Ces menaces qui pèsent sur les traditions du Languedoc

Une communion entre l’homme et l’animal. C’est, en substance, la vision qu’ont les Languedociens de leurs traditions taurines. Des événements qui font la réputation de la région, avec en vedette, le taureau. Malheureusement, plusieurs accidents mortels ont endeuillé certaines fêtes. En mai, un enfant de 3 ans est mort à Saint- Martin-de-Londres. Du coup, la réglementation se fait plus stricte, remettant en question l’existence même de ces traditions. Mais pour élus, professionnels et aficionados, un seul mot d’ordre : préserver ce patrimoine. Une mission qui exige à la fois d’assurer la sécurité du public, mais également de le responsabiliser. De nombreuses communes s’attellent à la tâche.

toro1.jpg Abrivados, bandidos, encierros… Autant de mots qui évoquent le chant des cigales, la chaleur de l’été et le plaisir des vacances. Des manifestations qui rythment la vie des villes et villages de notre région. Une tradition au centre des débats depuis quelques semaines.

En effet, outre la dangerosité naturelle de ces événements où se côtoient taureaux sauvages, villageois et touristes, plusieurs obstacles menacent leur pérennité.

Ce sont d’abord les représentants de l’Etat qui ont décidé d’intervenir. Dans une circulaire datée du 20 mai 2009, Claude Baland, préfet de l’Hérault, a imposé une réglementation plus stricte en matière de sécurité.
Ainsi, banderoles, pétards et autres véhicules à moteurs sont désormais interdits sur le parcours des manifestations taurines. A cela vient s’ajouter l’obligation de mettre en place un système de barrière de type « beaucairoise » pour tout spectacle taurin. Des règles concernant avant tout les autorités locales et les professionnels.

Bon nombre d’entre eux, conscients du danger, ont depuis longtemps appliqué des mesures de sécurité similaires.Toro2.jpg « Les professionnels sont prudents, ils savent ce qu’ils risquent. C’est surtout le public qui doit faire preuve d’une vigilance accrue », affirme Laurent Martinez, président du club taurin de Saint- Jean-de-Védas, près de Montpellier. En effet, le risque vient non seulement de la manifestation, mais aussi des participants. Principal élément perturbateur : l’alcoolisation. Un phénomène est particulièrement visé : l’attitude des jeunes face à la boisson. Une réalité concernant aussi bien les manifestations taurines que les fêtes de villages qui les accompagnent.

La préfecture entend mener une politique stricte vis-à-vis de la vente d’alcool aux mineurs en renforçant les contrôles. Un espace de désalcoolisation doit également être mis en place.

La préfecture considère par ailleurs la multiplication des festivités locales comme « un facteur aggravant de la délinquance et de dégradation de la sécurité routière ». Ivresse au volant, drogue, bagarres, et même coups de couteau aux taureaux durant les lâchers, sont autant de débordements qui ternissent l’image de ces événements populaires. Solution proposée : concentrer la fête dans un seul espace éclairé et facile à surveiller. Les communes font parfois appel à des sociétés privés pour renforcer la sécurité.

Elus et professionnels insistent aussi sur la responsabilisation du public. Afin d’éviter les drames et protéger ces instants festifs, aussi importants culturellement, qu’économiquement.

Les bons élèves camarguais

Au pays du taureau, la fête est reine. Et pas question d’entendre parler de fin des traditions. « On est des pur-sang camarguais et les fêtes taurines font partie de notre culture », défend Sabine Gondran, responsable des animations de Saint-Gilles (Gard). « Nous connaissons bien le taureau et ses dangers, explique-t-elle. Nous avons imposé des règles pour encadrer le parcours des manifestations taurines depuis plusieurs années déjà ». Pour elle, c’est le comportement des touristes qui pose problème. « Ils ne connaissent pas les taureaux et ne savent pas comment réagir, ce qui cause parfois des accidents graves ».

Néanmoins, certaines communes camarguaises ont renforcé les mesures de sécurité, à l’instar du Grau-du-Roi. « Il y a eu plusieurs accidents ces dernières années, et ça engendre des restrictions. Nous avons mis en place la même réglementation que dans l’Hérault afin de limiter les risques », précise Frédéric Alcacer, en charge des fêtes taurines graulennes.

A Beaucaire, « la sécurité est un problème pris au sérieux depuis longtemps », insiste Françoise Vidal, adjointe à la culture taurine.
Mise en place de « beaucairoises », conventions imposées aux manades pour assurer la sécurité des participants, campagnes d’information pour sensibiliser le public. La ville n’a pas attendu une circulaire préfectorale pour sécuriser ses fêtes taurines. Une sécurité nécessaire pour préserver le patrimoine culturel de la région, même si elle fait débat. « Ce n’est pas la mort de la tradition comme beaucoup le disent, affirme Frédéric Alcacer. Mais la sécurité sera de plus en plus mise en avant ». C’est la rançon du succès.

beaucairoise.jpg

La « Beaucairoise » au coeur des débats


Imposer des barrières dites « beaucairoises », qui protègent le public (voir photo), est-il le meilleur moyen pour assurer la sécurité du public pendant les spectacles taurins ? En tout cas, cette décision préfectorale fait débat.

