« Que ceux qui ont des enfants normaux restent à leur place »

Jean Louis Fournier était mardi soir à la médiathèque Emile Zola de Montpellier. Il y présentait son dernier ouvrage, « Où on va, Papa? », le récit autobiographique d’un père d’enfants handicapés.

« Je me demande, docteur, si mes enfants sont totalement normaux ». Dans ses pieds, deux « oiseaux ébouriffés » qui gazouillent, piaillent, et se griffent, la dizaine d’années à peine passée. Mathieu et Thomas. Ses deux fils handicapés, « des enfants pas comme les autres ». C’est un peu sa spécialité à Jean Louis Fournier, cet auteur aux livres pas comme les autres : « Ca laisse le bénéfice du doute ». Le ton sarcastique, parfois dur quand il n’est pas amer, de son dernier roman « Où on va, papa ? » lui a valu le prix Femina 2008 et le globe Crystal 2009. En bonus, un moment en compagnie des montpelliérains de la médiathèque Emile Zola un soir de mardi 2 Février.

Deux naissances, deux miracles à l’envers

20090203-20090203-DSC_0043.jpgA l’initiative de la librairie Sauramps, ce père de trois enfants, dont deux garçons handicapés, est étrangement venu parler plus de lui que de son dernier livre paru au éditions Stock en fin d’année. La salle est comble, la lumière chaleureuse, les têtes sont grises. Une main sous le menton, les lectrices de Jean Louis Fournier ont la posture de femmes concernées.
Jean Louis se raconte. La veille, il était au Lido. Pour y recevoir son « truc », le Globe Crystal Roman&Essai, décerné par un jury de plus de 4000 journalistes. Parler d’handicaps dans un lieu symbole de beauté et de réussite, « c’est assez insolite » ironise l’intéressé, les yeux encore pétillants. Parce que, «voyez vous, les danseuses du Lido c’est pas vraiment des handicapés, plutôt des chefs d’œuvre de la nature.»

« Deux miracles à l’envers » en deux ans, Jean Louis Fournier a connu l’enfer. Dans « Où on va, papa ?», le père et narrateur alterne confessions et moments partagés. Il a la voix sans timbre de ceux qui ont tout vécu. Des moments de folie où Thomas, 7 ans, tente d’enfiler sans succès son pull par le chas de l’aiguille, aux visites à l’institut, où parmi des adultes qui ne seront jamais que de vieux enfants, son fils tarde à le reconnaître. « Où on va, papa ? », ce refrain qui tournait en boucle à l’arrière de la Camaro lors des échappées du dimanche, Jean Louis Fournier ne l’entend plus. « Mon fils n’a plus envie d’aller nulle part » confie ce vieil écorché qui fait semblant d’être méchant.

La vierge Marie aux WC

Le rire agit sur lui comme un antidépresseur, un antalgique qu’il injecte dans sa vie et dont il repeint ses pages. « J’ai tendance à voir l’insolite des situations, du drôle dans le drame, un peu comme les enfants. » Le cartable au dos, Jean Louis Fournier mettait déjà son hygiène artistique au service de la paroisse locale. Ainsi l’effigie de Marie la Sainte a-t-elle participé à une expérience esthétique qui l’a vue passer du bénitier aux sacrosaints doubles WC.
« La reproduction n’était pas digne d’elle » rétorquera le bon samaritain au chanoine venu lui remonter les bretelles et médire auprès de la mère Fournier «ce gamin on en fera jamais rien ». Fort d’une vingtaine d’ouvrages à son actif, dont une collaboration prolifique avec l’humoriste Pierre Desproges, le petit garnement a défié les pronostics. Une dent tout de même contre celui qui n’aura pas su reconnaître son talent : « ce chanoine, j’espère qu’il est mort depuis longtemps et qu’il est bien en enfer !»

