Le tour du monde de l’info #2

Si vous n’avez pas suivi l’actualité, voici un récapitulatif des événements internationaux qui ont marqué cette semaine.

Voyage du pape François en Asie

Le pape François s’est rendu lundi 27 novembre en Birmanie. La répression des Rohingya était l’un des dossiers clés de sa visite. Pourtant, dans le discours qu’il a fait mardi 28 novembre, aux côtés de la dirigeante birmane et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, il n’a pas prononcé le mot « Rohingya », mais s’est cependant ému à plusieurs reprises du sort réservé à la minorité musulmane. Il a estimé par ailleurs que l’avenir de la Birmanie passait par « la paix », fondée notamment sur « le respect de tout groupe ethnique et de son identité » rapporte le journal L’Express. Jeudi 29 novembre, le pape est arrivé au Bangladesh où il a rencontré le lendemain, 18 réfugiés Rohingya qui ont fui la Birmanie. Ce n’est qu’à l’issue de cette rencontre qu’il a prononcé publiquement le nom de cette communauté persécutée : « La présence de Dieu s’appelle aujourd’hui Rohingya » a-t-il déclaré. Il a enfin demandé à la communauté internationale de prendre « des mesures décisives » pour résoudre cette crise.

Macron en visite en Afrique

Emmanuel Macron a, lui, entamé lundi 27 novembre sa première tournée en Afrique. Première étape : le Burkina Faso. Lors de son discours, mardi 28 novembre à l’Université de Ouagadougou, la capitale, il s’est adressé à la jeunesse pendant près de deux heures. Il y a notamment abordé les thèmes de la décolonisation et de l’émancipation des femmes, mais aussi les défis de la démographie et de la mobilité ainsi que la création d’un dictionnaire de la francophonie. Il s’est ensuite rendu en Côte d’Ivoire mercredi pour le sommet Afrique-Europe où il a plaidé pour des « opérations d’évacuation d’urgence » en Libye. Enfin, il a terminé par le Ghana, jeudi 30 novembre, où il a notamment salué à travers le président Nana Akufo-Addo, la réussite d’une nouvelle génération de leaders en Afrique « qui croit dans une nouvelle histoire pour l’avenir et la jeunesse ». Cette courte visite a aussi été l’occasion d’aborder la crise politique qui secoue actuellement le Togo, pays voisin.

Le prince Harry se marie

Difficile de louper cette info. Lundi 27 novembre, le prince Harry et Meghan Markle ont annoncé leurs fiançailles. Celle qui deviendra la femme du prince est une actrice et mannequin américaine de 36 ans. Le mariage devrait avoir lieu en mai 2018 d’après un communiqué diffusé mardi 28 novembre par Kensington Palace.

L’UE a voté le prolongement de l’autorisation du glyphosate pour cinq ans

Lundi 27 novembre, l’Union Européenne a voté en faveur d’une nouvelle autorisation pour cinq ans du glyphosate. Les 18 États favorables représentaient 65,71% des voix sur les 65% requis. La France a voté contre cette autorisation. Emmanuel Macron souhaitait en effet l’autoriser pour trois années supplémentaires seulement maximum. Tandis que du côté des organisations non gouvernementales (ONG) de défense de la santé et de l’environnement, c’est l’indignation. Les milieux agricoles, eux, se félicitent du pragmatisme d’un grand nombre d’États membres européens.
En France, le glyphosate est déjà interdit dans les espaces publics depuis le 1er janvier 2017 et le sera totalement pour les particuliers au 1er janvier 2019.

La Corée du Nord fait encore des siennes

Mercredi 29 novembre, à 2 h 48 heure locale, la Corée du Nord a opéré un nouveau tir de missile balistique, deux mois après le dernier en date, le 15 septembre. Pyongyang a affirmé dans la foulée être « capable de frapper la totalité du territoire américain », rapporte Le Monde. Le missile aurait décollé au Nord de la capitale Pyongyang, il aurait en 53 minutes, parcouru 960 km vers l’Est et atteint 4500 km d’altitude. Une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU s’est tenue mercredi après-midi. Selon le secrétaire général adjoint aux affaires politiques, Jeffrey Feltman, « le Conseil de sécurité doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher une escalade ».