A Sérignan (Hérault), cette exigence remet en question la présence du taureau au cours de la feria d’été qui se déroule le dernier week-end de juillet. « Nos barrières ne sont pas homologuées, répond Jacques Dupin, le premier adjoint. Notre responsabilité est en jeu. Si nous ne trouvons pas les moyens pour financer le changement de barrières, pas de taureaux ! », continue-t-il.

Yvon Pellet, maire de Saint-Génies-des-Mourgues (Hérault) et fervent défenseur des traditions votives est plus catégorique. « On nous demande l’irréalisable, affirme-t-il. Chez nous, le parcours des fêtes votives fait cinq kilomètres. C’est simplement impossible pour nous de mettre des « beaucairoises » partout, d’autant plus que nous n’avons que trois employés municipaux ».

En connaisseur, Yvon Pellet propose d’autres solutions qui, selon lui, sont plus adaptées aux traditions locales. « Pour plus de sécurité, il faut d’abord limiter le nombre de passage à un. Plus il y a de passages plus les risques se multiplient, défend-t-il. Il faut aussi interdire les attrapaïres ou au moins les contenir pour ne pas qu’ils essayent de faire échapper le taureau ».

Il conclut : « Les règles mises en place par la préfecture sont promulguées par des technocrates. Ils ne sont pas en phase avec nos traditions et c’est ça qui menace notre patrimoine ».

Des Grandes vacances sur fond de crise

Camping en famille, ou parasol sur les plages des Baléares. A quelques jours du coup d’envoi des grandes vacances, le mot d’ordre pour les Languedociens c’est cheap (bon marché). Dans la plupart des agences de voyage de la région la tendance est claire: destinations, budget moyen, nombre de réservations, tout indique que la crise est bien là.

Destinations : la part belle à la Méditerranée


Les Languedociens ont fait leurs choix : cette année pas de folies pour l’été. Les vacances en famille sont privilégiées.
La France devient une destination à la mode et les campings font le plein. Les trajets en avion enregistrent quant à eux de fortes baisses. Les vols long-courriers sont délaissés au profit des moyens voire des court-courriers.
Pour ceux qui choisissent de partir, ce sera le bassin méditerranéen. La Grèce, l’Espagne, la Tunisie et la Turquie se démarquent des autres destinations. Quelques valeurs montantes se précisent à l’image de la Corse, du Portugal ou encore de l’Irlande. Des séjours moins loin et donc moins chers.
En ce qui concerne les escapades plus lointaines seuls les voyages vers la République Dominicaine et les États-Unis gardent la côte.

Budget : une légère tendance à la baisse


Si les habitants de la région partent moins loin, ils partent moins longtemps et dépensent moins aussi. La crise est passée par là. Les familles qui restent en France investissent entre 200 et 400 euros par personne pour leurs locations de vacances.
Pour les chanceux qui s’envolent vers d’autres horizons, les budgets sont variables, mais ils sont en baisse par rapport aux dernières années. Les séjours les plus populaires coûtent entre 500 et 800 euros par personne. Les formules low-cost restent en tête des ventes.

Réservations : mot d’ordre « dernière minute »


Selon les professionnels, le phénomène est spécifique à cette année. Les clients réservent moins et se décident au dernier moment. L’influence d’internet a particulièrement changer le comportement des vacanciers. Ils guettent les promotions avant tout, et ne prévoient leurs départs que dix à quinze jours à l’avance.
Pour de nombreux voyagistes l’important aujourd’hui n’est pas tant la destination que le prix. Internet propose régulièrement des séjours en solde et pousse les clients à attendre pour se décider pour telle ou telle formule.
Cette attitude a demandé une adaptation de la part des agences, ce qui explique entre autres la multiplication des offres promotionnelles.

Bilan : la crise joue les trouble-fêtes


Le constat est plutôt mitigé pour les voyagistes. Après avoir enregistré de bons chiffres au premier trimestre 2009, l’été s’annonce plus difficile. Les réservations sont en baisse, le chiffre d’affaire également surtout pour les petites enseignes.
Les effets de la crise se font ressentir dans de nombreuses agences, même si l’été reste une période creuse. Elles attendent l’automne et espèrent de meilleurs chiffres.
Toutefois, tout n’est pas si mauvais. Les « beaux dossiers », réservés aux plus aisés, se portent bien. C’est le cas des séjours sur mesure qui connaissent un bel essor. Il faudra aussi guetter les bonnes affaires qui risquent de fleurir dès septembre.

Georges Frêche voit la vie en rose

Malgré « une situation économique très difficile » prévue en 2009, voire même en 2010, le président de la région Languedoc Roussillon a tenu à communiquer à chacun, hier mardi 20 janvier 2009, ses intentions et ses espoirs pour les années à venir.