20090203-20090203-DSC_0041-2.jpg Le regard des autres, Jean Louis Fournier sait s’en passer. Pour ce qui est de leur pitié, il préfère faire sans. Les gens compatissants lui font horreur, la faute à des problèmes de transpiration : « Ils ont toujours la main moite lorsqu’ils la posent sur vous. Que ceux qui ont des enfants normaux restent à leur place et nous laissent tranquilles. » Son amour, Jean Louis Fournier le réserve à ses lecteurs. Bien qu’il espère mettre à l’aise la société avec ses moins chanceux, il croit encore en l’humanité tant « qu’elle achète son livre ». Pour ça, pas de pénuries à l’horizon. L’une après l’autre, les auditrices présentent pieusement leur exemplaire du dernier Fournier à la dédicace. Bon seigneur, Jean Louis rend l’hommage : « Mesdames je vous adore, ce n’est pas grâce à vos maris que je vends, c’est grâce à vous, continuez ! »

Montpellier se mobilise largement pour défier Sarkozy

La journée de mobilisation interprofessionnelle du jeudi 29 janvier 2009 a porté ses fruits. L’action coordonnée par huit syndicats a réuni plusieurs centaines de milliers de manifestants aux quatre coins de la France. Avec près de 40 000 participants, Montpellier n’est pas en reste. A journée exceptionnelle, mobilisation exceptionnelle.

Du jamais vu depuis les mouvements anti-CPE. Jeudi 29 janvier 2009, à Montpellier comme dans le reste de la France, la grève générale, à l’appel de huit syndicats, a été très largement suivie. Au niveau national, la CGT avance le chiffre de 2,5 millions de manifestants –contre 1,08 million selon le ministère de l’Intérieur. Des écarts de chiffres parfois étonnants à l’image de Marseille où les organisateurs comptabilisent une foule de 300 000 personnes, alors que la police n’en annonce que 60 000.

En Languedoc-Roussillon, 85 000 personnes sont descendues dans la rue. 30 000 à 50 000 pour la seule ville de Montpellier. Une mobilisation importante pour la région et pour la ville, comparable à celles de 2006 contre le CPE, ou celles d’avril 2002 après l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour des élections présidentielles.

Un cortège hétéroclite a envahi les rues montpelliéraines de l’esplanade du Peyrou jusqu’au Corum. Le départ donné à 14h30, les derniers participants ont dû patienter près de deux heures avant de commencer à battre le pavé. Tous étaient réunis pour défendre l’emploi, les services publics et le pouvoir d’achat : retraités, personnels hospitaliers, caissières, instituteurs, étudiants… Et même des banquiers ! Secteurs public et privé unis, actifs et chômeurs main dans la main, chacun avait sa raison de revendiquer et tous ont defilé ensemble. Une manifestation qui s’est déroulée dans le calme mais qui n’est, nullement, passée inaperçue.

Réactions au cœur du mouvement

Carine, médecin au Planning familial, est là pour alerter sur la mise en danger de certaines antennes de cette association. L’État va réduire ses aides de plus de 40%. C’est ce qui l’a décidée à rejoindre la mobilisation nationale.


Karine

Des élus aussi battaient le pavé. Le maire de Saint-Roman-de-Codières, commune gardoise, n’apprécie en rien les choix de Nicolas Sarkozy et il le fait savoir. L’une des plus célèbres répliques du Président de la République n’est toujours pas passée, au goût du maire.


Philippe Pibarot

Le personnel du monde hospitalier participait activement à la mobilisation. Très présents dans le cortège, vêtus de leur blouse blanche, ces employés sont en attente de meilleures conditions de travail, et d’une revalorisation des salaires.


Simone

Cette manifestation nationale regroupe des mécontents en tout genre. Certains ont des revendications précises, tandis que d’autres y voient l’occasion de protester contre la politique globale du Gouvernement actuel. C’est le cas de André, retraité de l’aviation civile, affilié à la CGT.


André

Parmi les banderoles sarcastiques, revendicatives ou simplement syndicales, flottent des drapeaux arc-en-ciel. Philippe est là au nom de la Lesbian and Gay Pride, mais surtout au nom de la solidarité et du soutien aux plus démunis.

