Chaîne humaine pour les sans papiers

Sur la place de la Comédie, près de l’Esplanade, un cercle humain. Une lanterne au centre, des hommes tout autour et pas un bruit. Comme chaque dernier mardi du mois depuis mai 2008, un Cercle de Silence se forme en guise de soutien aux sans papiers. Mardi 25 novembre, le rendez-vous est pris de 18h à 19h.

Un rassemblement symbolique

Comme chaque dernier mardi du mois, la Cimade, le Réseau Education Sans Frontière (RESF), et autres associations humanistes s’unissent auprès d’un ensemble de citoyens avertis. Ils dénoncent les conditions de vie des sans papiers dans les centres de rétentions. Au départ, l’appel était issu des Franciscains, de Toulouse. Mais depuis, laïques comme religieux se sentent concernés. Marie est là en tant que simple citoyenne. « Je n’appartiens à aucune organisation. Je suis là par pur humanisme » tient-elle à préciser.
Avec un cercle sans parole pour tout moyen de protestation, l’efficacité semble relative. « C’est une façon de protester contre la traque de ces travailleurs « indésirables ». Depuis 2006, leur sort s’aggrave » reprend Charles Lilin, agronome, membre de RESF. « C’est symbolique… C’est une façon de dire « non, ça suffit », sans entrer dans des manifestations violentes« .

Comme une odeur de souffre

Ce soir, c’est la police nationale qui débarque en premier. Le mois dernier, les Jeunesses Identitaires[[Groupuscule d’extrême droite]] avaient déjà brisé le silence. « Aujourd’hui, nous sommes un peu plus nombreux » concède Barbara Wolfram, de la Cimade (près de cent cinquante personnes). Les manifestants restent sur leurs gardes. Le risque de récidive est élevé. Sur Internet, ces groupuscules xénophobes promettent de revenir. Dès 18h, la consigne est claire. « Si les Jeunesses Identitaires reviennent, nous devons leur tourner le dos, et ne pas répondre à leurs provocations » rappelle Jean-Paul Nunez, délégué régional de la Cimade en Languedoc Roussillon.
Transits de froid, les militants s’épient les uns les autres. Comme si les provocateurs du mois dernier allaient surgir d’un moment à l’autre.
19h : l’impatience se fait sentir. L’air est glacial. L’action est achevée. La dispersion, immédiate. Rien à signaler.

Un fauteuil sur mesure

Il y a quelque semaines, Ilham Aliyev a été réélu à la tête de l’Azerbaïdjan pour un mandat de cinq ans. Ces élections étaient courues d’avance car aucune opposition n’était présente. Cela fait cinq années que le peuple azerbaidjanais vit dans une dictature cachée.

Un pays stratégique

L’Azerbaïdjan est la première nation musulmane à donner le droit de vote aux femmes et à se rapprocher de la démocratie. Devenu réellement indépendant le 30 août 1991, après l’effondrement du bloc communiste, le pays est depuis en pleine confusion politique. En 1992, l’Azerbaïdjan entre à l’ONU et deux ans plus tard, Heydar Aliyev devient président et ce jusqu’à sa mort en 2003.

Parmi les principaux pays du Caucase, sa position géostratégique lui confère un statut primordial pour l’Europe, l’Asie centrale mais également la Russie. Entrée au Conseil de l’Europe en 2001, Bakou (capitale de l‘Azerbaïdjan) accentue sa politique pro-occidentale. Le pays regorge de pétrole et se sait en position de force face à l’Occident qui lui fait les yeux doux.

Ilham Aliyev, fils de l’ancien président Haydar Aliyev, jongle entre l’Occident et la Russie afin de garder des alliés des deux côtés. Membre du GUAM (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan et Moldavie) depuis sa création en 2007 afin d’établir la démocratie et le développement économique, les pays de la région ont orienté leurs politiques dans le but de se rapprocher de l’OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord) et de l’Union Européenne.

Une démocratie qui se fait attendre

L’Azerbaïdjan est devenue indépendante en 1991. Alors que Haydar Aliyev, le père de l‘actuel président, avait octroyé une once de liberté d’expression, de défense des droits de l’homme et de lutte pour la paix, son fils a resserré les rangs et dégradé la situation.

Cette situation se traduit notamment par la fermeture de l’un des principaux journal d’opposition azerbaïdjanais appelé « Yeni Musavat ». Isa Gambar, fondateur du journal et leader du parti Musavat dénonce le harcèlement de l’administration du président Ilham Aliev.

Les médias ne sont pas les seules victimes de la politique d’Aliev, la minorité Lezgine d’Azerbaïdjan s’interroge sur la réduction du nombre de sièges au Parlement. L’unique place qui leur a été accordée, entraîne une concurrence féroce entre les députés Lezgines qui s’évertuent pour certains à conserver la langue et la culture Lezgine. Majoritairement proche du gouvernement, ces dernière années, les politiciens Lezgines se sont tournés vers l’opposition, tels Abdulhalim Ahmedov représentant le bloc Azadig (liberté), Nizami Sultanov pour l’Adalat (justice) et Shakir Magomedov représentant le Parti démocratique du peuple d’Azerbaïdjan.