Le parc des exposition paré des couleurs de la région est empli d’une assemblée venant au spectacle. Pile à l’heure, Georges Frêche fait son apparition pendant que le DJ lance la célèbre Foule Sentimentale d’Alain Souchon, histoire de donner le ton d’une cérémonie de vœux qui sera tout en émotion et plutôt clémente pour les adversaires politique.
L’élu régional choisi tout d’abord de se démarquer avec humour de l’État qui « en Languedoc Roussillon, ne s’intéresse qu’à Marseille » et même de tout bord politique en prônant une activité régionale pas de gauche ni de droite.
Pour sa région, il assure « vouloir refonder complètement l’économie », pour laquelle quatre secteurs sont prépondérants et à développer : la viticulture car « si on perdait la vigne on perdrait notre âme » ; le bâtiment et les travaux public ; l’artisanat ; et bien sûr le tourisme. Sur ce dernier point, il est intarissable, et flatte l’orgueil de l’auditoire en vantant les beautés du Sud de la France.
« Tout le reste est à supprimer » affirme-t-il, car bien que certains secteurs survivent encore, les habitants du Languedoc Roussillon doivent utiliser leur intelligence et leur brillance pour faire table rase du passé et apprendre d’autres métiers, se lancer dans d’autres secteurs en s’appuyant sur les pôles d’excellence de la région.
C’est un Georges Frêche conscient des enjeux du 21ème siècle qui présentait ses voeux hier soir, jonglant avec une certaine habilité avec la mondialisation, les pôles d’excellence, le haut débit et les nouvelles technologies.
Pourtant, en plus de cinquante minutes de discours, il parvient à placer à plusieurs reprises que la situation sera très délicate en 2009.
Enfin, il termine son intervention par un hommage à Barack Obama, Président des États-Unis tout fraichement assermenté, aux Américains morts pour la France et à ceux qui se battent pour un monde plus juste : « Tous ensemble, nous sommes une force immense, qui finira par vaincre ».

La Frêche atittude

Mais un discours de Georges Frêche, c’est avant tout une représentation. Au-delà de toute considération idéologique sur ses propos, il est un homme qui se revendique proche des citoyens et qui se targue de leur parler avec un langage qu’ils comprennent. Son franc-parler conjugué à son culot donne souvent des phrases mémorables. Morceaux choisis :

 « Comme le disait mon ami Mao, on ne peut compter que sur soi »

 « Un chef d’entreprise, qu’il soit Français, Parisien ou Toulousain… »

 « Si vous attendez que Jospin ou Fillon créent des emplois à Montpellier ou à Nîmes, vous pouvez encore attendre longtemps, ne vous faîtes pas d’illusions »

 « Sarkozy, j’ai rien contre, j’ai pas voté pour lui je vous le dis, mais bon… »

 « La conclusion, je la mettrai sous l’égide de mon ami Alexandre, Alexandre le Grand »

 «  Il n’y a que 20 % de la population qui n’est pas entre les rails et la mer, si ça continue dans 10 ans quand on leur enverra des cars, on leur mettra des plumes et ils danseront, comme les Navajos en Arizona »

Montpellier fête la culture en 2009

Montpellier n’est pas Paris. Si « Tout Paris » il y a, tout n’est pas à Montpellier. Mais dans la capitale du Languedoc, dans cette cité à la vie douce et au soleil généreux, une culture, modeste mais altruiste, tend à se développer. En 2009, concerts, exercices scéniques et festivals alimenteront les lieux culturels de la ville, du Kawa Théâtre à l’Esplanade du Corum en passant par le Rockstore, donnant corps et âme à une ville qui aime se nourrir de culture.

Concerts : Lenny Kravitz et Indochine en tête d’affiche

En tournée pour « It’s time for a love revolution« , Lenny Kravitz (photo) sera l’atout majeur du Zénith de Montpellier et se produira, lui et ses ray-ban, le 28 avril sur la scène de Grammont. LENNY_KRAVITZ.jpg Dans le domaine étranger, Montpellier nous réserve d’ailleurs quelques belles surprises : Ayo (18 janvier au Corum, soul-funk-reggae allemand) Fall Out Boy (14 mars au Zénith, pop-punk-rock américain) et Ska-p (27 mai au Zénith, ska-punk-rock festif espagnol). Côté français, hormis Indochine (16 novembre au Zénith) qui s’affiche un peu partout en France, citons sans ordre de talent Julien Clerc (28 janvier, Zénith), Gojira (6 février, Rockstore), Debout sur le zinc (11 février, Rockstore), Patrice (21 février, Rockstore), Erik Truffaz (26 février, J.A.M), La Ruda (26 mars, l’Antirouille), Benabar (27 mars, Zénith), La chanson du dimanche (2 avril, Rockstore) Fatal Picards (24 avril, Rockstore), Babylon Circus (1er mai, Rockstore), Tryo (2 mai, Zénith), Thomac Dutronc (16 mai, Zénith) et Superbus (3 décembre, Zénith).

