La candidature de Georges Frêche : « un aveu d’impuissance » de la direction du Parti socialiste

Samedi 23 janvier, Georges Frêche lançait officiellement sa campagne pour les élections régionales en inaugurant son local à Montpellier. Le président sortant de la région Languedoc-Roussillon mettait ainsi un terme au feuilleton à rebondissement le mettant aux prises avec la direction du Parti socialiste.

La cause est entendue. Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste soutient la candidature de Georges Frêche en Languedoc-Roussillon pour les élections régionales des 14 et 21 mars prochains.

La maire de Lille l’a une nouvelle fois affirmé dimanche 17 janvier au micro du « Grand Jury » RTL – Le Figaro – LCI. Saluant l’action de Georges Frêche pour la région, elle a estimé que « oui », si elle était résidente du Languedoc-Roussillon, elle voterait pour lui. La première secrétaire du PS précisait toutefois qu’elle aurait « préféré une autre solution et un autre candidat de gauche avec l’ensemble de nos partenaires de gauche ». Et de rappeler que « Georges Frêche n’a pas l’investiture du PS ».

Ce soutien de Mme Aubry au président sortant se veut donc avant tout l’assurance pour le Parti socialiste de ne pas voir la droite l’emporter en Languedoc-Roussillon. « J’espère qu’il gagnera parce que je ne veux pas que cette droite gagne […] Jamais je ne ferais le jeu de la droite » a-t-elle ajouté.

Mais ce soutien correspond également à une certaine logique électoraliste pour une première secrétaire qui a affirmé à plusieurs reprises vouloir réaliser le « grand chelem » en l’emportant dans les 22 régions de la France métropolitaine. Dans cet objectif, Martine Aubry a sans doute intérêt à soutenir Georges Frêche, exclu du PS en 2007, aussi controversé soit le personnage. Un récent sondage vient d’ailleurs la conforter dans ce choix en créditant le président de région de 29% des intentions de vote (ndlr notons tout de même que le sondage a été commandité par le PS et, en l’occurence, se porte en faveur du PS). Soutien en demi-teinte donc, soutien « contraint », mais soutien malgré tout.

Victoire « Frêchiste », désaveu socialiste

La candidature de l’ancien maire de Montpellier prend donc une forme de désaveu pour la direction du Parti socialiste qui affirmait, au lendemain de la déroute électorale des européennes de juin dernier, ne pas souhaiter le reconduire à la tête de la région Languedoc-Roussillon. A la Rochelle au mois d’août, lors de l’université d’été du PS, les caciques du parti continuaient d’affirmer qu’« il serait difficile de soutenir Georges Frêche ».

Sur le site du Parti socialiste, Arnaud Montebourg affirmait que « Georges Frêche et son système ne sont décidément pas solubles dans la rénovation du socialisme ». Le Secrétaire national chargé de la rénovation s’en prenait alors à « son hostilité radicale et son mépris affiché pour un parti qu’il n’imagine pas se rénover un jour ».

Et pourtant ! En dépit de cet apparent consensus interne de ne pas voir M. Frêche reconduit à la tête de la région, c’est bien pour ce dernier, sous couvert de la candidature de Didier Codorniou, que les militant ont massivement voté (plus de 90% des votes) les 1er octobre et 3 décembre dernier. Un vote en forme de plébiscite qui se faisait au dépend du candidat soutenu par la direction du parti, Eric Andrieu.

Mise devant le fait accompli, Martine Aubry devait prendre acte, le mardi 8 décembre, de la décision des militants. Sans avaliser officiellement la candidature de Georges Frêche, la direction du parti annonçait qu’elle ne présenterait pas de liste alternative pour faire barrage au président sortant. « Nous n’entérinons pas sa candidature qui] réellement nous a posé un certain nombre de questions » déclarait ainsi Marine Aubry le 9 décembre au micro de [France Inter. « Nous prenons acte du vote des adhérents de cette région […] Nous ne proposerons pas à la Convention nationale de donner l’investiture nationale à Georges Frêche. Et nous ne proposerons pas un autre dispositif, car sans nos partenaires, ce serait ajouter de la division » précisait de son côté Christophe Borgel, secrétaire national du PS aux élections. Une petite victoire pour Georges Frêche, qui prend pour le PS la forme d’un désaveu majeur.

