CULTURE – Les 24h (vraiment) démentes

Voilà déjà une semaine que les Internationales de la Guitare ont imprégné Montpellier et ses alentours d’une atmosphère mélodieuse. Et cette 22e édition ne déroge pas à la traditionnelle journée-marathon des 24h dément(es).

De samedi dernier 10h, au dimanche 1er octobre, même heure, c’est bien une course effrénée, escortée par la pluie, qui s’est rythmée au fil des concerts et des rencontres. Ce parcours musical s’étendait dans le centre historique de celle que l’on nomme la « Surdouée ». De lieux insolites, à l’instar du Jardin des Plantes, aux lieux emblématiques que sont le Rockstore et l’Opéra Comédie, un métissage stylistique était à l’oeuvre. Jazz manouche, musique expérimentale, flamenco ou encore pop-folk étaient représentés par des figures de la scène nationale et internationale.

Plus qu’une simple journée, cet évènement entièrement gratuit illustre bien la volonté du festival de rendre accessibles ces concerts à la population locale. La musique semble transcender les frontières, les classes sociales et les genres.

BAZ’R: le festival « absurdo-festif » de Sète

Les 10 et 13 décembre à Sète, le festival BAZ’R a réuni des artistes de tous horizons: My life is a weekend, Minuit, Zombie Zombie, Koudlam, Paradis, Lindstrom dans un cadre « ludique et décalé ». En attendant les concerts, un marché de Noël éthique et alternatif, des activités déjantées organisées par le collectif Nuts et des foodtrucks pour tous les goûts.

Retour en images sur le festival le plus absurdo-festif de l’hiver.

Les foodtrucks du BAZR, ces camions qui rivalisent avec les meilleurs restaurants.

La ligne téléphonique du Père Noël.

Des effets de lumière stupéfiants pour le concert de Zombie zombie.

Koudlam enflamme la scène du BAZR avec son tube See you all.

Les objets de cachet sont nombreux au BAZR. Ils laissent l'impression d'un festival très esthétique.

Le groupe Minuit, avec Simone Ringer et Raoul Chichin les enfants des Rita Mitsouko.

Les internationales de la Guitare 2013 se devoilent

Si la billetterie des Internationales de la Guitare (du 28 septembre au 19 octobre) est ouverte depuis le 7 mai, la programmation n’est pas tout à fait finalisée. Une majorité est cependant déjà révélée. Une cordée d’artistes du monde seront présents, le Maghreb et le Proche-Orient à l’honneur (Rachid Taha, Mohamed Abozekry et Heejaz, Interzone…). Deux surprises ont retenu notre attention: une bonne et une vraie. La bonne, c’est le prix des billets en baisse: 60 % des places à prix réduit et un prix moyen de 20€ (contre 25€ en 2012). La vraie, c’est la venue de l’auteur-interprète-guitariste Joseph Arthur, originaire de l’Ohio (Etats-Unis). Découvert dans les années 90 par deux grands noms de la musique, Peter Gabriel et Lou Read, l’artiste a fait son chemin depuis et arrive avec son dernier album « The ballad of boogie Christ ». La création (à chaque édition sa perle rare) sera la rencontre des montpelliérains Pascal Comelade et Gérard Pansanel avec Emilie Simon. La première partie sera assurée par le français Sanseverino. Ce dernier, habitué du jazz manouche, apportera une petite touche originale (une de plus) au festival avec du bluegrass (mélange de rock irlandais et country américaine). Mais le tyrannosaure guitariste du festival – mascotte de l’affiche 2013 – a plus de six cordes à son manche et fait venir entre autres: Bumcello, Diego Amador, Bjorn Berg, Mathieu Boogaerts, Paco Ibanez, Don Cavalli… En tout, ce sont 200 concerts donnés dans 22 lieux en Languedoc-Roussillon.

ZAT: un rendez-vous culturel à encourager mais à améliorer

C’est autour du bassin Jacques Coeur que se terminait cette troisième édition des ZAT (Zones Artistiques Temporaires) qui a secoué pendant tout le week-end le quartier Port Marianne et son nouvel hôtel de ville. Promenade au coeur de cet évènement artistique pour recueillir le ressenti et l’opinion des visiteurs et artistes conviés.

