Millésime Bio, Millésime écolo ?

Au-delà des vins certifiés bio, le célèbre salon est-il vraiment éco-responsable ? Du recyclage des bouchons au nettoyage des verres, Haut Courant a mené l’enquête jusque dans les arrière-cuisines de la manifestation. Verdict à déguster ci-dessous.

-219.jpgBio = écolo ? Quand on vient à Millésime Bio dont la renommée est internationale, mieux vaut répondre par l’affirmative ! Ode à la dégustation et fort de ses 873 exposants, le salon est en état d’ébriété. Premières victimes, les bouteilles. Asséchées, que deviennent-elles sachant que le verre est une matière 100 % recyclable et indéfiniment ? Cendrine Vimont, chargée de communication de la manifestation est limpide : « Elles sont recyclées ! » Vérification faite, des conteneurs sont à disposition des exposants à l’extérieur du Parc des Expos de Montpellier où se tient le salon. « Si à la fin de la journée des bouteilles restent sur les tables, le service de maintenance est chargé de les collecter et de les jeter dans les contenants adéquats », ajoute la communicante. Le recyclage des bouteilles, la base.
Moins évident, les bouchons en lièges, indissociables du précieux contenant. Recyclés aussi. Déposés dans des bacs aux quatre coins du salon, « ils sont récupérés par l’association France Cancer et ils deviendront des panneaux d’isolation », clame Cendrine Vimont. Dehors, des conteneurs jaunes accueillent les emballages en carton.

-220-r90.jpgÀ Millésime Bio on recycle donc, jusqu’à la moquette. Et de la moquette il y en a ! Elle coule littéralement sur le sol du parc des expos. Fournie par une entreprise du nom d’ORSA, la moquette est récupérée et transformée. Idem du côté des bâches de signalétique disposées au coeur du salon. En revanche, les autres supports de communication sont moins verts. Sur ce point-là, Cendrine Vimont admet que « tous les outils de com’ ne portent pas un label responsable ». Au final, seule une plaquette incluse dans le dossier de presse est imprimée durablement (utilisation de papier recyclé et d’encre végétale).
Peut mieux faire aussi à l’intérieur du salon. Pour les déchets de type cannettes, gobelets ou alimentaires, des sacs sont mis à disposition mais aucune consigne de tri n’apparaît. Cendrine Vimont accuse l’état d’urgence et déplore la difficulté à mettre en place des bacs dédiés à l’intérieur de salon, ces derniers seraient « de parfaites cachettes pour des bombes ! » Il semble que l’état d’urgence ne cède pas à l’ivresse écologique…

Repas bio, traiteur nature

Entre deux dégustations, on mange aussi à Millésime Bio ! Bernard Cabiron, traiteur Montpelliérain, a été choisi par assurer la restauration du salon. La consigne : élaborer un repas 100 % bio. Dont acte. Si ce dernier ne propose pas exclusivement des plats bios à l’accoutumée, il reste néanmoins un traiteur 100 % DD. « Nous faisons partie des 39 entreprises en France qui ont le label QualiTraiteur », souffle-t-il. Mais pas que. « Nous avons été la première association de traiteurs à signer la charte anti-gaspillage », ajoute-t-il fièrement. En résumé, l’entreprise est partenaire de la banque alimentaire à qui elle donne les excédents d’aliments. Pour le surplus de ce premier jour, on repassera. « On a été dévalisé ! », s’exclame Bernard Cabiron.
La vaisselle, elle, est aussi respectueuse de l’environnement. « On utilise des gobelets recyclables et de la vaisselle en faïence réutilisable. On essaie de limiter un maximum les produits jetables », annonce le traiteur à l’aura responsable. Effectivement, même le potage de lentilles est servi dans un gobelet recyclable et dégusté avec une cuillère en bois, 100 % recyclable.

La plonge en mode DD, elle aussi

Selon nos observations, le salon joue jusque-là la carte écolo autant que faire se peut. Que nous reste-t-il à examiner ? La plonge, évidemment. Quand un salon comme celui-ci vibre au tintement des verres qui s’entrechoquent, on peut légitimement se poser la question de la gestion écologique des verres à pieds. Jérôme, chef de la plonge pour le compte de la SARL Belbuc dégaine direct le produit vaisselle utilisé : étiquette écolabel collée sur l’emballage. On aurait pu s’arrêter là. Mais non. « On utilise de l’eau osmosée », dévoile Jérôme. L’eau de la ville est filtrée par centrifugation pour faire tomber le PH de 460 à 5 ! « L’eau osmosée permet de diminuer le calcaire », affirme Jérôme. Un bémol cependant, « quelques fois, il reste un peu de tanin dans le verre ».
L’adage est bien connu, on ne peut pas contenter tout le monde. « On essaie de faire le plus simple possible pour respecter les critères écologiques », précise le prestataire. L’idée est aussi de consommer moins d’électricité. Dans un des seuls halls du Parc des Expos resté désert, on utilise un petit lave-vaisselle, moins énergivore.