Second groupe ethnique du pays, avec plus de 2% de la population, les Lezgines ne croient plus en la démocratie dans leur pays. « Il est connu de tout le monde que les droits des minorités sont bafoués, mais on parle là de problèmes sociaux qui sont communs à tous » déclare Vladimir Timoshenko, député russe.

Considéré comme un homme politique affable par Reporter Sans Frontière, « Ilham Aliev est le digne fils de son père en traitant l‘opposition avec brutalité». Vu comme un homme sans carrure, il prouve par la force et la répression qu’il peut également diriger son pays avec poigne et contrôler les médias en emprisonnant les journalistes et les opposants.

Une élection sur fond de dissidence

Les opposants au régime ont rejeté le résultat du scrutin donnant 88,73% des voix à Ilham Aliyev. Ils ont également refusé de participer aux élections comme protestation contre les persécutions commises à leur encontre lors des précédentes élections.

Des observateurs de L’Organisation pour la Coopération et la Sécurité en Europe (OSCE) s’étaient montré réticents à l’élection de 2003 car deux personnes ont été tués et des centaines de protestataires arrêtés par la police lors d‘une manifestation réprimée par les forces de l‘ordre. Une controverse tourne autour des élections de 2003 mais aucune preuve n’a été apportée au dossier. Toutefois, la communauté internationale s’est penchée que cette affaire. L’élection de 2008 n’a rien changé de plus : Ilham Aliev a été élu à 88,64%. De leur côté, les partis d’oppositions récoltent en tout et pour tout 8,16%.

L’opposition n’espère plus et attend que le vent tourne mais reste à savoir quand car l’Occident soutient le gouvernement d’Ilham Aliyev en raison de ses richesses pétrolières.

Le Gitan Noir, un artiste au-delà des barrières

Ses 36 ans, Philippe Udino ne les fait pas. Skate à la main, jean, baskets, plume pendue à l’oreille et collier jaune vert rouge. On ne sait trop dans quel style le ranger. Et ça tombe bien, il déteste les étiquettes. A son passage, la rue l’interpelle: « Oh ! Le Gitan Noir ! ».

Artiste indépendant, le Gitan Noir se bat seul pour faire entendre sa musique et fait tout « à la gitane » comme il dit, d’instinct. Auteur-compositeur, il se produit régulièrement à Montpellier et fait partager sa musique aux passants, au hasard de la rue.
Cela fait 20 ans maintenant .« J’étais dans la danse avant. Le hip hop c’était ma manière de m’exprimer. Les années passant, je me suis rendu compte qu’il me manquait quelque chose et la chanson m’est apparue comme une évidence. »
Pseudo original pour un mélange musical et culturel détonant. Le Gitan Noir est un « pur produit » de la cité Gély du quartier Figuerolles. Il a grandit dans ce bouillonnement multiculturel où cohabitent blancs, maghrébins, gitans et africains. « Ce nom, c’est des gitans du quartier qui me l’ont donné. Je l’ai gardé car c’est vraiment ce que je suis dans la vie. Ma musique s’inspire du flamenco que j’entendais de la fenêtre de mon appartement dans la cité. En plus, nous avons les même batailles à mener pour exister. Pour être respecté malgré nos couleurs de peau, malgré le fait de venir d’un quartier. »

Sa musique est donc le reflet de ce qu’il est : un hymne moderne à la France d’aujourd’hui. Mêlant jazz, soul, rap et flamenco, un nouveau genre musical est né.  » J’ai toujours été à la recherche de mon propre style et je l’ai trouvé : c’est le flamensoul ». Un son qui colle au décor de son enfance. Amoureux de la Musique, il refuse de s’enfermer dans un genre, récuse les barrières qu’elles quelles soient « J’aime toutes les musiques, il suffit qu’un truc me parle ou me transporte. » Ses inspirations musicales vont de Jonathan Butler (jazz) à Tomatito (flamenco), en passant par Michael Jackson ou Marvin Gaye.

A musique sycrétique, public éclectique. « Quand je regarde les gens qui viennent me voir en concert, je me régale. Il y a des personnes de tous les styles, de tout niveau social, des bourgeois aux babas, des jeunes aux papis.» Le message est clair : rassembler, construire « tous ensemble » comme le dit un de ses titres. Le chanteur qui aurait aussi aimé être éducateur dit facilement que sa musique est aussi forcément politique. Son rap se veut conscient. « Je tente d’amener des solutions, c’est facile de se plaindre tout le temps mais il y a aussi des choses à faire, des messages positifs à passer. » Ses textes racontent sa vie, les difficultés qu’il a pu rencontrer. « Si j’avais été plus faible je ne serais pas là aujourd’hui. Il y a toujours des gens qui veulent te cracher leurs frustrations à la gueule. Chacun à sa place dans ce métier mais pour beaucoup, c’est une compétition. » Les chansons s’efforcent de décrypter la cité, d’analyser « le pourquoi » pour effacer les préjugés simplistes. Ce chanteur médiateur fait le pont entre un monde inconnu qui fait peur à certain et un monde de galère où la victimisation referme la boucle d’un cercle vicieux. « Je suis pour la douce révolution. Celle qui se fait par les mots magiques comme bonjour et merci. Des petits riens qui font que l’on communique et qui peuvent changer les mentalités, éloigner les idées préconçues. »
« J’ai fait un CAP menuisier et j’ai arrêté les études alors ma musique quelque part, c’est ma thèse
» confie l’artiste en montrant son CD. Après deux maxis : Nécessaire et Représentons, le premier album, Soul solution, est prévu pour début 2009. « Ma musique à moi c’est du calcium » dit-il pour clore l’entretien. Et en cette période hivernale, un peu de vitamines contre la grisaille, ce n’est pas de refus.

