« Le Bal des mots dits » : un instant de rock’n’roll à Montpellier

Ce vendredi 20 novembre, le Rockstore a donné la parole aux poètes de l’ombre avec « le Bal des mots dits ». Le chanteur Dimoné et ses comparses ont donné une nouvelle dimension au Rock Français.

Hey Bo

Bo Diddley, l’un des géniteurs du Rock’n’Roll a éteint son ampli une dernière fois le 2 juin 2008. Il est mort d’un arrêt cardiaque dans sa résidence à Archer, en Floride. Voyage au pays du bruit en hommage à celui qui en fut l’un des premiers explorateurs.

Le nom que Bo avait choisi (son nom de Baptême était Ellas Otha Bates McDaniel) fait référence à un instrument de musique de rue ; le Diddle. Cet instrument est la guitare des pauvre. Il s’agît d’un fil de fer tendu sur une caisse de bois. On gratte cette corde en y faisant glisser un goulot de bouteille (dit Bottleneck) pour en modifier le son, et ainsi accompagner le blues des rues. Le son qui en ressort n’est pas à proprement parler mélodique, mais il a un timbre, un relief. Quelque chose de particulier.

Fasciné par cet instrument, Bo s’en inspirera pour créer ses guitares, distribués par la firme Gretsch.

Gretsch Bo Diddley (1957)
Gretsch Jupiter Thunderbird (1959)

Bo était un créateur, un vrai. Il a introduit dans la musique ce rythme syncopé, cassé, qui apporte au rock toute sa rudesse et à la fois tout son coté dansant. Ce rythme, il l’inaugure dés son premier album en 1955, avec la chanson Bo Diddley :

Bo Diddley – Bo Diddley, 1955

Mais on ne doit pas seulement à Bo cette innovation technique au niveau du rythme. Il a avant tout révolutionné le rapport au son du Rock ‘n Roll, et ainsi créé les conditions d’éclosion d’un rock différent. Le Garage Rock avec notamment The Sonics dans la seconde moitié des années 1960, puis le Punk Rock à la fin des années 1970.

Bo Diddley – Hey Bo Diddley (début des années 1960)

A l’instar des peintres abstraits avec la forme, Bo va axiomatiser le son. Il va le faire exister en parallèle de le mélodie, parfois même à la perpendiculaire. Il va jouer avec les faibles possibilités qu’offrent les systèmes de sonorisations de l’époque. Il va pousser les reverbs et les trémolos dans leurs derniers retranchements. Il va jouer avec le larsen, qui dès lors, passera du statut d’ennemi à celui de compagnon de route, voir de meilleur ami du guitariste comme nous l’enseigne Jimi Hendrix :

Jimi Hendrix – Wild Thing (Live at Monterey, 1968)

Ce travail sur l’esthétique du son sera poursuivi. Ainsi, Link Wray, en 1958, souhaite durcir le son de la guitare Surf, il a alors l’idée de percer le haut-parleur de son ampli avec un tournevis. Le son sifflant, sale et nasillard qui en ressort est baptisé « Fuzz », et devient dès lors le son incontournable du Rock’n’Roll jusqu’à l’invention de saturations plus spécifiques.

Link Wray – Ace of Spades (Live 1997)

Plus loin du rock, des musiciens expérimentaux comme La Monte Young, et plus tard Glenn Branca vont construire en grande partie leurs travaux sur la texture du bruit. La Monte Young aura une large influence sur les New Yorkais du Velvet Underground :

The Velvet Underground – Black Angels Death Song (1967)

Plus tard, les Sonic Youth, progéniture spirituelle du Velvet, et leader incontestés de la scène Noise Rock américaine depuis plus de 20 ans vont poursuivre l’exploration. Ils branchent à leur débuts, des perceuses sur des pédales Wha-Wha par exemple. Leurs expérimentations bruitistes d’alors nourriront par la suite leur rock riche et intelligent.