Last but not least, l’emprunte carbone. Là encore, le salon s’est mis au vert. « On a fait le choix d’inciter les visiteurs à venir en tramway et nous avons mis une navette gratuite à disposition », lance Cendrine Vimont. Il faut dire qu’après une journée de dégustation, mieux vaut peut-être éviter de prendre le volant. Même si on est censé cracher… Pour Alex, visiteur néophyte, « il manque quand même des toilettes sèches ! » Ce sera peut-être pour l’année prochaine…

Niveau écolo, Millésime Bio a quand même pris de la bouteille. Comme le bon vin, il se bonifie avec le temps.

Naturels ou biodynamiques : des vins plus bio que bio

OGM, pollution, maladies : l’agriculture conventionnelle est plus que jamais remise en question. Malgré un succès commercial indéniable, le vin bio ne fait pas l’unanimité auprès de tous les vignerons. Plus traditionnels et parfois saugrenus, les vins biodynamiques et naturels se veulent « plus bio que bio ».

Chez les «bio» aussi, on a le goût de la nuance. À côté du vin bio, produit conformément à une réglementation européenne, d’autres types de vins issus de l’agriculture biologique séduisent le palais des aficionados : les vins naturels et les vins biodynamiques. Moins présents dans les rayons des supermarchés, ces concurrents cherchent à faire valoir leurs différences. En biodynamie, par exemple, nombre de viticulteurs poussent le processus de culture et de vinification à coup de techniques qui peuvent surprendre le novice. Côté naturel, on parle de respect du terroir et d’absence de sulfites ajoutés.

C’est à partir des écrits de Rudolf Steiner, philosophe croate du début du siècle dernier, que la biodynamie prend sa source. Il y décrivait tout un lot de règles et autres préparations à base de bouse de vache, silice de corne, diverses fleurs et plantes aromatiques. Mixez le tout avec le suivi du calendrier lunaire et les positions zodiacales et vous obtiendrez un vin biodynamique.

Dans le monde du vin, la culture de la terre et la vinification sont deux choses totalement différentes. Dans le vin bio, c’est dans la cave que le bât blesse selon François Aubry, propriétaire du domaine de La Fontude, «le cahier des charges du bio a été allégé à cause de pressions industrielles». Dans les faits, une quarantaine d’additifs et intrants sont encore autorisés, et l’utilisation de sulfites est limitée à 25 % de moins que le conventionnel. «Le bio reste laxiste au niveau chimique», accuse Jacky Dumouchel, caviste montpelliérain.

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La biodynamie : l’ésotérisme au service du vin

Pour venir se rajouter aux labels bio dont les vignes doivent être certifiées au préalable, la biodynamie est encadrée par un cahier des charges, ainsi que des organismes de suivi (Demeter et Biodyvin). Un vin sérieux, mais entaché de critiques et moqueries : «Entre un vin bio et un autre issu de la biodynamie, je ne ressens pas de différences au niveau du goût», commente Frédéric Guy-Moyat, caviste toulousain. D’autres voient ces pratiques comme de la «pseudo science».

Hormis son penchant ésotérique farfelu, le principe est de favoriser la biodiversité dans les cultures. Encensée au début des années 2000 par de célèbres œnologues tels que Robert Parker ou Jancis Robinson, cette pratique viticole connaît une popularité grimpante. Selon François Aubry, «beaucoup se tournent vers la biodynamie pour une question de confiance. Il s’agit très souvent d’anciens consommateurs de bio qui cherchent plus de cohérence». D’une considération supérieure au bio selon les connaisseurs, la qualité organoleptique de la biodynamie fait toujours débat.

Le vin naturel ou l’amour du terroir

Si le vin naturel est obtenu à partir de vignes travaillées en agriculture biologique, il ne jouit pas d’un label. Seule une certification d’engagement est proposée par des associations (notamment « AVN » ou « vins SAINS »). La terre doit être vierge de toute chimie, la vigne ne reçoit aucun traitement ni désherbage, et la vinification se veut sans aucun intrant ni sulfites ajoutés. Selon Jacky Dumouchel, «moins on utilise de sulfites, plus on revient au vrai métier de vigneron. C’est avant tout un choix philosophique visant à retrouver l’expression naturelle du terroir». L’authenticité est au rendez-vous avec le vin naturel.