« Indéboulonnable » Georges Frêche

Au final, un tel déroulement témoigne d’une chose : l’assise de Georges Frêche en Languedoc-Roussillon présent depuis 1973 dans le paysage politique local.

Contacté par hautcourant, Michel Noblecourt, éditorialiste au journal Le Monde, spécialiste du Parti socialiste, explique que l’ancien maire de Montpellier « apparaît indéboulonnable, par le parti ». « C’est vrai que c’est un aveu d’impuissance [pour le PS] mais Frêche tient solidement et fermement la région » poursuit l’éditorialiste. A ses yeux, la victoire de du Président ne semble faire guère de doute : « je ne crois pas qu’il puisse être très inquiété » reconnait-il.

Si Georges Frêche s’est félicité de la décision du parti de ne pas proposer d’investiture officielle face à sa liste, jugeant que cela relevait du « bon sens », il n’a toutefois pas manqué de railler la position de la direction socialiste à son égard. Ainsi déclarait il au micro d’Europe 1, samedi 16 janvier : « Ils sont sympas au PS mais il y a beaucoup de faux culs ». Et d’ajouter, non sans provocation « Si je perds ce sera moi qui perdrait, si je gagne ce sera le PS qui gagnera ».

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Georges Frêche, potentiel grand vainqueur des régionales 2010

A deux mois des élections régionales, une étude TNS/SOFRES démontre que Georges Frêche, le candidat sortant, pourrait être le grand vainqueur des Régionales 2010. Selon toute vraisemblance, le candidat de la liste PS a toutes les chances d’être réélu à la tête du conseil régional du Languedoc-Roussillon.

Selon un sondage TNS/Sofres, Georges Frêche, tête de liste du PS et candidat à sa propre succession est le grand favori des Régionales 2010. D’après un sondage paru dans le quotidien Midi Libre, dans l’édition du mercredi 20 janvier 2010, les intentions de vote, au premier tour, seraient en faveur du candidat PS-divers gauche, avec 29 % d’intentions de vote. Le candidat de la liste UMP-Nouveau centre MPF, Raymond Couderc, arrive en deuxième position avec 26 % d’intentions de vote. Les Verts, représentés par Jean Louis Roumegas, occupent la troisième place, avec 14 % d’intentions de vote. La liste NPA-Front de gauche, représentée par René Revol remporte 9 % d’intentions de vote, juste devant France Jamet, candidate FN qui obtient 8 %. La liste Alliance écologiste indépendante conduite par Patrice Drevet représente 7% d’intentions de vote et enfin 4 % pour la liste Divers droite conduite par Christian Jeanjean.

Par ailleurs, un sondage «national» CSA réalisé par téléphone les 13 et 14 janvier auprès de 880 personnes inscrites sur les listes électorales (méthode des quotas), paru dans le Nouvel Obs.com, déclarait le partie UMP/NC/MPF vainqueur avec 33 % d’intention de vote aux régionales de Mars 2010. Devant le PS 22% des voies et Europe-Ecologie-vert, avec 15 % des voies. D’après un autre sondage CSA réalisé pour Le Parisien/Aujourd’hui en France et daté du dimanche 17 janvier: l’abstention et les bulletins blancs ou nuls concerneraient quant à eux 49% des sondés contre 51% en octobre dernier. Période à laquelle les intentions de votes étaient de 31% pour La liste Nouveau Centre/UMP/MPF soit une progression de 2 points ; 21% pour le PS (+1point) et 17% pour les écologistes (moins 2 points).

Les autres formations sont créditées de moins de 10% des intentions de vote: 9% pour le MoDem (+1 point), 7% pour le FN (moins 1 point), 6% pour le Front de gauche (PCF-PG), qui ne bouge pas alors que le NPA aurait 5% des voix (moins 1 point) et que LO (lutte ouvrière) reste à 3% des intentions de vote.