Exercices scéniques : du rire, des larmes… sans Dieudonné

Encore une fois, les théâtres de Montpellier afficheront des programmes riches et variés : « De Gaulle en mai » (du 20 au 24 janvier au Théâtre des Treize Vents), « Le clan des divorcés » (le 30 janvier à la Salle bleue), « Vive Bouchon » ( jusqu’au 28 février au Kawa Théâtre), ou encore « Les hommes viennent de Mars et les femmes de viennent de Venus » ( le 19 mai au Corum). Côté humour, Montpellier attire les meilleurs one-man-show du moment : Nicolas Canteloup (25 mars, Zénith), Franck Dubosc (28 mars, Zénith), Valérie Lemercier (31 mars, Zénith, photo) et Gad Elmaleh (10 et 11 décembre, Zénith). lemercidr.jpg Du rire pour 2009 donc, et non du négationnisme refoulé. Montpellier vient en effet de nous gratifier de sa première (bonne) résolution de l’année : déprogrammer Dieudonné, trublion médiatique inintéressant, du Kawa. Une décision qui fait date, et qui inscrit la ville comme une âpre défenseur du devoir de mémoire.

Festivals : la culture sous toutes ses formes

Chaque année, Montpellier met en exergue ses festivals pour une diversité et une densité exceptionnelle : cinéma (Festival chrétien du cinéma en février, Festival ciné Montpellier en mars, Cinéma sous les étoiles en août, Festival cinéma méditerranéen en octobre), sport (Montpellier danse en juin-juillet, Battle of the year en avril, Festival international des sports extrêmes – FISE – en mai) ou encore musique (Festival de Radio France en juillet, Electromind en juillet, Les internationales de la guitare en septembre). A ceci s’ajoutent les manifestations culturelles suivantes : Printemps des poètes en mars, Comédie du Livre en mai et Quartiers Libres en septembre qui dynamisent et étayent la vitalité culturelle de la ville.

Programmation Rockstore
Programmation Kawa Théâtre
Programmation Théâtre des Treize Vents
Programmation Opéras Montpellier
Programmation Musée Fabre

Ambiance morose à La Poste

Partout en France des manifestations contre le changement du statut de La Poste et l’ouverture de son capital à hauteur de 30% avaient lieu ce samedi après-midi. Depuis quelques mois, cette mesure faisant craindre une privatisation à terme est envisagée afin de trouver des financements supplémentaires à l’entreprise devant, dès 2011, faire face à la concurrence, selon la direction. A Montpellier, c’est au Peyrou que le comité intersyndical avait mobilisé ces troupes (et les usagers) quelque peu moroses.

Plusieurs centaines de personnes étaient présentes mais moins que prévues, resteront dans la camionnette CGT nombre de drapeaux, l’arrivée du bus retardataire des Biterrois n’y changeant rien. A 15h20, les différents bataillons syndicaux et politiques jusque-là dispersés devant l’Arc de Triomphe se rejoignent et entament la marche. Tout y est : djembés, tracts, postiers en uniforme réglementaire, sifflets, haut-parleurs scandant des morceaux bien choisis : « les postiers allez allez allez, non non non à la poste privatisée » et pourtant ça ne prend pas et on n’insiste pas tellement pour que ça prenne. La masse aérée avance d’un pas apathique, les regards sont peu concentrés, certains discourent même des élections du PS de la veille, le volume sonore du cortège anormalement bas dans différents points du cortège le permettant.
L’itinéraire s’achève devant le Théâtre place de la Comédie. Là tous s’arrêtent net et écoutent religieusement le discours du comité rappelant les fondamentaux de la mobilisation : « défense du service public », « La Poste, outil de solidarité et d’égalité sur le territoire », « la privatisation, elle ne se négocie pas, elle ne s’amende pas, elle se combat», « nous les ferons plier » entre lesquels s’intercalent des applaudissements francs et enthousiastes. Car si vous voulez les voir s’animer nos postiers, il existe des mots magiques : « usagers », « service public », « rentabilité » qui tournent en boucle bien avant « baisse des effectifs » et « précarisation ». « L’ouverture du capital de 30% même au profit de la Caisse des dépôts, c’est du pipo! A terme La Poste sera privatisée, dès lors s’engagera une dynamique de rentabilité dont l’effet concret sera par exemple l’augmentation du prix du timbre » commente Francis Viguié, conseiller municipal LCR à Montpellier. Un facteur CGTiste renchérissant « Les activités non-rentables disparaissant comme certaines tournées ou agences, comment feront les personnes âgées qui habitent les campagnes pour aller retirer de l’argent ? Le service public, c’est tout public, personne ne doit être mis de côté ». « Le facteur, c’est un lien social, aussi bien en campagne qu’en ZUS (zone urbaine sensible) où je travaille à Montpellier. D’ailleurs, les usagers nous soutiennent à 95% mais ils ne se sont pas déplacés » regrette Brigitte. L’absence des usagers mais aussi des élus aura certainement porté un coup au moral des troupes, mais peut-être pas assez pour démobiliser lors de la prochaine étape en décembre lors de la remise du rapport Ailleret sur l’avenir de l’entreprise encore publique.

La bataille des langues régionales continue

Adoptée le 21 juillet, une loi constitutionnelle stipule l’appartenance des langues régionales au patrimoine français. Mais il reste à faire….