En bouche, la différence est plus nette : «Lorsque je bois du vin naturel, j’ai l’impression de boire du jus de raisin», ajoute Frédéric Guy-Moyat. À en croire Jacky Dumouchel, le concept fonctionne bien auprès des consommateurs : «ceux qui passent le cap sont conquis et ne reviennent que rarement vers du conventionnel». Le public visé par le naturel n’est pas le même pour François Aubry : «ce vin est davantage consommé par un public assez jeune et ouvert, qui n’a pas eu plusieurs décennies pour éduquer son palais avec du vin conventionnel ou bio».

Quant à l’obtention d’un label pour le vin naturel, la question n’est pas à l’ordre du jour pour les vignerons : «il s’agit avant tout de personnes créatives qui veulent travailler comme elles le souhaitent», affirme Jacky Dumouchel. Issu d’une fabrication «loufoque» ou plus conventionnelle, ce qui compte à la fin, c’est que le vin soit bon.

Ces « offs » qui saoulent un peu Millésime Bio

Millésime Bio victime de son succès ? Depuis que le marché du vin bio a explosé ces dernières années, le salon leader a généré l’éclosion d’une multitude de « offs ». Des contre-manifestations certes, mais qui reflètent avant tout la bonne santé du secteur.

La « plus grande cave bio au monde »… L’étiquette de présentation du cru 2016 Millésime Bio est alléchante. L’événement attire, il est vrai, des professionnels du vin du monde entier (vignerons, cavistes, œnologues, négociants…), et se pose en leader incontesté d’un marché viticole bio toujours en ascension. Mais au fil des années et ses évolutions, le salon a vu éclore en marge du Parc des expositions de Montpellier où il se déroule, tout un tas de petites manifestations non officielles.

Simples retrouvailles pour des dégustations entre copains vignerons au départ, elles ont pris aujourd’hui, pour certaines, une toute autre ampleur. Les réunions au fond des caves et des restos de Montpellier perdurent mais se développent aussi des « offs » qui assument plus ou moins une forme de concurrence avec Millésime Bio. Une certitude, toutes ces manifestations profitent de la manne de visiteurs drainés par le salon officiel. Certaines conservent un caractère convivial, d’autres cherchent ouvertement à faire du commerce.

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Le Vin de mes Amis, Les Affranchis, Biotop ou encore De Chemins en Pistes, les propositions de contre-manifestations sont tellement nombreuses qu’il est ardu de les recenser. Au départ, Millésime Bio s’est accommodé de cette modeste concurrence tout en rejetant ce terme même puisque nombre de ces « offs » ne s’arrêtent pas au strict label bio. Mais il y a deux ans, le président du salon, Patrick Guiraud, a dénoncé, en substance, le manque d’éthique de certains de ces salons qui ne respecteraient pas le cahier des charges bio de sa manifestation. Le sujet reste toujours hyper sensible. Millésime Bio ne souhaite d’ailleurs pas entretenir la polémique et ne s’exprime plus dessus.

« Je comprends que ça agace car ça marche pour nous ! »

Du côté des organisateurs des « offs », la notion de concurrence est assumée à demi-mots. Depuis 2008, Charlotte Sénat organise pendant Millésime Bio sa propre manifestation, Le Vin de mes Amis. Il compte 80 exposants en 2016 et affirme attendre plus de 1000 visiteurs au Domaine de Verchant. « Je ne me sens pas du tout en concurrence avec Millésime Bio », lance-t-elle tout en reconnaissant que ses clients profitent de leur présence à Montpellier pour se rendre aux deux salons.

« C’est une facilité de le faire là, nos importateurs se déplacent aussi pour Millésime Bio. Mais je me sens complémentaire. Je comprends que ça agace car ça marche pour nous ! », admet Charlotte Sénat, qui trouve Millésime bio « trop gros ». Avec ses 1100 visiteurs en 2015, le Vin de mes Amis est le « off » le plus fréquenté. L’année dernière, Millésime Bio a fait 4800 entrées pour 794 exposants. Signe que l’heure n’est pas à trinquer de concert, Charlotte Sénat met en avant « un ratio plus positif » pour son salon.

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Peut-on réellement comparer ces différentes dégustations ? Le « in » rassemble beaucoup de monde sur trois jours, dans trois gigantesques halls du parc des expositions. Le Vin de mes Amis, est au Domaine de Verchant, Biotop dans une salle à « 40 mètres du sol au coeur du phare de Palavas », ou De Chemins en Pistes se contente très bien de l’Aéroport-Hôtel.

