Le soleil a rendez-vous avec la lune

Le 22 juillet 2009, à 5h28 heure locale (23h58 GMT), la côte ouest de l’Inde était plongée dans le noir pour le début de la plus longue éclipse solaire du XXIe siècle.

Le soleil avait rendez-vous avec la lune… et la lune était bien là où le soleil l’attendait, pour la plus longue éclipse solaire du XXIe siècle. Leurs ébats célestes, ont plongé dans l’obscurité une grande partie de l’Asie, de l’Inde au Japon en passant par la Chine et la Birmanie, pour contenter la curiosité de près de 2 milliards d’êtres humains.

Dans un petit coin perdu au milieu du pacifique la rencontre a duré 6 minutes 39, juste le temps d’écouter Let the music play de Barry White avant de repartir. Plus timides devant un public, ils ne sont restés ensemble que cinq minutes dans le ciel chinois et moins de quatre au dessus de l’Inde. Un spectacle dissimulé parfois derrière une épaisse couche de nuages, la météo capricieuse ayant préservé l’intimité de l’entrevue astrale au détriment de milliers de déçus.

En ces temps de crise, la rencontre entre nos deux astres favoris est venue à point nommé pour les professionnels du tourisme. Les étrangers sont venus en nombre, les hôtels et leurs « petits-déjeuners spécial éclipse » ont fait le plein et c’est sans compter les lunettes et autres filtres à infra-rouge, vendus par millions pour permettre à ce public immense d’admirer cette unique représentation. L’éclipse, c’est aussi un business.

Et il n’y aura point eu plus de violences ou d’émeutes au Xinjiang comme le prédisaient certains astrologues chinois. Car dans l’Empire du milieu, quand « le chien du ciel mange le soleil », c’est le présage d’une catastrophe. Le très populaire site chinois Baïdu.com avait même annoncé quelques jours avant l’évènement que « la probabilité qu’il y ait des violences ou une guerre lors d’une éclipse totale est de 95% ». Manqué.

Les indiens, eux, ont célébré cette nuit soudaine avec des « bains purificateurs ». Au total, près de cinq millions d’hindous ont rendu hommage au dieux en se baignant dans les eaux sacrées pendant l’éclipse. Un moment censé porter bonheur. Au Bangladesh, un témoin raconte que des milliers de personnes réunies dans un stade « se sont mises à pleurer et à trembler de peur quand le soleil a disparu et ont applaudi quand il est réapparu ». Oh Miracle !

Les deux amoureux ne se retrouveront pas avant le 11 juillet 2010 au dessus de l’ile de Pâques, mais ce sera sans doute plus furtif. Pour retrouver un moment d’intimité aussi long ils devront attendre jusqu’en 2132. Une éternité, même pour un astre…

Slumdog Millionaire, ce que la destinée nous réserve

Sorti en salles le 14 janvier, le dernier film de Danny Boyle expose la vie, l’effervescence des quartiers pauvres indiens. Une belle réussite.

Chacun son chemin. C’est l’histoire de trois mousquetaires. D’une vie sur rails, d’un frère aîné sans peur, d’un Jamal innocent et de cette fille qui l’attend sur le quai d’une gare. C’est l’histoire d’une destinée. Celle d’un gamin des bidonvilles indiens venu empocher le pactole à l’émission « Qui veut gagner des millions ? ». La rue, la saleté, la misère, ses expériences, vont conduire Jamal à répondre correctement, dans une atmosphère d’ébullition nationale. Chaque réponse est une tranche d’existence, une histoire à raconter, une épopée à romancer.

