Vie professionnelle : leur accent est un boulet !

Régional ou étranger, l’accent peut être un véritable handicap dans la vie professionnelle. Un sujet de moquerie voire un complexe pour certains, une barrière pour d’autres. Retour sur ces professions où l’accent peut s’avérer pénalisant.

Il est dans notre bouche, il nous suit. On peut l’emporter partout avec soi. Et pourtant … La raillerie du leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, à l’encontre d’une journaliste et de son accent toulousain (17 octobre) confirme la présence d’une discrimination linguistique dans la vie professionnelle. Une discrimination pourtant interdite par les textes internationaux de protection des droits de l’homme. Comme le racisme ou l’homophobie, la « glottophobie », néologisme employé par le sociolinguiste français Philippe Blanchet pour qualifier les discriminations linguistiques, fait partie de ces comportements qui reviennent à rejeter l’individu pour ce qu’il est.

« Avec ta voix, tu es bon à rester en presse écrite »

Pour Corentin, 32 ans, journaliste indépendant et correspondant pour La Dépêche, l’accent n’est pas toujours facteur de réussite professionnelle. « On m’a fait comprendre que je ne pourrais jamais prétendre à des postes de télévision ou d’animateur radio à cause de mon accent », précise le jeune homme originaire d’Ariège. C’est quand il est allé à Paris pour un entretien que les mésaventures ont commencé. « On s’est moqué de moi en me demandant de répéter ‘pain, fin, jaune’ (…). Une phrase me revient en tête : ‘avec ta voix tu es bon pour rester en presse écrite’ ». Un frein donc. Mais surtout pas une fin en soi. Cet habitant d’Occitanie préfère persévérer. « Être cantonné dans ma région ne me dérange pas. Je n’ai pas peur de passer pour le petit paysan du coin avec son fort accent. Je sais ce que je peux faire et ce que je ne peux pas faire, à moi de m’adapter ».

« Un accent c’est la marque de chacun, son origine »

Pour Sabrina, 45 ans, ancienne télévendeuse à la SNCF, hors de question de se laisser juger bien que son accent du Nord lui fait souvent défaut au travail. « Sans me voir, simplement au téléphone, j’ai déjà été insulté par des gens à cause de mon accent. On s’est mis à me traiter d’étrangère, de paysanne ou de ‘biloute’ ». Un mal récurrent dans les métiers de télécommunication et télévente. « Il y a beaucoup de personnes aux diverses origines ou avec des accents différents dans ce type d’emploi et certains clients ne sont pas très tolérants (…). Il y a des fois où ça fait plus de mal que d’autres. Mais je ne complexe jamais, je n’ai pas à avoir honte. Un accent c’est la marque de chacun, son origine », confie la native de Lille qui refuse de se laisser moquer.

Un point de vue que rejoint Sébastien Lechervy. Ce quarantenaire, artisan au sein d’une entreprise de maçonnerie, est catégorique. « Il y a un cliché qui existe dans le métier. Un maçon doit forcément avoir un accent du sud. Comme je suis né à Marseille et que c’est moi qui réponds au téléphone pour les interventions ou les rendez-vous, il arrive qu’on imite mon accent de manière caricatural », explique le nouvel habitant de Montpellier. « Les gens font des sous-entendus et des raccourcis. Ce sont des choses qui me mettent vite en colère ».

Lény-Huayna TIBLE

Un complexe plus qu’une barrière pour Sofia. Italienne de naissance, cette enseignante en Science Politique, spécialiste en sécurité et défense, n’éprouve aucune difficulté à s’exprimer en français. Mais l’accent reste « un handicap dans le sens où j’ai parfois du mal à me faire comprendre en employant des mauvais mots et des termes non appropriés. Les sujets sont techniques, il ne faut pas se tromper. (…) Je reste la seule à me mettre une barrière. Quand je me trompe, les étudiants rigolent, moi aussi d’ailleurs ». Un souci de compréhension et de clarté avant tout pour cette diplômée de sociologie politique arrivée en France pour enseigner en 2013.

Pour Rémi, 23 ans et militaire parachutiste, « avec l’accent, on paraît moins sérieux ». Pour cause, « j’ai le souvenir d’avoir eu un colonel dans notre régiment avec un accent ch’ti. On n’avait jamais entendu cet accent avant lui. Il perdait toute crédibilité quand il prenait la parole. Il avait du mal à être pris au sérieux et à faire respecter la hiérarchie ». Un milieu pourtant très encadré et hiérarchisé mais où, régulièrement, l’accent est sujet aux moqueries.

L’accent, problème grave ou aigu ?

Moins sérieux, absence de crédibilité, amusant, folklore… du nord comme au sud, concilier emploi et différence d’élocution ne fait pas toujours bon ménage. D’après une étude réalisée pour Adia Interim, « TNS-Sofres de 2003 sur les discriminations sur l’apparence dans la vie professionnelle et sociale », 44% des personnes interrogées pensent que l’accent est le principal critère d’embauche entre deux candidats aux compétences et niveau de qualification égales. « L’accent ne fait pas sérieux. Il est perçu comme un handicap et les autres vous le font sentir », rajoute le sociolinguiste Philippe Blanchet à « Ma vie commerciale ». « Il y a une gradation dans la discrimination. En haut de l’échelle, je mettrais l’accent du Midi. C’est celui qui pénalise le moins, car on lui attribue des bons côtés. C’est l’accent du soleil et des vacances. Ensuite, vous avez l’accent breton, alsacien et chti », conclue-t-il.