« Il y a un vrai débat sur les langues régionales et d’ailleurs, il n’a jamais été aussi fort », constate le vice-président de la Région Languedoc-Roussillon, également délégué à l’Occitanie, Éric Andrieu. En effet, l’inscription dans la Constitution révisée des langues régionales «au patrimoine de la France », attise la controverse.

Dans un communiqué datant du 12 juin, l’Académie française accusait les députés d’avoir « voté un texte dont les conséquences portent atteinte à l’identité nationale ». Ce texte « n’a pas sa place dans la Constitution », estimait l’Académie. L’insertion sur les langues régionales devait initialement précéder l’article 2, stipulant que « la langue de la République est le français ». D’où le mécontentement de l’Académie française qui dénonçait alors « un déni de la République et une confusion du principe constitutif de la Nation ». L’amendement a finalement été inséré en l’article 75-1 de la Constitution.

Eric Andrieu reste prudent

Cette intégration est un « acte fort », juge le délégué à l’Occitanie. Satisfait du vote parlementaire, il avoue cependant un « amer regret » quant à la position du Sénat qui s’était prononcé contre la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution, le 18 juin dernier. « Nous ne sommes pas dupes et nous savons que les compétences risquent d’être transférées vers les collectivités territoriales : le fait que la reconnaissance des langues régionales soit insérée à l’article 75 et non suite à l’article 2 illustre une volonté politique », analyse Éric Andrieu.

L’auteur de l’amendement, le député UMP des Côtes-d’Armor, Marc Le Fur, a déjà justifié la position de l’assertion dans le quotidien breton Le Télégramme, arguant que « dans la Constitution, tous les articles se valent juridiquement ».

Dans un phrasé imagé, le président de l’institut Estudis Occitans de Toulouse, David Grosclaude, prévient : « Pas question de refiler le bébé aux collectivités locales ! ». Une manifestation est déjà prévue à Carcassonne le 24 octobre 2009, à la veille des élections régionales.
« Ce que nous attendons c’est une généralisation de l’offre au niveau de l’enseignement et une reconnaissance dans la vie publique », explique David Grosclaude.

Maintenant que la base constitutionnelle est posée, reste à attendre le menu législatif qui viendra concrétiser le texte.

Oyez oyez, les troubadours sont dans la place !

Troisième édition du festival « Les troubadours chantent l’art roman en Languedoc-Roussillon ». Du 11 mai au 28 octobre 2008.

Pour sa troisième édition, le festival a retenu le thème « Orient et Occident ». Financé par la Région et en partenariat avec le réseau culturel Terre catalane et le centre Lo Cirdoc, l’ensemble des manifestations est avant tout le fruit du travail de près de cinquante artistes, unifiés tant par le label Trob’art Productions que par leur amour commun de la mélodie et du verbe.
Les jongleurs de mots présenteront plus de quarante concerts, dans des langues et avec des instruments aussi variés que méconnus : bombarde, chalémie, vielle ou harpe… Les chantres de l’amour courtois feront vibrer cloîtres et ciels dans les cinq départements du Languedoc-Roussillon. Aubades et sérénades seront jouxtées de conférences et d’expositions sur l’art de trobar et plus largement sur le Moyen-âge de notre région. Des rencontres pédagogiques sont également prévues.

La langue, matière première des bardes et ménestrels

Ladino, galicien, langue d’Oïl et langue d’Oc seront mis à contribution. En pleine période d’ébullition entre 1100 et 1130 en Limousin, l’art de trobar se répand en Aquitaine et simultanément en Provence et en Languedoc. La magie linguistique opère ensuite dans le bassin méditerranéen, en Italie puis en Espagne et au Portugal avant de traverser les eaux et les temps.
Bien que son identité s’unifie dans la langue d’Oc, il est dans la nature du troubadour de s’ouvrir à d’autres champs lexicaux et franchir les ponts idiomatiques. Ce qui offre aux héritiers de Guillaume IX de Poitiers des possibilités sonores et sémantiques toujours plus novatrices, comme en témoigne le spectacle Troubadours caravane.


Gérard Zuccheto, directeur artistique du festival

« Trouveurs de mots et de sons uniques »

Entretien avec Gérard Zuccheto, directeur artistique du festival. Troubadour depuis 1981.

Comment définiriez-vous l’entité « troubadour » ?
« D’abord par son étymologie. « Trobar » en occitan signifie trouver au sens d’inventer. Le troubadour trouve des mots, des sons et des mélodies uniques ; il ne se répète pas. Sa poésie peut être chantée ou parlée. Il y a aussi une très forte identité culturelle des troubadours unifiée par la langue d’Oc. Au delà, les troubadours véhiculent des valeurs laïques et humanistes. Leur art est fondé sur la notion essentielle de liberté. Ils portent un regard critique sur la société et sur le pouvoir politique et ils ne connaissent pas la censure. Se moquant des limites géographiques ; ils peuvent se retrouver à n’importe quel endroit du monde pour se rencontrer et échanger leurs interprétations.