Du nouveau dans l’affaire Trump-Russie : Michael Flynn avoue

« L’enquête russe » sur les éventuels liens entre l’équipe de campagne de Trump et les autorités russes en 2016, connaît un nouveau rebondissement. Michael Flynn, ancien conseiller à la sécurité nationale de Trump, a reconnu officiellement vendredi 1er décembre avoir menti au FBI sur le contenu de deux conversations téléphoniques avec l’ambassadeur russe alors en place, Sergueï Kislyak. L’acte d’accusation du procureur spécial indique cependant que Michael Flynn n’a pas agi de son propre chef en contactant le diplomate russe. Il aurait informé « de très hauts membres de l’équipe de transition » de Trump. Du côté de la Maison blanche, on soutient au contraire qu’il a agi de façon solitaire. Mais cette thèse risque d’avoir du mal à convaincre, d’autant que Trump agit depuis les prémisses de cette affaire comme quelqu’un qui craindrait des révélations, par exemple en pressant des responsables républicains de boucler rapidement l’enquête menée en parallèle par la commission du renseignement du Sénat.

Le Sénat approuve la réforme fiscale de Trump

Le Sénat a approuvé, samedi 2 décembre, le projet de réforme fiscale de Trump par 51 voix contre 49. Il s’agit de la première grande victoire pour le président. Le projet doit encore être fusionné avec celui de la Chambre des représentants, mais semble être en bonne voie pour aboutir. Le texte prévoit de réduire les impôts de 1400 milliards de dollars sur 10 ans. Cette réforme servira surtout les intérêts des entreprises : leur taux d’impôt sur les sociétés passera de 35 à 20%. Les entreprises vont aussi abandonner le principe de l’imposition mondiale des bénéfices au profit d’un système territorial. Concernant les particuliers, seuls les plus riches auront la garantie de voir leurs impôts diminuer. La classe moyenne, elle, verra les siens augmenter. L’imposition des auto-entrepreneurs est aussi abordée dans ce projet. Cette réforme ne s’attaque en aucun cas aux inégalités, pourtant criantes aux Etats-unis.

Möbius : love story sur fond de thriller financier

Grégory Lioubov, agent des services secrets russes, est chargé de surveiller les agissements de Rostovski un puissant homme d’affaire russe. Pour l’aider, son équipe recrute Alice une jeune surdouée de la finance qui devra jouer de ses charmes pour obtenir de nouvelles informations. Doutant de sa loyauté, Grégory Lioubov brise toutes les règles de la profession et entre en contact avec la jeune femme. Mais face à l’assurance et à la beauté d’Alice, Grégory cède rapidement à la tentation et une liaison naît entre les deux personnages au risque de faire échouer leur mission. 

« J’ai connu des agents très doués, qui en quelques secondes précipitaient leur perte et signaient leur arrêt de mort . »  [[Citation du film]]

Le film qui se présente comme un thriller financier n’en a que l’apparence. Les premières vingt minutes nous plongent certes dans le monde de l’argent et des manipulations boursières, mais rapidement les petites magouilles des traders russes et monégasques laissent place à l’intrigue principale : à savoir l’histoire impossible et interdite entre Jean Dujardin (Grégory Lioubov) et Cécile de France (Alice). 

Leur relation dangereuse est un peu le seul point de repère fixe qui reste au spectateur. Parce qu’au fur et à mesure de l’intrigue, l’histoire se complexifie davantage, à tel point que l’on ne sait plus qui travaille pour qui. Les services secrets russes sont sur le coup, mais aussi les services secrets américains, la CIA, ou encore la brigade monégasque de la répression des fraudes… Les gros bras de la finance et les organisations gouvernementales – officielles ou non – perdent rapidement l’attention du spectateur, quand le duo Dujardin/Cécile de France parvient heureusement à arrimer leur attention.