Millésime Bio est désormais très ouvert sur l’international, avec « 15 nationalités représentées », selon Cendrine Vimont, responsable communication de l’événement. Pour se différencier, les organisatrices de Biotop, du Vin de mes Amis et de Chemins en Pistes vantent quant à elle des salons à taille humaine et axés sur la « convivialité » propre au monde du vin.

Un salon perçu comme « trop gros et trop cher »

Véronique Attard a fondé le « off » De Chemins en Pistes il y a trois ans. Cette ancienne artiste-peintre reconvertie vigneronne est partie d’un constat simple : son petit domaine n’avait pas les moyens de se payer le salon principal ni ses « offs ». « Ils font payer les vignerons pour exposer et les entrées des professionnels, c’est trop commercial. Je voulais un salon fait par des vignerons pour des vignerons ». Les « offs » se présentent comme un retour aux sources loin des gros négociants, même si l’organisatrice de Biotop, Isabelle Jomain, admet que « Millésime Bio est utile ».

Les 39 exposants de De Chemins en Pistes – du bio aux vins en conversion – et Véronique Attard se partagent le loyer de l’Aéroport-Hôtel, la nourriture, l’exigence… et même les visiteurs de Millésime Bio. « Il y a des navettes qui partent du parc des expos et qui amènent les visiteurs chez nous », assume-t-elle, bonne joueuse.

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Isabelle Jomain, de Biotop, agite le même argument du prix. « Quand on voit qu’il faut payer environ 2000 euros un stand de deux mètres, je comprends que certains vignerons, même les domaines qui marchent le mieux, ne veulent pas donner tout cet argent ». Sur son site, Millésime Bio, se considère à l’inverse comme « un salon abordable ». Vérification faite auprès de l’organisation, le prix d’un stand est de 1128 euros TTC pour les adhérents à Sudvinbio – qui organise Millésime Bio – et environ 2200 euros TTC pour les autres. Selon les « offs », le coût d’un table varie entre 150 et 800 euros toutes charges comprises. Mais finalement, le seul juge de paix reste le chiffre d’affaires généré sur chaque manifestation par rapport à son coût pour y participer. Et là, difficile d’avoir des informations chiffrées.

Des dessous idéologiques au commerce du vin bio

Si on laisse les aspects financiers de côté, on ne peut s’empêcher d’écouter la petite musique militante des organisateur des « offs ». Comme s’ils regrettaient finalement un âge d’or de Millésime Bio qui serait, selon eux, devenu une trop grosse machine. Rien que le nom du « off » Les Affranchis prête à sourire. « Il y a six ans, j’ai participé au Millésime, c’était tranquille. Depuis que le marché a explosé, ils sont comme stressés », avoue Véronique Attard. « On est passé à une autre échelle, répond Cendrine Vimont, du Millésime Bio. On n’a pas le choix, si on veut justifier notre ambition d’être le salon numéro un mondial, il faut suivre la demande et l’offre », poursuit-elle.

Les « offs » drainent les visiteurs du « in », mais cela fonctionne aussi dans l’autre sens, dans une moindre mesure. « J’ai des visiteurs et des exposants qui font les deux, ce n’est pas un problème » pour Isabelle Jomain.

Bientôt le verre de l’amitié ?

Forum des métiers de Science Po : des professionnels parlent aux étudiants

C’est une première : un forum Science Politique organisé par le département du même nom et le Parlement des étudiants. L’événement aura lieu le mardi 2 février à 15h30 à la faculté de Droit et de Science Politique (Bâtiment 2, amphi 007 « Jean Moulin »). L’occasion de rencontrer des anciens diplômés des différents masters 2 venus parler de leur métier avec les étudiants.

Le département Science Politique de l’Université de Montpellier propose aujourd’hui quatre masters 2 : Coopération Internationale, Etudes et Conseil, Métiers du Journalisme et Recherche. Sous leurs intitulés pointus ou passe-partout se cachent en réalité des débouchés professionnels ciblés et peu connus.

Suite à ce constat, le département de Science Politique a décidé de proposer un forum au cours duquel des anciens étudiants, désormais dans la vie active, viendront parler de leur parcours professionnel.

3 questions à Jean Joana, Directeur du département Science Politique de l’Université de Montpellier.

Quel est l’objectif de cet événement ?
Ce forum est organisé pour donner l’occasion aux étudiants de Science Politique de découvrir les débouchés professionnels des quatre masters 2 que nous proposons. Ces derniers sont performants, mais les intitulés sont parfois obscurs. Notre but est de les rendre plus lisibles pour les étudiants.