Une manifestation qui a remporté l’adhésion populaire

En ce dimanche ensoleillé, les spectateurs étaient encore nombreux au rendez-vous pour découvrir les ultimes représentations et installations centrées autour du bassin Jacques Cœur. Tous restent pour ne pas manquer le spectacle pyrotechnique, clôturant trois jours d’effervescence artistique et expérimentale. La foule semble globalement séduite par cette troisième édition tant au niveau de la programmation que de l’ambiance et l’organisation. Anne, infirmière de 30 ans est conquise par ces ZAT auxquelles elle assiste pour la première fois. « C’est très agréable; cela me donne l’impression que Montpellier est une ville dynamique capable d’organiser de grands rendez-vous accessibles à tous car gratuits.
Se retrouver ensemble autour de cet évènement, c’est très convivial »
. Pour bon nombre de visiteurs les ZAT apparaissent d’abord comme une idée de sortie originale, qui leur permet de se retrouver et venir participer à de nouvelles activités.

Le thème du monstre du Loch Lez retenu pour cette édition a également remporté l’adhésion populaire, jugé à la fois instructif et décalé. Alors que pour Dorothé, orthophoniste de 30 ans, « Le résultat est complètement loufoque et le plus drôle, c’est que tout le monde se prête à cette loufoquerie », Nelly, jeune maman, insiste sur le fait qu’il « est important de faire revivre et connaître les vieilles légendes urbaines ». Une thématique divertissante et pédagogique à l’image des chantiers de fouilles archéo-mythologiques, dont le but était de trouver des traces de la créature marine. Cécile Martinez chargée de communication à l’INRAP (institut national de recherches archéologiques préventives) explique que cette animation a suscité un vif intérêt et étonnement auprès de promeneurs ne s’attendant pas à croiser des scientifiques ici. « Nous sommes ravis car cela nous permet de toucher un public très différent de celui qui peut être amené à venir sur des sites de fouilles ou dans des musées archéologiques. Notre intervention a marché très fort.»

Le monstre du Loch Lez dessiné par Réno Lemaire

Une proposition artistique innovante

Les artistes conviés sont eux-aussi séduits par le parti pris artistique des ZAT. Ils sont amenés à composer avec le thème choisi afin de faire émerger un spectacle spécialement créé pour cette manifestation. Athanaze Kabré, de la compagnie du fil (basée à Ouagadougou) a décidé de se livrer à une présentation et un partage des visions des monstres qu’ont les habitants de sa terre natale: le Marigo. L’artiste africain estime que les ZAT incarnent un projet singulier qui mérite d’être encouragé et accompagné de façon conséquente. «En ce qui concerne ma prestation je parle de causerie et non de spectacle ; je veux vraiment que ce soit un échange. Je crois que dans les ZAT, la population peut facilement s’emparer des propositions qui lui sont faites ». Dans le même esprit décalé, Nidal Qannari, comédien de la compagnie Ici Même Production (basée à Rennes) joue le personnage Medhi Demmoua, qui raconte l’histoire de son père, enlevé par le monstre du Loch Lez. Pour ce conteur, les ZAT se démarquent des autres festivals reconnaissables qui reviennent chaque fois à la même période et au même endroit. Le fait de créer à partir d’un contexte prédéfini, «c’est un paramètre sur mesure dans le processus créatif qui fait que cet endroit qu’on investit, d’un coup existe d’une manière insolite et créative. Tout le monde est rassemblé autour d’une même histoire, invention et loufoquerie ».