Au final, si l’on se passionne pour le film c’est parce que le jeu grandiose des deux acteurs nous tient en haleine. La séduction magnanime et leur passion impossible que l’on espère voir triompher à la fin du film sans savoir vraiment comment les deux pourront s’en sortir indemnes. Car aucun des deux ne dit la vérité à l’autre et tel est pris qui croyait prendre. La chute finale renverse l’histoire de fond en comble… sans trop en dévoiler bien sûr, le film vaut le détour mais ne vous en attendez pas à une nouvelle immersion dans l’univers des traders. Möbius se rapproche davantage des Liaisons dangereuses que de Margin Call.

« Avez-vous entendu parler du ruban de Möbius ? Si je prends cette bande de papier, je la fais tourner et avec cette demie torsion je joins les deux extrémités… (…) Il n’y a plus ni recto, ni verso. Il n’y a qu’une seule face, vous comprenez ? » [[Citation du film]]

L’étrange armée de Vladimir Poutine

Chaud devant ! Vladimir Poutine, vainqueur contesté des élections législatives russes du 4 décembre et très probable futur président de la République, dispose d’un soutien sans faille : celui de « L’Armée de Poutine ». Mais, alors qu’il est de plus en plus décrié, ses étranges soldats risquent de ne pas lui suffire à sortir la tête de l’eau.

Un soutien jeune et féminin

Des jeunes et jolies jeunes filles ont pris au pied de la lettre le slogan de campagne de l’actuel premier ministre, « Déchire pour Poutine ». Elles sont plusieurs centaines à poster des vidéos sur la toile dans lesquelles elles déchirent leurs vêtements, après y avoir inscrit au rouge à lèvre leur amour pour Poutine.
Un concours est même organisé sur Facebook. Un jury vote pour ses vidéos préférées et la gagnante remportera un iPad 2, véritable symbole de modernité dans un pays où eau potable et électricité ne sont pas encore raccordées à toutes les habitations.
« L’Armée de Poutine » n’en est pas à son premier coup d’essai. En octobre 2010, à l’occasion du 58ème anniversaire de leur homme politique préféré, des étudiantes en journalisme avaient posé pour un calendrier osé. A l’époque, Lena Gornostaïeva, miss Mars, posait en dentelle noire et proclamait : « Vous avez maîtrisé les feux de forêt mais moi, je brûle encore ».

Des élections contestées

Cela prêterait à sourire si la situation politique en Russie n’était pas aussi préoccupante. Selon une rumeur qui courrait sur Twitter dès le soir du scrutin, Poutine aurait donné l’ordre de ne pas trop gonfler le nombre de ses voix pour que le résultat paraisse moins suspect. Peine perdue. Les observateurs de l’OCDE [[Organisation pour la Coopération et le Développement Economique]] pensent que les urnes ont été bourrées de bulletins en faveur du parti de Poutine, Russie Unie. L’organisation dénonce également une « concurrence limitée et non équitable » et le « le manque d’indépendance des autorités électorales et des médias ».
L’ONG russe L’Observateur Citoyen fait le même constat. Sur les 176 bureaux de vote étudiés, le taux de participation a été gonflé (41.5% contre les 61.1% officiels) et le nombre de voix des partis concurrents largement diminué. Le Parti Communiste aurait ainsi obtenu 25% des voix, contre les 19.1% annoncés par le pouvoir et le parti de centre gauche Russie Juste 21% contre les 13.2% officiels.
Des vidéos amateurs circulent sur Youtube, où l’on voit clairement que l’encre des stylos mis à disposition des votants est effaçable. De quoi aider à falsifier davantage les bulletins.

Des dizaines de milliers de manifestants

Des manifestations sans précédent ont eu lieu le 10 décembre. Entre 50.000 et 80.000 personnes (selon des sources indépendantes) ont défilé dans les rues de Moscou. Du jamais vu dans ce pays où les opposants au pouvoir ne sont pas bien vus. Dimitri Medvedev, l’actuel président de la République, aurait donné l’ordre aux policiers de n’interpeller aucun manifestant de la capitale alors que des dizaines de personnes ont été arrêtées dans d’autres villes du pays.
Le mécontentement grandi en Russie, gangrénée par la corruption et la limitation des libertés individuelles. Les manifestants ont déjà prévu de nouvelles journées de mobilisation les 17, 18 et 24 décembre prochains.

