Carole Delga : Garantie « Sud de France », labellisée Hollande

La toulousaine a l’accent qui chante et se dit fière de ses origines de Haute-Garonne. Mais l’éphémère secrétaire d’Etat de Manuel Valls est d’abord une élève modèle du PS chouchoutée par de bonnes et puissantes fées. La magie va-t-elle opérer ?

Cette semaine, nous vous proposons une série d’articles consacrés aux élections régionales. Retrouvez nos portraits et nos vidéos dans notre dossier.

« Mille cœurs debout ! », ou peut-être un peu moins lors de l’arrivée triomphante de Carole Delga à son meeting. Ce soir de novembre, elle est à Frontignan, la chanson de Cali résonne, les poings se lèvent, les militants frappent des mains pour accueillir l’ancienne ministre-candidate. Elle porte certes les couleurs du gouvernement, mais ses habits sont d’un rouge bien plus vif que la politique de Manuel Valls. Et ce sourire aux lèvres presque forcé qui veut nous faire croire qu’au Parti Socialiste tout va bien…

Agrippée au pupitre, elle a déjà gagné : « Lorsque je serai la présidente de cette région… », engrène-t-elle comme si la bataille était déjà pliée. Sa langue de bois laisse parfois bouche bée mais chez les militants socialistes, on apprécie cette jeune femme dynamique et accessible. « Elle est gentille, souriante, ouverte. Il y a toujours plein de monde qui veut lui parler, elle est très entourée », assure Pénélope Guilbaud-Greffié, 19 ans, la plus jeune de ses colistières.

Donnée favorite au second tour par les sondages, avec 39% des voix selon BVA, cette toulousaine âgée de 44 ans semble très sûre d’elle. Pourtant, son horizon politique n’est pas si rose : une gauche dispersée, le Front National très nettement devant elle au premier tour selon toutes les enquêtes, et même son challenger des Républicains qui la devance. D’autres chancèleraient pour bien moins.

De la mairie de Martres-Tolosane à Bercy

Malgré son jeune âge, Carole Delga c’est d’abord un CV quasi irréprochable et une trajectoire à rendre jaloux un apparatchik de Solferino. Martin Malvy, actuel président de Midi-Pyrénées souligne sa « particularité de connaitre le fonctionnement de la mairie à l’Etat. » Fier de sa protégée (« On ne peut pas rêver mieux »), il cache à peine en avoir fait sa créature pour lui succéder. Elle le rencontre voilà une dizaine d’années alors qu’elle est chef de service au conseil régional à l’aménagement du territoire. « Lors des réunions de travail, elle était pertinente, avec des idées, de bonnes idées, à la fois lucide et volontaire. Et surtout de l’imagination. Au bout de quelques années, je me suis dit qu’elle pourrait devenir élue régionale ». Certes, Carole Delga dit s’inscrire dans la « conception politique de Martin Malvy ». Elle nuance cependant: « je suis inspirée mais pas tutorée ».

-97.jpg

Diplômée d’un Master II en Droit des collectivités locales, elle entre en politique en 2008, élue maire de son village Martres-Tolosane. Elle le restera six ans et devient en 2010 vice-présidente de la région Midi-Pyrénées. En 2012, à sa grande surprise, elle est élue députée de la huitième circonscription de Haute-Garonne avec 51,6 % des voix. C’est à ce moment qu’elle découvre la politique nationale et devient une parlementaire dans le « courant hollandais », dirigé par Stéphane Le Foll, qu’elle côtoyait déjà avant son élection. En quasi deux ans, elle se fait remarquer comme députée, notamment auprès de Manuel Valls qui la repère et la soutient. D’après Clément Prunières, coordinateur adjoint de sa campagne, « elle a émergé aux yeux de certains nationaux ». Elle devient un « soutien inconditionnel de Hollande », alors que d’autres frondaient elle lui est restée fidèle. « C’est quelqu’un de loyal envers le président, ça a forcément joué ».

Son ascension est fulgurante puisque François Hollande – dont elle est proche – la propulse au gouvernement en juin 2014, comme secrétaire d’Etat déléguée au Commerce, à l’Artisanat, à la Consommation et de l’Économie sociale et solidaire – rien que ça ! Un an plus tard, et après s’être fait un petit nom à Paris, elle le quitte. Non pas sur un désaccord avec la politique menée par François Hollande, comme son collègue Benoît Hamon avec qui elle a fait la loi sur le « fait maison », mais pour se consacrer à sa campagne régionale.

« Je suis 100% made in Languedoc »

« Je suis une femme libre au service du collectif », scande désormais celle qui joue de son pedigree très terroir, jusqu’à revendiquer le label régional « Sud de France ». Dans cette campagne, elle a fait de son accent qui attendrissait ses collègues du gouvernement, une force, presqu’un atout majeur. « Mon identité, mes racines, mon accent je dois en être fière ». Née à Toulouse un jour d’été 1971, elle vit toujours dans sa maison de famille de Martres-Tolosane (Haute-Garonne) où elle a grandi, élevée par sa grand-mère et sa mère, secrétaire puis femme de ménage. Elle le répète : « Je suis 100% made in Languedoc ». Surnommée « l’accent du gouvernement » par François Hollande, elle répand la politique de l’Elysée à l’autre bout du pays.

Dans une (future grande) région où la gauche est ultra majoritaire, Carole Delga assume son rôle de bonne élève du Parti socialiste. Chose inouïe en ces temps d’impopularité gouvernementale, elle défend même le président de la République qui ne lui a jamais ménagé son soutien. En visite à Carcassonne, le chef de l’Etat en avait profité pour vanter le rôle de Delga en matière d’économie solidaire. « Continue le terrain », lui a glissé celui-ci d’après Libération, lorsqu’elle a quitté Bercy pour la campagne. Cela tombe bien, aujourd’hui Carole Delga ne rêve plus ni d’Assemblée nationale ni de maroquin ministériel. « Je resterai au service du local, je ne remonterai pas à Paris, ma décision je l’ai prise ». Dimanche, les électeurs du cru diront s’ils accordent, eux aussi, les félicitations à la bonne élève du PS.

Gérard Onesta, trait d’union de la gauche

Écologiste, fédéraliste et régionaliste : la liste Onesta réunit six partis de la gauche non gouvernementale. Un laboratoire pour la présidentielle de 2017 ou une énième tentative sans lendemain pour l’autre gauche de se fédérer ?

Cette semaine, nous vous proposons une série d’articles consacrés aux élections régionales. Retrouvez nos portraits et nos vidéos dans notre dossier.

À 55 ans, Gérard Onesta n’a jamais cessé de croire à l’Europe, à la gauche et à leurs potentiels d’unification. Travailleur assidu et reconnu par ses pairs, cet ancien vice-président du parlement européen pendant dix ans (1999-2009) est un homme de conviction.

Dans ce scrutin régional, il incarne ce trait d’union fédérateur entre la gauche radicale et les écologistes. Ce rôle d’unificateur, Gérard Onesta le revendique : « Nous avons mis les citoyens dans le moteur, à travers un processus long mais extrêmement fécond où leurs nombreuses contributions ont permis de construire un programme et une charte éthique qui rassemble de manière inédite toutes les composantes du Front de gauche, les régionalistes occitan et catalan, la Nouvelle gauche socialiste, les écologistes et pleins de citoyens non-encartés ». Seule la région PACA a réussi ce pari d’unité de la gauche non gouvernementale avec la liste conduite par l’écologiste Sophie Camard.