Néanmoins, nombreux sont ceux qui renoncent à leur accent pour réussir socialement et professionnellement. C’est le cas d’Emilie, 27 ans, commerciale dans l’industrie pharmaceutique, qui préfère supprimer son accent pour se laisser une chance de réussir en région parisienne. « Vous avez déjà vu une toulousaine réussir à Paris avec un accent ? Je ne pense pas ! », explique la jeune toulousaine qui se rend chez un phoniatre depuis plus d’un an pour essayer de corriger son accent.

On peut décider de l’aimer, de l’accepter… mais aussi le détester. Certains font de l’accent leur marque de fabrique alors que d’autres cherchent à le dissimuler. Le sociologue Pierre Bourdieu, lui, le sait : « même s’il n’est jamais allé à Paris, le locuteur béarnais est dominé par le locuteur parisien ». Oh putain con !

 

 

 

Robert Guédiguian, le peuple sur grand écran

Aux côtés de ses fidèles acteurs, le plus célèbre des cinéastes marseillais préside le Jury de la 40e édition de Cinemed. L’occasion de revenir sur une filmographie riche et éclectique.

De Dernier été, son premier film produit en 1980, à La Villa, sorti en 2017, peu de choses ont changé. Ariane Ascaride et Gérard Meylan, son épouse et son ami d’enfance, qu’on prenait parfois pour son jumeau, ont bien pris quelques rides. Mais le décor n’a pas bougé. Robert Guédiguian est resté fidèle à Marseille, et plus particulièrement à son quartier de l’Estaque, décor de la majorité de ses films.
Ses thèmes, eux aussi, restent bien souvent les mêmes. Ancien membre du parti communiste et toujours engagé à gauche, Robert Guédiguian n’aime pas qu’on dise qu’il réalise des films politiques. Il n’empêche, les ouvriers, les pauvres, les résistants ou les grévistes sont omniprésents dans ses scénarios. Le cinéaste le confirme : « Je filme et filmerai toujours des personnages qui galèrent. »
Pour des fins différentes. Comédie, avec Marius et Jeannette, drame, comme La ville est tranquille, film historique, avec L’Armée du crime, ou politique, comme Le promeneur du Champ de Mars, Guédiguian exploite tous les genres.
Au fil des ans et des films, l’Estaque évolue. Un peu. La société également.  En creux, on constate un désamour croissant pour la politique et plus particulièrement un recul de la gauche et de ses valeurs au sein d’une classe populaire qui se tourne de plus en plus vers l’extrême droite.

La famille à l’honneur dans « Les neiges du Kilimandjaro

Une “famille” toujours à ses côtés

“Tribu”, “équipage”, “team”, “crew”. Les termes ne manquent pas pour qualifier, plus ou moins sérieusement, l’entourage de Robert Guédiguian. “Je préfère le terme de famille”, tranche Gérard Meylan, sans pour autant déclencher l’unanimité au sein de la troupe.
Ariane Ascaride, Gérard Meylan, Jean-Pierre Darroussin, Jacques Boudet ou encore le monteur Bernard Sasia sont présents depuis ses débuts. Plus jeunes, Anaïs Demoustier, Lola Naymark, Grégoire Leprince-Ringuet et Robinson Stévenin l’ont rejoint en cours de route. Tous ont conscience de prendre part à “une oeuvre collective” et à l’écriture d’une immense comédie humaine.
Car si Robert Guédiguian est seul pour écrire les scénarios, il laisse ses acteurs et son monteur libres d’interpréter leurs rôles. “On ne fait jamais de répétition avant les tournages. Je laisse chacun jouer librement et me proposer quelque chose. Puis je valide ou pas”, détaille le réalisateur. “L’amour infini porté par sa mère a donné à Robert une confiance totale en lui. C’est là sa grande force. S’il valide une scène, on sait qu’il nous soutiendra à 300%”, complète Ariane Ascaride.
Ainsi fonctionne la “famille Guédiguian” depuis maintenant 38 ans.
Il m’arrive parfois de croiser des personnes à Marseille qui se rappellent de Dernier été”, s’amuse Gérard Meylan. “Je constate qu’ils ont les tempes grises, et je me dis que c’est un privilège de vieillir avec son public.” Une histoire commune partie pour durer encore quelques temps.
On tourne notre prochain film du 26 novembre au 15 janvier. Cela s’intitule Sic transit gloria mundi, vous savez, la locution latine qui dit la fragilité de nos existences”, confiait Robert Guédiguian. Un film noir, très dur, avec en exergue une phrase : « La domination est à son apogée quand le discours des maîtres est tenu et soutenu par les esclaves.
Le cinéaste de l’Estaque n’a pas fini de filmer “le peuple”.

Violences conjugales : « On ne peut pas encaisser l’idée qu’une femme est violente »

Vingt-cinq hommes sont décédés suite à des violences conjugales en 2016, en France. S’ils existent bel et bien, les hommes battus ont encore du mal à en parler et à faire reconnaître la réalité de ce qu’ils subissent.

« Nous avons entendu crier. Il était presque 23 h. Nous sommes descendues et sommes tombées nez à nez avec notre voisin, subissant les coups de poing de sa femme. Il était déjà griffé et rougi sur les bras, le torse, le dos, des traces de morsures étaient visibles sur ses bras, son crâne saignait et il avait d’anciennes cicatrices », témoigne Margault, étudiante en géopolitique et vivant en région parisienne. Son voisin est l’un des 80 000 hommes battus chaque année dont on parle peu.