Le gitan noir: Tous ensemble
Le gitan noir sur 7LTV : « Tous ensemble »

Le myspace: http://www.myspace.com/lnblegitannoir.

La rentrée des classes

La page est tournée. La terrible déconvenue de l’équipe de France à l’Euro 2008 oubliée. Raymond Domenech confirmé dans ses fonctions, la Fédération française a profité de sa rentrée des classes, à l’occasion de la présentation de la sélection qui affrontera la Suède le 20 août, pour présenter son nouveau projet et ses nouvelles orientations. Un bel exercice de communication et beaucoup de vide.

Devant le parterre habituel des journalistes sportifs, c’est un Raymond Domenech bronzé et souriant qui s’est présenté, en compagnie de Jean-Pierre Escalettes (président de la fédération), pour annoncer une sélection rajeunie : un peu plus de 25 ans de moyenne d’âge. Lilian Thuram désormais retraité, Raymond la Science n’a pas pu échapper à la sélection de Philippe Mexes, réclamée de longue date par l’ensemble des spécialistes du football français. Aucune grande surprise par ailleurs. Seul l’appel de Rod Fanni intrigue. « Il joue à un poste un peu sinistré. Il a des capacités, de la puissance athlétique et il était intéressant de le voir en situation de responsabilités », a expliqué le sélectionneur français. Même raisonnement du côté des gardiens. Frey et Coupet ne figurent ainsi pas dans la liste, remplacés par les portiers prometteurs de Lyon et Marseille, Lloris et Mandanda. L’ultime rempart marseillais part avec une longueur d’avance sur son concurrent du fait de son expérience au dernier Euro, du moins « pour le moment ». Domenech nuance cependant : « Les deux autres (ndlr: Coupet et Frey) ne sont pas prêts. La vérité viendra en septembre. » La sélection du jeune espoir Yoann Gourcuff, le nouveau meneur de jeu girondin, est moins surprenante. « Maintenant qu’il joue dans un grand club », a ironisé le sélectionneur. « Maintenant qu’il joue régulièrement … », a aussitôt corrigé le président de la Fédération. Si l’absence d’Abidal est justifiée par sa suspension, aucun « vieux » n’est a priori exclu. « Tous les joueurs sont sélectionnables, de 18 à 42 ans », rappelle l’entraîneur tricolore. Makélélé et Coupet sont prévenus!

Un « staff France » remanié

Mais si évolution il y a, ce n’est pas sur le terrain qu’il faut la chercher. Abondamment critiquées en juin dernier, la communication du « club France » ainsi que le staff vont subir quelques remaniements. Le docteur Jean-Pierre Paclet, mis en cause dans le diagnostic de la blessure de Patrick Vieira sera remplacé, du moins en Suède, par le docteur Alain Simon, ancien médecin du PSG. Ce dernier devrait être confirmé par le prochain conseil fédéral qui se tiendra fin août. La principale nouveauté vient du staff technique avec l’arrivée de l’ancien champion du monde 98, Alain Boghossian. Pressenti depuis plusieurs semaines, le récent diplômé d’un DEPF, intègre la Direction technique nationale et arrive comme second adjoint de Domenech aux cotés de Pierre Mankowski. « On a ressenti le besoin d’avoir un technicien en plus. Alain va apporter sa fraîcheur et son vécu du monde professionnel », consent le sélectionneur, qui a mis un terme à la rumeur Barthez en confirmant Bruno Martini dans ses fonctions d’entraîneur des gardiens. Pas de changement fondamental donc dans le fonctionnement technique de l’équipe de France. L’accent ayant été porté sur l’aspect extérieur au terrain, tout aussi défaillant lors du dernier Euro.

Inculquer une éducation civique aux plus jeunes

Cette rentrée des classes, première étape de la phase de reconstruction annoncée lors du dernier conseil fédéral, sent le vide. Beaucoup de paroles, peu de concret. « Un bouleversement total dans l’organisation aurait été néfaste au souci de continuité qui s’imposait », se défend Jean-Pierre Escalettes. Néanmoins, la fédération a « pris conscience des nombreuses améliorations qui s’imposaient ». Elle veut instaurer « un vent nouveau ». Notamment dans la relation entretenue entre l’Equipe de France A, les médias et son public. Pour se faire, un nouveau responsable de la stratégie de communication du groupe France a été nommé : Pierre-Jean Golven. Il a ainsi été chargé de choisir une structure gérant l’image et la communication de l’équipe préférée des français afin « de renforcer les atouts de l’Equipe de France et la fierté nationale ». L’unique mesure concrète prévue et annoncée est le programme « Culture Bleus ». Il vise les équipes de jeunes, lesquelles seront soumises à des cours d’éducation civique, d’histoire de la sélection et à l’apprentissage de la Marseillaise. Vaste programme qui se déroulera, logiquement, à Clairefontaine. Les premières séances sont attendues fin aout, avec l’équipe des moins de 16 ans, sous le parrainage de Lilian Thuram. L’ancien défenseur international donnera d’ailleurs son nom à cette première promotion.