Sa liste intitulée « Nouveau Monde » ambitionne donc de conquérir la nouvelle région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées mais aussi d’expérimenter « la régénération politique à l’échelle du pays ».

Un programme citoyen et participatif

Son programme a été bâti sous forme de « projet en commun » citoyen et participatif. Il prétend être une réponse politique nouvelle. Féru des espagnols de Podemos, Onesta se démarque de la politique gouvernementale « qui a montré son incapacité à sortir du modèle libéral et productiviste, et dont le bilan est extrêmement décevant ».

Le cousin du sélectionneur français en handball (Claude Onesta) propose une politique régionale axée sur trois thématiques : l’emploi, le territoire et la démocratie citoyenne et éthique. Ce qui se traduit notamment par la volonté affirmée de sécuriser l’emploi régional, mettre en avant la jeunesse, prioriser l’agriculture paysanne écologique, refuser la compétition entre territoires ou favoriser le développement des trains… Au coeur de sa campagne, on retrouve également des priorités telles que la transparence, la démocratisation de l’Assemblée régionale et le renforcement du pouvoir citoyen et bien sûr l’interdiction du cumul des mandats.

-83.jpg

Un rendez-vous montpellierain salvateur

« J’en ai rêvé de ces drapeaux, de les voir ensemble, réunis. Vous l’avez fait ! ». Lors du meeting au Parc des expositions de Montpellier, mi-novembre, Gérard Onesta s’était fait lyrique. Deux à trois milles personnes étaient rassemblées ce jour-là autour des leaders de la gauche non-socialiste comme Cécile Duflot (EELV), Clémentine Autain (Ensemble) ou Pierre Laurent (PCF). Seul grand absent, Jean-Luc Mélenchon (PG), grippé, avait tenu à afficher son soutien sur son site internet. Même s’il ne le clame pas, Onesta rêve de prolonger cette union d’un soir jusqu’à la présidentielle de 2017, ou du moins qu’elle puisse servir de tremplin aux « camarades » de l’autre gauche.

Ce message d’unité et de rassemblement ravit pour l’heure les militants : « Il faut dépasser le tête-à-tête Parti de Gauche-Europe Ecologie Les Verts. Quand on parle des citoyens et aux citoyens, il faut oublier les partis politiques. C’est bien de montrer une unité dans un meeting mais moi, ce qui m’intéresse, ce sont les valeurs », confiait ce soir-là Michèle, militante d’Ensemble. « C’est un exemple pour la France, de part la largeur du rassemblement et de son ouverture aux autres. Nous devons montrer qu’il y a une autre voie possible et crédible pour gouverner le pays, et la région » rajoutait Valentin, étudiant à Montpellier.

Onesta a l’attaque de ses opposants

Architecte de formation, Onesta n’hésite pas à saper les fondations de ses adversaires politiques. Dominique Reynié, candidat contesté des Républicains ? Le leader de « Nouveau Monde » fustige sa politique du « tout route ». Le Front National ? Un « clan familial qui ne prendra pas cette région. » Quant à Carole Delga, tête de liste PS-PRG, elle reçoit la plupart de ses foudres : « Cette gauche à dérive sociale-libérale n’est pas compatible avec notre gauche sociale, écologiste, citoyenne et éthique », a-t-il notamment déclaré à Midi Libre. Un pur propos de campagne puisqu’une alliance avec elle est envisagée dés le soir du premier tour pour ne pas laisser la future région à la droite et à l’extrême droite.

Une union précaire ?

Au-delà de ces élections régionales, l’expérience alternative Onesta sera scrutée au plan national. Surtout si elle récolte dans les urnes un score suffisamment élevé pour menacer la présence au second tour de la présidentielle du candidat PS. Les désaccords constants et assumés de la gauche de la gauche avec la politique gouvernementale pose la question d’une potentielle union des verts et du Front de gauche autour des chefs de file Cécile Duflot et Jean-Luc Mélenchon.

Problème, même les militants sont sceptiques : « Je l’espère, mais j’imagine que la bataille des égos et des chapelles reprendra vite le dessus. Déjà, Cécile Duflot et Jean-Luc Mélenchon veulent être candidats en 2017. Je trouve ça dommage au vu de ce qui se passe ici. Qu’on ne s’étonne pas que les gens n’y comprennent plus rien : un jour on est uni, l’autre jour on est adversaire » confie Michèle. Même constat chez Valentin : « La rupture avec le PS semble actée mais à court terme un tel rassemblement de la gauche au plan national semble difficile à construire. Mais j’espère que cette liste sera un moteur pour 2017. » La députée écologiste Cécile Duflot botte en touche lorsqu’il s’agit d’invoquer une alliance pour 2017 : « Ce n’est pas le moment d’en parler, il faut rester concentré sur les régionales. »

Ça tombe bien, c’est la priorité de Gérard Onesta ! Il sera toujours temps pour lui de négocier dans l’entre-deux tours les conditions d’une autre union. Avec cette fois, la socialiste Carole Delga.

Fusion Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées : La peur de Montpellier face au géant Toulousain

En Languedoc-Roussillon, les élections du 6 et 13 décembre vont consacrer un big bang régional. Les craintes de voir Montpellier la « Surdouée » être avalée par Toulouse, a dans un premier temps inquiété les élus. Mais c’est pourtant un nouveau discours qui s’est imposé au fil de la campagne.

Cette semaine, nous vous proposons une série d’articles consacrés aux élections régionales. Retrouvez nos portraits et nos vidéos dans notre dossier.

« À Toulouse, ils parlent d’absorption et d’annexion. Je ne peux pas accepter cette façon de nous considérer ». Cette phrase choc a abondamment été reprise par les médias lors du décès de Christian Bourquin, ancien président socialiste du Languedoc-Roussillon. Mort en août 2014, cet héritier de Georges Frêche s’était distingué par un dernier combat : pas de mariage entre le Languedoc-Roussillon et le Midi-Pyrénées. Un an plus tard, Midi-Pyrénées passera pourtant bien la bague au doigt du Languedoc-Roussillon le 1er janvier 2016. Et sans que cela ne choque plus guère aucun élu.

Damien Alary (PS), successeur de Christian Bourquin, se présentait il y a un an comme le défenseur de sa région. Il semble avoir changé d’avis, alors que son opposition continue de dénoncer un chantage gouvernemental. « Les socialistes ont vendu la région, tout simplement », s’insurge Stéphan Rossignol, tête de liste Les Républicains pour l’Hérault.