Les spectateurs ont, quant à eux, salué l’idée de composer avec un support aquatique autour duquel toutes les interventions gravitent et fédèrent les passants. Pour Nelly (citée plus haut), les ZAT incarnent une véritable proposition artistique décalée et enrichissante pour l’ensemble du public. « Les spectacles sont à la portée des adultes comme des enfants, et se déroulent dans un environnement très plaisant. Cela donne un autre regard sur ce nouveau quartier. » A ce sujet, son compagnon rajoute que « C’est une bouffée d’air qui rend ce quartier plus chaleureux. Les nouveaux appartements de Port-Marianne sont froids. Le côté festif et loufoque que l’on découvre aujourd’hui donne envie de revenir s’y balader ». La volonté de l’équipe des ZAT d’explorer le quartier autrement, en le métamorphosant, fusionne ainsi avec une opération de communication centrée autour de l’inauguration du nouvel hôtel de ville. Une opération marketing sous couvert de culture visiblement réussie pour la municipalité montpeliéraine.

Un évènement culturel qui ne tient pas toutes ses promesses

Mais tous les avis recueillis ne se veulent pas aussi dithyrambiques. Cédric, un informaticien de 37 ans nous explique qu’il apprécie ce mode de fonctionnement peu cadré. Mais cette possibilité de naviguer au grès de ses envies entre diverses propositions artistiques ne lui suffit pas. «J’aimerais bien que ça aille plus loin dans cet esprit foutraque, varié et participatif. Il faudrait que ce côté très convivial soit encore plus poussé ». Pour d’autres, les programmations sont trop inégales, notamment entre les spectacles prévus au niveau du nouvel hôtel de ville (jugés plus audacieux) et ceux découverts autour du bassin Jacques Cœur.

De son côté, Leila attend avec impatience que ce rendez-vous culturel se déplace dans un quartier populaire comme celui de la Paillade. La jeune femme trouve qu’il y’a trop de monde par rapport à l’attente et l’accès aux spectacles, ce qu’elle ne percevait pas quand elle participait aux quARTiers libres (ancêtres des ZAT). « Quartier libre, c’était des artistes déjà ancrés dans le quartier. Ils ouvraient leurs portes, fenêtres et communiquaient plus directement avec le passant. Là, c’est la création d’un évènement dans un endroit qui à l’origine ne s’y prête pas. Avec les ZAT on est plus dans l’artistique pure et dure, qu’on prend et qu’on pose. Alors qu’avec les quARTiers libres on était plus dans la proximité et l’aspect festif du quartier.». Son homologue Cédric (cité plus haut) surenchérit en expliquant que les ZAT ne sont pas en quête d’authenticité. Pour cet aficionado des rendez-vous culturels montpelliérains, les manifestations populaires et festives à échelle humaine disparaissent progressivement car la ville prend de moins en moins de risques. Les rares évènements festifs impulsés par la capitale languedocienne, comme les Estivales sont alors écrasés par l’affluence et deviennent avant tout commerciaux. On pénètre, selon ses dires, en pleine «fête à neuneu ». « Ces évènements sont peut être victimes de leur succès, mais dans ce cas, il faudrait peut-être voir à en faire des plus petits et plus souvent ».

Une manifestation culturelle coûteuse sur la sellette

Le reste des mécontentements se cristallisent autour de la légitimité de cet évènement. Entre ceux qui n’ont pas la moindre idée de la signification de ces trois lettres et ceux qui regrettent de ne pas avoir été mis au courant plus tôt de l’évènement, cette troisième édition des ZAT (Zones Artistiques Temporaires) n’a pas échappé aux reproches. Pour Marie-France, retraitée de la fonction publique, les 500 000 Euros accordés par la municipalité pour chaque ZAT sont emblématiques d’une ville qui dépense beaucoup trop d’argent et n’hésite pas à répercuter cette addition salée sur le contribuable. « Ils ont construit une nouvelle mairie mais ont dépassé le budget imparti. Avait-on besoin d’une chose aussi énorme au moment où il y a des restrictions de personnels, de crédit et au moment où les gens vivent difficilement? Je trouve que c’est limite, et je sais que beaucoup de gens pensent comme moi, plusieurs personnes me l’ont dit».

Un débat qui secoue actuellement toute l’équipe des ZAT et place cet évènement artistique sur la sellette. Avec l’arrivée du nouvel élu adjoint à la culture, Philippe Saurel, ce festival, qu’il assure jusqu’à présent ne pas vouloir supprimer, pourrait subir une mutation profonde. Une meilleure gestion des deniers publics, plus d’acteurs locaux, populariser davantage le public, tels seraient les trois axes directeurs des futures politiques soumises aux ZAT. De quoi peut-être combler la frustration des spectateurs quelque peu déçus par cette troisième édition.