« La violence n’a pas de sexe »

Pour Elodie Cingal, psychologue psychothérapeute, si on en parle peu, c’est parce qu’il y a des « clichés et des idées reçues ». Pourtant, elle affirme que « la violence n’a pas de sexe » et qu’il faut d’abord penser victime et auteur de violence. Pour Manon Dumand, assistante sociale, c’est surtout dû aux « représentations de l’homme fort qui ne peut pas être soumis à une femme, au mythe de l’homme viril » qui existent encore aujourd’hui.

Outre cela, la question des blessures se pose. Elodie Cingal explique : « Quand les hommes arrivent et qu’ils montrent leurs bras, leur dos ou leurs joues griffés, ça laisse les gens insensibles ». Pourtant, un coup reste un coup.

Ces jugements de valeurs ou cette ignorance s’ajoutent à la société que décrit Elodie Cingal, où on « emprisonne [les hommes] dans le patriarcat », surtout suite au récent mouvement #MeToo. Elle confie : « Tant qu’on sera sur la pensée que les hommes sont tous des salauds et des prédateurs, comment voulez-vous qu’un homme vienne dans une institution quelconque dire : je suis frappé. Un, on n’est pas formé à ça. Deux, ça peut pas être possible parce que si c’est lui qui est frappé, ça veut dire qu’elle est violente et on ne peut pas encaisser l’idée qu’une femme est violente. »

Un pas à franchir

Pour ces deux spécialistes, la première étape est la même : identifier les violences dont ces hommes sont victimes. Manon Dumand explique : « Avant d’en parler, il faut s’en rendre compte, se l’avouer, en parler à ses proches, aller voir une association : il y a du chemin ». Elodie Cingal confirme : « ils ne se disent pas qu’ils sont victimes de violence. Les seuls hommes qui parlent réellement de la violence qu’ils subissent c’est ceux qui ont vraiment des lèvres ouvertes, des cocards, etc. » Mais pour Manon Dumand, cette étape est rendue difficile par « l’emprise du conjoint, souvent très importante ». « Comme toute personne maltraitée, c’est un travail lent pour sortir de l’emprise » confirme la psychothérapeute. Et cela l’est d’autant plus pour celle-ci, que « les hommes sont très isolés ».

Plus qu’isolés, ils sont souvent seuls dans leur démarche. Pour Elodie Cingal, les mécanismes liés à un homme battu sont les mêmes que ceux d’une femme battue, mais ce qui change « c’est qu’ils n’ont le soutien de personne : aucune organisation, aucune loi pour eux, aucun organisme. » Pour Manon Dumand, c’est une difficulté de plus : celle de « se dire que l’on est concernés par ces mesures ».

Sans soutien et sans accompagnement, il devient plus difficile d’entreprendre les démarches. Pour Elodie Cingal il y a d’abord cette tentative de dissuasion de la part de certaines institutions, puisque « quand les hommes viennent déposer plainte, c’est très rare qu’on prenne leur plainte ». Mais également parce que, comme Manon Dumand l’explique : « quand on est victime de violence, on a honte ». Plus encore, « pour un homme c’est doublement la honte, parce qu’il n’a pas su maîtriser sa femme » affirme Elodie Cingal.

« J’ai honte, je suis désolé » sont des mots que Margault a entendu dans la bouche de son voisin ce soir-là. « La police a demandé à sa femme de quitter les lieux. Ils ont expliqué à notre voisin qu’il pouvait porter plainte, plusieurs fois. Pour “ne pas vouloir de problème”, il n’a pas souhaité porter plainte. » Comme les 76 000 hommes qui, chaque année, décident de ne pas porter pas plainte.

Informations utiles et conseils

39 19 — numéro d’écoute pour les victimes de violences conjugales. Du lundi au vendredi, de 9 h à 22 h. Le samedi et le dimanche de 9 h à 18 h. Ce n’est pas un numéro d’urgence !

En cas d’urgence, le numéro à composer en priorité reste le 17 (ou le 112). Ils se chargeront d’envoyer les secours si cela est nécessaire et demandé.

Elodie Cingal conseille : « Préparez votre dossier : faites des mains courantes, écrivez un maximum de SMS et de mail à des amis, parlez un maximum autour de vous de ce que vous subissez, ne vous isolez pas. […] Comme ça passe par internet, il y aura les dates qu’on pourra corroborer par d’autres preuves. »

 

 

 

Le d’OC, un média pour soigner les maux de la presse

Nouveau venu dans le paysage médiatique montpelliérain, le site le d’OC veut prendre le temps de décrypter l’information. Focus sur ce média qui propose un autre regard sur l’actualité.

Urgence : l’information est souffrante. Infobésité, carence du pluralisme journalistique et épidémie de fake news… Face à tous ces maux, le d’OC vous propose un traitement.
Créé en février 2017 par le journaliste Benjamin Téoule, l’objectif de ce pure-player est de « prendre le temps de raconter les histoires et les enjeux du territoire » comme l’explique son fondateur. Le nom du média révèle sa ligne éditoriale. Comme le docteur, « nous voulons ausculter l’information ». Le d’OC ambitionne de la traiter comme un documentaire, avec la prise de distance nécessaire. « OC » pour Occitanie, car c’est le média d’ici.