Beaucoup de promesses

Pour le reste, il faudra revenir. L’idée d’un manager général coordonnant les différentes sélections a été évoquée mais ni son rôle ni son nom ne sont encore à l’ordre du jour. « C’est le sujet le moins urgent », justifie Escalettes. De même, la fédération souhaite renforcer la relation avec les médias, fortement critiquée également lors de la bunkerisation tricolore en Suisse, mais selon quelles dispositions ? Le patron du foot français a aussi développé l’idée d’une charte que les joueurs sélectionnés devront signer et respecter. Bien entendu, la charte n’est encore qu’un projet et son contenu flou.

Beaucoup d’annonce pour pas grand-chose. Enfin si, un passionnant match amical du mois d’aout qui devrait présager du futur visage de l’équipe chargée de se qualifier pour le Mondial 2010 et de laver l’affront d’un Euro cauchemardesque.

Un « essai » dans la lutte contre le dopage

C’est une première. Un club de Rugby professionnel s’engage à donner des compléments nutritionels controlés à ses joueurs.

C’est une première. Un club de Rugby professionnel s’engage à donner des compléments nutritionels controlés à ses joueurs.
Le concept est novateur. Une convention vient d’être signée entre le Montpellier Rugby et Wall Protect, société qui accompagne les producteurs de compléments alimentaires dans une démarche d’assurance qualité. « C’est la première fois qu’un tel engagement est pris dans le sport français », annonce Dorian Martinez, fondateur et président de Wall Protect.

Bernard Dufour, médecin coordinateur du Montpellier Rugby se félicite d’une telle avancée : « depuis longtemps, notre objectif est de continuer ce qui est fait à la Ligue (de rugby) sur la lutte contre le dopage. Dès que j’ai eu connaissance du projet, on y a été à fond. ». L’objectif est d’afficher la transparence sur la consommation de compléments alimentaires. « Il n’est pas question d’argent, c’est un engagement moral des clubs », précise Dorian Martinez. Le partenariat permet d’avoir une vérification de tous les produits donnés aux joueurs.

Le haut niveau nécessite des habitudes alimentaires particulières

Bernard Dufour explique que « le souci du haut niveau, c’est qu’avec autant d’entraînement par semaine, l’alimentation seule ne suffit pas à supplémenter nos joueurs. Il faut ajouter des vitamines ou des protéines et être sûr que ce que prennent les joueurs ne soit pas pollué. »
Bernard Dufour, medecin coordinateur du Montpellier Rugby
Un pas en avant dans la lutte contre le dopage qui pourrait bien être emboîté par d’autres clubs de rugby. « Nous souhaitons faire la publicité de ce système pour donner envie aux autres clubs d’en faire autant. A force d’en parler, si on a un retour positif, ça peut marcher. » Enthousiaste, le médecin du MHRC n’en reste pas moins lucide, à l’heure où il est possible de se procurer toute sorte de produits via Internet. « On n’est pas dupe, on sait que de temps en temps, quelques cas peuvent passer au travers. Mais on a une démarche positive pour aller dans le bon sens. » Le MHRC, en faveur d’un sport propre, mise sur la transparence afin de résister aux sirènes du dopage. « On fait tout pour éviter de se retrouver dans une situation comme celle du cyclisme ».

La bataille des langues régionales continue

Adoptée le 21 juillet, une loi constitutionnelle stipule l’appartenance des langues régionales au patrimoine français. Mais il reste à faire….

« Il y a un vrai débat sur les langues régionales et d’ailleurs, il n’a jamais été aussi fort », constate le vice-président de la Région Languedoc-Roussillon, également délégué à l’Occitanie, Éric Andrieu. En effet, l’inscription dans la Constitution révisée des langues régionales «au patrimoine de la France », attise la controverse.

Dans un communiqué datant du 12 juin, l’Académie française accusait les députés d’avoir « voté un texte dont les conséquences portent atteinte à l’identité nationale ». Ce texte « n’a pas sa place dans la Constitution », estimait l’Académie. L’insertion sur les langues régionales devait initialement précéder l’article 2, stipulant que « la langue de la République est le français ». D’où le mécontentement de l’Académie française qui dénonçait alors « un déni de la République et une confusion du principe constitutif de la Nation ». L’amendement a finalement été inséré en l’article 75-1 de la Constitution.

Eric Andrieu reste prudent

Cette intégration est un « acte fort », juge le délégué à l’Occitanie. Satisfait du vote parlementaire, il avoue cependant un « amer regret » quant à la position du Sénat qui s’était prononcé contre la reconnaissance des langues régionales dans la Constitution, le 18 juin dernier. « Nous ne sommes pas dupes et nous savons que les compétences risquent d’être transférées vers les collectivités territoriales : le fait que la reconnaissance des langues régionales soit insérée à l’article 75 et non suite à l’article 2 illustre une volonté politique », analyse Éric Andrieu.

L’auteur de l’amendement, le député UMP des Côtes-d’Armor, Marc Le Fur, a déjà justifié la position de l’assertion dans le quotidien breton Le Télégramme, arguant que « dans la Constitution, tous les articles se valent juridiquement ».