Comment cet art du Moyen Âge survit-il à la modernité ?
Il y a aujourd’hui un réel intérêt pour cet art, d’abord pour la rythmique et la modernité des textes et des thèmes abordés. Les sujets sont sociétaux. Concernant l’amour ou plus largement le sentiment amoureux, les troubadours considèrent que les hommes et les femmes sont égaux dans la société et qu’ils doivent donc entretenir des rapports basés sur l’équité. L’homme se demandant d’où il vient trouve des pistes de réponses dans l’art de trobar, qui survit à la modernité. Ce sont les troubadours qui ont inventé le rap, et le slameur Grand corps malade est un troubadour. Il y a à l’heure actuelle une vraie demande à laquelle nous tentons de répondre.

Quelles sont les particularités de ce festival ?
Evidemment les lieux magnifiques où nous nous produisons ajoutent aux représentations une dimension émotionnelle et acoustique exceptionnelle, par exemple le site médiéval de Cabrerolles. Les troubadours font souvent allusion à l’art architectural, pictural, ou sculptural. Par exemple Bernard Marti, « le peintre », ou encore Arnaud Daniel, le « sculpteur de mots et de sons ». On trouve dans l’histoire des troubadours une tradition orale mais aussi manuscrite, comme en témoignent les enluminures. Ici, l’art roman sera à l’honneur et c’est la spécifité du festival, mais ce sont surtout la qualité et la diversité des artistes mobilisés qui participent à la richesse et au caractère atypique de la manifestation. »


Rencontre avec Sandra Hurtado-Ros du duo Erransa

« J’ai eu un coup de foudre mélodique »

Erransa...Sandra Hurtado-Ros fait partie du duo Erransa avec Véronique Condesse-Bonnevide qui l’accompagne à la harpe. La musicienne chante depuis plus de vingt ans, et cela fait maintenant six ans qu’elle prête sa voix de soprano à l’art de trobar : « J’ai toujours aimé la musique, toutes sortes de musiques. Mais en découvrant l’art de trobar, j’ai eu un coup de foudre mélodique. » Au delà des attraits sonores et sensibles, elle a été attirée par les valeurs transmises par les troubadours : « l’égalité des hommes et des femmes dans leur condition humaine, mais surtout la communion, le fait que différentes cultures puissent ainsi se confronter et s’enrichir dans le partage et la convivialité. » Respect de l’être et respect de la nature sont aux fondements de l’art de trobar.
Lors du festival, Sandra chantera en vieux castillan, en ladino : « L’occitan étant très proche de l’espagnol, c’est comme si je chantais dans ma langue maternelle, et c’est un plaisir. » Les récitals seront donc l’occasion de découvrir le duo Erransa ainsi que les chansons séfarades interprétées par Sandra Hurtado-Ros. Issues de la musique populaire en vogue dans les communautés juives en Espagne avant la chute de Grenade en 1492, ces chants content le quotidien d’un peuple déraciné. A écouter sans modération.

Les entreprises « joueront le jeu» si l’Etat les aide

Jean-Louis Bouscaren est le dirigeant des incontournables auto-écoles ECF – Bouscaren. Il est aussi le président de la CGPME – LR, syndicat patronal des PME, et vice président du Conseil Economique et Social Languedoc-Roussillon.

Interrogé pour le Journal Midi Libre, il livre son avis sur les déclarations du président Sarkozy le 4 avril. En particulier sur ce qui le concerne : la redirection des aides aux entreprises en faveur des PME et des secteurs innovants en priorité.

«Ce n’est pas une surprise, mais cette déclaration va dans le bon sens. Maintenant que Nicolas Sarkozy l’a annoncé publiquement, il doit tenir ses engagements»…

Jean-Louis Bouscaren, président de la Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises (CGPME) en Languedoc-Roussillon, se montre satisfait.
Le chef de l’Etat souhaite recentrer les aides aux entreprises sur le secteur des PME et de l’innovation.

Jean-Louis Bouscaren
«Il semble avoir compris que ce sont les PME et les TPE qui créent l’emploi dans le pays. Les entreprises du Cac 40, elles, ont plutôt tendance à le tuer en délocalisant. Les structures patrimoniales prennent le plus de risques et sont les plus méritantes. Même lorsqu’elles se tournent vers le marché international, leurs racines restent en France. C’est là qu’elles versent leurs impôts.»

Echaudé par la récente décision de requalifier les Contrats Nouvelle Embauche (CNE) en CDI, Jean-Louis Bouscaren attend cependant des mesures concrètes :

«Nous souhaitons un allégement des charges, ainsi que la réduction des barrières administratives, qui sont contre-productives pour l’emploi».

La suppression des effets de seuils en fonction du nombre d’employés apparaît désormais comme une priorité pour la CGPME.

Le maire de Béziers sur les Roms : « Leur comportement pose problème »

Le maire est le plus proche élu des citoyens et mesure parfaitement les problèmes de sa commune. Raymond Couderc, qui entame son troisième mandat en tant que premier magistrat de Béziers, connaît bien évidement mieux que quiconque la situation des Roms et les difficultés que ces derniers provoquent ou sont supposés provoquer dans le Biterrois.