Le d’OC a été fondé pour « répondre à un besoin des citoyens qui ont envie de s’informer mais remettent en cause les traitements journalistiques de l’information. Aujourd’hui, le citoyen est saturé d’infos », déclare Benjamin Téoule. Ce média de proximité veut prendre le contrepied par une analyse des enjeux locaux. L’indépendance de ce site montpelliérain est indispensable pour produire une information de qualité. Contrairement aux autres médias locaux qui vivent principalement des fonds des collectivités locales, le d’OC ne reçoit aucune aide. Il est financé par les fonds personnels du fondateur et essentiellement par ses abonnements, plus de 300 au bout de 10 mois. Le contenu payant (4,90 euros par mois pour la formule annuelle) est ainsi essentiel pour garantir sa liberté éditoriale.

L’équipe du d’OC se compose de quatre pigistes, du directeur de la publication Benjamin Téoule, de photographes et d’une équipe qui gère le site internet. Avec son « petit » budget (dont nous ne connaissons pas le montant), le d’OC est paru en version magazine papier cette année uniquement pour promouvoir le média en dehors d’Internet. Ce média très ambitieux propose des enquêtes, des reportages, des interviews, des portraits et des grands entretiens. « Je pense que c’est par la force de nos sujets, que l’on ne retrouve pas forcément ailleurs, et par la force de nos révélations que nous pouvons nous faire connaître » déclare Benjamin Téoule.

Le d'OC

Quels sont les projets du d’OC ?

« Le principal objectif est d’asseoir ce nouveau média qui doit prendre sa place dans le paysage médiatique », affirme Benjamin Téoule. À terme, son ambition est d’augmenter le nombre de publications avec au moins deux articles par semaine (au lieu d’un article minimum actuellement) et de sortir de Montpellier pour s’étendre sur le reste de la région.
Pour résumer, que dire à quelqu’un pour l’inciter à s’abonner au d’OC ? « S’il y a de la défiance envers certains médias, le D’OC a une totale indépendance, les articles sont réalisés par des journalistes professionnels, et le D’OC est complémentaire des médias qui existent déjà. Nous rejoindre, c’est participer à l’avènement d’un média et lui garantir son indépendance », répond le directeur de la publication.

Traiter l’information locale avec un regard distancié est une ligne éditoriale adoptée par de plus en plus de médias comme Marsactu ou Médiacités. Le d’OC, qui n’a même pas encore un an, est ambitieux mais acquiert déjà la reconnaissance de ses pairs. Certains de ses articles ont été repris par d’autres médias. Son enquête sur les liens très étroits entre le maire de Montpellier, Philippe Saurel et la famille Iborra a été publiée également par Médiapart, et son enquête sur les soupçons d’emploi fictif de la députée européenne du Front National, France Jamet, a été citée par Libération.
Un premier pas pour que ce « petit média » devienne « grand ». Vous l’aurez compris, le d’OC est un média à consulter sans prescription.

Culture et handicap : La Bulle Bleue s’engage

Ouverte en Février 2012, la Bulle Bleue est une structure exceptionnelle où 46 professionnels handicapés travaillent. Parmi eux, 20 comédiens exercent leur art en toute liberté, en dehors de tout jugement. Membre de l’Association départementale des pupilles de l’enseignement public de l’Hérault (ADPEP 34), ces militants de l’éducation populaire défendent des valeurs d’accessibilité et d’émancipation. Rencontre avec sa directrice, Delphine Maurel.

La Bulle Bleue (LBB) est un des sept Établissement et service d’aide par le travail (Esat) en France. Animé par une équipe composée de comédiens, techniciens, jardiniers, cuisiniers, tous en situation de handicap. Cette structure accueille plus de 46 professionnels, dont 20 comédiens. Structure pilote en Occitanie de la convention Culture, santé handicap & dépendance portée par les ministères de la santé et de la culture, LBB obtient une véritable reconnaissance de son expertise.

Delphine Maurel a été recrutée, dès novembre 2011, avec une double mission de « direction d’un établissement médico-social et d’une fabrique artistique ». L’Esat des Ateliers Kennedy, depuis 1964 au Mas de Prunet, dans le quartier de La Martelle, leur a cédé des locaux et leur apporte un soutien logistique.

À l’origine du projet, six personnes passionnées, dont la présidente de L’Autre théâtre, Françoise Serres, avec «la conviction qu’il fallait prolonger les initiatives locales sur le lien entre art et handicap, en les professionnalisant ». Ouvert au terme de l’échéance de trois ans, « l’Esat a failli ne pas voir le jour », se rappelle Delphine Maurel. « C’est un projet magnifique de vivre-ensemble. La rencontre avec le spectateur dans le théâtre est toujours très forte ». LBB était initialement « un projet de cirque avec un chapiteau bleu mais ce nom a été gardé car la bulle renvoie à la protection, à l’expression et le bleu fait écho à l’handicap ».

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Septembre 2017 : ouverture du Chai du Mas de Prunet

En septembre dernier, le Chai du Mas de Prunet a donné place à un lieu de fabrique artistique et culturelle. Quatre temps de rencontres publiques sont organisés dans l’année « dans un objectif de mixité des publics », affirme Delphine Maurel. Ce nouveau lieu permet « une plus grande visibilité de la compagnie et une capacité d’accueil de 100 personnes ». Avec la prochaine création programmée à Jean Vilar et les petits chaos à la Scène nationale de Foix « l’ambition artistique de la compagnie est de s’exporter sans limite ».