Dans un phrasé imagé, le président de l’institut Estudis Occitans de Toulouse, David Grosclaude, prévient : « Pas question de refiler le bébé aux collectivités locales ! ». Une manifestation est déjà prévue à Carcassonne le 24 octobre 2009, à la veille des élections régionales.
« Ce que nous attendons c’est une généralisation de l’offre au niveau de l’enseignement et une reconnaissance dans la vie publique », explique David Grosclaude.

Maintenant que la base constitutionnelle est posée, reste à attendre le menu législatif qui viendra concrétiser le texte.

Des hics et des toc : une chaotique année médiatique

Depuis son élection, Nicolas Sarkozy cohabite tant bien que mal avec les médias. Entre mépris et connivence, de nombreux sujets houleux ont parsemé la première année élyséenne de l’ancien maire de Neuilly. Suppression de la publicité télévisuelle dans le service public, polémiques autour de la nouvelle loi sur la protection des sources et conflit ouvert avec l’AFP. La presse française est menacée. Tour d’horizon d’une chaotique année politico-médiatique.

Fin janvier, un ponte du quotidien conservateur le Figaro, Yves Thréard, déclarait sans ambages ni faux-semblants : « Nicolas Sarkozy n’aime pas les journalistes, il les déteste même ». Le ton était donné.

« M. Sarkozy confond télévision publique avec télévision d’Etat »

Quelques jours auparavant, au cours de sa conférence de presse spectaculaire devant plus d’une centaine de journalistes, le président de la République a annoncé la suppression de la publicité dans l’audiovisuel public, effective dès le 1er janvier 2009, sans concertation avec les ministres et les directions concernés. Un manque à gagner de plus de 800 millions d’euros pour France Télévision qui a aussitôt fait réagir l’opposition, soupçonnant le président de favoriser par cette réforme, les affaires de groupes tel que le groupe Bouygues, propriétaire de TF1. Patrick Bloche, vice-président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale en charge des médias avait alors dénoncé un « jeu de bonneteau hasardeux consistant à déshabiller le service public pour venir à la rescousse des grandes chaînes privées dont les actions ont aussitôt décollé« .

Pour désigner le nouveau mode de financement de la télévision publique, la Commission Copé, regroupant, à parité, professionnels et parlementaires, a été mise en place. Ses conclusions, rendues le 25 juin, ont fait long feu, surpassées par la volonté présidentielle d’appliquer ses propres idées : Nicolas Sarkozy a fixé son propre calendrier (la publicité disparaitra entre 20h et 6h du matin dès janvier 2009 puis la mesure sera étendue au 1er décembre 2011 alors que la commission préconisait 2012). Pour financer le manque à gagner, le chef de l’Etat a décidé de taxer les opérateurs de téléphonie et d’Internet à 0,9 %, alors que la commission Copé proposait que cette taxe soit de 0,5 %.

Mais c’est la nomination du président de France Télévision en Conseil des ministres qui a provoqué le plus grand tollé. En lieu et place de l’actuelle nomination par le CSA, la procédure, qui accordera ce pouvoir à l’exécutif, prévaudra également pour la présidence de Radio France. « M. Sarkozy confond télévision publique avec télévision d’Etat. Il sera peut-être, demain, rédacteur en chef« , a dénoncé dans le Monde Arnaud Hamelin, producteur et président du Syndicat des agences de presse télévisées (Satev). L’indépendance des médias français, déjà fortement malmenée, encaisse là un nouveau coup dur.
Une séquence « off » du président crée la polémique

x5z26r&related=1Cette annonce coïncide avec la publication par rue89 d’une vidéo « off » du président avant une interview sur France 3. Dans ce témoignage, Nicolas Sarkozy semble rappeler qu’il est le patron du service public et promet du changement. « Ca va changer » répète-t-il énervé dans ce document. Fait-il référence à la présidence actuelle de Patrick de Carolis avec qui le ton est récemment monté ? Après avoir menacé de démissionner, le président de France Télévision s’est exprimé sur RTL : « Lorsqu’on dit qu’il n’y a pas de différence entre la télévision de service public et les télévisions privées, je trouve cela faux, je trouve cela stupide, et je trouve cela injuste ». Une sortie qui a fortement déplu à l’Elysée. Soi-disant conforté dans ses fonctions par Sarkozy, Patrick de Carolis reste ouvertement sur la sellette. Henri Guaino ne le nie d’ailleurs pas. Selon Le Monde, le conseiller du président confirme qu’une nouvelle nomination aura lieu après l’adoption de la loi. Même la majorité semble agacée par l’attitude présidentielle. « On ne peut pas s’attaquer à l’AFP et à France Télévision », se lamentait un député UMP.

Cette vidéo « off » de rue89 a également relancé le débat sur la protection des sources journalistiques. Après la demande de l’Elysée à rue89 pour que le site d’information détruise la vidéo, France 3 a ainsi porté plainte afin de découvrir la source qui a permis « la fuite » de cette séquence « off ». Une première en France : un média qui menace un autre média pour découvrir sa source. Fondateur du site menacé et ancien de Libération, Pierre Haski explique : « La lettre de l’avocat exigeait aussi que Rue89 révèle la source de ce document. Cette demande, sans précédent entre médias, avait provoqué de nombreuses protestations, notamment des journalistes et de la direction de la rédaction de France3 qui s’en sont désolidarisés. Rue89 avait refusé d’obtempérer, et la vidéo est toujours disponible ». L’usage veut que ce soit l’Etat qui perquisitionne des journaux pour trouver leurs sources. Le Canard enchainé peut en témoigner.