Où vivent les Roms de Béziers ?
Il y en a une partie qui habite à Cantagale, une autre à Revaut-le-Bas, c’est-à-dire sur la route de Maraussan. Ils se sont installés sur des terrains agricoles dans des zones inondables. L’installation ne s’est pas passée particulièrement bien et ils continuent de poser beaucoup de problèmes.

Subissez-vous des pressions d’élus ?
Pas des élus. Dans l’ensemble, il y a un certain consensus. En revanche, des gens en dehors de la mairie manipulent l’opinion en reprenant des idées d’extrême droite.

L’an dernier, vous avez refusé d’inscrire à l’école des enfants roms dont les parents habitent à Béziers.
Couderc.jpg
Je ne peux pas reconnaître qu’ils habitent là, c’est pas possible. Si je le reconnais, j’admets qu’ils sont en zone inondable. Imaginez qu’il y ait de fortes pluies et que ces gens soient emportés par la crue. On dira que le maire n’a rien fait pour les faire partir. J’ai donc refusé de les scolariser tant qu’ils étaient en zone rouge. J’ai été attaqué au tribunal administratif et, comme les textes indiquent clairement que l’on doit scolariser tous les enfants de la commune, j’ai cédé. Mais au cas où il y aurait un accident grave, je pourrais toujours me dire que j’ai fais le maximum pour l’empêcher.

Certains Roms veulent se sédentariser, pourquoi n’ont-ils pas accès aux HLM ?
On n’en a déjà pas pour les gens qui en demandent depuis longtemps ! Aujourd’hui, un quart des demandes de logements sociaux sont satisfaites après quatre à cinq ans d’attente, alors je ne vois pas pourquoi je privilégierais les Roms qui arrivent au dernier moment. Il faut un ordre, une justice, respecter une priorité.

« Ce n’est pas en venant à Béziers que leur problème sera réglé. »

Le problème se pose également avec la banque alimentaire.
C’est dans le même esprit que ce que je viens de dire. Si on leur donne tous les services, tous les avantages, pourquoi vont-ils aller s’embêter à trouver autre chose qu’en zone inondable ? Je ne veux pas faciliter, encourager les installations dans ces conditions. Les gens qui sont en règle, c’est normal qu’ils aient droit à quoi tout le monde a droit…

Comment les Biterrois perçoivent-ils les Roms ?
Très mal. En ville, leur comportement pose problème, ils pratiquent la mendicité avec insistance, ils ne restent pas en arrière mais vous accrochent le bras. Les personnes âgées sont très inquiètes, elles ont peur. Par contre, pour les enfants finalement scolarisés dans les écoles, je n’ai jamais eu d’écho particulier.

Les Roms sont souvent sans-papiers et ont l’impression d’être chassés, même de leur pays d’origine, en particulier après les guerres en Yougoslavie.
Ce n’est pas vrai, ils ne sont pas chassés, ils viennent de Roumanie. Leurs conditions de vie sont probablement plus difficiles là-bas qu’ici. Que les Roms de Roumanie soient mal vus chez eux, qu’ils aient les mêmes difficultés que les Maghrébins ici, c’est probable. Mais ce n’est pas en venant à Béziers que leur problème sera réglé. La ville est suffisamment en difficulté avec une population déjà très paupérisée, pas la peine d’en rajouter !

Les communes de 5 000 habitants doivent installer une aire d’accueil. Pourquoi n’y en-t-il pas à Béziers ?
La procédure est engagée depuis dix ans mais nous nous battons contre les associations de riverains qui ont fait annuler le premier permis de construire. On est allé jusqu’en cour administrative d’appel. Les recommandations qui nous ont été faites ont conclu qu’il fallait un terrain plus grand, donc il y aurait nécessité d’exproprier. J’espère que l’aire se fera si je suis réélu[[L’entretien a été réalisé avant la ré-élection de Raymond Couderc. Le 9 mars, il a obtenu 52 % des suffrages au premier tour de la municipale.]].

Le moyen de les intégrer est de construire ce fameux campement.
Justement, nous demandons le permis de construire et des demandes de subventions. Le Biterrois est une aire de grand passage. J’ai proposé que le camp soit sur notre ville à condition que l’État nous aide pour remettre en ordre le secteur de Cantagale.

Où sera le campement ?
À Cantagale, il y aura une dizaine d’hectares près de la RN 113. Les services de l’État, après avoir été enthousiastes, sont aujourd’hui très réticents, ils n’ont plus un rond. Il faut installer l’eau, l’assainissement et tout. Cela coûtera beaucoup d’argent, plusieurs millions d’euros.

Grâce à la mosaïque, David Dalichoux ne sera jamais sur le carreau

Place Gambetta, à côté de l’ancienne maison consulaire de Pézenas, David Dalichoux n’hésite jamais à ouvrir les portes de son insolite boutique en carreaux. Ici, tout est en mosaïque : les tables, les tableaux, Mickey et même… le scooter !