Vladimir Poutine devrait être élu président de la République le 4 mars 2012 et pourrait bien le rester jusqu’en 2024 s’il enchaine deux mandats. « L’Armée de Poutine » a donc encore de beaux jours devant elle. A moins que les opposants au régime ne parviennent à la vaincre.

Le sommet de l’ASEAN face à la Chine

Le sommet de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) se déroule du 28 au 30 octobre à Hanoï. La conférence accueille les États-Unis et la Russie. Le principal sujet de discussion sera la montée en puissance de la Chine dans la région. De quoi inquiéter les voisins asiatiques.

Le problème d’expansion de la Chine

Selon le journal quotidien japonais « Yomiuri Shimbun », le 17e sommet de l’ASEAN traitera principalement des conflits de souveraineté en mer de Chine.
Le premier oppose Pékin a des États de l’ASEAN au sujet de l’occupation des archipels des Paracel et des Spratly en mer de Chine méridionale. L’enjeu est double: Le contrôle de l’axe de navigation le plus important d’Asie de l’Est et l’exploitation de gisements de pétrole et de minerais encore vierges.
Le second conflit est consécutif à la détention par le Japon d’un chalutier chinois qui avait été surpris près d’îlots revendiqués par Tokyo et Pékin. Une crise diplomatique qui perdure encore entre les deux pays .
Cela a des répercussions économiques puisque le marché des ressources premières entre les deux pays est depuis perturbé. Les premiers ministres chinois et japonais doivent donc faire face à d’importants enjeux pendant cette conférence.

Le mécontentement des Chinois

La Chine semble vouloir se concentrer sur ces problèmes de souveraineté et de conflits diplomatiques pour mieux détourner l’attention de sa population.
Le mécontentement monte en effet depuis quelques temps dans les foyers chinois. Les raisons sont nombreuses :

Selon Nobuyuki Higashi, étudiant japonais dans une université proche de Pékin, « La Chine s’est développée économiquement, mais les ouvriers à la campagne touchent de très petits salaires ».
En raison du rapide développement économique du pays, l’écart entre les riches et les pauvres s’est creusé davantage. 86 millions de personnes toucheraient moins de 90 euros par an selon le journal « People China ».
« Le peuple ressent une insatisfaction vis-à-vis du gouvernement et un sentiment d’infériorité par rapport aux autres pays. L’État semble vouloir orienter cette hostilité populaire vers les autres pays en mettant en avant les conflits auxquels il doit faire face», analyse l’expatrié nippon .

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Deux grandes puissances invitées au sommet

L’ASEAN a invité les États-Unis et la Russie. La présence d’ Hillary Clinton, Secrétaire d’État américaine, permet d’avertir la tentative d’expansion chinoise et de rassurer ainsi ses voisins régionaux. Selon le journal « Mainichi Shimbun », Dmitri Medvedev, le Président russe, se rend à Hanoï pour tenter de « calmer » la Chine.

Le défi de ce sommet sera donc de faire coïncider la présence des États-Unis et de la Russie avec le règlement des conflits en mer de Chine. Les membres de l’ASEAN souhaitant éviter une aggravation des crispations avec le géant chinois qui placerait la région dans une situation hors de contrôle.
Le sommet sera également l’occasion de discuter de la démocratisation de la Birmanie, toujours dirigée par la junte militaire et de traiter des conflits récurrents entre la Corée du Nord et du Sud.