Montpellier : ZAT N° 3 par

Un samedi soir place Georges Frêche

Samedi soir dernier était organisé un concert dans le cadre de la troisième édition des Zones Artistique Temporaires (ZAT) sur le parvis du nouvel Hôtel de Ville de Montpellier à Port Marianne. Entièrement financé par la municipalité, le festival a au passage inauguré l’imposant bâtiment.

Samedi soir donc, DJ Zebra enflammait toutes les générations sur la place Georges Frêche grâce à une programmation éclectique, allant des années 60 à nos jours. En passant The Kinks, Bob Marley, Noir Désir, ou Cypress Hill, ce dernier donnait à la place des airs de fête underground bon enfant, avec pour décor inoubliable le bâtiment municipal tout à fait mis en valeur par les jeux de lumières.

Impressionnant. Beaucoup d’enfants se sont dandinés sur les riffs lancés par un DJ survolté, pendant que les adultes de tous âges admiraient, parfois sans s’en rendre compte, l’édifice qui les surplombait. Tout comme l’Hôtel de Région, le bâtiment est à l’image de la figure de Georges Frêche dans le paysage politique montpelliérain. Tout puissant.

Certains, tout en profitant de la fête, ne perdent pas de vue le côté « com’ » de l’événement. « C’est un coup de maître en marketing culturel, ils sont très forts à Montpellier pour ça » précise un spectateur tout en regardant se trémousser ses deux enfants. Un bel hommage à Georges Frêche, en somme, dont l’ombre n’a pas fini de planer sur la ville qu’il a profondément remodelée.

Pascal Le Brun-Cordier : « nous avons d’emblée affirmé que les ZAT se développeraient dans toute la ville y compris dans les quartiers populaires »

Du vendredi 11 au dimanche 13 novembre va se tenir à Montpellier la troisième édition des ZAT (Zones artistiques temporaires). Rencontre avec son directeur artistique : Pascal Le Brun-Cordier.

Pouvez-vous présenter brièvement le concept des ZAT pour ceux qui ne le connaitraient pas encore ?

C’est un grand projet artistique populaire prévu sur dix ans, dont l’objectif est d’explorer la ville de Montpellier et de la mettre en récit, d’enrichir et d’intensifier l’expérience urbaine, avec les artistes et les habitants. Il s’agit d’un rendez-vous régulier (pour le moment, chaque printemps et chaque automne), gratuit, dans l’espace public, dans toutes les zones de la ville, qui propose des spectacles et des surprises urbaines. Une édition des ZAT, c’est entre deux et quatre jours de manifestations artistiques surprenantes, décalées, qui relèvent de la danse, du théâtre, du cirque, des arts visuels, du street art et de la performance, pendant lesquels la ville se métamorphose, se poétise et se révèle autrement.

Cette troisième édition sera centrée autour du mythe du monstre du Loch Lez. Pourriez-vous nous en dire plus ?

Cette 3ème ZAT a deux versants. Le premier est lié à l’inauguration du nouvel Hôtel de Ville de Montpellier : samedi et dimanche, nous y proposons une exploration artistique, avec des impromptus théâtraux, un parcours sonore, des conférences décalées, et un grand concert qui se déroulera sur la place de l’Hôtel de Ville. De l’autre côté du Lez, le second versant de cette édition se déploie autour du Bassin Jacques-Coeur et s’organise autour d’une histoire incroyable, celle du monstre du Loch Lez. A Montpellier depuis plusieurs siècles, un monstre aquatique hante les profondeurs du Lez. Les premières traces de ce monstre remontent au 1er siècle ap J.-C (une mosaïque retrouvée sur le site archéologique de Lattara le représente). Le monstre refait ensuite surface au dixième, quatorzième et enfin au seizième siècle. Lors de ce dernier épisode, Nostradamus a rédigé une prophétie annonçant sa réapparition le jour où les onze chiffres 1 seront alignés, soit ce vendredi 11 novembre 2011 à 11h11 et 11 secondes. Autour de cette légende urbaine, nous proposons une série de rendez-vous, notamment des chantiers de fouilles archéo-mythologiques, une zone de peluchologie, des spectacles, des interventions de conteurs et de comédiens…

Justement les ZAT sont financées par le budget municipal alloué à la culture. En tant que directeur artistique de cet évènement, bénéficiez-vous d’une totale liberté dans le choix des artistes et des projets programmés ?