-82.jpg

Une fusion régionale pour punir les « mauvais élèves » du Languedoc-Roussillon

« Avant la mort de Christian Bourquin, l’unité du Languedoc-Roussillon dépassait nos différences politiques », affirme Stéphan Rossignol. « Bourquin était venu à la tribune du Sénat pour témoigner contre la nouvelle carte. Les échanges étaient violents. »

Mais la mort de l’ancien président de région a en réalité marqué ce changement de cap décisif chez les socialistes locaux. « Alary a été choisi par le PS pour lui succéder car il est plus docile », analyse Stéphan Rossignol. Et selon lui, « il en a profité pour s’offrir un strapontin en ayant bien soutenu la réforme gouvernementale ». Ce strapontin, c’est un poste de président de région délégué dans le futur grand ensemble Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Une nouveauté créé sur mesure.
-80.jpg


La mutualisation des services, la recherche d’économies : tels étaient les arguments phares de la loi nOTRE, à l’origine de la fusion. Ils ont été vécus comme une punition, côté Montpellier. « La ville est maltraitée dans cette fusion. Les politiques montpelliérains sont les mauvais élèves : ils sont à la marge de leur formation politique, et n’ont pas de ministres gouvernementaux  », explique Emmanuel Négrier, politologue à l’Université de Montpellier, spécialiste de la vie politique régionale. À l’inverse, Toulouse représente le modèle. « Les politiques de Midi-Pyrénées s’inscrivent parfaitement dans la ligne du gouvernement. C’est une punition exemplaire, d’où cette fusion totalement déséquilibrée  ».

La faiblesse économique du Languedoc-Roussillon VS le superchampion Midi-Pyrénées

Mais pourquoi craindre autant Toulouse ? « Montpellier va perdre son statut de capitale régionale et Toulouse va hériter de l’essentiel des compétences, appuie Emmanuel Négrier.  C’est logique, puisque Toulouse est plus forte économiquement. »

Midi-Pyrénées, c’est Airbus, le tourisme et surtout 10,3 % de chômage en 2014, selon l’Insee. De quoi faire pâlir le Languedoc-Roussillon, fier de sa recherche universitaire et médicale mais qui plafonne à un taux de chômage de 14,1 % en 2014, le plus haut de France.

L’économie du Languedoc-Roussillon repose essentiellement sur les services. « Les atouts de ce territoire jouent aussi contre lui économiquement », explique Jean-Marc Guillelmet, directeur régional des études économiques de la Chambre du Commerce et de l’Industrie régionale. La principale force de Montpellier réside dans un afflux démographique des plus forts de France, toujours croissant. « C’est une région agréable à vivre, avec la mer et le soleil, moins chère qu’en PACA. Mais le marché du travail n’arrive pas à absorber toutes ces personnes. 95 % des entreprises locales ont moins de dix salariés », souligne l’économiste.

Montpellier annexée ?

L’inquiétude de Christian Bourquin se fondait concrètement sur ces chiffres, au risque de ne pas percevoir les intérêts potentiels de la fusion. « Le Languedoc-Roussillon a des avantages à tirer de cette fusion. En particulier sa métropole montpelliéraine  », relativise Jean-Marc Guillelmet. La nouvelle région aurait deux métropoles développées. « L’enjeu est de trouver un style de politique qui reconnaisse une place à chacune sans craindre l’autre », conclut Emmanuel Negrier. Si une politique de coopération se met en place, Montpellier devrait garder une place importante. Au moins symboliquement…


-79.jpg


D’autant plus que Midi-Pyrénnées est loin d’avoir le profil parfait. L’aéronautique constitue le poumon de la métropole toulousaine. « Elle n’est pas diversifiée, ça peut être un problème. Toulouse a tout aspiré autour d’elle », souligne Jean-Marc Guillelmet. « La différence est énorme entre Toulouse et la deuxième ville de la région. Montauban, avec ses 56 000 habitants est la démonstration de l’hégémonie toulousaine  », martèle Stéphan Rossignol. À l’Est, il y a davantage d’équilibre entre les 268 000 Montpelliérains et les 146 000 habitants de Nîmes.


Pour rassurer l’électorat languedocien, les candidats assurent que la métropole montpelliéraine conservera son rang. Qu’importe la couleur politique, les discours sont similaires. Christian Assaf, député et quatrième sur la liste PS de l’Hérault, avait voté contre la fusion. Aujourd’hui, il semble s’être rangé aux arguments du gouvernement. « C’est un mal pour un bien. Toulouse a l’industrie, le tourisme riche et vert. Montpellier a des ports, le tourisme de masse et une viticulture qui s’exporte. Il faut se compléter sans se faire la guerre ». Même s’il admet que « la politique est un rapport de force », il assure que la liste conduite par Carole Delga, « garantit un développement équilibré des territoires ».


Même constat selon lui pour l’ancienne capitale régionale : « Montpellier restera une place forte de l’intelligence et de la recherche », assure le député PS Christian Assaf. Elle « dispose quand même de la fac de médecine la plus vieille du monde  » se rassure le maire Les Républicains Stéphan Rossignol. Même l’apparente liste dite citoyenne et hors des partis du maire montpelliérain Philippe Saurel s’aligne désormais sur ces discours. Pour garder la face, les représentants du PS et des Républicains ont préparé leurs punchlines. « Si les socialistes gardent la région, Montpellier deviendra la nouvelle Nîmes de Toulouse : dépendante et sans poids », exprime Stéphan Rossignol. Jeu de mîmes inversés avec Christian Assaf. « Nous sommes les seuls qui garantissons une place de choix à Montpellier  ». Qu’importe le gagnant des élections, Montpellier est sauvée.

Régionales 2015 : Le meeting du « Nouveau Monde en Commun » en photos

Le 12 novembre, plus de 2000 militants et sympathisants se sont déplacés au meeting du « Nouveau Monde en Commun », au parc des expositions de Montpellier. Cette alliance regroupe le Front de Gauche, le Parti Communiste Français (PCF), Europe-Ecologie-Les-Verts (EELV), le Partit Occitan et La Nouvelle Gauche Socialiste pour les élections régionales. Gérard Onesta, leur candidat en tête de liste, s’est entouré de « gros calibres » : la députée de Paris Cécile Duflot, le patron du PCF Pierre Laurent et le député écologiste Noël Mamère. La future région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon est la seule avec Provence-Alpes-Côte-d’Azur à proposer une telle alliance.



-19.jpg

Avant de démarrer les hostilités, c’est le groupe L’Homme Parle qui a investi la scène avec des titres engagés comme Militant du quotidien. «Les valeurs humaines se consument, dans le brouillard des pots d’échappement qui fument.»




-20.jpg

L’arrivée des tribuns du meeting «Le Nouveau Monde en Commun » du 12 novembre.




-21.jpg

Noël Mamère, député écologiste : «Nous ne sommes pas politiquement bio-dégradable ! »




-33.jpg

Cécile Duflot, députée EELV de Paris : « Le Nouveau Monde est une invitation au réveil de nos existences, grâce à des listes belles – rebelles – paritaires et citoyennes. »




-22.jpg

Eric Coquerel, coordinateur du Parti de Gauche, représente Jean-Luc Mélenchon: «Nous, la gauche digne, nous constituons un bouclier républicain.»




-23.jpg

Clémentine Autin,porte-parole d’Ensemble, composante du Front de Gauche:« La colère, nous voulons la transformer en espoir ! Pour reconstruire la gauche de ce pays.»