Sonic Youth – Mote (1990)

Pour clore ce voyage et boucler la boucle, les correspondants anglais des Sonic Youth, [Jesus & Mary Chain-> http://www.myspace.com/jamcrocknroll
], rendent un hommage appuyé au grand père du rock bruitiste avec un somptueux Bo Diddley Is Jesus sur la compilation de faces B Barbed Wire Kisses(1988) :
J&MC – Bo Diddley Is Jesus

Nouveaux bombardements sur Motor City

Mick Collins, parrain de la nouvelle scène rock de Detroit ( White Stripes, Raconteurs, Von Bondies… excusez du peu ) sort un quatrième LP avec son gang. Les Dirtbombs nous assènent à nouveau une leçon bruyante de bonne conduite.

Detroit, terre de contraste… ville industrielle griseatre, «Motor City» siège de General Motors et de Ford, pourtant sinistrée économiquement, sinistrée socialement… mais hyperactive musicalement.

Iggy Pop lui-même n’hésite pas à le rappeler, Detroit, c’est la ville des Stooges (enfin, presque, le père Iggy n’aime pas trop les complications), mais c’est aussi celle du label Tamla Motown, qui définira le son de la musique noire à partir de 1959. Le rock et la soul. Les deux rejetons de blues. Les deux frères ennemis se rejoignent ici pour s’affronter, se confronter. Nul ne peut d’ailleurs contester le coté soul du plus grand groupe de Rock de Detroit, le MC5.

Les Dirtbombs chez le garagiste
Et bien les Dirtbombs, c’est ça. Entre autre. Parce que les Dirtbombs, c’est aussi, et surtout, un moteur entraîné par une double section rythmique. Une machine à Surround plus efficace qu’une Cadillac Eldorado traçant sur la Highway 66.

We have you surrounded, fait office de contrôle technique pour la machine. Dix ans après le premier album, on vérifie que tout va bien. C’est le cas. On retrouve les pièces classiques des Dirtbombs : gros son bourrin, affiné au refrain par un coeur très soul avec des titres comme Ever Lovin’ Man ; Leopardman at C&A ; Pretty Princess Day ou They Have You Surrounded. Poussé dans les tours, le moteur chargé au Stooges ( avec plomb ) rugit sur It’s Not Fun Until They See You Cry ou I Hear The Sirens. Sur Indivisible, Wreck My Flow ou Pretty Princess Day. On se verra contraint de détacher la ceinture de sécurité pour danser : toute résistance à ces rythmiques funky au gros son est impossible. Quand le soleil viendra à se coucher sur un horizon rougeatre, on se calera Sherlock Holmes, et sa longue montée planante.

Le pilote de l’engin, Mick Collins est noir. Et lui, les grandes lignes droite, ça ne lui plait pas tant que ça. Alors dans les années 1980, il décide de faire du garage-rock avec The Gories, son premier groupe, sans basse. Puis il décide en 1992 de monter les Dirtbombs, un side-project pour s’amuser, enregistrer quelques singles. Pour changer, il gonfle le moteur avec 2 basses, et 2 batteries. Finallement, l’énormissime son qui se dégage du capot des Dirtbombs le séduit. Il tentera de piloter cet appareil malgré un line-up des plus instables.

Il semblerait que depuis Dangerous Magical Noise ( 2003 ), le groupe soit parvenu à un équilibre. Ce qui ressort de ce We Have You Surrounded, c’est que le garagiste Collins a trouvé les bons réglages pour son Hot Rod.

Alors, nous n’avons plus qu’à leur souhaiter bonne route !

Etienne Daho « Je suis un électron libre. »

Etienne Daho est en tournée avec son nouvel album, « L’invitation », récompensé aux Victoires de la musique.