Danny Boyle est grand. Chaque film est une occasion pour lui de se réinventer. Du film noir (Petits meurtres entre amis), au fantastique (28 jours plus tard, Sunshine), en passant par le film existentiel (Trainspotting, La Plage), le réalisateur anglais transpire un amour inconsidéré pour le cinéma de genre. Sur chaque film une approche différente, mais un je-ne-sais-quoi qui ne change jamais, une patte de l’auteur – une exception dans le cinéma mondial – la beauté de ses images. Un film de Danny Boyle, c’est un peu un spectacle de sons et lumières. Visuellement, le metteur en scène « so british » nous envoie un uppercut des plus violents. Servi par une bande-son moitié electro, moitié musique bollywoodienne, son Slumdog Millionaire est une succession dynamique de photographies superbes de l’Inde et de sa population. Il ne pleut pas de la même façon dans un film de Danny Boyle que dans toute autre rafale cinématographique.
Sa mise en scène est adéquate à l’objet filmé : en faisant le pari de l’Inde, la deuxième croissance mondiale après la Chine, Danny Boyle veut montrer une population vivante, bouillonnante, presque imprévisible. En vivant un an en Inde, l’anglais s’est approprié une culture, une jeunesse, qui électrise chaque plan de ce Slumdog Millionaire.

Chacun son destin. Une histoire d’amour. Un drame. Une comédie. Un documentaire. Slumdog Millionaire, c’est tout ça. Croisant la force incroyable que représente la destinée dans la culture traditionnelle indienne, à tout ce que cela peut représenter de naïf dans nos cultures occidentales, Danny Boyle délivre un très grand film sur la faculté, la force, le courage d’accomplir l’impossible. Récompensé récemment de quatre Golden Globes, dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur, Slumdog Millionaire sera un concurrent sérieux dans la course aux Oscars. Sait-on jamais ce que la destinée lui réserve.

Le nationalisme hindou, une menace pour les chrétiens indiens ?

En Inde, la communauté chrétienne est la cible d’attaques perpétuées par des extrémistes nationalistes hindous partisans d’un pays hindouiste. Les violences sont telles que le Vatican appelle au calme et la communauté internationale demande au gouvernement central de résoudre le conflit entre les communautés.

Le 23 août 2008, Swami Laxmanananda Saraswati, dignitaire du Conseil Mondial Hindous et membre du parti politique, le Vishwa Hindu Parishad (VHP) est assassiné dans son ashram de Tumudibandha, avec quatre de ses proches. Âgé de 85 ans, Swami Laxmanananda Saraswati était connu pour son engagement contre les conversions d’Indiens au christianisme.

L’enquête policière conclut à un acte terroriste de la part des rebelles maoïstes, très actifs dans la région. Mais les extrémistes hindous accusent ouvertement les chrétiens d‘avoir tué un de leur représentants religieux. Débute alors une série d’incendies orchestrés par les nationalistes hindous à Orissa. Ils causent la mort de 35 personnes et détruisent 41 églises et des centaines de maisons appartenant à des chrétiens. Des attaques de plus en plus brutales et déterminées qui entraînent l’exil de milliers de villageois qui ont trouvé refuge dans les commissariats ou les forêts avoisinantes.

Un Pape à la rescousse

Le soutien du Pape Benoit XVI a donné une bouffée d’oxygène à la communauté chrétienne du pays, «Les propos du pape attirent l’attention du monde sur les problèmes d’une minorité qui ne peut pas se défendre seule» a déclaré le père Dominic Emmanuel, porte-parole du diocèse de Delhi. Les chrétiens ne se sentent plus totalement isolés et savent que la communauté internationale a appelé le gouvernement fédéral indien a sécurisé la région d’Orissa et les autres régions du pays pouvant être atteintes par des émeutes d’extrémistes.

Toutefois, le clergé catholique d’Inde n’en est pas à sa première attaque contre sa communauté. En 1999, le missionnaire Graham Staines est brûlé vif avec ces deux fils à Orissa. Plus récemment, à Karnataka, une cinquantaine d’hindous ont tenté de brûler la maison d’une famille catholique. Ces derniers ont été reçus par une escouade paramilitaire. Deux pasteurs et six paroissiens chrétiens ont tout de même été blessés lors de ces émeutes. Selon le quotidien Times of India, « sept églises et lieux de culte, ainsi qu’une maison de convertis, ont été mis à sac ».