Les ZAT sont un projet porté par la ville de Montpellier, donc par l’élu à la culture. Il y a ainsi le cadre global du projet, et dans ce cadre, après qu’un espace ait été défini, je peux construire la programmation. Ce travail se fait par un dialogue permanent avec toute l’équipe de la ZAT au sein de la Direction de la Culture et du Patrimoine, et avec l’élu à la culture. Je précise que la ville m’a accordé sa confiance, et que ma liberté a jusqu’à présent été totale.

Quels sont vos critères de sélection pour recruter les artistes programmés aux ZAT ?

La programmation des ZAT est totalement contextuelle. Elle suit une recherche sur le territoire, la définition d’un axe artistique précis qui organise ensuite toute la programmation. J’invite les artistes que je connais, que je suis depuis longtemps soit en leur proposant de créer un spectacle ou une installation spécifique pour le site, soit en adaptant une création existante. Je suis au contact de beaucoup d’artistes depuis de nombreuses années, qui ont la caractéristique de travailler dans et avec l’espace public. C’est un travail très particulier qui demande une capacité particulière de composer avec l’environnement, le monde, la société. Etre vivant en somme! Il y a donc un travail de sélection, de réflexion et parfois de compagnonnage avec ces artistes.

Antigone pour la première édition, le domaine de Méric pour la deuxième et maintenant le quartier moderne de Port-Marianne. A quand une édition des ZAT au cœur d’un quartier populaire ?

Les ZAT ont la volonté de se développer sur une période de dix ans. C’est un temps rare dans la culture qui permet de l’ambition, de l’imagination, et l’expérimentation de formats différents. On a commencé dans une logique urbanistique, sur des sites centrés autour du Lez. Dans une ville comme Montpellier, c’est un élément très structurant pour l’histoire, la géographie et le paysage. Le Lez est un choix pris avec l’ancien élu de la culture Michaël Delafosse. Antigone, le domaine de Méric, et Port Marianne sont trois quartiers très différents les uns des autres, mais ils se situent tous au bord de ce fleuve.

En 2010, lors du lancement de cet évènement, nous avons d’emblée affirmé que les ZAT se développeraient dans toute la ville y compris dans les quartiers populaires; il y a eu une volonté d’aller à la Paillade et aussi dans d’autres quartiers. Mais aujourd’hui la réponse à cette question appartient au nouvel élu: Philippe Saurel.

Les ZAT sont les héritières des « quARTiers libres » ; festivals d’art de rue aux thématiques diversifiées, se déroulant à travers toute la ville et mettant sur le devant de la scène une programmation 100% montpelliéraine. Avec la mutation de cet évènement sous la forme des ZAT, quelle place reste-il pour les artistes locaux ?

« Des artistes qui vivent et travaillent à Montpellier », je préfère les appeler comme ça. « Artistes locaux »n’est pas une expression très valorisante. Un artiste se justifie d’abord par son projet et non par l’endroit où il vit.

Ces artistes donc, sont présents dans les ZAT depuis la première édition. A chaque fois 6 ou 7 projets sont inventés avec des artistes montpelliérains ou de la région, notamment venus du Gard (compagnie Ilotopie) pour cette troisième ZAT. Ils connaissent bien le territoire et ont des projets passionnants. Effectivement « quARTiers libres » était un festival exclusivement monté avec des artistes montpelliérains, mais ce n’est pas la définition des ZAT. Dans notre projet, les artistes venus d’ailleurs apportent un autre regard sur la ville et son paysage. Ce regard extérieur y apporte du décalage de la surprise, de la fraicheur et de la singularité.

Quel type de public cet évènement attire-t-il ?