« Une troupe permanente c’est une aventure humaine » – Delphine Maurel

Elle a pu constater l’évolution des comédiens : « ils ont gagné en émancipation, en affirmation de soi et en stabilité ». Son engagement est véritablement social car « une troupe permanente c’est une aventure humaine » soutient-t-elle. Les comédiens travaillent 34 heures par semaine. L’équipe pluridisciplinaire sélectionne sur des critères de « motivation, d’audace et de présence scénique ». Certains viennent de la Compagnie maritime, certains de L’Autre théâtre et d’autres n’avaient jamais fait de théâtre. « La moitié ont un handicap psychique et l’autre moitié ont une déficience », explique-t-elle. L’évaluation cognitive de la Maison départementale leur attribue une compensation pour travailler. Ils ont un statut hybride entre salarié et personne accompagnée. Pour Delphine Maurel, leur intégration dans la société s’améliore « au même titre que le débat sur les minorités avance, mais le milieu du spectacle reste très difficile ».

Chaque projet artistique a son artiste associé sur trois ans pour que « l’artiste s’immerge dans le projet global ». Cela permet une ouverture et une dynamique professionnelle mais nécessite une recherche de financement. « L’Esat a un financement d’état pour la partie éducative, et un budget d’entreprise propre pour financer les intervenants extérieurs ». Un quart du financement est réalisé par des mécénats donc « si on perd les subventions, on ferme », déplore Delphine Maurel.

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« Ces êtres ont une profondeur de présence » – Jacques Allaire

De 2015 à 2018, la compagnie La Grande Mêlée s’associe à la compagnie permanente de la Bulle Bleue et les metteurs en scène, Jacques Allaire et Évelyne Didi pour se consacrer à l’univers de Rainer Werner Fassbinder à travers le projet « Prenez garde à Fassbinder ! ». À l’issue des trois ans, trois créations sont proposées : Je veux seulement que vous m’aimiez, de Jacques Allaire du 15 novembre au 1er décembre 2017, Les Petits Chaos d’Evelyne Didi du 8 au 16 juin 2018 et Le Bouc (titre provisoire) de Bruno Geslin en octobre-novembre 2018.

Pour leur dernière création Je veux seulement que vous m’aimiez, dont les photographies en sont issues, la compagnie de la Bulle Bleue livre une performance remarquable, un vrai moment d’humanité. Ils dansent, chantent, s’engueulent, s’aiment et se déchirent mais débordent toujours de personnalité et de passion.

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Le metteur en scène Jacques Allaire livre un témoignage saisissant : « En enlevant la question de la souffrance liée au handicap, la question de l’empêchement d’un être, contraint dans un espace limité ou une pensée fixe, est ce que cherche tout acteur. Par le hasard de la vie, le handicap les amène à la résistance même de son être, un être profond à l’intérieur duquel on ne peut pénétrer. D’office, ces acteurs, du fait de leur handicap, possèdent des qualités essentielles. Les deux problématiques restent de se débarrasser des questions narcissiques, liées à leur pathologie, et ce souci de vouloir appartenir à ce monde dit normal, c’est-à-dire ignorer ou marcher sur leur handicap, pour faire croire qu’ils n’en ont pas. On se retrouve alors avec des êtres qui ont une profondeur de présence absolument extraordinaire et le travail artistique est mené pleinement. On est affecté d’une manière profonde par cette qualité de présence ».

Cette pièce traite des thèmes quotidiens et essentiels avec philosophie, comme l’amour, l’homosexualité, la mort, l’anarchie, le sens de la vie mais cette fête explosive est aussi une métaphore de l’existence avec la complexité des relations humaines et des sentiments. Les comédiens y incarnent des personnages très aboutis avec beaucoup de poésie et une immense générosité.

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Lab ASH : à la croisée entre recherche artistique et recherche sur le travail social

Le lab Art social et handicap (Lab ASH) est « une plateforme d’appui en partenariat avec l’Institut Régional du Travail Social ». Sur trois années, une chercheuse du laboratoire Praxiling de l’Université de Paul Valéry réalise une étude sur «la légitimation par le langage des professionnels ». Ensuite, le Lab ASH se positionne sur un projet européen, auprès d’espagnols, portugais et suédois, sur « la professionnalisation des handicapés et la formation des accompagnateurs ».
La Bulle Bleue est donc « une fabrique des possibles » infinie, comme l’exprime Delphine Maurel. Un lieu d’expression décidément humain qui n’a pas fini de surprendre le public.

SOCIETE – Conférence gesticulée : le viol et le consentement questionnés

Lundi 9 octobre à 18h, une conférence gesticulée sur le thème de la culture du viol et du consentement aura lieu à l’Université Paul Valéry, dans la salle Jean Moulin.

L’association Les Culottées du Bocal propose « une technique d’éducation populaire articulant expériences personnelles et études académiques », pour questionner « les clichés autour des violences sexuelles faites aux femmes ».

Le lendemain, mardi 10 octobre, l’association vous donne rendez-vous à 14h dans la salle Camproux, pour un atelier participatif. L’objectif : créer « un travail collectif de réflexion » sur le consentement dans les relations sexuelles.

Le thème de ces événements, organisés par CGA Montpellier et Solidaire-e-s Etudiant-e-s Montpellier, est au cœur de l’actualité. Les propos de Christine Angot lors de l’émission ONPC, et la question du consentement de la jeune fille de 11 ans en témoignent.

SOCIAL – Une journée placée sous le signe de la solidarité

La ville de Montpellier organise samedi, de 10 h à 18 h, la 9e Journée de la Solidarité. L’objectif : faire découvrir les aides proposées pour combattre la précarité et convier chacun à l’engagement solidaire.