L’Université Montpellier 2 est mal adaptée aux étudiants handicapés

Souffrir d’un handicap physique ne devrait pas être un obstacle à la poursuite d’études supérieures. Certaines universités françaises sont mal adaptées aux personnes invalides. Montpellier 2 constitue un parfait exemple en la matière. Accéder aux salles de cours en fauteuil roulant s’y révèle difficile, voire impossible dans certains cas. L’association C.Q.F.D (Ce qu’il faut dire, démontrer et défendre) souhaite que cette situation change.

« A Montpellier 2, rien n’a été pensé pour les étudiants invalides. Même la Cellule handicap a été installée à l’autre bout de l’université ». Paul-Emmanuel Vanderriele est président de C.Q.F.D (Ce qu’il faut dire, démontrer et défendre), une association dont l’une des missions est de prendre en charge les étudiants handicapés de l’UM2.

Des locaux inadaptés

Des salles de cours, aux bâtiments administratifs, en passant par les laboratoires… Montpellier 2 semble avoir occulté une partie de ses étudiants : ceux qui n’ont pas la chance de se déplacer sur leurs deux jambes. Comme toutes les universités françaises dont les locaux commencent à dater, elle n’est pas adaptée aux étudiants handicapés. « Les passages sont étroits, les ascenseurs quasi inexistants, sauf à la bibliothèque universitaire, où en réalité ils servent de monte-charge pour les livres. Et sur 42 bâtiments, on ne compte que 10 rampes d’accès handicapés », souligne Paul-Emmanuel Vanderriele. Pourtant, l’administration semble soucieuse de l’intégration de ses étudiants handicapés. La prise en charge est réelle. Mais il est difficile de lutter contre la vétusté des locaux.

Les projets à venir

« L’UM2 a promis de faire des travaux en 2009 pour faciliter les déplacements des étudiants handicapés », se réjouit Paul-Emmanuel Vanderriele. Il est d’ailleurs chargé de faire un état des lieux par écrit, destiné à l’administration, répertoriant tout ce qu’il convient d’améliorer, pour rendre l’université plus accessible aux personnes en fauteuils roulants.
Une de missions de C.Q.F.D consiste à accompagner dans leurs amphis les étudiants handicapés, lorsque les passages sont trop sinueux. Elle leur fournit également des cours lorsqu’ils ne peuvent pas suivre les enseignements pour raisons médicales.
En mai 2009, l’association prévoit une grande manifestation intitulée « Vis mon handicap », visant à récolter des fonds. Au programme : compétitions sportives en fauteuils roulants, mélangeant personnes valides et non-valides, et vente de gâteaux.

Georges Frêche voit la vie en rose

Malgré « une situation économique très difficile » prévue en 2009, voire même en 2010, le président de la région Languedoc Roussillon a tenu à communiquer à chacun, hier mardi 20 janvier 2009, ses intentions et ses espoirs pour les années à venir.

Le parc des exposition paré des couleurs de la région est empli d’une assemblée venant au spectacle. Pile à l’heure, Georges Frêche fait son apparition pendant que le DJ lance la célèbre Foule Sentimentale d’Alain Souchon, histoire de donner le ton d’une cérémonie de vœux qui sera tout en émotion et plutôt clémente pour les adversaires politique.
L’élu régional choisi tout d’abord de se démarquer avec humour de l’État qui « en Languedoc Roussillon, ne s’intéresse qu’à Marseille » et même de tout bord politique en prônant une activité régionale pas de gauche ni de droite.
Pour sa région, il assure « vouloir refonder complètement l’économie », pour laquelle quatre secteurs sont prépondérants et à développer : la viticulture car « si on perdait la vigne on perdrait notre âme » ; le bâtiment et les travaux public ; l’artisanat ; et bien sûr le tourisme. Sur ce dernier point, il est intarissable, et flatte l’orgueil de l’auditoire en vantant les beautés du Sud de la France.
« Tout le reste est à supprimer » affirme-t-il, car bien que certains secteurs survivent encore, les habitants du Languedoc Roussillon doivent utiliser leur intelligence et leur brillance pour faire table rase du passé et apprendre d’autres métiers, se lancer dans d’autres secteurs en s’appuyant sur les pôles d’excellence de la région.
C’est un Georges Frêche conscient des enjeux du 21ème siècle qui présentait ses voeux hier soir, jonglant avec une certaine habilité avec la mondialisation, les pôles d’excellence, le haut débit et les nouvelles technologies.
Pourtant, en plus de cinquante minutes de discours, il parvient à placer à plusieurs reprises que la situation sera très délicate en 2009.
Enfin, il termine son intervention par un hommage à Barack Obama, Président des États-Unis tout fraichement assermenté, aux Américains morts pour la France et à ceux qui se battent pour un monde plus juste : « Tous ensemble, nous sommes une force immense, qui finira par vaincre ».