Mais selon un rapport adopté par la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) le 09 décembre 2003, en application de la loi du 06 janvier 1978, les sociétés de sondages se doivent d’être transparentes quant à la méthodologie utilisée lors de la réalisation des sondages. Ce qui est loin d’être le cas dans les faits. Par conséquent, les chiffres sont à prendre avec beaucoup de précautions. Rien n’est encore joué. Tout peut arriver…

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Le chômage au coeur des régionales

Si le Languedoc-Roussillon s’est récemment fait remarquer par sa démographie galopante, en se classant neuvième du top ten des régions de France avec plus de 2,5 millions d’habitants, notre région se démarque aussi dans d’autres domaines… Le chômage, en l’occurrence. Il a atteint son plus fort taux depuis fin 2006, et il est en perpétuelle augmentation. Quels sont les chiffres[[Tous les chiffres sont issus des bases de données de l’INSEE, du ministère du Travail et de Pôle Emploi]] ; que cachent-ils ; et quels sont ceux que l’on nous cache?

La Sixième Fête des Vignes, le cache-misère

Dans une ambiance que l’on aurait pu imaginer plus tendue, suite à la manifestation houleuse des viticulteurs du mercredi 25 novembre 2009 à Montpellier, la sixième édition de la Fête des Vignes s’est déroulée dans le calme et a donné l’occasion, cette année, à 49 domaines vinicoles d’être sur le devant de la scène locale, place de la Comédie, les 27 et 28 novembre 2009. Seul hic, et pas des moindres, les vignerons présents se trouvent en réalité à l’abri de la crise viticole dans le Languedoc-Roussillon…

Eux, ne sont pas concernés par les problèmes de la chute des ventes et des prix. Les viticulteurs qui occupaient les stands, étant tous situés dans l’agglomération de Montpellier, bénéficient en effet d’un accès facile à leurs caves, au regard de la proximité avec le centre-ville et des infrastructures routières rapides. Interrogés à propos de leur rapport à la crise, ils ont un discours qui est sensiblement le même : dans un premier temps, ils compatissent avec les viticulteurs en colère et vantent pour la plupart les mérites du label Sud de France pour pallier à cette crise -n’oublions pas qu’ils ont été invités par le créateur dudit label, Georges Frêche…- . Ensuite, lorsque nous les interrogeons plus longuement, ils avouent alors ne pas se sentir concernés : « C’est quand on est plus loin de Montpellier qu’on est confronté aux problèmes d’exportations. Nous, on fait du commerce local » nous dit Benoit Lacombe, à 37ans, après sept ans d’exploitation du domaine de Rieucoulon, et exerçant parallèlement une activité de chercheur en biologie végétale au Centre National pour la Recherche Scientifique.

Nous pouvons alors distinguer les présents des absents : d’une part les petits exploitants à faible production, souvent situés aux abords de Montpellier, présents donc pour la plupart à cette fête, et d’autre part, les absents, en crise, les moyennes et grandes exploitations de l’arrière-pays dont l’export seul permet d’écouler la forte production dont les grandes surfaces ne veulent pas. Les présents étant forcément satisfaits de rentrer dans leurs frais et de profiter de cette publicité extraordinaire que prodigue cette Fête des Vignes : « Il y a plus de monde près de Montpellier c’est plus facile pour nous de nous faire connaître, et cette Fête permet aux passants de découvrir des domaines qu’ils ne connaissaient pas ! » résume Patrick Galtion, un des vendeurs présents au stand des caves de Saint-Georges d’Orques. Ne peut-il pas alors sembler choquant que ce soient les mêmes qui cumulent tous les avantages, à savoir proximité, faible coût d’exploitation et publicité peu onéreuse, quand la crise se déroule aux portes de l’agglomération?

D’ailleurs, Georges Frêche en a paru gêné si nous nous fions au ton coléreux du discours qu’il a prononcé pour l’inauguration de la fête, vendredi après-midi. Le Président d’agglomération a en effet développé longuement et avec virulence une grande partie de ses propos sur le thème de la crise viticole dans le Languedoc-Roussillon, jouant par là-même le rôle de Président de région sortant en pré-campagne. Alors que Benoit Lacombe fera une distinction entre « un regroupement de commercialisation vertueux et un regroupement de production moins efficace », Georges Frêche déclare vouloir « regrouper tous les domaines de la région pour mettre un terme à la parcellisation de l’offre », c’est à dire sous la bannière Sud de France. Contraste alors entre un ton électoraliste, populiste, « maurrassien » dira un observateur -en référence aux louanges adressées à la viticulture latine-, et le contexte d’une Fête des Vignes favorisant parmi les viticulteurs, ceux qui en ont le moins besoin… Au final, l’auditoire était peut-être plus abasourdi et confus qu’enthousiaste, par le décalage entre la nature des propos de Georges Frêche et le sourire des viticulteurs présents à cette manifestation.