-27.jpg

Liêm Hoang-Ngoc, La Nouvelle Gauche Socialiste : «Je m’adresse particulièrement à ceux qui ne votent pas, et je leur dis de dire merde au PS ! Si vous voulez faire chier le PS, votez pour le Nouveau Monde.»




-28.jpg

Pierre Laurent, secrétaire national du Parti Communiste: «En Europe, des forces croissantes sont en train de se lever. Et nous, nous ne voulons pas seulement résister,nous voulons gagner.»




-29.jpg

Gérard Onesta, candidat du Nouveau Monde pour la nouvelle région:« Il se passe quelque chose dans notre région. On se rassemble tous, et il ne faut pas attendre de se ressembler pour se rassembler. Nous sommes peut-être le signal que tout un pays attend !»




-30.jpg

Michèle, militante d’Ensemble : « Ce mouvement est porteur de quelque chose, mais pour qu’il fonctionne, il faut savoir quitter sa chapelle : éviter les batailles d’egos que nous payons très cher et se concentrer sur les valeurs fondamentales de la gauche




-31.jpg

Pierre Hardy, militant d’EELV depuis quelques mois. « Ce rassemblement est porteur. Il est nécessaire car si nous voulons gouverner, il faut prendre ce qu’il y a de commun entre nous tous et porter ces valeurs ».




-32.jpg

Thomas Champigny, militant au Parti de gauche depuis 6 ans. « Il y a un véritable enthousiasme, cela donne de la force au mouvement. Ça donne de l’espoir pour la suite ».

Présidentielles argentines : l’obésité, un enjeu bien maigre

Le 22 novembre, les Argentins élisent leur nouveau président. Au choix de ce menu présidentiel, le candidat issu du Front pour la victoire, Daniel Scioli ou Mauricio Macri, de la Proposition Républicaine. Aucun des deux ne propose de solution sanitaire pour lutter contre l’obésité. Pourtant, selon un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 30 % de la population était en surpoids ou obèse en 2011. Quatre ans plus tard, le constat est encore plus grave.

Pays de la viande rouge, des barbecues, du football, du tango. Derrière cette brochette de clichés, un constat alarmant : l’Argentine est le pays d’Amérique du Sud le plus touché par l’obésité. « La moitié de la population argentine est concernée directement par ce problème, dont 26,4% d’enfants », affirme Fàtima López, chef du service nutrition de l’hôpital Pablo Soria de San Salvador de Jujuy. Ce sont concrètement 21 millions d’Argentins touchés. Rien de nouveau, puisqu’en 2011, 30 % de la population était touchée, selon un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ces chiffres montrent qu’aucune décision politique ou sanitaire n’a été prise pour diminuer ce fléau.

La priorité de la campagne présidentielle n’est pas à la santé publique

La presse locale et nationale tire la sonnette d’alarme fréquemment. Mais le modèle politique argentin semble insensible aux nombreuses conséquences de l’obésité sur la santé publique. Diabète de type 2, hypertension artérielle et autres maladies cardiovasculaires pourraient être évitées par des mesures contraignantes. « La politique ne s’ingère pas dans cette question là. L’obésité est jugée irrationnelle. Pourquoi essayer de guérir une maladie qui n’est pas épidémique ? », soulève Pablo Schencman, sociologue de l’obésité de Buenos Aires. « Surtout qu’ici, les personnes en surpoids sont loin d’être stigmatisées comme dans les cultures occidentales. Avoir des formes en Argentine, c’est aimer la nourriture, être un bon vivant ».

Les programmes politiques des candidats sont concentrés sur une seule chose : l’état économique du pays. « Nous traversons une crise depuis 2001, sans arriver à véritablement renouveler la classe économique. La présidente sortante Cristina Kircher termine son mandat sous le signe des difficultés. La seule obsession du régime aujourd’hui, c’est de régler les problèmes financiers avant-tout », explique Pablo Schencman.

-16.jpg

Pourtant, ces élections présidentielles pourraient apporter du changement. Il prend forme dans le second tour, totalement inédit dans le paysage politique argentin. Les candidats pourraient véritablement se différencier sur des thèmes aussi peu traités que la santé. « La plupart des aides sociales promue par la politique a servi à acheter le vote de la population », souligne Fàtima Lopez.

Les plus pauvres sont aussi les plus gros

L’obésité est un mal subjectif. Même si elle n’est pas épidémique, elle n’en reste pas moins une maladie. L’OMS a reconnu le statut de maladie pour l’obésité en 1997, alors que « la loi argentine reconnaît l’obésité comme une maladie depuis 2010 », s’insurge Fàtima López. Autre paradoxe, « dans le traitement de l’obésité, seule la pose d’un anneau gastrique est reconnue et remboursée comme un cas chirurgical  ». Ce qui semble être le dernier recours en Europe ou aux Etats-Unis, reste ici la solution la plus efficace et accessible pour les plus pauvres. Ce qui caractérise l’obésité chez les pays émergents comme la Chine, le Mexique ou encore l’Argentine, c’est qu’elle touche en particulier les plus pauvres. Ce phénomène récent semble être lié à une série de facteurs convergents.

En premier lieu, « le déracinement culturel  ». Depuis les années 2000, l’Argentine connaît un dépeuplement progressif de ses campagnes vers ses agglomérations. « Les gens sont déracinés par cet exode rural. Ils perdent leur culture, leurs habitudes nutritionnelles », explique Veronica Cruz, préparatrice d’appareil chirurgicaux à l’hôpital de Jujuy. La solution de facilité et peu coûteuse pour se nourrir reste la malbouffe. « Les plus pauvres se tournent vers la nourriture bon marché, les glucides, les acides gras, les plats préparés trop riche en sel. Ces habitudes alimentaires se sont vraiment dégradées », conclut Veronica Cruz. Les produits sains et peu chers sont devenus impossible à trouver dans les grandes villes.

Buenos Aires, agglomération de 14 500 000 habitants, en est l’exemple le plus frappant. « Les produits frais sont introuvables. Ou lorsque vous êtes face à un stand de pommes, il vous donne tout sauf envie d’en acheter », raconte Pablo Schencman, sociologue de l’obésité. L’enjeu est énorme : un tiers de la population argentine qui vit dans la capitale n’a pas accès de manière normale à ces produits.

Il existe pourtant des initiatives locales, soutenues par les politiques provinciales. «Nous avons commencé à Jujuy un traitement personnalisé de l’obésité, avec des groupes de soutien. Nous allons étendre le programme progressivement », espère Fàtima López. Mais sans de réelles contraintes à l’échelle nationale, le seul régime que connaîtront les Argentins prochainement sera l’austérité financière.

« Un temps de président », que doit-on retenir des coulisses de l’Elysée ?



Lundi 28 septembre au soir, les Français ont pu s’immerger pour la première fois dans l’Elysée version François Hollande. 1H50 d’aperçu des coulisses de cette vie politique ont été mises au jour dans le documentaire « Un temps de président », d’Yves Jeuland. Avec des images tournées entre l’été 2014 et février 2015, voici quelques faits marquants dont il faut se souvenir.