Comment va s’organiser ce forum ?
Huit anciens étudiants sortis des quatre masters vont présenter leur parcours professionnel et leur métier. Ils diront aux étudiants en quoi leur formation les a aidé dans leur parcours. On a fait le choix de faire intervenir des professionnels qui sont plutôt en début de carrière et auxquels les étudiants peuvent facilement s’identifier. Ces derniers peuvent ainsi se faire une idée des débouchés qui sont à leur portée à la fin du master 2. La parole sera donnée aux intervenants puis laissée au public qui pourra poser des questions. Le forum sera animé par des étudiants du Parlement des étudiants.

-16.pngQuelles sont vos attentes sur une manifestation comme celle-ci?
D’abord avoir un maximum d’auditoire ! Ensuite, il s’agit vraiment de faire connaître nos offres de formation au sein de l’Université de Montpellier et en dehors. Nos masters débouchent sur des métiers particuliers et sont ouverts à différents profils d’étudiants. Aujourd’hui, le recrutement en master ne concerne pas uniquement les étudiants ayant suivi la licence Science Politique, on prend en compte un cercle plus large.

L’idée est aussi de sensibiliser les étudiants dès le master 1 puisque ce dernier prépare déjà l’entrée en master 2, avec des options spécifiques. C’est pourquoi on a décidé de « vendre » le master 1 autant que le master 2. Même si aujourd’hui le recrutement entre les deux années fait débat, il est important de candidater à un master avec un parcours qui correspond à ses attentes professionnelles.

Une start-up montpelliéraine à l’assaut de la réalité virtuelle

Vous en avez entendu parler, mais vous ne savez peut-être pas de quoi il s’agit. Les casques de réalité virtuelle sont ces drôles de lunettes géantes qui vous plongent dans un autre monde. Alors que ce nouveau média a d’ores et déjà trouvé des utilités thérapeutiques et pédagogiques, c’est dans le jeu vidéo que se lance « Mains Digitales », une start-up montpelliéraine.

« Nous sommes les seuls à Montpellier ». Anthony Rosmade est l’un des trois entrepreneurs à l’origine du projet. Fondé en février 2015, le studio s’est positionné sur un marché innovant dont les répercussions sont encore balbutiantes : le « VR gaming », ou « jeu vidéo en réalité virtuelle ».

Les consoles de jeux vidéo de salon laisseront place à ces nouveaux joujoux dans les décennies à venir. 2016 est l’année qui attire l’œil des spécialistes et premiers aficionados : Oculus Rift, Sony et HTC ont promis la sortie grand public des casques lors du premier semestre de l’année.

Le jeu vidéo, « un secteur mass market rentable »

La course contre la montre est engagée. Certes, la téléphonie mobile voit apparaître ses premières applications en lien avec la réalité virtuelle, mais les poids lourds du jeu vidéo sont aussi dans les starting-block.

Pour une jeune entreprise qui rêve d’asseoir son leadership dans cette ruée vers l’or, rien de mieux que le jeu pour faire ses armes : « c’est un des médias les plus difficiles, donc en gérant tous les problèmes qui y sont liés, nous serons vraiment capable d’appréhender ce nouveau monde » lance Anthony.

Un média difficile, mais très rentable. Selon « l’Essentiel du Jeu Vidéo », enquête publiée par le SELL (Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs), ce marché du divertissement ne craint pas la crise (+8% de croissance prévue sur l’année 2015). Avec une conjoncture économique favorable, les start-up comme « Mains Digitales » ont toutes les raisons de poursuivre la partie.

Sylvain Sahy et Anthony Rosmade, deux des

L’indépendance comme nerf de la guerre

Dans le cadre de la French Tech, les yeux des technophiles se sont tournés vers Montpellier. Depuis novembre 2014, la ville veut mettre en avant son amas de start-up et autres entreprises avant-gardistes. En dehors de ce label, il existe un nombre important d’acteurs locaux indépendants, et spécialisés dans divers domaines.

« Ce n’est pas la French Tech qui nous motive à être à Montpellier » souligne Anthony. Alors que la ville est dotée d’un label, de structures et incubateurs innovants (BIC, Cap Omega..), le financement n’est pas simplifié pour autant : « Aucun n’est spécialisé dans le jeu vidéo, et ils sont obligés de faire des choix dans l’innovation ». Selon le gérant de la start-up, l’argent afflue plus facilement vers les entreprises spécialisées dans les applications mobiles. Même la présence d’Ubisoft à quelques encablures ne change pas la donne : « Ce sont les petits indépendants qui sont le vrai starter du jeu vidéo à Montpellier ».