Face à ce discours, nous avons aussi pu échanger quelques mots avec François Delacroix, directeur général des services de l’agglomération de Montpellier, qui pour sa part a évoqué, que la volonté était plutôt de « promouvoir l’excellence et la qualité ». Il est vrai que depuis vingt ans le vin local a considérablement évolué vers plus de qualité : si ce n’est que pendant ces vingt dernières années, Georges Frêche n’a passé que cinq années à la tête de la région. Et enfin, M. Delacroix de nous avouer : « Il fallait qu’on montre qu’on s’occupait de la préservation du monde viticole. ». Une devanture donc, rendue attractive par un prix de deux euros pour trois verres en théorie, mais pour une dégustation à discrétion dans les faits -aucun ticket ne nous a été demandé-. Clairement, une vitrine soigneusement décorée, pour afficher les performances de l’agglomération… tout en masquant une crise grave que la Région ne sait toujours pas résoudre.

Franck Michau

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Le bio, ce petit eldorado de quelques vignerons du Languedoc

Marginaux, les producteurs biologiques ? Dans le secteur du vin, les clichés sont tenaces. Mais les esprits évoluent. Lors de la 6ème Fête des Vignes de novembre dernier, trois producteurs ont arboré le label AB (pour Agriculture biologique sans pesticide ni engrais), le plus souvent délivré par l’organisme de contrôle Ecocert. Tous confirment l’attrait grandissant du public pour leur mode de production. Mais aucun n’y voit une issue possible à la crise qui frappe durement les vins languedociens depuis dix ans. Tour d’horizon.

Sébastien Guillon, militant Vert : « Je crois qu’un vrai accord peut sortir de Copenhague ».

Depuis plusieurs semaines, la section des Verts du Languedoc-Roussillon s’implique pour donner une résonance locale au sommet de Copenhague. Rencontre avec Sébastien Guillon, secrétaire du groupe local des Verts et coordinateur des actions liées au sommet.

Languedoc-Roussillon, les raisins de la colère

Fin d’après-midi agitée en ce mercredi 25 novembre au centre ville de Montpellier. Touchés par une rude chute des cours du vin, les viticulteurs du Languedoc-Roussillon manifestaient leur colère et leurs revendications.

En manifestant, les vignerons cherchent à interpeller la population et le gouvernement.  » Pour survivre, nous avons besoin que l’Etat et l’Union Européenne révisent le cours du marché. Par cela, j’entends des mesures plus protectionnistes : baisser les taxes au niveau des passages de douanes et empêcher les vins étrangers de rentrer sur le territoire français  » souligne Olivier, jeune viticulteur de Marcorignan dans l’Aude. Ce dernier refuse toute aide du type RSA (Revenu de solidarité active) auquel il a droit. Il ne veut pas dépendre de l’Etat et souhaite vivre de son métier. De même, l’élargissement de la PAC (Politique agricole commune) aux vignerons ne serait pas une solution pour lui. Contrairement à Michel, autre viticulteur de l’Aude, qui souhaite des aides de l’Etat ou de l’Union Européenne.

 » Je touche aujourd’hui 2 500 euros brut par mois, sans me sortir de salaire. Il me faudrait 2 800 euros pour payer toutes mes charges  » explique Olivier. Comme pour la majorité des producteurs de vin, la situation d’Olivier est précaire. Ses revenus propres issus du vin n’ont jamais dépassé 250 euros par mois. Il vit grâce aux rétributions de sa compagne. Une conséquence fréquente de la crise viticole. Ce que confirme Paul Lazes, premier adjoint à la Mairie de Névian (Aude) :  » Si les viticulteurs n’ont pas une épouse qui travaille, ils n’ont pas les moyens de survivre« . Il y a quelques années encore, les domaines employaient une petite dizaine d’ouvriers minimum. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas.