«Un temps de président » est loin d’être le coup d’essai d’Yves Jeuland en matière de documentaire politique. En 2010, il suivait déjà l’ancien maire de Montpellier, Georges Frêche, alors en course pour la présidence de la région Languedoc-Rousillon. Le réalisateur a en 2012 suivi durant 5 mois la rédaction du journal Le Monde, plongée dans l’effervescence des dernières élections présidentielles. 2015 marque alors la rencontre forte avec le chef d’État français, sans pour autant tomber dans le voyeurisme.

Un rajeunissement ministériel sur fond de remaniement

L’entourage de François Hollande n’a pas hésité une seule seconde à se targuer de la jeunesse du gouvernement Valls II. Alors que le 24 août 2014, « les frondeurs » Arnaud Montebourg et Benoît Hamon s’élèvent tous deux contre la politique économique française, le Premier ministre n’a d’autre choix que de présenter la démission de son gouvernement dès le lendemain. Le 26 août 2014, le 38ème gouvernement de la Ve République française est annoncé.

« Un temps de président » commence alors, sur un moment difficile du mandat de François Hollande. Un personnage clé de la proche équipe du président apparaît alors : il s’agit de Gaspard Gantzer. Ce qui frappe en premier, c’est la différence d’âge du chef de la communication du président et responsable des relations presse, avec ses interlocuteurs. Cet énarque alors âgé de 35 ans lors du tournage, dénote particulièrement avec le reste de l’entourage de François Hollande. L’effet de surprise est d’ailleurs moindre, lorsque l’on voit M. Gantzer montrer une certaine joie lors de la nomination d’Emmanuel Macron à la tête du Ministère de l’Economie et de l’Industrie, quand on sait que les deux protagonistes sortent de la même promotion Léopold Sédar Senghor de l’ENA.

untempsdepresident-gaspardgantzer.png

Un éléments à retenir de ce remaniement ministériel, c’est le rajeunissement. Il est particulièrement visible avec les nominations d’Emmanuel Macron (37 ans), Najat Vallaud-Belkacem (37 ans) ou encore Fleur Pellerin (42 ans). La moyenne d’âge du gouvernement descend alors à 53 ans. On note d’ailleurs la réflexion du ministre des Finances Michel Sapin, lors de la première rencontre du gouvernement dans les jardins de l’Elysée : « On se sert les coudes contre les jeunes (rire), parce qu’avec tous les petits jeunes qui arrivent.. ».

La « solidité » du rôle de président selon François Hollande

De fil en aiguille, le réalisateur du documentaire a l’occasion de se rapprocher de plus en plus du président, et se retrouve côte à côte avec ce dernier pendant un déplacement. Un tweet apparaît alors à l’écran, parlant du livre écrit par Valérie Trierweiler, Merci pour ce moment. Le président « n’est pas épargné ». Un conseiller tend le téléphone au président, nous laissant imaginer que ce dernier apprend la nouvelle. On se rappelle que quelques mois plus tôt, Closer lâche une bombe dans le paysage médiatique : c’est l’affaire Julie Gayet. Tout le monde en parle, la compagne du président claque alors la porte de l’Elysée et écrit dans le plus grand secret un livre qualifié par beaucoup de « vengeance ». Un haussement de sourcil. Si tant est que la séquence eut été réellement prise au moment ou M. Hollande découvre le tweet, c’est la seule réaction qu’il laisse échapper devant le réalisateur.

Samedi 6 septembre, c’est la réunion de rentrée du cabinet du président. François Hollande parle alors d’épreuves, notamment personnelles : « Il y a des épreuves personnelles, celles que je peux connaître, même si je ne fais rien paraître parce que je n’ai à répondre qu’à des questions politiques ». Il parle ensuite de « la solidité de son rôle et de sa solidité personnelle ». En tant que spectateur, c’est bien l’impression que nous donne le président, même si nous nous doutons que le réalisateur n’a pas eu l’occasion de filmer l’intimité de M. Hollande.

Un président « normal » ?

Le mot « normal » a souvent été utilisé pour représenter François Hollande, comme avant tout une personne douée d’une certaine humanité, même avec le titre qui est le sien. Toutefois, l’opposition n’a jamais cessé de reprendre ce mot pour donner dans la critique.

Un fait très intéressant qui fût observé dans le documentaire, c’est la relation du président avec son entourage. La surprise n’est pas vraiment au rendez-vous lorsque nous l’entendons fréquemment tutoyer ses interlocuteurs. Contrairement à cela, il est bien plus étonnant de constater que ces derniers tutoient le président de la république en retour. Outre le fait que le président ait apparemment une écriture indéchiffrable, la séquence lors de laquelle ses secrétaires, accompagnées de Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de la présidence, corrigent le discours de M. Hollande, la scène tourne de plus en plus à la dérision.

untempsdepresident-secretaires-hollande.png

La scène se répète au moment de la réunion des membres de la commission des finances. Alors même que les députés socialistes traitent de la Loi Macron, sujet sérieux, le président entre dans la pièce en charriant Henri Emmanuelli. Tous les protagonistes en rient, l’ambiance semble résolument détendue.

Les attentats de Charlie Hebdo : une émotion intense

La France entière s’est réveillée avec la gueule de bois le 8 janvier 2015. La veille, Charlie Hebdo, journal satyrique, est attaqué en pleine conférence de rédaction par les frères Kouachi. 12 personnes tuées, 11 blessées, et dans le même temps leur complice Amedy Coulibaly tue 5 personnes entre le 8 et le 9 janvier. Bilan: jamais la France n’a vécu une telle attaque terroriste sur son territoire, très vite revendiquée par la branche d’Al-Qaïda au Yémen.

Après les moments de joie du Noël de l’Elysée, vient la torpeur. « Le 11 septembre français » titre Le Monde, alors posé sur le bureau de Gaspard Gantzer. Ce dernier lit la presse quotidienne, le réalisateur nous montre alors les portraits de Cabu, Charb ou encore Tignous. Yves Jeuland nous emmène dans les coulisses de l’Elysée au moment qui sera probablement vécu comme le pire du quinquennat de François Hollande.

Après la conférence donnée par Jean-Pierre Jouyet à l’Elysée, on voit un François Hollande en plein désarroi, au téléphone avec une personne présente dans l’Hyper Cacher. Puis s’en suit la marche des quarante-quatre chefs d’états à Paris, et la visite du président à la famille d’une des victimes. Le réalisateur terminera en nous montrant des images de la Grand Messe à la Synagogue de la Victoire, célébrant les défunts : l’émotion est à son comble.

Ainsi, le documentaire d’Yves Jeuland se termine sur un moment terrible pour la France. Il est presque difficile de tirer des conclusions après une fin pareille, tant ces dernières séquences rappellent l’effroi que les Français et le monde entier ont vécu durant la seconde semaine de janvier 2015. La presse et la «twittosphère » ont cependant, mis peu de temps à donner leurs réactions suite au visionnage d’ « Un temps de président ».

Mais où sont les femmes dans l’Elysée ?