L’invitation parle d’amour, des ruptures sentimentales, mais aussi de l’apaisement. Vous vous inspirez de votre vie personnelle?
Je ne me suis jamais planqué. Toutes mes chansons renvoient à des personnes précises. J’ai vécu trois années très intenses, et j’avais beaucoup de choses à raconter dans cet album.
Le titre Boulevard des Capucines est un des morceaux les plus intimes…
C’est une lettre de mon père que j’ai adaptée. Il est venu me voir en 1986 à l’Olympia, pour la sortie de Pop Satori. À ce moment-là, je n’ai pas voulu le voir, je n’y étais pas préparé après tant d’années d’absence. J’ai fêté les 20 ans de l’album en 2006. Deux jours après le concert, j’ai reçu des lettres de mon père que je n’avais jamais lues, dont une qui évoquait l’Olympia. Ça m’a tellement remué que j’en ai fait une chanson. Il y en a qui remettent en place les choses. Celle-ci parle de pardon, de réparation. C’est délicat, parce que quand on parle de soi, on parle des autres. J’ai encore une mère qui est très secrète…
Dans quel courant musical se situe cet album?
Je suis un électron libre. L’invitation est un disque intemporel, il est différent de ce qui se fait aujourd’hui. J’essaie toujours de choisir des singles qui ne sont pas formatés. Je ne veux pas être mêlé à quelque chose de consensuel, et être rattaché à un courant particulier.
Plusieurs tendances ressortent de vos chansons. Qu’est-ce qui les unit?
Ce disque, c’est comme la vie, tous les coups sont permis. L’invitationa un côté flamenco, L’Adorer ou Obsession sont des titres plus soul. En fait, c’est moi qui fais la cohésion entre tous ces univers!
Pourquoi l’avoir enregistré dans plusieurs villes?
Je suis allé à Barcelone pour écrire, j’avais besoin d’isolement. À Ibiza, on a enregistré les voix. C’était un moment très apaisant, en petit comité. On a ensuite été chez moi, à Paris. Ma maison est tout en bois, elle sonne mieux qu’un studio. Et on a terminé par Londres, pour le côté Hollywood.
Vous avez choisi Brigitte Fontaine pour écrire la seule chanson qui n’est pas de vous, Toi, jamais toujours.
C’est une amie. Elle m’a raconté une anecdote qui m’a fait rire. Quand elle a rencontré son compagnon, la première chose qu’elle lui a dit, c’est «Toi, jamais». Et ils sont ensemble depuis 40 ans! Le texte qu’elle a écrit est surréaliste, poétique et très poignant.
Comment vous accueillent les gens à vos concerts?
Chaleureusement. Les gens sont tout aussi réactifs aux anciennes qu’aux nouvelles chansons, c’est une grande satisfaction. Rester coincé dans les tubes des années 80, ça aurait été un peu chiant…
Est-ce toujours facile de se renouveler?
Il faut imposer le renouvellement, et ça prend du temps. Le public adore les tubes, il y reste scotché. Mais moi, je suis trop mobile. Si je reste en place, je meurs!

Article paru dans le Midi libre du 26.04.08

Ania et le programmeur, premier album

Enfin! Tous les morceaux du groupe Ania et le programmeur bientôt réunis dans un premier album de 14 titres, à paraître en juillet.

Depuis 2005, ce groupe au nom improbable arpente les scènes de France, Allemagne et d’Italie. Paris, Belfort, Perpignan, Berlin, Milan, Brescia… une centaine de concerts flamboyants à leur actif. Il faut les voir sur scène pour prendre toute la mesure du phénomène. Le chant en français réveille parfois le fantôme d’un Bertrand Cantat. « Ce qui nous plaît dans la scène, c’est de pouvoir partager directement notre approche avec le public, c’est un peu bateau, mais c’est le moment où on se sent présent, pour nous mêmes et les autres ». Alternent les morceaux en français, anglais ou allemand. La musique tend vers la répétition absolue des mêmes paroles, des mêmes rythmes. Ce qui crée cet effet tourbillonnant. Hypnotique. La provocation se mêle à la poésie. Il flotte comme un parfum de décadence, le sentiment diffus de la fin d’un monde. La mélancolie sous-tendant les textes est sublimée par les rythmes électros balancés par Ania et la guitare ardente d’Henri. Perpétuel va-et-vient entre la brutalité rock et la puissance de la musique électronique. Souvent, une formule d’une extrême simplicité à l’origine des morceaux : « Je ne me souviens plus » ; « Pourquoi tu pleures ? » « Ich bin mude » ; « C’est super » ; « Juste toi et moi » ; « I’m not from London »… Suivie d’une fantastique cascade de sonorités. Attiré par les arts plastiques, le duo apprécie particulièrement la musique parce qu’ « elle offre plusieurs niveaux de lecture ; architectural, mélodique et sémantique ». Cette insatiable curiosité les conduit à se produire dans des galeries d’art contemporain ou à créer des bandes originales pour le théâtre et le cinéma indépendant (1). La réalisation de clips est en préparation. A quand un concert à Montpellier ?