L’année 2007 a été la plus meurtrière. L’Association de défense des chrétiens de New Delhi dénombre des centaines d’attaques contre leur communauté. Fin 2006, la ville d’Orissa a vu mourir cinq personnes assassinés par les extrémistes et deux-cent églises catholiques ou protestantes détruites.

Le 3 octobre 2008, jour de la commémoration du 139ème anniversaire Mahatma Gandhi, des centaines de chrétiens ont manifesté dans les rues de la capitale, New Delhi pour demander que cesse les violences à leur encontre à Orissa et Karnataka. La plupart, munis de pancartes aux slogans évocateurs : « Arrêtez de tuer des chrétiens innocents en Inde » ou « Nous devons vaincre la violence ».

Les principaux responsables

Malgré la loi admettant la liberté de religion dans la Constitution Indienne, deux partis politiques tirent leur épingle du jeu. Le Vishwa Hindu Parishad (VHP Association hindoue universelle) et le parti politique Bharatiya Janata Party’s (BJP Parti du peuple indien) prônent la suprématie des hindous et n’hésitent pas à soutenir des campagnes antichrétiennes pour emporter les élections.

Cette politique fonctionne. En 2007, le BJP a remporté quatre états indiens battant de loin le parti du Congrès (parti laïque et centriste indien). L’idéologie nationaliste hindoue appelée hindutva s’oppose au conversion au christianisme des dalits (les intouchables), des basses castes et les membres de tribus.

Suite à l’appel des chrétiens lors de la manifestation d’octobre dernier à New Delhi, la communauté internationale a appelé le Premier Ministre Manmohan Singh à mettre en place des mesures pour lutter contre les violences antichrétiennes. Malgré les centaines d’arrestations opérées par la police, tous se tournent vers la présidente Pratibha Devisingh Patil, qui doit intervenir au plus vite avant que la situation ne devienne incontrôlable.

ONU: Derrière la mission salvatrice se cachent des trafics d’armes

La mission officielle de l’Organisation des Nations Unies est le maintien de la paix dans les zones dîtes de conflits. Pourtant, derrière cette fonction salvatrice, l’ONU serait impliquée dans divers trafics d’armes et d’or en République Démocratique du Congo. L’affaire a été révélée dans une émission de la BBC le lundi 28 avril. Suite à une enquête de dix-huit mois, la chaîne britannique affirme que des casques bleus indiens et pakistanais auraient participé à divers trafics mêlant l’ONU à des milices rebelles de l’est du pays.

En 2007, la MONUC (Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo) avait déjà révélé des informations selon lesquelles des troupes de l’ONU, basée dans le nord-est du Congo auraient participé à des trafics d’armes et d’or en 2005 et 2006. L’organisation avait ensuite demandé à l’instance internationale d’engager une enquête interne. Enquête menée par le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) des Nations Unies, mais rapidement classée, faute de « preuves concordantes ».

La longue investigation de la BBC a permis de rassembler suffisamment de preuves et a permis de révéler que :
«Des soldats de la paix pakistanais, dans la ville de Mongbwalu (Est), ont été impliquées dans un trafic d’or illégal avec la milice FNI (Front nationaliste intégrationniste), leur livrant des armes pour qu’elle garde le périmètre des mines. Des soldats de la paix indiens opérant autour de la ville de Goma ont négocié directement avec les milices responsables du génocide rwandais, aujourd’hui présentes dans l’est de la RDC. Les Indiens ont échangé de l’or, acheté de la drogue aux milices, et, avec un hélicoptère de l’ONU, se sont rendus dans le parc national des Virunga, où ils ont échangé des munitions contre de l’ivoire.»
Véhicule blindé pakistanais de la MONUC (Mission des Nations Unis en RD Congo)

L’ONU souhaite enterrer l’affaire

Le Pakistan et l’Inde sont deux des plus gros contributeurs de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU. Il serait donc malvenus pour les Nations Unies d’écorner l’images de ces soldats de la paix. La BBC affirme que ses contacts internes à l’organisation internationale se sont vus refuser des informations pour « raisons politiques ». Suite à l’émission, l’ONU a démenti avoir couvert, pour raisons politiques, des trafics d’or et d’armes impliquant des Casques bleus indiens et pakistanais déployés en 2005 en RDC.