Protection des sources : une loi floue

En décembre dernier, le journaliste Guillaume Dasquié, spécialisé dans les enquêtes sur le renseignement, était mis en garde à vue à la DST. Au final, une mise en examen pour « détention et divulgation au public de renseignement ou fichier ayant le caractère d’un secret de la défense nationale ». « La garde à vue de Guillaume Dasquié met en relief le retard de la législation française, la plus rétrograde d’Europe pour la protection des sources des journalistes. L’article 109 du code de procédure pénale n’assure pas assez la protection des journalistes », expliquait alors Robert Ménard à Hautcourant.com. Promis dans son programme présidentiel, la nouvelle loi sur la protection des sources des journalistes a été adoptée le 15 mai en première lecture à l’Assemblée nationale. Aussitôt dénoncée par un cortège de juges, d’avocats et de journalistes, elle ne protège les sources que dans certains cas. Les journalistes satiriques espéraient une loi leur permettant de n’encourir aucune sanction devant un juge s’ils ne divulguaient pas leurs sources. Ils ont été déçus. « La justice aura le droit de rechercher l’origine d’une information de presse lorsqu’un « impératif prépondérant d’intérêt public » l’imposera, à titre exceptionnel, en cas de crime ou délit grave et si cela est absolument nécessaire à l’enquête », explique le site bakchich.info. Le flou de la formulation interpelle.

Après 14 mois de sarkozysme et de conflits politico-médiatiques, François Malye, secrétaire général du Forum des sociétés de journalistes (FSDJ), juge « qu’il y a une régression démocratique. On assiste à une reprise en main par des grands acteurs qui veulent mettre de l’ordre dans les médias ».

Le revers de la médaille

Alain Delort a publié, le 4 juillet, son premier roman qui dénonce les dérives des comportements dans le sport moderne. Un livre piquant sur le dopage.

Un monde où le dopage sportif est roi, où le public vote pour choisir le meilleur athlète, où les transformations chirurgicales deviennent la norme. Impossible ? Pas pour Alain Delort.
Ce Rochelais d’adoption publie son premier roman Les Jeux Libres . Page après page, il se demande ce que deviendrait le sport si le dopage était autorisé en toute impunité et jusqu’où serait prêts à aller les athlètes pour gagner. Le résultat fait froid dans le dos.

A 37 ans, Alain Delort est gérant d’un fonds de capital-risque spécialisé dans la santé. Ce fan de sport a choisi de s’emparer du sujet en réaction à toutes les dérives. « Il existe une vraie hypocrisie. Le dopage ternit l’image de la compétition mais rien n’est fait pour l’empêcher réellement », dénonce l’auteur. D’où l’idée provocatrice de raconter une histoire où le dopage serait roi. Il renchérit : « Des amis m’ont dit que je vantais les mérites de cette tricherie. C’est faux ! Je vais simplement, dans mon roman, au bout de la logique : puisqu’on ne fait rien pour lutter autant laisser faire les athlètes à fond ».

« Il faudra que les gens acceptent de voir moins de performances »

L’auteur fait un bond dans le temps. En 2024, l’ère du dopage est terminée. Un nouveau test universel et fiable permet de vérifier que les sportifs ne prennent pas de substance interdite. Il pense ainsi rendre le sport propre. Revers de la médaille, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Les athlètes n’honorent pas la devise des Jeux Olympiques « plus vite, plus haut, plus fort ». Les spectateurs s’ennuient, quittent les stades et réclament le retour de leurs idoles déchus à cause du règlement antidopage.

Des écailles sur la peau…Pierre de Say, un homme d’affaires, va alors lancer un nouveau concept : « Les Jeux Libres ». La règle ? Il n’y en pas ! Tous les moyens sont bons pour gagner. Et le public est là. Le spectacle, malgré les résistances de certains, attirent de plus en plus de monde. Les téléspectateurs peuvent même participer à la sélection des athlètes en votant pour leur chouchou.
Alain Delort lance un cri du coeur contre le dopage

La compétition prend alors un nouveau tournant. Après avoir épuisé toutes les sortes de pilules existantes, les nageurs et autres sprinters décident de se plonger dans la chirurgie. Des hommes avec des pieds de quinze centimètres de plus, des écailles collées sur la peau et des mains palmées font leur apparition aux bords des bassins. Mi-homme mi-animal, les athlètes transforment leur corps pour pulvériser leur record et gagner davantage de médailles. Mais quarante ans plus tard, l’ère du tout technologique finira par perdre le sport et les athlètes.

Moins de performances ? Attention ! Il ne faut pas oublier que tout le livre sort de l’imagination de son créateur, même si des passages reposent sur des faits ou des personnages réels. « Admettons que le test antidopage universel existe, il faudra que les gens acceptent de voir moins de performances. Le Tour de France ne pourra plus faire 2 500 km. Les spectateurs ne sont peut-être pas prêts à l’accepter », avertit-il.
De son expérience en tant que directeur général d’un laboratoire pharmaceutique, Alain Delort a puisé la matière de la deuxième partie de son livre. Il affirme que « la technologie avance très vite. Le lien entre le secteur médical et sport est étroit. Dans 20 ans, beaucoup de choses seront devenues réalité ».