Katyn, un drame polonais

Se rendant à Katyn pour une cérémonie commémorative, le président polonais, Lech Kaczynski, son épouse, de nombreux ministres et généraux, ont trouvé la mort dans un accident d’avion ce samedi 10 avril. L’ensemble de la communauté internationale a alors exprimé ses condoléances à la Pologne. Aujourd’hui, les Polonais se pressaient dans les églises pour rendre un dernier hommage à toutes les victimes du crash. A la mi-journée, la Pologne a observé deux minutes de silence. A présent, les experts russes et polonais étudient ensemble les boîtes noires de l’avion.

Montpellier: La communauté russe joue les prolongations des fêtes de fin d’année

Alors que pour nous, les périodes des fêtes de Noël sont de l’histoire ancienne et que chacun tente comme il peut d’éliminer les kilos en trop, pour les russes les festivités ont véritablement commencé, ou plutôt ont continué, il y a quelques jours, le 7 janvier, date du noël orthodoxe, et se poursuivront jusqu’au 13, Nouvel An orthodoxe. Petite balade enneigée, puisque le temps s’y prête, dans une Russie entre modernité et traditions, avec le témoignage de la communauté russe de Montpellier.

Un double Noël

« En Russie, tout est blanc depuis déjà très longtemps, et c’est ce qui me manque le plus » explique Zarema Kistaououa, cette jeune femme originaire du Kazakhstan et gérante de la boutique La belle Russie, boulevard Louis Blanc. (Au moment de la rencontre, Montpellier n’avait pas encore été touché par les flocons de neige…). Elle a quitté son pays natal il y a 15 ans pour suivre des études de marketing à Aix-en-Provence et est restée en France. Maintenant mariée à un Montpelliérain, elle n’a pas pour autant coupé les ponts avec ses origines, et a même décidé d’initier les Héraultais aux délices de la Russie avec sa boutique, véritable ode aux saveurs russes. Elle continue même de célébrer Noël le 7 janvier, jour de la Saint Nicolas, le noël orthodoxe tel que traditionnellement fêté dans le calendrier julien instauré par Jules César et encore en vigueur dans l’Eglise Russe.

Elle avoue pourtant que la culture occidentale a largement imprégné les russes et que le père noël vient quand même s’inviter dans les foyers de l’ex-URSS, le 24 décembre au soir. Et ce n’est pas les petits russes qui s’en plaindront, ils sont donc deux fois plus gâtés.

Si le noël catholique que nous célébrons, et le noël orthodoxe ont beaucoup de similitudes : un arbre de noël, un repas de fête, des cadeaux pour les enfants sages…En Russie en revanche, notre truculent père noël est largement supplanté par deux personnages de l’imaginaire russe , les sympathiques et indissociables : Ded Moroz (qu’on peut traduire par le Père Hiver ou le Père gel), qui vient distribuer les présents aux enfants sages dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, accompagné par sa petite fille Snegourochka ( la Jeune fille de la Neige).

Tout de blanc et bleu vêtue, elle est la véritable vedette des enfants qui entonnent des chansons en son honneur. Zarema se met à fredonner un air bien connu « lécou rodillac iolshka », l’équivalent de notre Mon beau Sapin, roi des forêts.
Le repas lui s’apparente à un repas de fête traditionnel. Mais la jeune femme se souvient « d’une salade spéciale avec du hareng, et surtout beaucoup de caviar, on avait des tartines, même au petit déjeuner ! Maintenant je fais un rejet, ne peux plus en manger…sans oublier la fameuse vodka qui arrose le repas ». On peut également citer quelques spécialités comme la galantine au stouden (yahourt bulgare), le cochon de lait, l’oie farcie aux pommes, la tête de porc avec le raifort, le saucisson et les pains d’épice.