« Depuis 2004, la viticulture traverse la crise la plus terrible de son histoire« , déclare Philippe Vergnes, président du Syndicat des Vignerons du Midi, organisateur de la manifestation. Cette crise émane de phénomènes conjoncturels et culturels. Avec la concurrence étrangère (Australie, Chili, Italie, Espagne…), les cours ont baissé, les matières premières ont augmenté, mais en parallèle :  » Les charges n’ont pas diminué » selon Olivier.  » Les prix du vin n’ont, par contre, pas bougé depuis 1985  » ajoute Michel. Les problèmes, qui touchent la profession, tiennent également à l’évolution des modes de consommation du vin : « De moins en moins de jeunes savent déguster un bon vin. Dans mon village, sur quarante, on est que deux ou trois à en boire. L’État n’y est pas étranger. Il a longtemps préconisé de consommer un verre par jour en disant que c’était bon pour le coeur. Aujourd’hui, il fait campagne contre toute forme d’alcool  » affirme Olivier.

La crise affecte également la vie locale et régionale.  » Si un jour le secteur viticole disparaît, c’est tout une partie de la ville qui meurt avec  » relève Paul Lazes,  » On deviendrait alors un village de fonctionnaires et de retraités « . Il explique que dans sa ville, Névian, à côté de Narbonne, 20% des actifs travaillent dans ce domaine qui soutient fortement l’économie locale. Notamment par les taxes foncières. C’est pour cette raison que de nombreux maires, « sensibilisés par la problématique« , sont venus soutenir les manifestants, dont Gérard Schivardi, édile de Mailhac (Aude) et ancien candidat à l’élection présidentielle de 2007. La région se dit, de son côté, prête à participer à la mise en place d’aides à court terme destinées aux viticulteurs.

La manifestation a rassemblé entre 5 000 et 8 000 personnes de la profession selon les organisateurs, et 3 600 selon la Préfecture de Montpellier. Un très grand nombre de forces de l’ordre a été déployé :  » Plus de 1 000 fonctionnaires de la police et de la Gendarmerie Nationale dont 600 personnes détachées de l’extérieur  » informe Florian Genny, responsable de la cellule de crise qui a été mise en place à la Préfecture. Ces forces étaient destinées à « prévenir au mieux les débordements. C’est une manifestation sensible qui a déjà connu quelques exactions par le passé« . Un avis partagé par un cafetier de la place Jean Jaurès :  » Ce n’est pas de trop. Je ne souhaite pas qu’ils viennent casser nos devantures « . Paul Lazès, quant à lui, pense  » que les forces de l’ordre sont démesurées. Je ne suis pas pour la violence. Mais je comprends que les vignerons, pris à la gorge, peuvent en user « . Peu de débordements ont toutefois eu lieu. Les CRS ont reçu quelques pierres, des cocktails molotov, des bombes lacrymogènes et des pointes désossées des grilles de l’esplanade du Peyrou. Selon eux, ce ne serait pas l’œuvre des manifestants mais celle « de casseurs, d’extrémistes, d’anarchistes » introduits dans la foule, qui s’est rapidement dispersée.

A partir de demain et durant 3 jours aura lieu la 6ème Fête de la Vigne dans le centre de Montpellier. Un moyen de se faire connaitre pour les vignerons, surtout en cette période de précarité. Pour Olivier, « c’est une manière de se représenter et de représenter la région. Mais ce n’est pas une réponse à la crise« .

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L’accueil des étudiants chinois par l’Agglo de Montpellier ou comment faire de la communication

Ce jeudi 19 novembre, l’Agglomération de Montpellier recevait pour la troisième année consécutive les étudiants chinois venus en échange universitaire.

A 18h, les invités se pressent au seuil de la Maison de l’agglomération de Montpellier. Dès leur entrée, ils reçoivent un sac griffé à l’effigie de l’organisateur du cocktail. A l’intérieur, les brochures des nombreuses activités de l’institution fleurissent. Des piscines aux médiathèques en passant par le vin rien n’est oublié, mais l’on remarque que seul le feuillet consacré au vignoble est en chinois. Y est joint un livre intitulé « Montpellier, la longue marche 1970-2020 » mais aussi une clé USB dont le contenu (en français, anglais et chinois) promeut largement la région. L’Agglo sait y faire.