Toutes les manifestations artistiques dans l’espace public touchent des publics très diversifiés. Les ZAT n’échappent pas à cette règle.

Il faut d’abord parler de population. Des personnes qui passent dans la ville par hasard, découvrent et se laissent happer par un projet ou une situation artistique poétique sans forcément l’identifier comme tel. Ce sont des gens qui n’osent pas rentrer dans les musées ou théâtres. Ils ont parfois le sentiment que ces lieux ne sont pas faits pour eux, ou n’ont pas l’argent pour s’y rendre.

Il y a aussi des publics. Des personnes qui sont là parce qu’elles ont voulu venir. Elles ont épluché le programme et construit leur propre itinéraire. Certains d’entre eux fréquentent habituellement peu les institutions culturelles montpelliéraines. Ils vont alors apprécier le contexte plus informel dans lequel les propositions artistiques sont ici présentées. Ils veulent vivre un instant, partager un moment. Les gens viennent parfois plus pour une ambiance que pour un projet. Ce phénomène heurte d’ailleurs la sensibilité de nombreux « cultureux ». Mais c’est juste une autre manière d’envisager le rapport à la culture.

Le public des ZAT est donc très diversifié. Le noyau des spectateurs habitués et habituels de la culture y est beaucoup moins important que dans les institutions et festivals conventionnels. Il y a, et c’est là le plus important, de nouveaux publics, parfois plus jeunes, en tout cas plus diversifiés socialement, générationellement et territorialement.

Bénéficiant d’un engagement de dix ans pris par le conseil municipal, comment imaginez- vous l’évolution de cet évènement au fil des saisons ?

Il est difficile de vous répondre. Ma position de directeur artistique se fonde sur un dialogue avec les élus, et ces élus peuvent changer. Cela vient d’ailleurs de se produire avec le nouvel adjoint à la culture Philippe Saurel. Tout dépend donc encore une fois de la teneur du dialogue qui s’engage avec les élus.


Montpellier : ZAT N° 3 par

Jean-François Bourgeot: « On n’a pas découvert le monde arabe cette année »

La 33ème édition du Cinemed (Festival du Cinéma Méditerranéen de Montpellier) a ouvert le vendredi 21 octobre dernier. Avant sa fermeture samedi, Jean-François Bourgeot, directeur du festival depuis maintenant dix ans, a accepté de nous parler d’un rendez-vous qui semble avoir trouvé son public.

Le Cinemed fête cette année ses 33 ans, quelle est aujourd’hui sa place dans le paysage cinématographique français?

Sa place est à la fois banale et particulière. Banale parce que c’est un festival qui correspond à une dimension moyenne. Particulière, car c’est un rendez-vous où il y a un vrai public qui paye pour voir des films d’identité méditerranéenne qu’il ne pourra souvent pas voir ailleurs. Que ce soit en France ou en Europe, nous sommes les seuls à accorder autant de place à ce cinéma.

Dans l’ensemble si l’on exclue les grands festivals comme Cannes ou Deauville, nous somme en termes de surface et de public l’un des dix festivals en bonne santé en France.

Comment expliquer que le festival ait pris autant d’importance?

On a fait un vrai saut qualitatif et quantitatif sous l’impulsion de Georges Frêche et depuis la construction du Corum à la fin des années 1980. On est passé du statut de « Rencontres du Cinéma de Méditerranée » à celui de « Festival ».

Aujourd’hui, on permet aux gens de voir beaucoup de films récents. Une partie d’entre eux n’ont pas de distributeurs en France et ne passeront qu’à Montpellier. D’autres sont chez nous en avant première. C’est pour eux l’occasion de confronter leur film à un public pour la première fois.

Le Cinemed demeure, toutefois plutôt élitiste dans la mesure où les films projetés se destinent à un public plutôt averti…

(Il coupe) Oui mais on fait tout de même entre 70 000 et 80 000 entrées sur 9 ou 10 jours. Lors de l’ouverture, la salle Berlioz, qui fait 2000 places, est pleine. 2000 places c’est cinq fois la plus grande salle du Gaumont. Il y a donc des moments où on attire la foule. Mais ce qui est encore plus intéressant c’est qu’on a fait près de 600 entrées pour un film d’Ermiano Olmi (ndlr, Centochiodi) qui peut etre considéré comme du cinéma d’auteur.