Une association pour les unir

Selon le « Baromètre annuel du jeu vidéo en France 2015 » du SNJV (Syndicat National du Jeu Vidéo) et de l’IDATE, la nouvelle grande région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées est seconde en France en nombre d’entreprises du jeu vidéo.

« Push start ». Il ne s’agit pas d’un bouton pour allumer son véhicule, mais de l’association lancée en février 2015 par près de 30 entreprises du secteur vidéo ludique. Dans ses prérogatives on retrouve le partage de compétences, l’aide au financement, la promotion et valorisation du jeu vidéo dans le Sud. Anthony Rosmade rajoute « ils essayent vraiment de donner un élan et une cohésion ».

Avec un secteur qui se porte bien et une structure associative pour les soutenir, l’horizon des indépendants du jeu vidéo comme « Mains Digitales » semble s’éclaircir : « De toute façon le seul moyen d’insuffler quelque chose lorsque l’on est pas connu, c’est d’être indépendant. Ce n’est qu’après plusieurs jeux vidéos réalisés que l’on peut contacter un éditeur.» De quoi assurer à ses entreprises un bel avenir en dehors du virtuel.

Mal-inscription sur listes électorales, procurations : le bug démocratique

Au premier tour de ces élections régionales, environ 50% des Français se sont abstenus. Des citoyens qui pour certains, auraient voté si la procédure n’était pas si lourde et complexe. Retour sur un parcours semé d’embûches jusqu’aux urnes.

Inscriptions sur listes électorales, procurations. Des termes administratifs repoussoirs qui feraient fuir Thomas Thévenoud, laissant présager une masse de paperasse et des heures d’attente. Mais essentiels pour qui veut voter.

En France, 44,6 millions de personnes sont amenées à voter pour ces élections régionales. 3 millions ne sont pas inscrites sur les listes électorales, l’équivalent des populations de Paris, Lyon et Marseille réunies. Sans compter les 6,5 millions de mal-inscrits – ceux qui sont inscrits au mauvais endroit – surtout des jeunes et personnes peu diplômées. Les mêmes qui font gonfler les chiffres de l’abstention, dont je fais partie. Pourtant, pouvoir voter au premier tour de ces élections régionales était pour moi une évidence.

Le parcours du combattant jusqu’aux urnes

Tout a commencé le 30 septembre dernier, quand au dernier moment je réalise qu’il ne me reste que quelques heures pour m’inscrire sur les listes électorales à Montpellier – étant inscrite dans ma Normandie natale. Pas de panique me dis-je, j’ai entendu qu’on pouvait s’inscrire sur internet. Montpelliéraine depuis un an, je baigne dans la « french tech » de la nouvelle métropole prônant l’innovation numérique. Quelle a donc été ma surprise quand je me suis aperçue qu’il était impossible de s’inscrire en ligne à Montpellier, alors que ce service existe dans la plupart des mairies. Lyon, Rouen, Bordeaux et même Le Triadou, 400 habitants à une demi-heure de « Montpellier la french tech ».
Prête à me déplacer je cherche un bureau de proximité près de chez moi. Sur le site internet de la mairie on apprend que « les mairies annexes et de proximité ne pourront pas effectuer les inscriptions électorales pour des raisons techniques ». Je me rends donc dans notre mairie – accessoirement située à dix kilomètres du quartier de la Mosson – qui a par ailleurs comptabilisé 70% d’abstention au premier tour. Après une petite heure d’attente, observant patiemment ceux qui viennent et repartent, manque de temps ou de patience, je me présente fièrement munie de toute la paperasse nécessaire. Mais mes justificatifs de domiciles sont jugés insuffisants par la personne en charge de mon dossier. Je repars bredouille et déçue comme d’autres étudiants ce jour-là.

Mercredi 2 décembre, commissariat de la Place de la comédie, 14h. Déterminée à voter je viens faire procuration à quatre jours du scrutin. J’atterris dans une file d’attente qui n’avance pas remplie de Français fraichement Montpelliérains ou indisponible dimanche. Beaucoup d’étudiants, de commerçants et personnels médicaux qui travailleront dimanche. Après deux heures d’attente, un policier lance « on ne pourra pas prendre tout le monde pour la procuration ».
Chanceuse, je rentre dans le commissariat juste avant qu’on ne ferme la porte aux trente autres personnes derrière moi. Après avoir recopié trois fois le petit formulaire (suite à une petite rature) en compagnie de mes concitoyens, tous fiers d’être venus à bout de ce pèlerinage administratif. Un policier recopie à la main sur un cahier les informations du dit formulaire. Il le glisse ensuite dans une enveloppe qui partira porter mon vote vers les contrées normandes.