La Frêche atittude

Mais un discours de Georges Frêche, c’est avant tout une représentation. Au-delà de toute considération idéologique sur ses propos, il est un homme qui se revendique proche des citoyens et qui se targue de leur parler avec un langage qu’ils comprennent. Son franc-parler conjugué à son culot donne souvent des phrases mémorables. Morceaux choisis :

 « Comme le disait mon ami Mao, on ne peut compter que sur soi »

 « Un chef d’entreprise, qu’il soit Français, Parisien ou Toulousain… »

 « Si vous attendez que Jospin ou Fillon créent des emplois à Montpellier ou à Nîmes, vous pouvez encore attendre longtemps, ne vous faîtes pas d’illusions »

 « Sarkozy, j’ai rien contre, j’ai pas voté pour lui je vous le dis, mais bon… »

 « La conclusion, je la mettrai sous l’égide de mon ami Alexandre, Alexandre le Grand »

 «  Il n’y a que 20 % de la population qui n’est pas entre les rails et la mer, si ça continue dans 10 ans quand on leur enverra des cars, on leur mettra des plumes et ils danseront, comme les Navajos en Arizona »

Il était une fois l’Opéra

Il est 17h, jeudi 15 janvier 2009, quand l’espace Montpellier jeunesse prend des tonalités lyriques. Venue battre la mesure de l’évènement, une trentaine de jeunes lycéens ou étudiants, attend impatiemment. Dans le cadre des grandes rencontres, ces jeunes vont plonger dans un univers qu’ils méconnaissent pour la plupart: l’Opéra.

Alors qu’elles sont plus musicales à l’accoutumée, les chaises des locaux de l’espace jeunesse apparaissent cette après-midi là, toutes occupées. L’heure est à la découverte de l’Opéra Comédie et de ses métiers. Pour orchestrer l’événement, la Comédie de Montpellier a envoyé Jean Michel Balester, animateur-moniteur pédagogique. Dès son arrivée sur les planches, il se révèle vite aussi chanteur passionné, illustrant la définition même de l’Opéra par des paroles en chanson, digne d’un baryton! Une façon de donner le « la » à la rencontre qui laisse au passage stupéfait une partie de l’auditoire.

La découverte peut alors commencer. Du talentueux chanteur lyrique au simple éclairagiste, les métiers du spectacle vivant se déclinent alors, et s’articulent les uns aux autres pendant près d’une heure et demie. L’occasion de découvrir les métiers d’un lieu hors du commun et d’informer par la même occasion sur les différents cursus qui y conduisent. L’envers du décor apparaît vite diversifié, les métiers ne se ressemblent pas, mais contribuent tous à réaliser la même chose: une œuvre à part entière. S’appuyant sur un DVD consacré à la réalisation de l’œuvre de Mozart « Les noces de Figaro », la découverte se réalise méthodiquement. La présentation des différents métiers effectuée; des plus artistiques au plus techniques, c’est finalement l’œuvre collective qui retient l’attention. Jean-Michel Balester l’évoque d’ailleurs avec intérêt: « On ne s’imagine pas derrière un Opéra l’expérience, les techniques, les problèmes autant sur le plan technique qu’humain. A l’Opéra, la passion passe avant l’ambition. Tout le monde peut y arriver tant que cette passion existe. » On l’a compris, l’Opéra est un univers à part que notre chef de séance orchestre avec brio.