Le 2 mai dernier, la Human Rights Watch (HRW) vient se mêler à la fête. A travers une lettre au secrétaire général Ban Ki-moon, diffusée à la presse, l’organisation affirme que « des documents de l’ONU font apparaître que les allégations visant les soldats pakistanais et indiens ont été ignorées, minimisées ou remisées au placard par le Bureau des services de contrôle interne de l’ONU ».

Interrogé pour l’enquête de la BBC, le représentant du secrétaire général de l’ONU, Alan Doss, qui, outre la langue de Shakespeare, semble exceller dans la langue de bois a déclaré :
« Les chefs miliciens sont des chefs miliciens. Ils ont toujours leurs propres intérêts. Tout ce que je peux dire, c’est que notre enquête n’a pas confirmé ces faits ». L’affaire est loin d’être close.
Le drapeau des Nations Unies

Rajagopal se bat pour les droits des indiens pauvres

Rajagopal, leader des paysans sans terres indiens, était en visite à Montpellier pour expliquer son engagement et les conséquences de la mondialisation sur les plus démunis.

« On perd de plus en plus le contrôle de ce que l’on mange. » C’est par ces mots que Rajagopal P.V a entamé, mardi, sa conférence portant sur ses combats sociaux et les enjeux liés à l’accès à l’eau et à la terre, au centre d’études agronomiques SupAgro de Montpellier.

Il ne donne jamais son nom en entier. Juste deux lettres, P et V, pour ne pas que l’on connaisse sa caste. Depuis trente-cinq ans, en Inde, Rajagopal se bat pour défendre les droits des paysans et des plus pauvres. Il estime que les multinationales contrôlent l’alimentation par la mondialisation. « Nous avons trouvé des traces de pesticides dans le Coca Cola et le Pepsi, en Inde. Du coup, nous faisons pression sur le gouvernement pour qu’il interdise ces boissons. » Il raconte comment, au Chattisgarh, une grosse compagnie a acheté des terrains pour y construire une aciérie. Deux rivières ont été détournées pour fabriquer le métal. N’ayant plus d’eau pour irriguer, les paysans ont dû vendre leurs terres pour survivre. Les exemples comme celui-ci se multiplient. « Partout, en Inde et ailleurs, les gens luttent pour leur droit à l’eau », clame-t-il.

Pour tenter de faire pression sur les multinationales, Rajagopal propose plusieurs solutions. Tout d’abord, le boycott de leurs produits et la promotion des articles locaux. Ensuite, il faut aider les paysans à résister aux grosses compagnies. Enfin, un lobbying auprès du gouvernement permettra de changer les mentalités.

Le leader indien estime que lorsqu’on parle d’alimentation, on devrait parler du modèle de développement. Il en existe d’autres. Il cite le Mahatma Gandhi : « Pensez à la personne la plus pauvre rencontrée dans votre vie. Si l’action lui donne plus de pouvoir, c’est un bon programme. » D’après lui, le gouvernement peut appliquer cette idée, en y associant le peuple. En Inde, 70% des personnes travaillent la terre et 40% n’en possèdent pas. Rajagopal reprend : « en détruisant l’agriculture, on ne peut pas faire en sorte que ces gens aillent travailler ailleurs. Ils ne vont faire que remplir les bidonvilles ».

Pourquoi venir en Europe ? Rajagopal explique : « Le but est de renforcer les liens entre les pays. Nous avons besoin de la solidarité internationale pour continuer à avancer. » Avec son association Ekta Parishad, Rajagopal organise des Padyatra, marches de protestation non violentes (voir interview). Elle forme également des jeunes pour qu’ils comprennent qu’ils peuvent changer la situation, sans violence. « Quand ils retournent dans leurs villages, ils voient qu’il y a d’autres personnes qui vivent comme eux. Ils forment des groupes et font des actions contre le gouvernement. Il est très important que les jeunes agissent ». « Ne pas agir, c’est soutenir la violence », conclut-il.