L’imaginaire, et les traditions russes sont riches d’anecdotes, de croyances, que raconte avec nostalgie Marina Estarlich, originaire de Russie, et membre de l’association montpelliéraine Relations Culturelles Franco-Russe: « Noël en Russie a commencé à être fêté au X ème Le siècle. La veille de Noël s’appelle « Soltchelnik » et doit être célébré modestement et tranquillement, mais les jours suivants sont gais et festifs. »
Ainsi le soir de Soltchelnik, le nombre douze a une importance particulière, et pour respecter parfaitement la tradition, la maîtresse de maison commence à allumer le fourneau très tôt le matin en suivant un rituel particulier : elle se signe trois fois et, se tourne vers le soleil levant, et seulement après elle allume le fourneau, dans lequel 12 bûches spécialement ont été spécialement choisies et bénies.
Sur ce feu se préparent 12 plats maigres, parmi lesquels l’ uzvar, une boisson avec des fruits secs et du miel ainsi qu’un plat à base de blé et d’orge et de fruits confits appelé « Koutia ».
Marina ajoute « Ce sont les enfants qui jusqu’à sept ans sont considérés comme l’esprit innocent, et qui mettent le couvert. Après l’office religieux, lorsque la table est mise et que tout est prêt, il ne reste plus qu’à attendre l’apparition dans le ciel de la première étoile, l’étoile de Béthléem qui guida les rois mages, pour commencer à souper.Le père récite ensuite la prière pour les parents décédés car on croit que leurs esprits redescendent sur terre ce jour-là. C’est pourquoi on dispose spécialement pour eux des assiettes autour de la table entre deux chandelles».
Si certaines traditions tendent à se perdre dans une Russie de plus en plus occidentalisée, d’autres persistent, et se transmettent de générations en générations: les jeunes filles en quête d’un époux, pourraient en plongeant un anneau dans un verre d’eau, sous la lumière scintillante de la bougie, voir l’image de leur futur mari, apparaître. Une autre légende russe raconte qu’il existe un 4e Roi mage, qui conduit sur la steppe un traîneau tiré par des rennes et rempli de cadeaux pour les enfants. Depuis 2000 ans il a renoncé à trouver l’enfant Jésus, alors il comble de cadeaux les enfants qu’il rencontre en cours de route.

Les Nouvels Ans: 1er et 13 janvier

En Russie, on célèbre Noël moins solennellement que le Nouvel An qui est fêté à la fois le 1er janvier selon le calendrier grégorien et le 13 janvier selon le calendrier julien.Le calendrier orthodoxe est basé sur le calendrier julien qui a été en vigueur en Europe pendant longtemps et adopté de manière échelonnée à partir de 1582, année au cours de laquelle le pape Grégoire XIII l’a institué. Les Russes n’ont adopté le calendrier grégorien actuel qu’en 1918 sans pour autant réfuter le calendrier julien.

Officiellement, c’est le 31 décembre qu’est célébré le Nouvel An. Quelques minutes avant minuit, le président Russe félicite ses citoyens. Cette année Dmitri Medvedev n’a pas failli à la tradition et a souhaité bonheur et santé à tous les russes. A minuit pile, l’horloge du Kremlin la « Kuranty » a carilloné les douze coups de minuit.
Cette année, pour célébrer le Nouvel An, une patinoire s’est installée à Moscou sur la Place Rouge, et connaît un grand succès.
En Grèce et au Moyen-Orient, les orthodoxes célèbrent également le Nouvel An le 13 janvier.

Alors pour les nostalgiques des fêtes ou ceux qui veulent poursuivre les plaisirs gastronomiques et alcoolisés, vous n’avez qu’à invoquer la philosophie russe pour vous justifier. De sacrés épicuriens ces russes, puisqu’ils font donc 4 fois la fête. Et surtout Schastlivogo Rozhdestva !, Joyeuses fêtes et bonne année 2010 à tous.

Arshavin Tsar à son zénith

En l’espace d’une saison Andrei Arshavin est devenu l’une des références du football mondial. Sous ses allures d’ado, il éclabousse l’Euro de toute sa classe. Vif, technique et doté d’un sens du but redoutable, l’attaquant russe se pose en symbole d’une nation qui ne cesse d’impressionner.