Pour accompagner les personnes précaires, de nombreuses associations se mobilisent au quotidien sur l’ensemble du territoire. Voilà neuf années que la ville de Montpellier leur rend hommage le temps d’une journée : celle de la solidarité.

Collecte de vêtements, ateliers manuels, repas, concerts, stands d’informations… une myriade d’animations, chapeautées par différentes associations, se déroulera samedi, entre 10 h et 18 h, sur l’esplanade Charles-de-Gaulle.

Vous pouvez retrouver le détail du programme de la 9e édition de la Journée de la Solidarité sur le site de la ville : http://www.montpellier.fr/4052-la-journee-de-la-solidarite.htm
 
Samedi, de 10 h à 18 h, sur l’esplanade Charles-de-Gaulle.

« Un temps de président », que doit-on retenir des coulisses de l’Elysée ?



Lundi 28 septembre au soir, les Français ont pu s’immerger pour la première fois dans l’Elysée version François Hollande. 1H50 d’aperçu des coulisses de cette vie politique ont été mises au jour dans le documentaire « Un temps de président », d’Yves Jeuland. Avec des images tournées entre l’été 2014 et février 2015, voici quelques faits marquants dont il faut se souvenir.

«Un temps de président » est loin d’être le coup d’essai d’Yves Jeuland en matière de documentaire politique. En 2010, il suivait déjà l’ancien maire de Montpellier, Georges Frêche, alors en course pour la présidence de la région Languedoc-Rousillon. Le réalisateur a en 2012 suivi durant 5 mois la rédaction du journal Le Monde, plongée dans l’effervescence des dernières élections présidentielles. 2015 marque alors la rencontre forte avec le chef d’État français, sans pour autant tomber dans le voyeurisme.

Un rajeunissement ministériel sur fond de remaniement

L’entourage de François Hollande n’a pas hésité une seule seconde à se targuer de la jeunesse du gouvernement Valls II. Alors que le 24 août 2014, « les frondeurs » Arnaud Montebourg et Benoît Hamon s’élèvent tous deux contre la politique économique française, le Premier ministre n’a d’autre choix que de présenter la démission de son gouvernement dès le lendemain. Le 26 août 2014, le 38ème gouvernement de la Ve République française est annoncé.

« Un temps de président » commence alors, sur un moment difficile du mandat de François Hollande. Un personnage clé de la proche équipe du président apparaît alors : il s’agit de Gaspard Gantzer. Ce qui frappe en premier, c’est la différence d’âge du chef de la communication du président et responsable des relations presse, avec ses interlocuteurs. Cet énarque alors âgé de 35 ans lors du tournage, dénote particulièrement avec le reste de l’entourage de François Hollande. L’effet de surprise est d’ailleurs moindre, lorsque l’on voit M. Gantzer montrer une certaine joie lors de la nomination d’Emmanuel Macron à la tête du Ministère de l’Economie et de l’Industrie, quand on sait que les deux protagonistes sortent de la même promotion Léopold Sédar Senghor de l’ENA.

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Un éléments à retenir de ce remaniement ministériel, c’est le rajeunissement. Il est particulièrement visible avec les nominations d’Emmanuel Macron (37 ans), Najat Vallaud-Belkacem (37 ans) ou encore Fleur Pellerin (42 ans). La moyenne d’âge du gouvernement descend alors à 53 ans. On note d’ailleurs la réflexion du ministre des Finances Michel Sapin, lors de la première rencontre du gouvernement dans les jardins de l’Elysée : « On se sert les coudes contre les jeunes (rire), parce qu’avec tous les petits jeunes qui arrivent.. ».

La « solidité » du rôle de président selon François Hollande

De fil en aiguille, le réalisateur du documentaire a l’occasion de se rapprocher de plus en plus du président, et se retrouve côte à côte avec ce dernier pendant un déplacement. Un tweet apparaît alors à l’écran, parlant du livre écrit par Valérie Trierweiler, Merci pour ce moment. Le président « n’est pas épargné ». Un conseiller tend le téléphone au président, nous laissant imaginer que ce dernier apprend la nouvelle. On se rappelle que quelques mois plus tôt, Closer lâche une bombe dans le paysage médiatique : c’est l’affaire Julie Gayet. Tout le monde en parle, la compagne du président claque alors la porte de l’Elysée et écrit dans le plus grand secret un livre qualifié par beaucoup de « vengeance ». Un haussement de sourcil. Si tant est que la séquence eut été réellement prise au moment ou M. Hollande découvre le tweet, c’est la seule réaction qu’il laisse échapper devant le réalisateur.

Samedi 6 septembre, c’est la réunion de rentrée du cabinet du président. François Hollande parle alors d’épreuves, notamment personnelles : « Il y a des épreuves personnelles, celles que je peux connaître, même si je ne fais rien paraître parce que je n’ai à répondre qu’à des questions politiques ». Il parle ensuite de « la solidité de son rôle et de sa solidité personnelle ». En tant que spectateur, c’est bien l’impression que nous donne le président, même si nous nous doutons que le réalisateur n’a pas eu l’occasion de filmer l’intimité de M. Hollande.

Un président « normal » ?

Le mot « normal » a souvent été utilisé pour représenter François Hollande, comme avant tout une personne douée d’une certaine humanité, même avec le titre qui est le sien. Toutefois, l’opposition n’a jamais cessé de reprendre ce mot pour donner dans la critique.