Dimanche. 16H. Ma mère, détentrice du savoir secret de mon vote, m’appelle embarrassée. Ma procuration n’est pas arrivée à la mairie. Je me retrouve donc à devenir une de ces abstentionnistes qu’on dira peu intéressée par la politique, désengagée ou encore contestataire. Je fais partie de ces 6,5 millions de français mal-inscrits, qui ne votent pas par contrainte et lourdeur administrative.

L’omerta de la mairie

Durant ce long parcours semé d’embûches administratives j’ai posé la question à cinq représentants de la mairie, tous embarrassés par la question. La responsable des inscriptions sur les listes électorales de la mairie n’était « pas disposée » à me répondre. Le policier à l’entrée du commissariat qui a renvoyé trente personnes m’a répondu que de toute façon « c’est pas ici qu’on vote ». La chargée du service communication de la mairie m’a renvoyé vers la directrice du service élections qui ne pouvait me répondre sans « l’accord » du service communication qui lui-même m’a pas pu me répondre. Je me suis donc directement adressée à l’adjointe de M. Saurel déléguée à la communication, qui elle aussi, ne m’a pas répondu.

Montpellier : des p’tits coins écolos en centre-ville

Des toilettes publiques écolos : le projet imaginé par Ecosec, jeune entreprise Montpelliéraine, est en passe de séduire la municipalité. Ingénieur en sciences de l’eau, Vincent Le Dahéron fait partie de l’équipe et apporte son expertise en matière de valorisation des urines. Alors qu’Ecosec présente son projet à Paris dans le cadre de la COP21.

-115-r90.jpgÊtre écolo en faisant pipi ou popo c’est possible ! Ou ça le sera bientôt à Montpellier, grâce à Ecosec et son projet de toilettes sèches. Vincent y croit : «amovibles sans eau et sans sciures» ces toilettes trôneront un jour sur la place de la Comédie.

Ecosec voudrait remplacer les toilettes publiques «sales» et «coûteuses» pour la collectivité : «notre location est plus chère, mais fait économiser 2 000 euros d’eau et d’électricité par an à la ville», explique Vincent. Et l’ingénieur l’affirme, «pour trois cabines installées en centre-ville nous pouvons créer deux emplois à temps-plein». On parle ici «réinsertion et emploi local» uniquement. Car Ecosec n’oublie pas d’où elle vient : Montpelliéraine, elle est aussi une société coopérative et participative (SCOP) récemment intégrée au parc Réalis de la ville (pépinières d’entreprises de l’économie sociale et solidaire, ndlr).

L’entreprise privilégie l’humain. Un financement participatif (12 000 euros récoltés via le site internet Kiss Kiss Bank Bank) et un lien social assuré, le service proposé incluant «des temps de sensibilisation pour les scolaires et le grand public», précise Vincent. Les déchets à valoriser : nos urines et nos matières fécales !

À Montpellier, c’est pour bientôt ?

-114.jpgPrésenté lors de l’Antigone des associations en 2014, la cabine de toilettes sèches a séduit les élus Montpelliérains. Et selon Vincent, le besoin est pressant : «Nous rebondissons sur une des promesses du maire d’installer vingt toilettes publiques en centre-ville.» Durant trois mois, un prototype a été testé au zoo de Lunaret. Même si le côté technique a été une gageure, «la collecte et le nettoyage ont été effectués bénévolement», Ecosec a essuyé «de supers retours» de la part des usagers, lance fièrement Vincent.

«En février-mars prochain, il est prévu d’installer une cabine au parc Montcalm», annonce l’ingénieur. La mairie, elle, suit de près l’entreprise Montpelliéraine et l’encourage à se professionnaliser, «d’où les phases test». Côté recyclage des déchets en revanche, tout est déjà pensé.

Des déchets réutilisés issus de WC écolos et connectés

La valorisation des urines et des matières fécales est distincte : transformation en fertilisants pour les unes, en compost pour les autres. Mais qu’en est-il du fonctionnement de la cabine ? En ingénieur vert aguerri, Vincent lance son argumentaire transition écologique : «Panneau photovoltaïque pour alimenter la cabine, microprocesseur pour sonder le niveau d’urine, système de séchage des matières fécales, détecteur de présence pour mesurer la fréquentation et géolocalisation.»

Toilettes écolos certes, mais toilettes connectées ! «À l’intérieur, il y a un Flash Code qui renvoie à un questionnaire de satisfaction sur internet», ajoute Vincent. Car aujourd’hui, on l’emporte même aux latrines, notre smartphone !