A travers de nombreuses recherches et sa culture sportive personnelle, Alain Delort a écrit son roman en un an. Il a même appris qu’« à l’époque des premiers Jeux grecs, les athlètes se « dopaient » déjà. Selon les disciplines, ils mangeaient des viandes différentes ».
Mais il prévient : malgré ce sujet brûlant, il n’a pas de message à faire passer. « Je veux simplement que les lecteurs passent un bon moment avec mon livre. C’est un roman avant tout », prévient-il. Le virus de l’écriture ne le lâche plus. Depuis trois mois, un nouveau livre est en préparation. Mais pour l’instant le sujet reste secret. Une certitude : il ne traitera ni de dopage ni de sport.

Martine Aubry : une alternative à Royal et Delanoë ?

Alors que « les jeunes loups » s’entredéchirent pour prendre la tête du Parti Socialiste et que les candidats se multiplient, Martine Aubry s’installe en troisième position parmi les prétendants derrière le « couple » Delanoë-Royal. Enarque de 57 ans, fille de Jacques Delors, la maire de Lille voit-elle enfin un destin d’ampleur nationale frapper à sa porte ?

Dans le maelstrom des potentiels candidats à la succession de François Hollande comme premier secrétaire du Parti socialiste, entre « jeunes loups » et « vieux éléphants », sans oublier l’inclassable Ségolène Royal, Martine Aubry a vu ces derniers mois sa cote remonter. Jusqu’à apparaître comme « le troisième homme » du prochain congrès de Reims de novembre prochain, derrière le médiatique couple Delanoë-Royal. Elue maire de Lille en 2001, elle succède à Pierre Mauroy, qui l’adoube. Réélue en 2008 triomphalement, elle devient également présidente de Lille Métropole, la communauté d’agglomération lilloise. En pleine fièvre Bienvenue chez les Chtis, elle profite de cette vague pour revenir au premier plan et s’afficher proche des classes populaires, rompant avec une image de femme hautaine et distante.

Vers un rapprochement avec Delanoë

A l’occasion de la sortie du livre-programme du maire de Paris, De l’audace, la maire de Lille a accueilli chaleureusement son homologue. Le rapprochement est précoce et surprenant. Vont-ils s’allier pour contrer Ségolène Royal ? Ou Martine Aubry va-t-elle avancer seule, afin d’assouvir son ambition personnelle ? Politiquement, elle peut compter sur les Reconstructeurs, qui rassemblent des partisans de Laurent Fabius et Dominique Strauss-Khan. Au sujet du rapprochement avec le maire de Paris, questionnée par Christophe Barbier, l’ancienne ministre du gouvernement Jospin reste vague : « Bertrand Delanoë est un ami. Nous avons, je crois, l’essentiel en commun, et je souhaite que ce soit cette démarche où chacun se dit : « Pensons au pays, pensons aux Français, sortons du congrès en leur disant « Voilà la perspective qu’on vous propose, soyons capable de nous réunir pour préparer un projet et ensuite pour choisir notre candidat peut-être dans 2 ans et demi, 3 ans à la présidentielle » ». Elle n’a pas signé la contribution de Delanoë qui sera envoyée aux militants socialistes cet été, présentant sa propre contribution le 25 juin dernier. Elle souhaite « restaurer les valeurs historiques du socialisme » et vient de recevoir le soutien de Jack Lang notamment. D’autre part, leurs programmes semblent diverger sur l’utilisation du mot « libéralisme », actuel sujet épineux du débat socialiste.

Pierre Mauroy l’affirme, elle «peut jouer un rôle majeur dans la région et au niveau national».

Une femme d’expérience

Fille du dirigeant socialiste historique et grand européen Jacques Delors, Martine Aubry a connu une trajectoire des plus traditionnelles pour les hommes et femmes politiques français : formée à l’IEP de Paris puis à l’Ena, elle rentre au PS en 1974. En 34 ans de carrière politique, elle a occupé de nombreux postes à responsabilité. Elle débute au ministère du Travail de Jean Auroux puis de Pierre Bérégovoy. A l’instar de Dominique Strauss-Khan, elle connaît bien le patronat du fait de son passage dans l’entreprise Péchiney où elle est adjointe de Jean Gandois, futur grand chef du CNPF (Conseil national du patronat français, qui deviendra le Medef). De 1991 à 1993, c’est logiquement qu’Edith Cresson la nomme ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle. Elle reviendra au gouvernement sous Lionel Jospin à partir de 1997 en tant que ministre de l’Emploi et de la Solidarité. Elle y mettra en place de nombreuses réformes, tantôt félicitées par certains, tantôt décriées par la droite et le patronat. Au cœur des critiques, sa réforme du temps de travail avec l’instauration des 35 heures. Cette mesure entraîne la démission de son ancien patron Jean Gandois de la tête du syndicat patronal. Elle est également à l’origine des emplois jeunes et la couverture maladie universelle (CMU). Elle démissionne de ses responsabilités gouvernementales en 2001 pour se consacrer à son mandat d’édile.
L'ancienne ministre de Jospin et actuelle maire de Lille postulera-t-elle au poste de premier secrétaire du PS?
Critiquée notamment pour sa distance « à la Juppé » sur les 35 heures et sur son manque de concertation, Martine Aubry revient dans la course à la tête du PS, affichant un bilan positif à la mairie de Lille ainsi qu’une expérience importante des hautes responsabilités.