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Rythmé par des inter-mezzo de questions, le propos éclaire tour à tour chaque étape de la préparation d’un Opéra, des premiers réglages à la dernière répétition générale. Les acteurs se multiplient, mais chacun se cantonne à sa propre tâche. L’Opéra donne alors un ton, un rythme et surtout l’impression d’être une belle et grosse machine réglée comme du papier à musique. L’expression parle d’elle même et montre à que point le respect reste dans ce décor une valeur fondamentale. Marie Antunes, responsable du service jeune public et action culturelle l’évoque d’ailleurs avec admiration : « Tous les acteurs d’un Opéra contribuent à la même chose dans le respect…respect de l’œuvre, du chef d’orchestre, du metteur en scène, du projet artistique. »

A l’initiative du projet et en partenariat avec l’espace jeunesse, Marie Antunes semble très attachée à la mission de service publique que l’Opéra met en place au long de l’année. Plus que de réaliser de simples visites de l’Opéra et d’ouvrir au public des répétitions, c’est une véritable démocratisation culturelle qui se met en place: «Nous travaillons auprès de personnes qui pour des raisons sociales ou financières, se pensent éloignées de la culture. Nous réalisons auprès d’elles un travail de sensibilisation sans pour autant négliger les abonnés. » 

Pour Marie-Hélène Salson, employée de l’espace Montpellier jeunesse, les rencontres s’accordent à merveille: « Cette sensibilisation à la culture me tenait à cœur. Nous avons réalisé des rencontres avec l’orchestre national, puis avec le metteur en scène d’une pièce jouée au Théâtre des 13 vents et aujourd’hui cette rencontre avec l’Opéra. Ces trois évènements ont permis aux jeunes de rencontrer des passionnés et je m’en réjouis ». Le prochain rendez vous est déjà fixé au 28 janvier prochain pour la répétition générale à l’Opéra. Une belle manière de clôturer ces rencontres culturelles et d’accorder la théorie à la réalité.

Fumer ne tue pas

Le 1er janvier 2008, le narguilé devenait illégal. Un an plus tard, reportage entre les volutes de fumées fruitées de « L’Enchanthé », dernier survivant de l’hécatombe de la pipe à eau orientale à Montpellier.

Il existe à quelques pas de la rue de la Loge, placée timidement entre deux brasseries de la place Jean Jaurès, une ruelle sillonnante que l’on nomme « Petite Loge ». Dans ce chemin de bitume, une adresse fait figure de maquisard. « L’Enchanthé ». On s’assoit à même le sol, on y fume le narguilé, on y boit un coup. L’ambiance est étudiante, conviviale et rock. Et pourtant, après l’interdiction totale de fumer dans les lieux publics au 1er janvier 2008, « L’Enchanthé » fermait ses portes deux mois durant. Daniel Pierre-Laurent, employé enchanté, raconte : « Nous sommes les seuls sur Montpellier à proposer encore du narguilé de manière tout à fait légale. Après deux mois de fermeture, nous nous sommes reconvertis en association privée. Inutile de vous dire qu’il était difficile d’obtenir toutes les autorisations en Préfecture« .

Le concept nouveau de « L’Enchanthé » : une adhésion, une carte de membre à vie pour 4 petits euros. Seuls les membres peuvent consommer, fumer. Et une reconversion : « Depuis la réouverture, nous nous proposons désormais comme débit d’alcool, en plus des narguilés« . Réfléchi, Daniel ne remet pas en cause la loi, mais tempère : « C’est une bonne loi. Il fallait la faire. Mais ils auraient dû faire des dérogations. J’ai entendu dire que du côté de Marseille, des commerçants brandissaient des pancartes « Sarko, laisse-nous bosser ! ». Renaud, le patron, a même écrite une lettre au ministre de la Santé. Sans retour« .