La toile s’est donc empressée de réagir à l’expérience d’Yves Jeuland et à sa diffusion sur France 3. Le Point a été jusqu’à parler d’un « mélange de vanité et de vacuité », accusant le président Hollande de ne pas avoir pris la moindre décision importante durant les six mois du tournage. Outre ce « manque de décisions », ou encore « la malchance de François Hollande », une des réactions les plus notables est le manque apparent de femmes dans les coulisses de l’Elysée.

untempsdepresident-reactiontwitter.png

Et pour souligner cela, beaucoup ont critiqué le manque visible de femmes dans l’entourage du président ; le hashtag « #UnTempsDePresident s’est vu inonder de contestations et de plaintes, alors même que le documentaire était en cours de diffusion. La séquence lors de laquelle François Hollande est coiffé et maquillé par deux femmes, a été fréquemment reprise pour prouver que le peu de femmes montrées dans le documentaire sont soit coiffeuses, maquilleuses ou secrétaires. Il semble évident pour l’audience, que la parité dans le gouvernement ne suffit pas. Comme cela a été précisé dans un article de Rue89, seulement 16 femmes composent le cabinet de François Hollande.

A bientôt 18 mois des élections présidentielles, il reste un grand nombre de défis à relever pour François Hollande, son cabinet et son gouvernement. Les sondages mènent en ce moment la vie dure au PS : une vague bleue est annoncée pour les élections régionales de décembre, et ce, après la déroute socialiste lors des élections départementales. Il semble que l’Elysée va encore connaître des jours difficiles.

Taubira à Montpellier, session de rattrapage

Vendredi 25 septembre, la garde des Sceaux, Christiane Taubira, a dispensé la leçon inaugurale de rentrée à la Faculté de Droit et de Science politique de Montpellier . Thème de cette cérémonie aussi millimétrée que codifiée : « Comment concilier l’aspiration légitime à la liberté, qui constitue une conquête, avec la demande nouvelle et plus forte de sécurité .» Face à des centaines d’étudiants et d’enseignants-chercheurs en toge, la ministre s’est livré à un exercice de funambule.

La voilà… Dans les travées de l’amphi Urbain V, des centaines d’yeux convergent soudain vers elle et sa suite, composée du préfet en grand uniforme et d’une cohorte de robes rouges, mauves, blanches sorties du placard par des universitaires un brin goguenards. Quelques mots de bienvenue du Doyen, puis « l’artiste », comme l’appelle bâtonnier du barreau de Montpellier André Brunel, entre en scène.
Christiane Taubira a placé une pochette devant elle. Mais elle ne l’ouvrira pas, préférant parler sans notes comme pour mieux faire étal de son érudition. Revue de détails des thématiques abordée tout en finesse par une ministre avant tout soucieuse de ne braquer personne… et de ne pas déraper.

Loi sur le renseignement : plus de surveillance pour plus de sécurité

Visant à renforcer le renseignement en France, cette loi prévoit la mise en place de plusieurs mesures controversées. Entre autre, l’installation chez les opérateurs de télécommunications de « boîtes noires ». Ce dispositif vise à détecter des comportements suspects à partir de données de connexions internet privées. Cette loi a fait l’objet de vifs débats au sein du Parlement, dans le contexte des attentats de janvier et de la crainte de la mise en place, par toute frange d’élus, d’un « patriot act » à la française.

Vendredi à Montpellier, Christiane Taubira a tenté de désamorcer des polémiques toujours vives: ces pratiques exercées par les services de renseignement français, qui bénéficient désormais d’un cadre juridique, existaient déjà depuis longtemps. Selon elle, la loi aura eu le mérite de les faire connaître au grand public. Le gouvernement n’aurait donc fait que donner une existence et un cadre juridique à ces pratiques.

« Une activité de surveillance est dérogatoire au droit commun, […] Le contrôle, lui, ne l’est pas », a lancé la garde des Sceaux, soucieuse de bien s’inscrire dans la ligne gouvernementale en mettant en avant la possibilité pour le citoyen de se tourner vers l’autorité administrative en cas de suspicion de surveillance.

Dans les jardins du cloître de la faculté, une fois leçon inaugurale achevée, le bâtonnier du barreau de Montpellier reste dubitatif. André Brunel affirme ainsi que « L’autorité administrative qui a décidé de piéger l’ordinateur d’une personne viole l’intimité de cette personne et c’est une atteinte aux droits fondamentaux. Je ne suis pas du tout satisfait que ce soit le juge administratif qui effectue ce contrôle car ce n’est pas son rôle que d’être le défenseur naturel des libertés ».

Marie-Elisabeth André et Christiane Taubira

Droit d’asile, langue de bois ?

Thème incontournable – avec le récent afflux de migrants en Europe, la question du droit d’asile reste un sujet sensible. Plutôt que de prendre des positions politiques, la ministre va donc se contenter de s’en tenir aux constats, aux généralités juridiques, aux contradictions du droit national et international…

Comme elle l’a rappelé, le droit d’asile tire ses origines de la tradition chrétienne. Aujourd’hui, c’est à l’État laïc de mobiliser les institutions publiques. Cette question est d’autant plus délicate que son statut juridique est paradoxal. D’après la ministre, « le droit d’asile est reconnu internationalement par la convention de Genève. Il y a donc une contradiction entre le droit universel et son cadre normatif appliqué par l’État souverain […] Il nous renvoie à notre part de responsabilité dans le fonctionnement du monde ».

Tout à son numéro d’équilibriste, la garde des Sceaux ne fera pas même mention de la réflexion autour du droit d’asile à l’échelle de l’Union Européenne.

Le contrôle au faciès reste tabou

Un article du Figaro rappelait qu’une étude menée en 2009 par le CNRS révélait que les pratiques policières se fondent davantage sur la couleur de peau plutôt que sur le comportement. Les personnes noires ou d’origine arabe seraient contrôlées respectivement six à huit fois plus que les personnes blanches. Pour la première fois en France, l’État a été condamné pour «faute lourde» dans cinq cas de «contrôle au faciès» en juin dernier.

Mais pas une seule fois le terme « contrôle au faciès » n’est sortie de la bouche de la ministre de la Justice. Elle a préféré le conformiste « contrôle d’identité ». Elle a souligné le manque de traçabilité des contrôles sans jamais se positionner pour la mise en place de procès-verbaux obligatoires. Elle s’est contentée de remarquer que « les éléments qui auraient permis d’attester que les contrôles n’étaient pas discriminatoires n’étaient pas suffisants ». Ces derniers permettraient d’apporter des preuves du contrôle et de son motif pour plus de transparence.

Le droit des obligations : une réforme sans débat ?

Le droit des obligations, dans le jargon juridique correspond à tout ce qui se rapporte aux contrats. Ils protègent lorsque vous vous mariez, divorcez ou travaillez. Sa législation n’a pas bougé depuis le code Napoléon de 1804. En janvier dernier, Christiane Taubira a obtenu l’habilitation du Parlement pour réformer par ordonnance ce droit des contrats. « Les contrats ont envahi la vie quotidienne. C’est un texte de fond qui n’a pas subi le débat démocratique de l’époque  ». Le projet de réforme est encore à l’état de réflexion.