Son père a refusé de se présenter à l’élection présidentielle de 1995 afin de ne pas faire de l’ombre à la carrière de sa fille, selon certains. « Elle a les qualités de son père, mais en plus viril » ironisait en 1997, un ministre de Jospin. Un dirigeant socialiste expliquait à l’époque : « Elle s’est vraiment imposée pendant la campagne présidentielle de 1995. Meeting après meeting, les militants scandaient son nom, l’acclamaient presque autant que Lionel. A ce moment, il a compris qu’elle était devenue incontournable. »

Onze ans plus tard et une expérience d’élue locale en plus, le temps de Martine Aubry serait-il arrivé ?

Europe : 2005-2008, même combat ?

Un double « non » franco-hollandais en 2005, un « non » irlandais en 2008 et une myriade de ratifications parlementaires : les politiques n’ont pas confiance en leurs concitoyens qui eux, n’ont toujours pas confiance en l’Europe.

2005-2008 : l’Europe reste incomprise. Trois ans après le double refus référendaire de la France et des Pays-Bas de ratifier la première constitution européenne, le récent, et finalement prévisible, « non » irlandais semble moins problématique. Néanmoins, l’adoption par la majorité des pays membres d’un processus de ratification du « Traité simplifié » par voie parlementaire révèle la méfiance que les dirigeants européens ont en leurs populations.

Lorsqu’en 2005, l’idée même de constitution avait été abandonnée, les dirigeants feignaient avoir compris le sens du double-refus : la construction européenne est incomprise et trop abstraite pour les citoyens. Dans son programme présidentiel, Nicolas Sarkozy promettait de relancer l’Europe.

«Beaucoup d’Européens ne comprennent pas la façon dont on construit l’Europe»

A deux semaines de la présidence française de l’Union Européenne, rien n’a changé, les craintes restent les mêmes. «L’Europe, ça été vécu pour protéger, et tant d’Européens pensent que l’Europe, ça inquiète. À nous d’en tenir compte, pas dans six mois, tout de suite», expliquait récemment Nicolas Sarkozy. Comme s’il prenait à peine conscience du phénomène. Et le président français d’ajouter : «Beaucoup d’Européens ne comprennent pas la façon dont on construit l’Europe en ce moment. Il faut qu’on en tienne compte très rapidement et qu’on change notre façon de faire l’Europe. L’idée européenne, on n’a pas le droit de la saboter, mais il faut qu’on fasse différemment.» Différemment. Autrement qu’avec le couple franco-allemand en tête ? De nombreux observateurs attribuent ce nouvel épisode à la faille du couple, pourtant pierre angulaire de la construction européenne depuis ses débuts.

RTEmagicC_Logo_priorites.JPG.jpgLe 1er juillet, le chef de l’Etat français prendra la présidence du Conseil de l’Union Européenne pour six mois. Son style arrogant et détonant risque de se confronter aux mœurs nettement plus policées des diplomates bruxellois. Nicolas Sarkozy risque d’appliquer à Bruxelles son style hexagonal : aller vite, être partout, au risque de parfois se contredire. Au programme de cette présidence française intitulée « l’Europe protection », quatre axes de travail : l’immigration, l’environnement, la défense et la PAC (politique agricole commune).

«L’Europe craint les initiatives de Nicolas Sarkozy»

L’immigration, sujet des plus épineux et qui risque fortement de créer des tensions. Sous la houlette du couple Sarkozy-Hortefeux et de Berlusconi, le président du conseil italien, le thème, annoncé comme prioritaire, a été nommé « La gestion globale et concertée des migrations ». Le conflit est ainsi latent entre l’Espagne d’un côté, et la France et l’Italie de l’autre. Toujours dans le cadre de l’immigration, « les 13 et 14 juillet 2008, les 44 pays du nord et du sud de la Méditerranée se retrouveront pour faire le point sur les futurs contours de l’Union pour la Méditerranée. » (touteleurope.fr) Ce projet, cher au président français, ne fait pas l’unanimité à Bruxelles, loin de là.

Autre sujet de discorde, historique celui-là, la politique agricole commune qui, une fois de plus, devrait mettre à jour certaines fractures au sein de l’Union. Nicolas Sarkozy souhaite engager « une véritable refondation en profondeur » de la PAC « sans attendre l’échéance de 2013. » « En marge des thèmes officiels, l’Europe craint les initiatives de Nicolas Sarkozy sur d’autres dossiers sur lesquels ces dernières sorties ont été diversement appréciées : les carburants et le développement durable, ou encore la politique monétaire », est-il ainsi écrit sur le blog politique de fluctuat.

La méthode Sarkozy va s’attaquer à l’Europe. Le non irlandais place d’emblée la France face à ses propres difficultés. Nicolas Sarkozy clamait haut et fort son initiative de relance du processus par le traité de Lisbonne. Quelles suites à l’épisode irlandais ? Les six prochains mois révèleront l’ampleur de l’impasse dans laquelle la construction européenne s’embourbe depuis maintenant trop longtemps.