(1) voir la superbe vidéo « Man Ray Speed Paint » sur YouTube
toutes les dates de concert sur www.aniaetleprogrammeur.com
www.myspace.com/aniaetleprogrammeur

Noise Rock à l’aigre-douce

Quelle alchimie lie le Japon, New York, et le rock alternatif ? Après Blonde Redhead et Cibo Matto, voilà Asobi Seksu. Citrus, leur second album sorti en 2006 est enfin disponible en Europe par le biais de l’honorable One Little Shop. Ce qui en réduit considérablement le coût et les délais d’attente.

Asobi Seksu ou la mondialisation heureuse. Une japonaise qui vit à New York et qui chante au sein d’un duo qui sonne incroyablement… britannique.
Asobi Seksu : James Hanna et Yuki

Asoby Seksu propose un rock gentiment noïse. Les 12 titres de Citrus sont à peu près tous composés de la même façon: une intro bruyante, un couplet plus doux où la voix se dandine sur la basse, un refrain où les guitares reviennent, et plus loin une montée qui finit sur une explosion.

Les saturations et les fuzz, la batterie punky-pop et la basse grasse viennent relever les mélodies hyper-mélancoliques, douceâtre, comme une touche de wasabi sur un maki au concombre.

Le chant est soit en anglais, soit en japonais. Ce qui peut avoir tendance à décontenancer. Le nippon n’étant pas vraiment la langue la plus adaptée au rock. Osons le dire, c’est même parfois un peu lassant, on aimerait plus d’énergie dans le chant, ou tout du moins quelque chose de plus abrupt. Ceci ajouté au fait que les pistes se ressemblent toutes rend l’ensemble un peu indigeste passé Red Sea, septième chanson, qui pourrait tout aussi bien être le final de l’album.

C’est une fois de plus de shoegaze qu’il est question, ici et même de brit-pop. En dépit de quelques sonorités pouvant rappeler les Sonic Youth ou plus encore les Smashing Pumpkins période
Siamese Dream / Mellon Collie and the infinite sadness, l’ascendance d’Asobi Seksu est bel et bien à chercher de notre coté de l’Atlantique. On citera évidemment My Bloody Valentine, mais aussi Stereolab, les 2 premiers Radiohead, et encore Echobelly (si quelqu’un s’en souvient…).

Sans être un mauvais disque, Citrus déçoit. On sent un réel potentiel d’arrangement, de travail de texture et d’atmosphère, mais un gros manque au niveau de la composition. Le duo n’en étant qu’à son deuxième album, tous les espoirs restent en tout cas permis pour l’avenir.

Digestion facile pour luxure noisy

Et s’il ne restait plus rien à inventer dans le Rock’N’Roll? Les 2 danois de The Raveonettes sortent un 4ème album sous influences, mais franchement écoutable.

Sune Rose Wagner et Sharin Foo
Non. Rien n’est original ici. Ni la pochette lounge qu’on croirait sortie d’un catalogue Ikéa, ni les guitares sur-fuzzées et sur-saturées, ni les voix éthérées qui se superposent. Même les dégaines sont déjà vues (respectivement chez Jesus & Mary Chain et Robert Smith pour Sune Rose Wagner, et chez Nico du Velvet Underground pour la chanteuse Sharin Foo ). Pourtant, on prend un certain plaisir à l’écoute.