Alors que la mode actuelle est au « teen player » (Pato, Messi, Balotelli…), Andrei Arshavin fait figure de joueur atypique. A 27 ans, cet attaquant/milieu offensif de poche (1m72, 62 kg) qui a toujours porté les couleurs du Zénith Saint-Pétersbourg réalise la saison la plus aboutie de sa carrière, au point d’aiguiser l’appétit d’une pléiade de clubs prestigieux dont Arsenal. Sa venue à Marseille, un temps envisagée semble aujourd’hui bien loin. Vainqueur du championnat russe 2007, puis de la supercoupe de Russie et de la coupe de l’UEFA, il enchaîne par un superbe Euro. Relativement méconnu, il a explosé sur la scène européenne lors de la campagne victorieuse du Zénith en coupe de l’UEFA.

Le public français a découvert le joyau, à l’occasion d’une double confrontation entre l’Olympique de Marseille et le Zénith Saint-Pétersbourg. Le 6 mars 2003, au Vélodrome, l’OM se promène devant le Zénith en huitième de finale aller de la C3. Mais à la 82e, ce diable d’Arshavin pose une accélération foudroyante, dépose littéralement un Zubar fraîchement entré en jeu avant de réduire le score. Finalement, Marseille s’impose sur le score de 3-1 mais ce but à dix minutes de la fin contribuera grandement à la qualification des Russes au retour. Avec son compère Pavel Pogrebnyak (meilleur buteur de la compétition), il conduira le Zénith à son premier sacre européen. Le Bayer Leverkusen, le Bayern de Munich et les Glasgow Rangers en finale s’inclineront tour à tour face à cette surprenante formation. Trois ans après celle du CSKA Moscou, cette victoire prouve bien le renouveau du football russe.

Hold-up sur le ballon d’or ?

Un renouveau parfaitement incarné par une sélection guidée par l’entraîneur batave Guus Hiddink. Après s’être qualifiée, aux dépens de l’Angleterre, la Russie réalise un magnifique Euro. Après un début poussif, l’équipe de l’ancien parisien Sergueï Semak (métamorphosé depuis son passage au PSG) monte en régime. Une forme ascendante qui s’explique par le retour de son maître à jouer. Absent des deux premières rencontres de l’Euro pour cause de suspension, Arshavin a transfiguré la Russie dès son entrée en jeu dans la compétition. Un but contre la Suède puis un autre assorti d’une passe décisive en quart de finale contre les Pays-Bas lors des prolongations l’ont propulsé au rang de star de la compétition.

A l’inverse d’un Cristiano Ronaldo qui a toujours autant de mal à marquer de son sceau les grandes rencontres, Arshavin possède des allures de « clutch player ». De quoi ravir, en cas de victoire russe à l’Euro, un ballon d’or promis à l’ailier lusitanien ?

La République bananière de l’Est

« Pour qui allez-vous voter à l’élection de Medvedev ? » ironisent certains moscovites à la veille d’un scrutin présidentiel dont l’issue ne fait aucun doute. Car demain, dimanche 2 Mars, la Russie va élire Dmitri Medvedev, le dauphin désigné par Vladimir Poutine pour lui succéder au Kremlin.

Crédité de 60 à 80% d’intentions de vote selon les sondages, l’héritier au pouvoir n’a qu’une incertitude : le score final recueilli à la clôture des votes. Un résultat supérieur à 70% témoignerait du soutien unanime du peuple russe à la politique du régime, dont Medvedev incarne la continuité.
Pour cela, l’orchestration gouvernementale de l’accession au pouvoir du (non) candidat est rondement menée. Seuls trois autres concurrents ont été autorisés à affronter le prétendant : Vladimir Jirinovski, leader de l’ultranationaliste Parti libéral-démocrate, crédité de 7% des voix ; le communiste Guenadi Ziouganov, crédité de 8% des suffrages au lieu des 29% obtenus en 2000 ; et Andreï Bogdanov, un inconnu sûrement poussé par le Kremlin pour donner une touche pluraliste.