Le bâtonnier André Brunel, lui, est de nouveau perplexe. « Elle dit que le droit des obligations, qui remonte à 1804, n’avait pas été approuvé par un Parlement et qu’elle ne voit pas pourquoi ça serait choquant qu’il soit modifié par ordonnance. Elle nous a fait une démonstration qui est un peu l’expression d’une mauvaise foi bien affirmée et assumée. Elle l’est très souvent en matière de droit ». Ainsi, selon Taubira, le fait qu’une loi ait été adoptée sous un régime non démocratique justifie qu’elle soit modifiée dans les mêmes conditions, sans subir de débat. Surprenante conception de la politique pour celle qui passe pour la ministre la plus à gauche du gouvernement !

L'auditoire de Christiane Taubira

Un auditoire poli, donc conquis !

Même si tous étaient loin d’être d’accord avec les idées de la ministre, le Taubira show a recueilli force applaudissements. Dans son plaidoyer sans (fausses) notes, la garde des Sceaux a multiplié les citations littéraires et tenu sans ennui son auditoire une heure durant. Telle une chef d’orchestre face à des experts de la musique juridique, la ministre de la Justice a savouré l’ovation générale. Sans doute aussi soulagée d’avoir relevé le défi.

Sa rentrée solennelle s’est achevée sur un message d’espoir envers la jeunesse. La ministre dit croire à « l’audace des étudiants qui doivent accepter de faire des analyses et de les confronter ». Et de citer  Rabindranath Tagore*: « Si vous fermez la porte à toutes les erreurs, la vérité restera dehors ».

*Poète et philosophe indien (1861-1941) lauréat du prix Nobel, qui œuvra tout au long de sa vie pour approfondir les échanges culturels entre l’Inde et l’Occident.

Le Poing : un journal étudiant militant pour l’UM1

Initiative d’élèves de l’UM1, le Poing est un nouveau journal à tendance sarcastique et militant. Sa première bataille ? La situation précaire de Paul Valéry. Rencontre avec Jules, son créateur.

Environ six pages, une typo simple et bi-chromique, du militantisme, des articles « de fond, avec un vrai travail intellectuel », des caricatures, des critiques ciné, des jeux et un horoscope pour ceux qui n’attendent rien des astres : ainsi pourrait-on sommairement décrire « le Poing ». Mais, le Poing, c’est quoi ? Allons, faites un effort. Pour les plus fins observateurs, vous avez sans doute déjà aperçu ce feuillet sillonner les couloirs de la fac sans savoir exactement de quoi il s’agissait. Ça tombe bien, nous avons rencontré Jules, son créateur, pour éclaircir l’affaire.
Jules est étudiant en troisième année en Science politique à la fac de droit (UM1). Pour lui l’aventure journalistique a « commencé avec un tractage sur la lutte à Paul Valéry » car, s’il y a bien une chose à retenir sur ce journal étudiant c’est son fil d’or : « le militantisme ». De gauche, engagé depuis de nombreuses années, Jules souhaite à son échelle « faire vivre une certaine presse populaire » et tient à ce que le journal soit distribué directement de mains à mains « comme au XIXe siècle » affirme-t-il. 1472048_664032583630727_1333912941_n.jpg

Aussi, deux fois par mois, le jeudi, son équipe et lui distribuent devant la fac leur canard à prix libre. Un moyen aussi d’engager la personne qui l’achète : « payer pour un journal c’est aussi un acte militant ». Et si les exemplaires ne sont pas tous partis, tant pis, les numéros restants ne seront pas distribués le lendemain, « mais cela n’est pas encore arrivé », assure Jules. Il voit dans ce journal « un moyen d’éducation populaire » et souhaite « lutter contre la morosité intellectuelle ambiante imposée par la quasi-totalité de nos grands médias » (peut-on lire au dos du numéro 2), qui pour lui « ne disent rien ». Ambitieux, il place le Poing dans la lignée de Charlie Hebdo ou encore Fakir.

Pour plus d’impact, une association est en cours de création

Le paradoxe ? Il ne souhaite pas faire carrière dans le journalisme. Cependant, Jules n’hésite pas à donner de sa plume pour la liesse populaire. Mais qui sont ceux qui donnent souffle au Poing ? Tout le monde. Des camarades de classe, d’autres de la fac de droit, des parents (parfois), bref tout ceux qui le veulent. Si vous voulez participer, il suffit d’envoyer un mail et de proposer votre plume. Car le journal vise également à faire « révéler des talents qui n’auraient peut-être pas eu le loisir de s’exprimer autrement ». Certains signent à visage découvert, d’autres d’une simple initiale, car s’affilier à un journal militant peut être mal vu. Et Jules a dû faire face, parfois, à des réflexions du type « pas ici, pas en fac de droit ». Mais des critiques, il n’en a que faire. Les soutiens sont nombreux et pour que le phénomène gagne en ampleur, une association, le Poing Asso est en cours de création. Elle aura pour but, avant tout, de simplifier l’accès aux subventions et aux dons. Car, Jules a dû casser sa tirelire pour imprimer les 700 premiers exemplaires. Le second numéro, aux 1000 exemplaires, a été distribué le 28 novembre dernier, jour de la diffusion des Nouveaux chiens de garde à la fac de droit, avec la présence de Pierre Carles.

1234855_664005983633387_1079274255_n.jpgC’est aussi ça l’ambition du journal. Faire le lien avec des journalistes, des hommes politiques ou encore des historiens, programmer des conférences en rapport avec la science politique et les débats de société actuels. À terme, l’équipe compte pérenniser le projet (au moins sur 2 ou 3 ans) et souhaite ouvrir une antenne à Paul Valéry. La diffusion actuelle ne se faisant uniquement qu’à l’UM1, où le challenge d’un journal sarcastique est plus grand.

En attendant le prochain numéro, vous pouvez retrouver les versions PDF des deux premiers exemplaires directement en ligne sur la page Facebook du Poing, et sur la page de mobilisation de Paul Valéry.

(Crédit dessins : Florian Sanfilippo)

Ratification du pacte budgétaire européen : braquage à la Hollandaise

« Les actes ne sont-ils pas des témoignages plus dignes de foi que les paroles ? » Xénophon

L’impayable François a finalement réussi, ce mardi 9 octobre, à faire voter par sa majorité parlementaire le fameux Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG).
C’est un soulagement évident pour le dirigeant socialiste car, reconnaissons-le, l’affaire était assez mal engagée.

En effet, pour la majorité des humanoïdes répertoriés, le vote pour A plutôt que pour B indique que l’on est plutôt favorable à A, et que l’on peut ensuite (typiquement) défendre A.
Mais les socialistes échappent à cette banalité étouffante, Elisabeth Guigou, notamment, gratifie le Journal du Dimanche d’une véritable leçon de realpolitik : « Il n’est pas nécessaire d’aimer un traité pour le ratifier ».
Philippe Martin, député du Gers, a dégainé quant à lui un inoubliable « oui raisonnable ».
Enfin, Bruno le Roux et François Rebsamen, respectivement patrons du groupe socialiste à l’Assemblée et au Sénat, ont opté pour un sobre « oui de soutien »[[http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20121009.OBS5092/tscg-la-gauche-s-est-reunie-pour-voter-ce-traite.html]].