Daniel admet, lucide, « que les premiers mois étaient difficiles« . « En tant qu’association, on ne peut pas faire de publicité. Tout est passé par le bouche-à-oreille, ou des réseaux comme Facebook et les blogs. Mais depuis cet été, les affaires remarchent plutôt bien« . Mais tous n’eurent pas le courage de cette reconversion. Fin 2007 et début 2008, le « Butterfly » et le « Shandra », deux institutions à Montpellier, mettaient la clef sous la porte, conscients qu’ils ne pouvaient plus vivre d’une activité principale devenue illégale. Ni public, ni privé, « entre les deux« , comme l’affirme Daniel, « L’Enchanthé » a réussi à légaliser un commerce qui ne demandait qu’à partir en fumée il y a un an.

« Nous sommes tous des palestiniens ! »

Hier, samedi 10 janvier, ils étaient près de 5000 à Montpellier, 10 000 à Lyon, ou encore 30 000 à Paris, à manifester leur soutien au peuple palestinien. Depuis trois semaines, Gaza est à nouveau la cible des bombardements de l’armée israélienne. Le carnage devient insoutenable. A Montpellier, une vingtaine d’associations dont France Palestine Solidarité ou le collectif des musulmans de France, se sont liguées pour exiger l’arrêt du massacre, la levée du blocus, la suspension de tout accord d’association entre l’Europe et Israël, des sanctions contre l’État hébreu, et l’application des résolutions de l’ONU. Un peu partout en France, en guise de solidarité, on entendait chanter ces quelques mots : « Nous sommes tous des palestiniens ! ».

La mobilisation est exceptionnelle. La foule a regroupé des citoyens de toutes confessions au rythme de « Israël assassin, Sarkozy complice« . Des fumigènes sont lancés. Pour Batoule, étudiante à la fac de droit, « La France a voulu rester neutre, mais finalement, son travail trahit une prise de position... ». Micro en main, elle est restée debout sur le camion de l’organisation durant toute la manifestation. Elle n’est pourtant rattachée à aucune association, mais se dit être une simple citoyenne, choquée par cette crise humanitaire sans précédent. « Ce n’est pas une guerre. Une guerre doit opposer deux armées. Là je n’en vois qu’une« .

Une vague humaine envahit le boulevard du jeu de Paume

L’ambiance est électrique. Les pancartes levées au ciel représentent des enfants tués lors des bombardements. A présent, les manifestants scandent un nouveau refrain, toujours plus lugubre : « Enfants de Gaza, enfants de Palestine, c’est l’humanité qu’on assassine« …

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Plongés dans la masse, des mini manifestants s’égosillent aussi, sur les épaules de leur père, ou dans les bras de leur mère, le keffieh bien accroché autour du cou. Certains portent même des pancartes et se laissent happer par les mouvements de la foule.

Gamin au keffieh rouge, en tête du cortège

18h : retour sur la Comédie. Aucun incident n’est à déplorer. Les organisateurs appellent à respecter une minute de silence au nom des 800 personnes tuées en trois semaines. Puis ils remercient la foule. José Luis Moraguès, porte-parole héraultais de la Campagne Civile Internationale pour la Protection du peuple Palestinien est ravi de cet après midi d’hiver. « C’est une manifestation remarquable et exceptionnelle ! Nous sommes deux fois plus nombreux que la dernière fois. Près de 8000 je pense« . Soudain, une prière retentit en arabe, encore en soutien à ce peuple musulman. « Ça, ce n’était pas prévu… » ajoute José. Des regards se croisent, quelque peu inquiets, craignant une interprétation religieuse du conflit… et du mouvement. Il n’y a pourtant aucune ambiguïté ; en ce 10 janvier 2009, sous le soleil de Méditerranée, c’est une bataille politique et solidaire qui se menait de front, près de 3000 km à l’ouest de Gaza.

Jeune homme au drapeau palestinien

Vivre dehors ne leur fait pas peur

A Montpellier, une jeune population errante vit en marge dans les rues de la ville. Ils affirment ne craindre ni la faim, ni les intempéries. Ils définissent leur quotidien comme un choix : celui de rejeter la société. La saison hivernale s’installe et s’annonce particulièrement froide, mais cela ne semble pas les effrayer.

Ce jeudi 8 janvier, à Montpellier, le thermomètre est passé en dessous des zéros degrés. Pourtant, les rues de la ville grouillent de monde. Pour beaucoup, les soldes ont commencé. D’autres, moins nombreux, ne sont pas là pour des emplettes, mais pour faire la manche.