Très souvent les gens abordent ce festival en se disant que les films vont être « intello », ennuyeux et prise de tête. Or, ce n’est pas parce qu’on choisit des réalisations qui ont un style et un point de vue qu’ils sont inaccessibles.

Sur quels critères vous basez-vous pour sélectionner vos films ?

Evidemment il faut qu’ils soient d’origine méditerranéenne. A partir de là, les premiers critères résident dans la force des sujets mais aussi dans la manière dont ils sont traités. Ensuite, on accorde de l’importance à la diversité territoriale. Cette année 22 pays sont représentés sur les 25 possibles.

Par ailleurs, ce festival continue à être pensé par des gens qui viennent des ciné-clubs. On encourage donc les films suscitant l’interrogation et l’échange avec le public. L’intérêt n’est pas de faire de l’analyse filmique mais de comprendre comment les pays de la méditerranée se représentent dans leurs cinéma.

Le festival représente aussi une occasion pour ouvrir le débat et évoquer des sujets d’actualité. Cette année, dans quelle mesure avez-vous « surfé » sur le printemps arabe ?

Le mot « surfer » je ne vais pas le réfuter parce qu’il y a effectivement un effet de mode sur ce sujet qui touche beaucoup de festivals. Nous on ne l’a pas découvert cette année parce que ces pays sont présentés au festival depuis sa création. Pour rappel, Youssef Chahine est citoyen d’honneur de la ville. De plus, notre festival a commencé plusieurs mois après le début des révolutions donc on n’était pas dans l’urgence de « surfer » ou d’être dans le coup.

Nous nous sommes simplement mis au diapason d’une année qui a changé le monde. Pour cela nous avons choisi de gonfler la partie égyptienne de la programmation. Des questions politiques seront évoquées puisque les films eux-mêmes s’interrogent sur les liens entre démocratie et monde arabe, mais on s’intéressera surtout à l’effet des révolutions sur le cinéma des pays concernés.

Même si on parle en priorité de cinéma, il y a donc, malgré tout un réel engagement derrière ce festival…

Bien sûr, mais nous ce qu’on aime bien c’est partir du cinéma et pas de l’anecdote. Il faut en priorité que les formes soient intéressantes et que les films soient réussis. Il y a des films qui essaient de dire des choses très sympas mais qui sont ratés. Ceux-là ne nous intéressent pas.

Vous recevez beaucoup de subventions de l’agglomération de Montpellier et de l’Union Européenne, est ce que ces acteurs ont un droit de regard sur votre programmation et vos choix ?

Non, il n’y a aucun droit de regard en termes de programmation même si il y a évidemment quelques contraintes. Pour la subvention de l’Europe, par exemple, au moins 70% de notre programmation doit correspondre à des productions ou des coproductions européennes. C’est une manière de soutenir le cinéma du vieux continent.

En revanche la ville non. La seule chose que Georges Frêche voulait c’était qu’il y ait des vedettes, que ça brille un peu pour qu’on parle de nous. Seulement, ce n’est pas parce qu’on fait venir des célébrités de Paris que cela fonctionne. La presse parisienne voit ces personnalités toute l’année. Par contre quand on fait venir des grands noms du cinéma italien ou égyptiens ça devient plus intéressant.

Pour finir, comment est ce que vous voyez l’avenir du Cinemed avec notamment le basculement du cinéma dans l’ère du numérique ?

C’est une évolution qui est compliqué pour nous depuis l’an dernier déjà, qui est particulièrement difficile cette année et qui le sera encore l’an prochain. On sera sorti de la turbulence quand le Corum sera mieux équipé et quand le support numérique s’homogénéisera. En ce moment on est dans une période de transition. On reçoit toutes sortes de supports. C’est le bordel !

Heureusement, les créations contemporaines finiront par se normaliser y compris celles venues des pays plus pauvres. En revanche, les choses seront plus dures pour nos recherches rétrospectives. Même si depuis quelques années on passe beaucoup de copies au numérique, on ne retrouvera jamais tout.