Une fois le discours des officiels à la gloire de la coopération franco-chinoise à Montpellier exprimé, Rémi Plassard, « oenophile » tel qu’il se désigne, présente alors la culture du vin dans le Languedoc-Roussillon. Tandis que certains étudiants écoutent attentivement l’exposé, d’autres pianotent sur leurs téléphones, peu intéressés par la présentation un peu technique. Mais pour découvrir la passion de Dionysos, rien de mieux qu’une dégustation. Quatre vins et des mets régionaux étaient proposés aux papilles des chinois, visiblement content de cette invitation.

Lors de cette soirée, était présente Xinjia, étudiante chinoise venue de Shanghai, pour perfectionner son français qu’elle parle déjà très bien. C’est à l’université Montpellier 3 qu’elle a posé ses valises pour une année. Cet événement ? Elle trouve cela « très bienveillant et accueillant », mais ne manque pas de souligner qu’elle a « des amis en échange à Paris qui n’ont pas eu ça ». Et pour cause, si les étudiants chinois sont particulièrement les bienvenus à Montpellier, c’est pour servir une ambition totalement affichée : que ces jeunes deviennent les ambassadeurs de la France, de Montpellier mais surtout du vin local dans leur pays. C’est ce que nous explique François Delacroix, directeur général des services de Montpellier Agglomération, « c’est le seul marché où nous avons un avenir considérable ». Pour les autres étudiants étrangers, point de réception. « Pourquoi essayer de promouvoir le vin à des Espagnols ou à des Italiens, ils en ont déjà chez eux ! » précise l’intéressé. Tant pis pour les autres, business is business.

Francs-maçons en Languedoc Roussillon : leur pouvoir en question.

Jacques Molénat était l’invité de Paul Alliès pour son Café citoyen. Il s’est déroulé au restaurant Le Baloard, lundi 26 octobre, pendant deux heures. Compte-rendu de la soirée.

La petite salle, ce lundi soir, était pleine. Située sous le restaurant du Baloard, à Montpellier, elle a été le lieu d’un Café citoyen organisé par Paul Alliès sur la question du pouvoir que détiennent les Francs-maçons en Languedoc-Roussillon. Professeur de Science Politique à l’Université Montpellier I et essayiste, il n’en est en revanche pas à son coup d’essai dans l’organisation de tels débats publics : le concept est rodé avec un intervenant qui expose le thème du Café, et un public qui s’interroge, puis interroge… Pour parler du sujet, l’invité était ce soir Jacques Molénat, journaliste reconnu pour sa connaissance des réseaux dans la région. Il est l’auteur d’un livre de référence sur la question, Le Marigot des Pouvoirs (éd. Climats).

Son exposé fut bref mais dense : parti du début des années 70, il constate que de 300 frères pour 6 loges, la franc-maçonnerie locale est passée aujourd’hui à 2 200 frères (et sœurs car il y a 20% de femmes) pour 48 loges. Soit un rapport de l’ordre de 7 pour 1 000 habitants au regard d’une moyenne nationale de 2,5 pour 1 000 seulement. Pourquoi une telle présence «dans la machine montpelliéraine»? La réponse est délicate, car complexe. Ce n’est pas seulement des petits arrangements entre amis, même si plus d’un s’y intéressent en espérant une ascension sociale plus rapide : «viens chez nous, ce sera bon pour tes affaires» rapporte le journaliste. Il y a aussi la tradition universitaire bien ancrée à Montpellier, ou encore les réseaux juridiques.

Mais il est vrai que les préoccupations du public concernaient plutôt ces arrangements occultes, dont beaucoup pensent qu’ils se font contre l’intérêt général. D’ailleurs, Michel Miaille, ancien Grand Maître de la Grande Loge Mixte Universelle et présent au débat ce soir, a reconnu la prégnance de l’individualisme chez les francs-maçons. Il évoquera en aparté, après le débat, «la lessive» qui a été faite début 2000 et dont la raison invoquée par les Grands Maîtres était de reconnaitre -«tardivement»- les dérives de certains frères et le triomphe des intérêts particuliers. La sanction est une radiation à vie tout de même, dans le cas où des fautes graves ont été commises. Marc Di Crescenzo, qui a été «un des piliers de la franc-maçonnerie montpelliéraine», dit à ce propos dans un article de l’express.fr, que le chemin fut long avant de faire ce travail d’assainissement interne. «Notre premier réflexe, ça a été de protéger les nôtres», avoue quant à lui M. Miaille.