Un fait très intéressant qui fût observé dans le documentaire, c’est la relation du président avec son entourage. La surprise n’est pas vraiment au rendez-vous lorsque nous l’entendons fréquemment tutoyer ses interlocuteurs. Contrairement à cela, il est bien plus étonnant de constater que ces derniers tutoient le président de la république en retour. Outre le fait que le président ait apparemment une écriture indéchiffrable, la séquence lors de laquelle ses secrétaires, accompagnées de Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de la présidence, corrigent le discours de M. Hollande, la scène tourne de plus en plus à la dérision.

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La scène se répète au moment de la réunion des membres de la commission des finances. Alors même que les députés socialistes traitent de la Loi Macron, sujet sérieux, le président entre dans la pièce en charriant Henri Emmanuelli. Tous les protagonistes en rient, l’ambiance semble résolument détendue.

Les attentats de Charlie Hebdo : une émotion intense

La France entière s’est réveillée avec la gueule de bois le 8 janvier 2015. La veille, Charlie Hebdo, journal satyrique, est attaqué en pleine conférence de rédaction par les frères Kouachi. 12 personnes tuées, 11 blessées, et dans le même temps leur complice Amedy Coulibaly tue 5 personnes entre le 8 et le 9 janvier. Bilan: jamais la France n’a vécu une telle attaque terroriste sur son territoire, très vite revendiquée par la branche d’Al-Qaïda au Yémen.

Après les moments de joie du Noël de l’Elysée, vient la torpeur. « Le 11 septembre français » titre Le Monde, alors posé sur le bureau de Gaspard Gantzer. Ce dernier lit la presse quotidienne, le réalisateur nous montre alors les portraits de Cabu, Charb ou encore Tignous. Yves Jeuland nous emmène dans les coulisses de l’Elysée au moment qui sera probablement vécu comme le pire du quinquennat de François Hollande.

Après la conférence donnée par Jean-Pierre Jouyet à l’Elysée, on voit un François Hollande en plein désarroi, au téléphone avec une personne présente dans l’Hyper Cacher. Puis s’en suit la marche des quarante-quatre chefs d’états à Paris, et la visite du président à la famille d’une des victimes. Le réalisateur terminera en nous montrant des images de la Grand Messe à la Synagogue de la Victoire, célébrant les défunts : l’émotion est à son comble.

Ainsi, le documentaire d’Yves Jeuland se termine sur un moment terrible pour la France. Il est presque difficile de tirer des conclusions après une fin pareille, tant ces dernières séquences rappellent l’effroi que les Français et le monde entier ont vécu durant la seconde semaine de janvier 2015. La presse et la «twittosphère » ont cependant, mis peu de temps à donner leurs réactions suite au visionnage d’ « Un temps de président ».

Mais où sont les femmes dans l’Elysée ?

La toile s’est donc empressée de réagir à l’expérience d’Yves Jeuland et à sa diffusion sur France 3. Le Point a été jusqu’à parler d’un « mélange de vanité et de vacuité », accusant le président Hollande de ne pas avoir pris la moindre décision importante durant les six mois du tournage. Outre ce « manque de décisions », ou encore « la malchance de François Hollande », une des réactions les plus notables est le manque apparent de femmes dans les coulisses de l’Elysée.

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Et pour souligner cela, beaucoup ont critiqué le manque visible de femmes dans l’entourage du président ; le hashtag « #UnTempsDePresident s’est vu inonder de contestations et de plaintes, alors même que le documentaire était en cours de diffusion. La séquence lors de laquelle François Hollande est coiffé et maquillé par deux femmes, a été fréquemment reprise pour prouver que le peu de femmes montrées dans le documentaire sont soit coiffeuses, maquilleuses ou secrétaires. Il semble évident pour l’audience, que la parité dans le gouvernement ne suffit pas. Comme cela a été précisé dans un article de Rue89, seulement 16 femmes composent le cabinet de François Hollande.

A bientôt 18 mois des élections présidentielles, il reste un grand nombre de défis à relever pour François Hollande, son cabinet et son gouvernement. Les sondages mènent en ce moment la vie dure au PS : une vague bleue est annoncée pour les élections régionales de décembre, et ce, après la déroute socialiste lors des élections départementales. Il semble que l’Elysée va encore connaître des jours difficiles.

PORTFOLIO – Le rassemblement républicain à Montpellier en images

Les organisateurs attendaient entre 30 000 et 40 000 personnes, il y en aura eu près de 100 000, selon le maire de Montpellier, Philippe Saurel, pour une grande marche citoyenne à Montpellier, dimanche 11 janvier. La police dénombre 47 000 personnes à Montpellier. Quoi qu’il en soit, c’est une foule immense qui a déferlé dans les rues de la ville.
De l’esplanade de l’Europe au Parc du Peyrou, un nombre considérable de personnes a rendu hommage aux 17 victimes des attentats contre Charlie Hebdo et le supermarché casher à Paris ces derniers jours.

À l’appel du [Club de la Presse du Languedoc-Roussillon

 >www.clubpresse.org/], ils sont très nombreux à être venus se rassembler au nom de la liberté d’expression, de la paix et de la démocratie.
Haut Courant vous propose de revivre cette journée en image.