La formule est simple. The Raveonettes propose une garage-rock très classique dans sa composition, mais très noisy dans sa facture. Les sons sont distordus à souhait, les aigus perçants, et les larsens sont utilisés comme nappe sonore quasi permanente.

Alors quand une des chansons s’intitule en plus « You want the Candy« , à qui est-ce que l’on pense? A Jesus & Mary Chains, évidemment. Tout y est, parfois à l’identique: mélodies, dynamiques, son, voix, reliefs… A partir de là, soit on considère que l’on a affaire à un odieux copié-collé, soit on se dit que l’on écoute un hommage. Il serait dommage d’opter pour la première option, car The Raveonettes, sur les meilleurs titres de l’album (Dead Sound; You want the candy; Hallucinations), montrent qu’il est possible de faire du J&MC presque mieux encore que les frangins Reid.

Passé ces quelques titres, et la chanson d’ouverture « Aly walk with me« , ballade western noise aux guitares zonardes qui laisse entrevoir des potentialités largement supérieure à ce qui suit, l’album est une pâte relativement homogène. Outre le très pénible « Expelled from love« , tout le reste se digère sans peine, mais sans que l’on n’y prête trop attention.

Alors où est le crime? Ce disque ne changera certes pas la face du rock à venir, mais l’ambition n’était pas là. The Raveonettes avec ce Lust Lust Lust, nous propose un des rares disques Shoegaze audible en fond sonore pendant l’apéro. Voilà qui devrait faire fureur à Greenwich village.

«Demain, on ira à la plage!»

Vendredi 8 février, au Secret Place, le fief caché de la TAF (L’association « Tout A Fond », organisatrice de concerts Rock), Underground Railroad s’est produit devant un public épars. Interview des trois frenchies expatriés à Londres

Bonsoir, pour commencer, pouvez-vous vous présenter?

Tous:On s’appelle Underground Railroad. Le groupe se compose de Marion, à la guitare et au chant, JB à la basse, et Raf à la batterie et au chant également.

Êtes-vous un groupe français ou anglais?

JB: On est un groupe français expatrié à Londres.
Raf: En 2006, nous avons sorti notre 1er album, «Twisted Trees» sur Dirty Witch, un petit label lyonnais. Ça c’est bien passé avec eux, mais nous n’avons pu bénéficier d’aucune presse, et de très peu de promo. Depuis, on a signé sur One Little Indian, un label anglais, avec qui on a ressorti l’album. Le disque est maintenant distribué dans toute l’Europe, on le trouve même dans les FNAC. On a ainsi pu faire 4 dates en première partie de Dinosaur Jr!

Vous êtes donc partis pour vivre de votre musique?

Marion: On ne trouvait pas forcément notre place sur la scène parisienne, on sonnait trop hardcore pour les groupes de pop, et trop Indie[[Rock Indépendant]] pour les groupes de Punk.
JB: En Angleterre, ce problème ne se pose pas, nous sommes bien accueillis sur la scène Shoegaze. On tourne avec des groupes comme Ipso Facto, ou John & Jehn, un duo français qui s’est aussi expatrié.
Raf: Côtoyer ces groupes nous permet de travailler le relief de notre musique.

Underground Railroad: Marion, Raf et JB dans la forêt...

Justement, vous avez joué beaucoup de nouvelles chansons ce soir, vous préparez un nouvel album?

JB: On part en studio en mars, le disque sortira en septembre 2008
Raf: Grâce à notre label, on peut partir enregistrer aux USA. Le producteur John Goodmanson, qui a travaillé avec Blonde Redhead, Bikini Kill ou plus récemment The Gossip s’est montré intéressé par notre projet. On va jouer dans un studio ou a joué Nirvana!

Au niveau de la composition, il semblerait que vous vous émancipiez de l’influence des Sonic Youth?

Raf: C’est sûr, nos nouvelles compos sont plus mélodiques, plus influencées par le shoegaze.
Marion: On travaille plus les reliefs, l’ambiance, la dynamique de nos chansons
Raf: Nous avons beaucoup élargi nos influences, on a beaucoup écouté My Bloody Valentine, The Warlocks, The Liars, mais aussi le Velvet Underground, et des groupes expérimentaux et psychédéliques.