Les discussions ont mené les participants au-delà de notre région pour aborder la question de la Franc-maçonnerie de plus loin. Abolition de l’esclavage, laïcité, école publique, congés payés, contraception : autant d’avancées indéniables revendiquées. Mais aussi contestées… Par le public en l’occurrence, à travers la voix d’une participante, restée silencieuse jusque dans les dernières minutes du débat, et qui rétorque à ce qui a été dit que les syndicats ou les associations ont aussi joué un rôle prépondérant dans ces avancées. On aura pu entendre également l’un des convives se plaindre du «ton consensuel» que prenait l’échange.

Pour ce qui était du cœur du débat, le pouvoir des frères dans la région, quelques noms ont été cités parmi les personnalités politiques locales inscrites dans l’une des loges. Leurs appartenances politiques hétérogènes (PS, UMP, PCF, MoDem…) prouvent la diversité des obédiences et la rupture avec une tradition originelle ancrée à gauche. Aussi, Jacques Molénat a insisté sur le rôle certain que jouent ces personnalités dans les institutions, notamment dans la préparation de décisions municipales ou au niveau de l’agglomération. Mais il a posé aussi à l’inverse les risques de manipulation des Francs-maçons par certains hommes de pouvoir.

Le débat était clair et serein, mais les clichés ont la vie dure, puisqu’au moins trois participants ont considéré qu’ils avaient assisté à un plaidoyer en faveur de la franc-maçonnerie plutôt qu’à un questionnement sur les dysfonctionnements politiques, économiques ou judiciaires dans la région. Pour aller dans leur sens, il est vrai que le caractère occulte de l’organisation trouble et provoque la crainte, plus qu’il ne permet le travail paisible des frères. Le secret et le mystère sont donc décidément liés à l’aura que dégage la franc-maçonnerie et ce, à plus forte raison dans le Languedoc-Roussillon. Le temps passant y a ajouté la suspicion, souvent justifiée, mais pas toujours fondée.

Franck Michau

Ces menaces qui pèsent sur les traditions du Languedoc

Une communion entre l’homme et l’animal. C’est, en substance, la vision qu’ont les Languedociens de leurs traditions taurines. Des événements qui font la réputation de la région, avec en vedette, le taureau. Malheureusement, plusieurs accidents mortels ont endeuillé certaines fêtes. En mai, un enfant de 3 ans est mort à Saint- Martin-de-Londres. Du coup, la réglementation se fait plus stricte, remettant en question l’existence même de ces traditions. Mais pour élus, professionnels et aficionados, un seul mot d’ordre : préserver ce patrimoine. Une mission qui exige à la fois d’assurer la sécurité du public, mais également de le responsabiliser. De nombreuses communes s’attellent à la tâche.

toro1.jpg Abrivados, bandidos, encierros… Autant de mots qui évoquent le chant des cigales, la chaleur de l’été et le plaisir des vacances. Des manifestations qui rythment la vie des villes et villages de notre région. Une tradition au centre des débats depuis quelques semaines.

En effet, outre la dangerosité naturelle de ces événements où se côtoient taureaux sauvages, villageois et touristes, plusieurs obstacles menacent leur pérennité.

Ce sont d’abord les représentants de l’Etat qui ont décidé d’intervenir. Dans une circulaire datée du 20 mai 2009, Claude Baland, préfet de l’Hérault, a imposé une réglementation plus stricte en matière de sécurité.
Ainsi, banderoles, pétards et autres véhicules à moteurs sont désormais interdits sur le parcours des manifestations taurines. A cela vient s’ajouter l’obligation de mettre en place un système de barrière de type « beaucairoise » pour tout spectacle taurin. Des règles concernant avant tout les autorités locales et les professionnels.

Bon nombre d’entre eux, conscients du danger, ont depuis longtemps appliqué des mesures de sécurité similaires.Toro2.jpg « Les professionnels sont prudents, ils savent ce qu’ils risquent. C’est surtout le public qui doit faire preuve d’une vigilance accrue », affirme Laurent Martinez, président du club taurin de Saint- Jean-de-Védas, près de Montpellier. En effet, le risque vient non seulement de la manifestation, mais aussi des participants. Principal élément perturbateur : l’alcoolisation. Un phénomène est particulièrement visé : l’attitude des jeunes face à la boisson. Une réalité concernant aussi bien les manifestations taurines que les fêtes de villages qui les accompagnent.