David_Dalichoux.jpgSur la mezzanine, un immense cadre avec plusieurs photos : David Dalichoux y pose avec le célèbre sculpteur César, « rencontré par hasard à New York », ou encore avec François Léotard qu’il a connu lors d’une exposition à Marseille. L’ancien maire de Fréjus lui a commandé sa salle de bain. Cependant, le cliché dont David est le plus fier est celui avec Jacques Chirac lorsque le Président de la république lui remet le titre de meilleur ouvrier de France en 1997. « J’avais 26 ans. Cette reconnaissance n’est que personnelle mais ça gratifie, les clients sont en confiance. » La même année, à la Sorbonne, le ministre de l’Éducation nationale, Ségolène Royal, lui remet le diplôme de mosaïste.

Ces distinctions prouvent que David est digne de la lignée familiale. Son arrière grand-père, mosaïste en 1910, reçoit, en 1925, la médaille d’or de « fabriquant de carreaux de mosaïque ». Son grand-père et son père l’initient très tôt à cet art ancestral au point qu’il commence presqu’au berceau : « tout petit, au lieu de faire des puzzles, je faisais des mosaïques ». Puis, il enchaîne avec 3 ans d’école à Narbonne, à la cité technique, un collège classique et professionnel où un de ses profs, un mosaïste italien, l’encourage dans cette voie. Sur ses conseils, David parfait sa formation à l’école de mosaïstes du Frioul à Spilimbergo, près de Venise. De retour en France, après quelques travaux de restauration, il expose ses oeuvres dans tout le département avant de s’installer à son compte. Le succès l’encourage et il ouvre son commerce, Mosaic’Arte, en 1993.

Scooter.jpg
« Je ne fais pas que de la mosaïque. Je conçois également des carrelages en ciment et je suis d’ailleurs le seul en France à en fabriquer » explique-t-il. Emporté par sa passion, David détaille les étapes techniques de son art : d’abord poser le diviseur – moule métallique qui dessine la forme – puis appliquer les couleurs, le ciment, le mortier, et placer dans la presse. Dans son immense atelier à l’extérieur de la ville, il en possède deux, d’une pression de quarante tonnes chacune. Un mois de séchage est requis pour finaliser l’opération. Son prochain carreau, une effigie de Pierre Richard, encadré dans une pellicule de cinéma : « ce sera pour faire une frise de salle de bain. Un de ses ami a croqué sa tête, je m’inspire de la caricature ». David connaît l’acteur de cinéma depuis près de dix ans : ils sont même devenus amis. La femme du comique se passionne aussi pour la mosaïque, elle a même aidé David et son employé à monter la fontaine de Mare Nostrum à Odysseum. « Georges Frêche est très attiré par la culture grecque, on le voit pour Antigone. Rappelons que les mosaïques datent de cette époque. Il m’a passé cette commande en tant que président de l’agglomération ».

« Papa, t’as eu beaucoup de médailles, toi »
Sa fille, Claire, 5 ans

L’ancien maire de Montpellier est l’exception : la plupart des clients de David sont des particuliers. L’artiste-mosaïste peut tout faire car pour lui, « impossible n’est pas français ». « Un couple m’a commandé une salle de bain alors qu’ils étaient de passage à Pézenas. Ils habitent New York. J’ai également livré une cuisine à un Sétois expatrié au Canada ou encore un Mickey des années cinquante pour une avocate de la région ». En ce moment, David travaille une mosaïque partiellement en or pour un client étranger. Pour limiter les coûts et gagner du temps, il reprend la technique de la pose indirecte, élaborée par le célèbre mosaïste italien Facchina à l’occasion de la décoration de l’opéra Garnier à Paris. Les tesselles sont collées à l’envers sur une toile de jute puis décalquées à l’endroit voulu.

MOF_Japon.jpg
Quand il finit une oeuvre, il ne s’y attache pas, ce n’est « que matériel » et oublie souvent de les prendre en photo. Malgré cela, son press-book témoigne d’une réelle reconnaissance. Malheureusement, la lignée familiale de mosaïstes s’arrêtera certainement avec lui. Ses deux filles, Salomée, 10 ans, et Claire, 5 ans, ne feront pas carrière dans les petits carreaux, même si elles aiment chiper des tesselles et façonner des dessous de plats pour leurs grands-parents. Elles admirent le travail de leur père, et la petite Claire répète souvent : « papa, t’as eu beaucoup de médailles, toi » ! David se passionne pour son art.

Son voisin de la place Gambetta, Éric Bourneil dit être un « bon copain » depuis qu’il a installé son atelier, Autour de l’arbre, à cinquante mètres de la boutique du mosaïste. Éric est compagnon du tour de France, tourneur sur bois et secrétaire de l’association créateurs et artisans de Pézenas. Avec David, ils font partie des trente-deux personnes à afficher fièrement, sur la devanture de leur boutique, l’écusson je conçois, je fabrique dans mon atelier. David participe aux réunions de l’association, pour être reconnu, et combattre le faux artisanat qui vient de Chine ou d’ailleurs.

David Dalichoux représente bien le symbole de l’artisan qui est aussi, et peut-être avant tout, un artiste.