Vieilles Charrues : une programmation décevante

La programmation du 20e festival des Vieilles Charrues a été dévoilée ce mardi 12 avril. Malgré la présence de Snoop Dogg, Lou Reed, Supertramp ou Scorpions, l’édition 2011 s’avère décevante. Aperçu.

Visa pour l’Image, les coups de coeur de Hautcourant

Samedi 28 août débute Visa pour l’Image, l’incontournable festival international de photojournalisme. A cette occasion, Hautcourant publiera une petite série d’articles. Commençons avec une présentation de quelques unes des expositions coups de coeur. Travaux engagés et photographie humaniste sont au rendez-vous.

Les Boutographies mettent à l’honneur les jeunes photographes européens

Du 8 au 23 mai, les Boutographies s’exposeront à Montpellier pour la dixième fois. A travers la ville, différentes manifestations mettront à l’honneur une photographie dans tous ses états. Du Carré Sainte Anne au Pavillon Populaire en passant par la galerie A la Barak, autant de lieux qui présenteront les travaux de jeunes auteurs émergents.

Que les amoureux de la photographie se réjouissent : elle a encore de beaux jours devant elle à Montpellier. Après un hiver riche en émotions photographiques : l’exposition à plusieurs facettes de Raymond Depardon, celle des photojournalistes régionaux, celle des 20 ans du fond photographique de Montpellier où se côtoient Willy Ronis, Sebastiao Salgado, Bettina Rheims, Bernard Faucon ou encore la très grande Sabine Weiss, le printemps s’annonce radieux.

Le festival des Boutographies fête ses dix ans. Et la programmation prévue est à la hauteur de l’évènement. La vocation d’une telle manifestation ? Faire connaître et donner une chance à de jeunes photographes européens de présenter leurs travaux. Ces auteurs émergents viennent d’Italie, de Belgique, d’Hollande, de Suède, riches de leurs univers pluriels.

Le Pavillon Populaire, devenu un «écrin architectural dédié à la photographie», accueillera des démarches photographiques personnelles, introspectives, au cœur de l’intime. L’italienne Anna Di Prospero et le français Benjamin Schmuck, malgré leur jeune âge, la vingtaine à peine, font preuve d’une grande maturité, mettant à nu leur intériorité.

Autre lieu, autre approche. Au Carré Sainte Anne, une photographie plus politique et sociale se dévoilera aux yeux du public. Le lieu, en effet, se prête mieux à des tirages aux formats plus volumineux tels ceux de Bruno Arbesu. Le photographe français s’est intéressé à la scénographie et au côté marketing des meetings électoraux. Il a suivi chaque parti politique en France, en Allemagne et en Espagne. Iorgis Matyassy a photographié encore et encore les coursiers à vélo de Londres, profession précaire mais emprunte d’une grande liberté. Il s’est dit fasciné par cette «figure éphémère de la jungle urbaine». Autre figure de la jungle urbaine : ces jeunes femmes issues de l’immigration vivant dans les banlieues. L’hollandaise Ilse Frech a dressé le portrait de ces femmes à la fois modernes et attachées à leurs traditions et à leurs origines. La photographe a souhaité aller au delà des clichés.

A côté de ces deux principaux lieux d’exposition, les Boutographies sèment ci-et-là les germes d’une photographie européenne. Outre la rétrospective qui donnera à voir, sur l’Esplanade Charles de Gaulle, les plus importants clichés de cette dernière décennie, des galeries ont lié partenariat avec les Boutographes : l’Espace Transit ou la galerie A la Barak. Les Boutographies comptent aussi de nombreuses manifestations : séminaires, lectures de portfolios, projections au Musée Fabre et ailleurs, … L’objectif étant de faire connaître une photographie de qualité à tous. L’esprit du festival étant de «faire gratis et libre», souligne Peter Vass, le président des Boutographies. Même si ce dernier ajoute : «les Boutographies, c’est l’affaire des amoureux de la photo».

Pour connaître dans les détails la programmation, le site des Boutographies est accessible ici.