie, le rassemblement se fait sur la base d’idées, d’adhésion au projet » poursuit Emmanuel Reynaud. Des idées et un projet qui seront présenté en même temps que les listes officielles.

L’entre deux-tours déjà dans les esprits

Les listes ne sont pas totalement constituées mais se profilent déjà les enjeux du second tour. Un sympathisant se demande : « Le rassemblement avec la liste de René Revol (ndlr Parti Communiste Français, Parti de gauche, Nouveau Parti Anticapitaliste) est prévue mais j’aimerais savoir sur quelle base ? » La réponse d’Emmanuel Reynaud ne se fait pas attendre : « Si les conditions le permettent, ils pourront nous rejoindre en fusionnant leur liste avec la notre comme la règle électorale le permet. A ce moment là, la répartition se fera à la proportionnelle selon les voix obtenues au premier tour. »

Un premier tour qui sera sûrement évoqué le vendredi 29 janvier lors du meeting d’Europe Ecologie à Mende à 20h30 en présence de José Bové et de Jean Louis Roumegas, tête de liste des Verts en Languedoc-Roussillon.

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Mis à jour le 26 janvier à 20h00

Georges Frêche controversé mais soutenu

Georges Frêche bénéficie d’un large soutien. Il s’appuie sur ses puissants réseaux, mais pas uniquement. Les représentants locaux du Mouvement des Jeunes Socialistes et de la gauche du PS soutiennent le monarque local.

« Je n’ai qu’un seul ennemi, la droite: l’UMP et le FN ». Georges Frêche se présente comme l’unique recours face à l’UMP. Son discours lors de l’inauguration de son local de campagne, samedi 23 janvier 2010, affiche les ambitions du candidat président. Au-delà, il espère rallier toute la gauche autour de lui. Yves Pietrasanta, des Verts, et le communiste Jean-Claude Gayssot ont déjà intégré sa liste. Georges Frêche demeure soutenu jusqu’à la gauche du PS. Pourtant, le personnage alimente la controverse. Propos racistes, politique clientéliste, démagogie revendiquée, le président de Région sortant n’est pourtant jamais contesté dans son hégémonie.

Ralliement électoraliste

En 2007, Georges Frêche est exclu du PS pour avoir évoqué le trop grand nombre de noirs en équipe de France selon lui. La gauche du PS, incarnée par Benoît Hamon, revendique l’initiative de cette exclusion. Cependant, en 2010, avant les élections, les avis ont soudainement changé. En dehors de quelques personnalités, la majorité du PS se range en ordre de bataille derrière le féodalisme local. Les diverses personnes interrogées à l’issue du discours ne sont pas perturbées par les frasques du personnage ni par sa politique.

Merry Laballe, qui dirige le Mouvement des Jeunes Socialistes de l’Hérault, défend le bilan de Georges Frêche. Le soutien de Chasse Pêche Nature et Tradition, proche de la droite, ne la dérange pas. Elle insiste sur l’accord général autour du programme: « si CPNT rejoint notre programme, alors ce n’est pas gênant de s’allier avec eux ». Les propos de Georges Frêche, considérés comme racistes, et son autoritarisme sont relativisés: « Je pense que cela fait partie du personnage. Mais, au-delà de son caractère, il faut observer tout ce qu’il a fait pour la région ». La jeune politicienne égrène les quelques mesures qu’elle juge sociales, prises au cours du mandat régional. Interrogée sur l’opposition à l’implantation d’Agrexco, entreprise israélienne jugée criminelle, elle semble douter: « Je ne sais pas, il faut évaluer le bon et le moins bon ». Cependant, le soutien affiché de Georges Frêche au colonialisme israélien n’est pas remis en cause.


Efficacité plutôt que convictions

Michaël Delafosse, jeune élu municipal, se range sans sourciller derrière le candidat contesté: « Martine Aubry soutient également Georges Frêche. C’est le seul recours pour battre la droite. L’objectif c’est de voir la région en rouge le soir des élections ». Mais le rouge ne cesse de pâlir. Pas pour lui. Tout en serrant des mains pour saluer les gens qui l’entourent, il dresse l’éloge du bilan de Georges Frêche: « Il a construit des collèges, y compris pour les catégories populaires ». Il écarte les accusations de clientélisme: « le plus important, c‘est que la gauche l’emporte pour faire contrepoids avec le gouvernement de droite ». Georges Frêche considère également avoir toujours été élu par des cons. Michaël Delafosse ne semble pas heurté par ses propos, il ajoute: « Les électeurs sont parfois cons. Quand je discute avec les gens je vois qu’ils ne savent pas tout ce que l’on a fait pour eux ».

En revanche, le conseiller municipal laisse planer un doute sur la politique régionale à venir: « Georges Frêche a dit qu’il n’allait pas augmenter les impôts. Moi, je suis plutôt pour la redistribution et je ne suis pas contre l’augmentation des impôts ». Cependant, les promesses de dépenses sociales sont nombreuses et se révèlent alors démagogiques. L’élu écarte cette contradiction: « Je suis à la gauche du PS. J’ai des désaccords avec beaucoup de socialistes, et pourtant nous sommes dans le même parti ». Le jeune élu tente d’apparaître « de gauche » tout en soutenant un candidat qui affiche des convictions réactionnaires. Michaël Delafosse, à l’image de son mentor, se paie même le luxe de dénoncer le supposé antisémitisme des opposants à l’oppression du peuple palestinien. Au PS, l’indignation antiraciste demeure un argument électoraliste à géométrie variable.