Interview
RAJAGOPAL P.V Leader syndical des paysans indiens sans terre

« Le but est de créer du lien »

Quelles actions menez-vous en Inde ?
Je mène des actions de défense des droits économiques et sociaux depuis trente ans. J’ai créé, en 1990, le mouvement Ekta Parishad avec lequel je milite pour les droits des fermiers indiens sans terre, et plus largement pour les plus pauvres. La mondialisation les écarte des richesses. Nous voulons que le gouvernement les écoute et leur donne plus de droits. D’ailleurs, nous formons des jeunes qui deviennent des leaders. Ainsi, ils peuvent se défendre et s’organiser eux-mêmes.

Votre marche a rassemblé, en Inde, 25 000 personnes. Est-ce un succès ?
Oui, tout à fait. Nous avons organisé, fin octobre, une Padyatra (marche de protestation non-violente) qui a rassemblé 25 000 paysans sans terres à New-Delhi. Baptisée Janadesh (« le Verdict du peuple » en hindi), elle a permis d’avoir une représentation médiatique importante et internationale, ce qui a gêné le gouvernement. Et nous avons obtenu une réforme de la politique agraire.

Pourquoi venir en France ?
Les voyages permettent de créer des liens entre les pays du nord et du sud. Avec les padyatra, nous voulons amener plus de personnes à nous rejoindre et nous souhaitons obtenir des soutiens internationaux. Nous en avons besoin pour combattre le gouvernement et la mondialisation. Nous continuerons la mobilisation pour que la politique de mon pays change. Solidarité et justice sont au coeur du combat.

La difficile intégration des Roms de Béziers

Jean-Philippe Turpin, militant à la Cimade de Béziers (Comité inter mouvements auprès des évacués) fait partie d’un collectif de soutien aux quatre-vingts Roms installés à Revaut-le-Bas, sur la route de Maraussan, à l’est de Béziers. La plupart viennent des pays de l’ex-Yougoslavie et d’Italie. L’ABCR (Association biterroise contre le racisme) est également membre du collectif. Par ailleurs, Jean-Philippe Turpin dirige le Cada (Centre d’accueil des demandeurs d’asiles).

Une des interventions remarquables de la Cimade remonte au 17 mai 2006, jour d’une descente de police musclée où tous les hommes ont été embarqués privant ainsi leur famille (au sens large) de l’unique source de revenu. Le collectif a aidé les familles à organiser leur défense, à trouver des avocats et, au quotidien, à régler les problèmes administratifs et répondre à la survie élémentaire. Jean-Philippe Turpin témoigne : « La mairie de Béziers a, par exemple, la particularité de gérer elle-même la banque alimentaire mais prive les Roms de ses services. Nous sommes obligés de recueillir la nourriture par des associations pour la redistribuer. » Il a des mots très durs envers le pouvoir municipal. Le refus de Raymond Couderc, premier magistrat de la ville, de scolariser des enfants roms à la rentrée de septembre 2006 a conduit les familles au tribunal[ [Voir la réponse de Raymond Courderc, maire de Béziers ]]. « Les Roms n’en revenaient pas d’être de l’autre côté de la barre. » En plus, ils ont gagné !

Ignorants les règles de droit français, ils reçoivent des conseils juridiques et pratiques sur le mode de vie en France. Un d’entre eux, la trentaine et apatride, précise que ses origines sont indiennes. Il est né en Italie, ses enfants en France. « Le Rom veut travailler, mais sans papiers, c’est difficile. On vit des aides, souvent, je travaille au noir, pour les travaux de la maison, du jardin, ou dans les voitures d’occasion. » Il reconnaît que certains membres de sa communauté « volent pour pouvoir acheter du pain aux enfants. » Cela explique, sans doute, les tensions avec certains Gadjé (non-Roms). « Il y en a des bons, des mauvais, des racistes, comme partout. » Mais ils ne doivent pas oublier, conclut celui qui se présente comme gitan par commodité de langage, que les Roms « sont des humains, comme les autres. »