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Marche Républicaine – YouTube

La Marseillaise en redressement judiciaire : « La morosité s’était installée depuis quelques temps »

SA Seilpca, la société éditrice de La Marseillaise – L’Hérault du jour a demandé son placement en redressement judiciaire vendredi 14 novembre. L’heure est à la morosité dans les rédactions. Les réductions d’effectifs de ces deux dernières années n’ont pas suffi. Après un exercice 2013 à l’équilibre, le groupe accuse aujourd’hui un déficit cumulé de 2 millions d’euros et 1,5 millions supplémentaires de pertes prévisionnelles sur la seule année 2014. D’obédience gauchiste – communiste jusqu’en 1997 – les deux titres souffrent depuis le 1er janvier « d’une forte baisse de la communication institutionnelle, de la publicité et des annonces légales » selon Jean-Louis Bousquet son PDG. Une situation qui s’explique par le récent passage à droite de nombreuses municipalités, notamment de la région marseillaise.

État d’alerte à La Marseillaise. Les salariés du titre – qui publie aussi L’Hérault du jour – ont accueilli avec colère la mise en redressement judiciaire de leur société éditrice SA Seilpca. Le régime drastique des dernières années se révèle vain. Les départs s’étaient pourtant multipliés avec de nombreuses ruptures conventionnelles depuis 2012. On se souvient évidemment du « licenciement économique » de Philippe Pujol, prix Albert Londres remercié en octobre dernier. «On a déjà eu une grosse vague de départs il y a quelques mois, justement pour éviter cette situation, mais ça n’a pas suffi », rappelle un journaliste à l’AFP. « Cela a déstabilisé la rédaction et les lecteurs ne s’y retrouvent pas du tout », regrette-t-il. Jean-Marie Dinh, délégué SNJ-CGT, dénonce lui un passage en force de la direction.

« Sera-t-on payés à la fin du mois ? »

« La direction a cédé à une forme de précipitation qui nous surprend. Nous avons le sentiment qu’elle passe en force, au mépris du personnel. Elle ne nous a pas donné les informations que nous réclamons, notamment sur l’état du passif et de l’actif, et sur ses objectifs », s’indignait Jean-Marie Dinh. « Tout cela est très précipité. Nous regrettons de ne pas avoir été consultés sur la situation du journal ». Et pourtant, l’épée de Damoclès était bien visible, suspendue juste au-dessus de la tête des rédactions ces derniers mois : « Les notes de frais mettaient de plus en plus de temps à être payées ».
Si les salariés sont bien conscients de l’état désastreux des finances de leur employeur, ils se refusent à abdiquer. Interrogé sur l’imminence d’un plan social par l’AFP, un journaliste annonce, clairvoyant, « On s’y attend. On veut réduire au maximum son amplitude ». Tous plaident la spécificité de leur titre : « Nous sommes pleinement convaincus de la nécessité de maintenir ce journal. On est conscient de sa valeur historique.».

«Une voie différente»

Né clandestinement de la volonté du Front National (pas celui des « Le Pen ») pendant la Résistance, le quotidien fait valoir la singularité de sa ligne éditoriale dans le paysage de la presse locale. Fortement ancré à gauche, communiste jusqu’en 1997 avant d’élargir ses horizons, La Marseillaise – L’Hérault du jour « n’est adossée à aucun grand groupe financier ou industriel, elle ne dégage pas de dividendes et participe depuis soixante-dix ans à l’animation du débat public » pour L’Humanité. « Nos territoires ont besoin de ce journal » ajoute l’organe du PCF. Ce dernier soutient directement La Marseillaise via son antenne locale PCF13 : « Les communistes se placent aux côtés des salariés et de la direction, afin d’assurer la pérennité du journal. La Marseillaise nous est essentielle ». Même son de cloche chez Annie Menras, chef d’agence de L’Hérault du jour à Montpellier et rédactrice en chef du quotidien régional : « Nous nous refusons à envisager la disparition de ce titre. Les conséquences seraient désastreuses du point de vue du pluralisme de la presse. Nous sommes une voie différente».

Des licenciements à venir

Cette ligne très à gauche pose problème. En effet, comme le soulignait Les Échos, les élus de droite mènent la vie dure aux deux quotidiens du groupe : « La nouvelle majorité UMP de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole a par exemple décidé de se limiter aux annonces obligatoires, et réduit son budget de 300 000 euros. ». Un conflit qui se retrouve dans de nombreuses communes et communautés de communes passées à droite en 2014. La Marseillaise, qui tire six à sept fois moins que La Provence ou Midi-Libre s’en trouve prise à la gorge comme l’évoque son PDG Jean-Louis Bousquet : « Nous allons adopter un plan de sauvegarde pour tenir le coup. Nous allons en appeler à nos lecteurs, au monde politique, et chercher d’éventuels partenaires. La situation nous contraint à cette démarche pour préserver la continuité de notre titre. ». Un « plan de sauvegarde », en vérité un joli moyen de dire qu’il faudra trancher dans les effectifs – 213 salariés dont 75 titulaires de la carte de presse. Le PDG insiste sur la nécessité de « geler les dettes » car les difficultés de trésorerie empêchent pour l’heure de moderniser le titre, selon ses dires.

Une AG exceptionnelle se tenait ce lundi à 12h30. Des précisions sur l’avenir du groupe et de ses employés sont donc à venir rapidement. Pour l’heure, Annie Menras le rappelle « Nous acheter, c’est la première façon de nous aider ! ». Les lecteurs eux, expriment leur soutien sur Facebook et Twitter

*Le groupe La Marseillaise – L’Hérault du jour ne soumet pas ses chiffres de tirage et de diffusion à l’OJD. Aucune donnée officielle n’est donc disponible à ce sujet.