Un règne sans fin

Des personnalités proche de la gauche du PS et de Benoît Hamon au niveau national participent donc à la campagne de Georges Frêche. Marc Chicaud, sympathisant socialiste, ne masque pas ses doutes: « Il ne fait plus l’unanimité. Beaucoup de personnes sont choqués par ses propos et par sa politique ». Marc Chiraud est davantage attiré par Europe Écologie mais considère qu’ « il y a des liens amicaux qui font que je suis ici ».

Les réseaux de Georges Frêche s’étendent jusqu’à la gauche du PS. Entre communication et clientélisme, il règne comme un seigneur sur ses terres. Les personnalités du socialisme local ne veulent pas se heurter au président tout puissant, car son despotisme peut ralentir leurs ambitions.

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Mis à jour le 24 janvier à 21h30

Un fauteuil sur mesure

Il y a quelque semaines, Ilham Aliyev a été réélu à la tête de l’Azerbaïdjan pour un mandat de cinq ans. Ces élections étaient courues d’avance car aucune opposition n’était présente. Cela fait cinq années que le peuple azerbaidjanais vit dans une dictature cachée.

Un pays stratégique

L’Azerbaïdjan est la première nation musulmane à donner le droit de vote aux femmes et à se rapprocher de la démocratie. Devenu réellement indépendant le 30 août 1991, après l’effondrement du bloc communiste, le pays est depuis en pleine confusion politique. En 1992, l’Azerbaïdjan entre à l’ONU et deux ans plus tard, Heydar Aliyev devient président et ce jusqu’à sa mort en 2003.

Parmi les principaux pays du Caucase, sa position géostratégique lui confère un statut primordial pour l’Europe, l’Asie centrale mais également la Russie. Entrée au Conseil de l’Europe en 2001, Bakou (capitale de l‘Azerbaïdjan) accentue sa politique pro-occidentale. Le pays regorge de pétrole et se sait en position de force face à l’Occident qui lui fait les yeux doux.

Ilham Aliyev, fils de l’ancien président Haydar Aliyev, jongle entre l’Occident et la Russie afin de garder des alliés des deux côtés. Membre du GUAM (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan et Moldavie) depuis sa création en 2007 afin d’établir la démocratie et le développement économique, les pays de la région ont orienté leurs politiques dans le but de se rapprocher de l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) et de l’Union Européenne.

Une démocratie qui se fait attendre

L’Azerbaïdjan est devenue indépendante en 1991. Alors que Haydar Aliyev, le père de l‘actuel président, avait octroyé une once de liberté d’expression, de défense des droits de l’homme et de lutte pour la paix, son fils a resserré les rangs et dégradé la situation.

Cette situation se traduit notamment par la fermeture de l’un des principaux journal d’opposition azerbaïdjanais appelé « Yeni Musavat ». Isa Gambar, fondateur du journal et leader du parti Musavat dénonce le harcèlement de l’administration du président Ilham Aliev.

Les médias ne sont pas les seules victimes de la politique d’Aliev, la minorité Lezgine d’Azerbaïdjan s’interroge sur la réduction du nombre de sièges au Parlement. L’unique place qui leur a été accordée, entraîne une concurrence féroce entre les députés Lezgines qui s’évertuent pour certains à conserver la langue et la culture Lezgine. Majoritairement proche du gouvernement, ces dernière années, les politiciens Lezgines se sont tournés vers l’opposition, tels Abdulhalim Ahmedov représentant le bloc Azadig (liberté), Nizami Sultanov pour l’Adalat (justice) et Shakir Magomedov représentant le Parti démocratique du peuple d’Azerbaïdjan.

Second groupe ethnique du pays, avec plus de 2% de la population, les Lezgines ne croient plus en la démocratie dans leur pays. « Il est connu de tout le monde que les droits des minorités sont bafoués, mais on parle là de problèmes sociaux qui sont communs à tous » déclare Vladimir Timoshenko, député russe.

Considéré comme un homme politique affable par Reporter Sans Frontière, « Ilham Aliev est le digne fils de son père en traitant l‘opposition avec brutalité». Vu comme un homme sans carrure, il prouve par la force et la répression qu’il peut également diriger son pays avec poigne et contrôler les médias en emprisonnant les journalistes et les opposants.

Une élection sur fond de dissidence

Les opposants au régime ont rejeté le résultat du scrutin donnant 88,73% des voix à Ilham Aliyev. Ils ont également refusé de participer aux élections comme protestation contre les persécutions commises à leur encontre lors des précédentes élections.

Des observateurs de L’Organisation pour la Coopération et la Sécurité en Europe (OSCE) s’étaient montré réticents à l’élection de 2003 car deux personnes ont été tués et des centaines de protestataires arrêtés par la police lors d‘une manifestation réprimée par les forces de l‘ordre. Une controverse tourne autour des élections de 2003 mais aucune preuve n’a été apportée au dossier. Toutefois, la communauté internationale s’est penchée que cette affaire. L’élection de 2008 n’a rien changé de plus : Ilham Aliev a été élu à 88,64%. De leur côté, les partis d’oppositions récoltent en tout et pour tout 8,16%.

L’opposition n’espère plus et attend que le vent tourne mais reste à savoir quand car l’Occident soutient le gouvernement d’Ilham Aliyev en raison de ses richesses pétrolières.