« Je dois rentrer chez moi ? Mais je vais partir où ? »

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Le collectif organise une réunion spécialement pour les Roms un mardi sur deux. L’occasion d’exprimer les doléances et pour les associations de tenter de faire avancer les choses. A l’ordre du jour, la question de la collecte de vêtements, l’avancée de la souscription ou encore la possibilité d’avoir un jardin devant sa caravane pour cultiver de quoi se nourrir. Le vendeur de voitures d’occasion au noir est présent. Il assure la traduction pour la communauté. Entre eux, ils parlent romani, la langue des Roms, mais aussi italien pour se rappeler où ils sont nés. Le ton monte lorsque Nadia Chaumont, chargée de la scolarité et membre de l’ABCR, explique qu’un enfant a été violemment frappé par de jeunes Roms à l’école. L’information n’est pas claire mais, vite, une femme rom se plaint du mauvais traitement que font subir les Gadjé à sa fille collégienne. Elle refuse d’envoyer sa fille au collège car elle a déjà commencé à fumer. La mère craint qu’elle ne passe bientôt au cannabis. Jean-Philippe Turpin rappelle l’importance de la scolarité des enfants, seul véritable moyen de prouver l’intégration des parents.

Là dessus, une mauvaise nouvelle. La préfecture serait sur le point de proposer aux Roms de rentrer chez eux par le biais de l’aide au retour volontaire. Cela concerne les habitants de Mercourant, sur la route de Bédarieux, de l’autre côté de la ville. La proposition vaut aussi pour ceux de la route de Maraussan et de Cantagale. Après échange, le traducteur gitan précise qu’aucun des siens n’accepterait cette offre. Apatride, il souligne, tout sourire : « Je dois rentrer chez moi ? Mais je vais partir où ? » Comme si chez lui, c’était au bord de la route de Maraussan. Et nulle part ailleurs.

Nucléaire, mon amour

S’il est un homme pressé, Nicolas Sarkozy n’en oublie pas ses priorités. Au terme d’une visite officielle de 36h en Inde à but « politique » les 25 et 26 Janvier derniers, le « routard » du gouvernement français ne rentre pas les mains vides. 100 millions d’euros de contrats dans le secteur de l’eau pour Suez ainsi que la priorité du marché de la modernisation des Mirage 2000 indiens. Et la cerise : un accord « de coopération dans le secteur du nucléaire civil ».

Le Nu-clé-aire. Sujet ô combien favori du chef de l’état qui qualifiait ce dossier comme un des «enjeux essentiels» de sa visite, dans un entretien accordé vendredi au quotidien Hindustan Times. Après la Libye, l’Algérie et les Emirats Arabes Unis, les pions du lobby nucléaire français s’emparent de l’Inde. Car avec 9% de croissance annuelle, elle représente un « eldorado » pour l’industrie atomique qui est, à ce jour, la seule énergie de substitution au charbon et au pétrole développées par les pays industrialisés.

Alors la concurrence est rude. Les Etats-Unis sont déjà dans la course par un accord similaire conclu avec l’Inde en 2005. Très présente dans l’atome civil indien, la Russie y voit également un débouché pour son industrie en pleine croissance.
Mais la coopération voulue par Paris dans le secteur de l’énergie nucléaire civile reste suspendue à la signature d’un accord entre New Delhi, qui détient la bombe atomique et n’a pas signé le traité de non-prolifération (TNP), et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Qu’importe, Sarkozy a promis que «la France serait l’avocate de l’Inde pour l’accès au nucléaire civil» . Présenté comme un transfert de technologie « propre », le modèle nucléaire français joue du réchauffement climatique pour exporter des procédés trop récents pour être maîtrisés. Qu’adviendra t’il des déchets radioactifs, thermiques et chimiques dont on reporte la responsabilité sur les générations futures ? C’est une autre conception du développement durable.