Vous étiez déjà venus à Montpellier?

Marion: Oui, on a avait déjà joué au Point Zero et au Peanuts, mais c’est la première fois qu’on joue avec la TAF

Pas trop déçus par le nombre de spectateur? (une bonne vingtaine d’individus…)

Raf: Non, ce n’est pas étonnant, on n’a pas vraiment d’actualité en ce moment…
Marion: On teste un nouveau tourneur en ce moment, on fait juste 4 dates en France.
JB: On a joué à la Flèche D’Or à Paris, à Besançon, à Montpellier ce soir, et demain à Castres… C’est toujours agréable de jouer à Montpellier, demain, on ira à la plage!

Docteur Francis & Mister Frank

L’ex-chanteur des Pixies reprend son nom de jeune fille pour revenir au Rock. Son dernier opus, Bluefinger, sorti dans l’indifférence quasi-générale à l’automne est censé mettre fin à une longue période d’errance de l’artiste dans son exploration de la « Countrage ».

En 2005 les Pixies se sont réunis pour une poignée de concerts. L’essai devait être transformé en studio, mais le projet a échoué : le chanteur Frank Black et la bassiste Kim Deal (The Breeders) ne se supportent toujours pas. Cette expérience aura pourtant eu un certain impact. Frank Black a repris son nom de pirate du temps des Pixies: Black Francis, et a repris goût au Rock’n Roll après une (trop) longue période consacrée à la « countrage ». C’est à dire de la Country jouée à la mode Garage.

Ce Bluefinger apparaît donc a priori comme une heureuse surprise

Malheureusement, la surprise retombe plus vite qu’un soufflé. Après une attaque très garage, sur un « Captain Pasty » à la voix rauque, le disque s’embourbe, et laisse une impression d’inachevée. On se prend à croire qu’il a été bâclé, sorti dans la précipitation pour bénéficier de l’engouement qu’avait suscité la reformation des Pixies.

Il s’agît pourtant d’un disque riche. Certainement trop. Dans ses meilleurs moments (« Threeshold Apprehension« ; « Angel comes to confort You« , « Discothèque 36« ; « Tight Black Rubber« ), on retrouve du Pixies: le clavier de « Alec Eiffel » par ci, une mélodie par là. Les relents country discrets ne sont finalement pas si déplaisant, ni même les cœurs féminins qui apportent par moment un curieux coté Soul.

Pourtant même ces titres-là manquent de liant, de finitions. Les refrains arrivent brutalement, des changements de tonalités surviennent n’importe quand, des passages surf-rock percent au milieu d’un refrain presque métal… On en vient à regretter que ces chansons n’aient pas été amputées d’une bonne minute.

Pour les 7 autres titres de l’album, on se perd dans des riffs à rallonge qui nous font complètement perdre le fil de la mélodie. La voix du chanteur a aussi pris un sérieux coup de vieux. On peine à l’identifier sur « Captain Pasty« , ses cris sur l’insupportable « You can’t break a heart and have it » sonnent douloureux. Sur presque tout l’album il parle en mélodie plus qu’il ne chante.

L’individu est prolifique. C’est là le moindre de ses défaut. Bluefinger est sa 18ème sortie depuis la séparation des Pixies en 1992. 18 opus dont 4 rien que pour l’année 2006. Bigre. Dire que cette pléthorique discographie est inégale relève d’un doux euphémisme.

En réalité, les afficionados des Pixies ne retiennent que ses 3 ou 4 premiers albums (Frank Black; Teenager of the Year; The Cult of Ray et à la rigueur Frank Black & The Catholics) et son live à France Inter dans l’émission de Bernard Lenoir : Black Session. L’artiste s’est ensuite lancé dans la « countrage ». Il aurait pu révolutionner le genre et devenir à la country ce que les Violent Femmes furent au Folk. Mais ça n’a intéressé que lui.

Il y a fort à parier qu’il en sera de même avec ce disque.