Dans un autre registre, il semblerait normal que, pendant la campagne, quand un candidat adopte une position s’opposant de facto à celle de son adversaire principal, il s’y tienne ensuite pour respecter son « mandat du peuple ».
Ou, au moins, qu’il ne renonce pas complètement à sa position pour adopter celle du camp d’en face.
Cette innovation politique socialiste est résumée sur le blog de François Fillon : « En votant à une très large majorité en faveur de ce traité, l’opposition a pris ses responsabilités, par sens du devoir et avec pour seul critère l’intérêt de la France et de l’Europe. Ce traité européen a été adopté, au mot près, tel qu’il a été négocié par Nicolas Sarkozy et François Fillon, en dépit de toutes les promesses de renégociation de François Hollande. »
En effet, le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a confirmé sur France 2 que le traité n’avait « pas été renégocié ».

Mais la palette du surréalisme socialiste est inépuisable, et les disciples de la rose entendent nous le prouver.
Car quand on prétend rompre avec la présidence précédente, on n’est, classiquement, pas soutenu par des personnalités représentant la même idéologie, surtout sur les questions économiques.
Sans surprise, cette logique n’est pas applicable à un Hollande qui peut à la fois protester vaguement contre la finance (ou Sarkozy), et être félicité par Arnold Schwarzenegger[[http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/10/12/arnold-schwarzenegger-salue-la-politique-de-rigueur-de-francois-hollande_1774954_823448.html#xtor=RSS-3208]], ex-gouverneur républicain de Californie, pour sa politique d’austérité.
L’ex-culturiste autrichien aurait ensuite déclaré : « Si vous avez une vision et êtes prêts à travailler dur, vous pouvez arriver à n’importe quoi ».

Voilà peut-être le nœud du problème, car d’aucuns étaient persuadés que sortir de la crise était plus urgent qu’apprendre aux gens à « travailler dur », ce qu’Hollande fait d’ailleurs très (trop ?) bien.
Et si l’on parle de sortie de crise, donc de relance, alors l’exemple argentin semble nettement plus pertinent que le grec.
Plongée entre 1999 et 2002 dans une crise économique terrible, confrontée au même type de réformes que savourent actuellement les Hellènes, la république andine prend une décision cruciale fin 2001 : elle fait défaut sur la quasi-totalité de sa dette.

Comme l’Islande pendant la dernière crise, elle explique calmement à ses créanciers et au FMI qu’elle ne payera pas, effaçant une ardoise de 132 milliards de dollars.
Substituant l’industrie locale aux imports, ayant recours à des investissements publics et imprimant de la monnaie, elle va rapidement stabiliser son économie, la variation de son PNB passant de -10% en 2002 à +9%(!) en 2003.
La Grèce devrait-elle alors s’en inspirer ?
Peut-être, si l’on croit Roberto Lavagna, ex-ministre de l’économie et artisan du redressement argentin, qui affirme dans Libération que: « Les sorties de crise se font en dehors des chemins tracés par le FMI ».

Car le « président normal » va devoir frapper encore plus fort…
Refusant tout défaut sur la dette (plafonnée par le traité à 60% du PIB, sous peine de sanctions), et sans emprunter plus (le texte imposant la résorption d’1/20ème de l’excédent de dette par an), le chef de l’Etat ne veut rien de moins que relancer l’économie.
Or comme l’économiste Keynes l’expliquait en 1936, les relances les plus efficaces seraient « contracycliques », c’est-à-dire que quand les caisses sont vides, il ne faudrait pas économiser mais au contraire…dépenser le plus possible !
Une telle politique, notamment au travers d’investissements dans les infrastructures ou d’augmentations de salaire, va (théoriquement) conduire la production à augmenter pour profiter de l’accroissement des marchés et du pouvoir d’achat.
Mais ce type de relance, dite « par la demande », nécessite d’emprunter dans un premier temps, ce qui crée fatalement…de la dette.

Au final, on se retrouve avec un traité signé à reculons, une opposition ravie, des soutiens surprenants et une reprise plafonnée.
Qui expliquera enfin aux socialistes que leur présence à l’Elysée n’est qu’un accident, provoqué par un ras-le-bol du sarkozysme ?

Chronique d’une rafle ordinaire

Un rassemblement d’une centaine de personnes a eu lieu hier vers 18h sur le parvis de la préfecture de Montpellier pour soutenir Mohammed, « sans-papiers » hospitalisé à Sète dans l’après-midi.

Venus en nombre pour soutenir Mohamed, sans-papiers en procédure d’expulsion, les protestataires et la Coordination des Comités de soutien aux sans-papiers de Montpellier sont restés environ une heure sur place pour alerter le préfet. Cette action qui s’est déroulée en fin d’après-midi était directement liée à l’hospitalisation le jour même de Mohammed. Ce dernier a entamé une grève de la faim et de la soif suite au jugement du tribunal administratif qui a confirmé son obligation de quitter le territoire français il y a une semaine.
Scandant des slogans comme : « Première, deuxième, troisième génération, nous somme tous des enfants d’immigrés » ou encore « Liberté pour tous, égalité pour tous, des papiers pour tous », les manifestants étaient là pour crier leur colère et dénoncer les méthodes toujours plus autoritaires de la préfecture. Comme l’explique un manifestant : «L’augmentation des objectifs chiffrés du gouvernement en matière d’expulsion rend les procédures de recours quasiment impossibles et de moins en moins humaines ».

xo0fqw

Un contrôle sur le lieu de travail avec la collaboration de l’URSSAF

D’après une source proche du dossier, Mohamed ainsi que son collègue Jamel travaillaient sur un chantier de Pérols lorsqu’ils ont été arrêtés le 11 Janvier 2012. C’est l’URSSAF (Unions de Recouvrement des cotisations de Sécurité Sociale et d’Allocations Familiales), considérant que le travail était non déclaré, qui aurait appelé la police pour procéder au contrôle d’identité des deux travailleurs incarcérés le jour même au centre de rétention de Sète.

Mohamed est arrivé en France en 1989 depuis le Maroc pour rejoindre sa famille. Depuis, il travaille en tant que maçon. Âgé de 41 ans, il a passé plus de la moitié de sa vie ici. Malgré ses multiples demandes de titre de séjour auprès de la préfecture de Montpellier ses droits au séjour en France n’ont jamais été reconnus. C’est pour cette raison qu’il a déposé une nouvelle demande de régularisation groupée avec 71 autres personnes le 18 mai 2010. Suite à un nouveau refus de la préfecture qui a considéré que ni son travail en tant que maçon ni sa présence en France depuis plus de 20 ans ne lui permettaient d’être régularisé, Mohammed s’est maintenu sur le territoire qu’il n’a pu envisager de quitter et a engagé une procédure en appel à la cour administrative d’appel de Marseille.

C’est en désespoir de cause qu’ il a débuté une grève de la faim et de la soif le 17 janvier. Mardi matin, il en était à son 7e jour. La préfecture comptait l’expulser dans la journée mais la visite médicale a stoppé le processus en décidant de son hospitalisation.

P1040733_en_correction.jpg

Une situation en suspens

Malgré la situation, les deux hommes sont toujours expulsables. La coordination des comités de soutien aux sans-papiers organise une autre manifestation samedi à 14h30 devant la préfecture. Elle demande au préfet de réexaminer les dossiers pour mettre fin à ces situations dramatiques.