L’évidence. Si les rues de Moscou restent désespérément vides de toute campagne publicitaire ou de slogans présentant les divers candidats, Medvedev est omniprésent sur les chaînes de télévision russe. On peut le voir visiter un village, caresser les têtes blondes d’une école ou s’envoler pour Belgrade, afin d’assurer son appui à la Serbie contre l’indépendance du Kosovo. Pourtant, conforté par l’évidence de sa victoire, le « favori » a boycotté les débats électoraux et refusé de mener une campagne classique. Son temps d’antenne demeure manifestement supérieur à celui de ses trois rivaux réunis.
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Pour cette présidentielle jouée d’avance, Dmitri Medvedev apparaît déjà sur d’immenses affiches aux cotés de Vladimir Poutine. Le taux de participation ne changera rien aux résultats mais le gouvernement s’assurera d’une bonne mobilisation. Ainsi, l’idée de déplacer les bureaux de vote dans les résidences universitaires sera concrétisée afin d’inciter les étudiants à voter. Lors des élections législatives, déjà, de nombreux étudiants moscovites racontaient comment ils avaient été « invités » à aller voter : discours du recteur, café et gâteaux gratuits, voire certaines propositions financières pour mettre la croix au bon endroit sur le bulletin…
Le slogan « Votez pour votre avenir le 2 mars » des rares affiches électorales en devient provoquant. Des résultats qui seront probablement félicités par la communauté internationale. Quid de la transparence ?

Litvinenko, empoisonnement d’un ex-agent du KGB

Film documentaire réalisé par Andreï Nekrassov
Russie, 2007, 1h50

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Cette histoire aurait pu faire l’objet d’un bon polar. Il n’en est rien. Lorsqu’il apprend que son ami Alexandre Litvinenko a été empoisonné, Andreï Nekrassov dispose de seulement six mois pour réaliser son documentaire, tourné à partir d’éléments collectés durant sept ans. Il le présente au Festival de Cannes, en 2007. Pourquoi un tel empressement ? Ce film à petit budget est un témoignage à multiples facettes.

Alexandre Litvinenko, nom de code Sacha, décède le 23 novembre 2006 à Londres, où il a trouvé refuge. Empoisonnement au polonium 210, un produit radioactif très toxique. La victime est un ex-agent du FSB, nouveau service de sécurité intérieure russe créé après la dissolution du KGB en 1991. Cet homme a accusé ses supérieurs de commanditer des assassinats dans une vidéo tournée en 1998, et révélée au public des années plus tard. A ses côtés, d’autres officiers du FSB parlent. Il s’agit d’une véritable rébellion au sein des services secrets. Après avoir été libéré, Sacha est finalement condamné à trois ans de prison avec sursis. Il préfère fuir pour protéger son fils, âgé de six ans.

Mais la caméra d’Andreï Nekrassov ne se contente pas de recueillir les propos du défunt. Les sources sont confrontées, recoupées et alimentées d’images d’archives et de documents officiels. La politique de Vladimir Poutine est clairement mise en cause : la guerre en Tchétchénie, le meurtre de la journaliste Anna Politkovskaïa, les affaires de corruption…Autant de sujets que l’auteur traite de façon pédagogique et approfondie.

Il reste fermement engagé : c’est un sympathisant déclaré du mouvement d’opposition L’autre Russie, de l’ex-champion d’échecs Garry Kasparov. Mais ses positions politiques ne l’empêchent pas d’accomplir un travail remarquable, digne d’un journaliste d’investigation. La défense des libertés demeure primordiale à ses yeux ; la politique vient après. Sans cesse aux aguets, il décèle les lèvres pincées ou l’œil fuyant de celui qui ne veut pas en dire trop.

De retour chez lui en avril 2007, le réalisateur retrouve sa maison dévastée…sans qu’aucun objet ne manque. Seule la photo de son ami, agonisant sur son lit d’hôpital, est disposée en évidence sur l’oreiller.

Selon lui, A. Litvinenko a fait preuve de « courage civique » en dénonçant les crimes du FSB. En s’engageant à restituer la vérité de cette affaire, noyée par le mensonge d’Etat, A. Nekrassov a aussi pris des risques au nom de valeurs démocratiques.

Ce documentaire n’a malheureusement pas été diffusé en Russie. La censure – non officielle – sévit aussi sur le grand écran.