« Ma maison, c’est le trottoir depuis que j’ai 19 ans », Virus, 33 ans, originaire de Caen, cuisinier de formation. Depuis qu’il est majeur, cet homme n’a toujours connu que la rue. Il ne travaille pas. Il s’est installé récemment à Montpellier car les hivers y sont moins rudes. Il a l’air grave de celui qui a déjà vécu mille vies. Encore jeune, son visage témoigne d’un passé difficile. Pourtant, il raconte son histoire, sans émotions, le regard vide, une bière à la main : « Je ne m’entendais pas avec mes parents, je suis parti de chez moi… J’ai choisi cette vie parce que je ne voulais pas me faire avoir par les patrons, la société et son système pourri ». Ses piercings et ses vêtements sombres aux imprimés morbides peuvent effrayer au premier abord. Pourtant, l’homme est propre, se montre poli et parle dans un langage châtié. La vie dehors ne semble pas l’effrayer : il dit avoir appris à se protéger et à se débrouiller seul : « Les Restos du cœur, je n’y vais jamais ! ». Il affirme avoir tout ce dont il a besoin grâce à ses revenus : il touche le RMI et fait la manche. Si cela ne suffit pas, il confie ne pas hésiter à fouiller les poubelles pour se nourrir.

« Ce sont les poivrots qui meurent de froid ! », Mat, 24 ans, originaire de Rennes, paysagiste de formation. Au chômage et SDF depuis cinq ans. Avec son visage d’ange et sa voix cassée, il explique : « Ils picolent et s’endorment dehors complètement saouls et débraillés. Pas étonnant qu’ils finissent par mourir de froid ! ». Puis il confie avec conviction : « Cela ne risque pas de m’arriver. Je sais me protéger du mauvais temps et je ne bois pas. Sinon je serais déjà mort ». Il affirme partager les mêmes valeurs que son ami Virus : « Je vis dans la rue parce que je rejette le système ». Pourtant, sa voix est soudain moins assurée.

Virus, Mat et leurs compagnons d’infortune, humains et canins, vivent dans un squat en périphérie de la ville. Une maison qu’ils ont « investie ». Ils affirment être heureux ainsi. Mais qu’ont-ils connu d’autre ? Vie choisie ou vie subie ? Là est vraiment la question…

Montpellier fête la culture en 2009

Montpellier n’est pas Paris. Si « Tout Paris » il y a, tout n’est pas à Montpellier. Mais dans la capitale du Languedoc, dans cette cité à la vie douce et au soleil généreux, une culture, modeste mais altruiste, tend à se développer. En 2009, concerts, exercices scéniques et festivals alimenteront les lieux culturels de la ville, du Kawa Théâtre à l’Esplanade du Corum en passant par le Rockstore, donnant corps et âme à une ville qui aime se nourrir de culture.

Concerts : Lenny Kravitz et Indochine en tête d’affiche

En tournée pour « It’s time for a love revolution« , Lenny Kravitz (photo) sera l’atout majeur du Zénith de Montpellier et se produira, lui et ses ray-ban, le 28 avril sur la scène de Grammont. LENNY_KRAVITZ.jpg Dans le domaine étranger, Montpellier nous réserve d’ailleurs quelques belles surprises : Ayo (18 janvier au Corum, soul-funk-reggae allemand) Fall Out Boy (14 mars au Zénith, pop-punk-rock américain) et Ska-p (27 mai au Zénith, ska-punk-rock festif espagnol). Côté français, hormis Indochine (16 novembre au Zénith) qui s’affiche un peu partout en France, citons sans ordre de talent Julien Clerc (28 janvier, Zénith), Gojira (6 février, Rockstore), Debout sur le zinc (11 février, Rockstore), Patrice (21 février, Rockstore), Erik Truffaz (26 février, J.A.M), La Ruda (26 mars, l’Antirouille), Benabar (27 mars, Zénith), La chanson du dimanche (2 avril, Rockstore) Fatal Picards (24 avril, Rockstore), Babylon Circus (1er mai, Rockstore), Tryo (2 mai, Zénith), Thomac Dutronc (16 mai, Zénith) et Superbus (3 décembre, Zénith).