La préfecture entend mener une politique stricte vis-à-vis de la vente d’alcool aux mineurs en renforçant les contrôles. Un espace de désalcoolisation doit également être mis en place.

La préfecture considère par ailleurs la multiplication des festivités locales comme « un facteur aggravant de la délinquance et de dégradation de la sécurité routière ». Ivresse au volant, drogue, bagarres, et même coups de couteau aux taureaux durant les lâchers, sont autant de débordements qui ternissent l’image de ces événements populaires. Solution proposée : concentrer la fête dans un seul espace éclairé et facile à surveiller. Les communes font parfois appel à des sociétés privés pour renforcer la sécurité.

Elus et professionnels insistent aussi sur la responsabilisation du public. Afin d’éviter les drames et protéger ces instants festifs, aussi importants culturellement, qu’économiquement.

Les bons élèves camarguais

Au pays du taureau, la fête est reine. Et pas question d’entendre parler de fin des traditions. « On est des pur-sang camarguais et les fêtes taurines font partie de notre culture », défend Sabine Gondran, responsable des animations de Saint-Gilles (Gard). « Nous connaissons bien le taureau et ses dangers, explique-t-elle. Nous avons imposé des règles pour encadrer le parcours des manifestations taurines depuis plusieurs années déjà ». Pour elle, c’est le comportement des touristes qui pose problème. « Ils ne connaissent pas les taureaux et ne savent pas comment réagir, ce qui cause parfois des accidents graves ».

Néanmoins, certaines communes camarguaises ont renforcé les mesures de sécurité, à l’instar du Grau-du-Roi. « Il y a eu plusieurs accidents ces dernières années, et ça engendre des restrictions. Nous avons mis en place la même réglementation que dans l’Hérault afin de limiter les risques », précise Frédéric Alcacer, en charge des fêtes taurines graulennes.

A Beaucaire, « la sécurité est un problème pris au sérieux depuis longtemps », insiste Françoise Vidal, adjointe à la culture taurine.
Mise en place de « beaucairoises », conventions imposées aux manades pour assurer la sécurité des participants, campagnes d’information pour sensibiliser le public. La ville n’a pas attendu une circulaire préfectorale pour sécuriser ses fêtes taurines. Une sécurité nécessaire pour préserver le patrimoine culturel de la région, même si elle fait débat. « Ce n’est pas la mort de la tradition comme beaucoup le disent, affirme Frédéric Alcacer. Mais la sécurité sera de plus en plus mise en avant ». C’est la rançon du succès.

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La « Beaucairoise » au coeur des débats


Imposer des barrières dites « beaucairoises », qui protègent le public (voir photo), est-il le meilleur moyen pour assurer la sécurité du public pendant les spectacles taurins ? En tout cas, cette décision préfectorale fait débat.

A Sérignan (Hérault), cette exigence remet en question la présence du taureau au cours de la feria d’été qui se déroule le dernier week-end de juillet. « Nos barrières ne sont pas homologuées, répond Jacques Dupin, le premier adjoint. Notre responsabilité est en jeu. Si nous ne trouvons pas les moyens pour financer le changement de barrières, pas de taureaux ! », continue-t-il.

Yvon Pellet, maire de Saint-Génies-des-Mourgues (Hérault) et fervent défenseur des traditions votives est plus catégorique. « On nous demande l’irréalisable, affirme-t-il. Chez nous, le parcours des fêtes votives fait cinq kilomètres. C’est simplement impossible pour nous de mettre des « beaucairoises » partout, d’autant plus que nous n’avons que trois employés municipaux ».

En connaisseur, Yvon Pellet propose d’autres solutions qui, selon lui, sont plus adaptées aux traditions locales. « Pour plus de sécurité, il faut d’abord limiter le nombre de passage à un. Plus il y a de passages plus les risques se multiplient, défend-t-il. Il faut aussi interdire les attrapaïres ou au moins les contenir pour ne pas qu’ils essayent de faire échapper le taureau ».

Il conclut : « Les règles mises en place par la préfecture sont promulguées par des technocrates. Ils ne sont pas en phase avec nos traditions et c’est ça qui menace notre patrimoine ».