Exercices scéniques : du rire, des larmes… sans Dieudonné

Encore une fois, les théâtres de Montpellier afficheront des programmes riches et variés : « De Gaulle en mai » (du 20 au 24 janvier au Théâtre des Treize Vents), « Le clan des divorcés » (le 30 janvier à la Salle bleue), « Vive Bouchon » ( jusqu’au 28 février au Kawa Théâtre), ou encore « Les hommes viennent de Mars et les femmes de viennent de Venus » ( le 19 mai au Corum). Côté humour, Montpellier attire les meilleurs one-man-show du moment : Nicolas Canteloup (25 mars, Zénith), Franck Dubosc (28 mars, Zénith), Valérie Lemercier (31 mars, Zénith, photo) et Gad Elmaleh (10 et 11 décembre, Zénith). lemercidr.jpg Du rire pour 2009 donc, et non du négationnisme refoulé. Montpellier vient en effet de nous gratifier de sa première (bonne) résolution de l’année : déprogrammer Dieudonné, trublion médiatique inintéressant, du Kawa. Une décision qui fait date, et qui inscrit la ville comme une âpre défenseur du devoir de mémoire.

Festivals : la culture sous toutes ses formes

Chaque année, Montpellier met en exergue ses festivals pour une diversité et une densité exceptionnelle : cinéma (Festival chrétien du cinéma en février, Festival ciné Montpellier en mars, Cinéma sous les étoiles en août, Festival cinéma méditerranéen en octobre), sport (Montpellier danse en juin-juillet, Battle of the year en avril, Festival international des sports extrêmes – FISE – en mai) ou encore musique (Festival de Radio France en juillet, Electromind en juillet, Les internationales de la guitare en septembre). A ceci s’ajoutent les manifestations culturelles suivantes : Printemps des poètes en mars, Comédie du Livre en mai et Quartiers Libres en septembre qui dynamisent et étayent la vitalité culturelle de la ville.

Programmation Rockstore
Programmation Kawa Théâtre
Programmation Théâtre des Treize Vents
Programmation Opéras Montpellier
Programmation Musée Fabre

La lumière s’éteint, les cris restent

Mobilisation et engagement étaient les mots d’ordre, hier soir, place de la Comédie. Alors qu’un cercle du silence pour les sans papiers s’organise en face de l’office du tourisme, l’opéra se mobilise contre la peine de mort.

« 3, 2 ,1… » Les lumières du célèbre bâtiment s’éteignent le temps de quelques minutes de soutien à cette lutte vieille de plusieurs siècles. L’initiative vient de l’association Amnesty international dans le cadre de son opération, « Villes pour la vie, Villes contre la peine de mort » à laquelle Montpellier participe. Une cinquantaine de personnes s’était réunie pour écouter la lecture d’un texte de Victor Hugo malheureusement toujours d’actualité. Ilène Grange, responsable de l’antenne jeune d’Amnesty international de Montpellier prête sa voix au célèbre auteur militant. Tandis que Michel Vaschalde, président du groupe de l’association à Montpellier met des visages sur cette réalité. Il évoque Aicha, jeune fille de 13 ans accusée d’adultère suite à plusieurs viols et lapidée en Somalie. Et Troy Davis, célèbre prisonnier américain condamné à mort en attente d’exécution malgré ses nombreux appels. Attendue, Hélène Mandroux n’a pas fait acte de présence. Son délégué reprend les chiffres de l’association: 1252 exécutions recensées dans 24 pays pour viol, homosexualité, adultère qui rappellent que le meurtre d’ État est encore possible. Il encourage une humaine révolte et rappelle que la date du 17 octobre 1981 qui signe la fin de la peine de mort en France ne signe pas pour autant la fin d’un combat. L’opéra se rallume, les participants sont invités à partager un vin chaud. La vie continue, en tout cas ici, à Montpellier.