Élément important, ces WC durables sont surtout «sans odeurs». Un qualificatif un peu surprenant pour des toilettes, qui plus est publiques. Comment est-ce possible ? «Le nettoyage est effectué par un technicien, en vélo, cinq fois par jour», s’enthousiasme l’ingénieur qui insiste sur «la nécessité de limiter les émissions de CO2».

Les citoyens sont-ils prêts à passer le cap ? «Je le pense oui», affirme Vincent. «Ce n’est pas non plus un retour à la bougie, mais un confort d’hygiène et une manière de dire : allons de l’avant !» Et Ecosec s’est vite mis au vert : la cabine a trôné à Paris, dans le cadre de la COP21.

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À la Mosson, l’abstention rime avec sanction

Lors du premier tour des élections régionales le 6 décembre, 70% des électeurs de la Mosson à Montpellier se sont abstenus. Une tendance habituelle dans ce quartier miné par les inégalités sociales, le désenchantement politique, mais aussi sensible à l’état d’urgence et à l’islamophobie. Une accumulation qui se traduit par un malaise palpable. Reportage.

Une ville dans la ville. Un quartier à perte de vue, avec ses tours et ses logements sociaux à profusion. 26 000 habitants, dont moins de la moitié (11403) inscrits sur les listes électorales. Et 23% de taux de participation enregistré dans le bureau de vote Heidelberg (B90) au premier tour des élections régionales 2015. La Mosson, plus communément appelée la Paillade, est caractéristique de ces quartiers populaires où l’abstention prospère. Une tendance qui s’explique à la fois par des critères sociologiques, de trop fortes contraintes procédurales pour pouvoir voter, et un profond désenchantement politique.

Un « No man’s land électoral »

« L’abstention bat des niveaux record dans les quartiers populaires ». Dans son bureau de l’Université de Montpellier, Jean-Yves Dormagen, chercheur au CEPEL (Centre d’Etudes Politiques de l’Europe Latine) et spécialiste de l’abstention, accumule les dossiers d’enquêtes qualitatives à ce sujet. Il explique s’être intéressé à ce phénomène à la Mosson en 2011 : « Il y a des caractéristiques sociologiques qui favorisent l’abstention dans ce quartier. Les électeurs sont plus jeunes, peu diplômés, de parents étrangers, souvent peu ou pas qualifiés. La désinsertion, due au décrochage scolaire et au chômage, y contribue également ». Un « No man’s land électoral », que les chiffres révélés dans un rapport préfectoral en 2012 tendent à confirmer : 31 % d’habitants de nationalité étrangère (contre 11 % pour l’ensemble de Montpellier), un taux de chômage de 46 % chez les moins de 26 ans, 12 500 personnes vivant sous le seuil de pauvreté, et 45% de la population sans diplôme.

Et les procédures pour s’inscrire sur les listes électorales n’arrangent rien : « Sur cet aspect, on est encore au Moyen-âge. C’est absurde », lance l’auteur de La démocratie de l’abstention. « Il faudrait une réforme radicale de l’inscription sur les listes et de la procuration, notamment grâce à des démarches en ligne », explique-t-il. Une alternative virtuelle, qui permettrait de lever de réelles barrières dissuasives pour les jeunes des quartiers populaires. Et si les bureaux de proximité sont censés permettre d’éviter les trajets jusqu’au centre-ville, c’est raté pour cette année : celui de la Mosson n’a pas été ouvert en septembre pour ceux qui auraient souhaité s’y inscrire.

Des jeunes peu informés, une campagne inexistante

Dans un petit local situé dans le secteur dit Oxford, au cœur de la Paillade, Ilham a ouvert l’association « Union pour l’avenir » (UPA). Elle a choisi de s’occuper de l’accompagnement et de l’insertion des jeunes du quartier (de 18 à 25 ans). « Le vote est un devoir civique, c’est donc important. J’essaye de les sensibiliser aux enjeux électoraux ». Une démarche pas toujours évidente… Car même si les jeunes sont « réceptifs », ils manquent cruellement d’informations, mais aussi de culture politique. « On ne parle du vote que pendant les élections. Il faudrait leur en parler dès le lycée ». Par ailleurs, les « décrocheurs scolaires » pâtissent particulièrement. Beaucoup n’accomplissent pas leur JDC (Journée défense et citoyenneté, ex-JAPD) et ne peuvent, par conséquent, pas s’inscrire sur les listes et voter.

La campagne électorale aurait peut-être pu encourager les habitants à se rendre aux urnes. Mais Djamel Boumaaz, natif du quartier qui vient de quitter le Front National, s’exclame : « Il n’y a pas eu de campagne ici ! On n’a reçu aucun programme ou bulletin de vote dans les boîtes aux lettres, il n’y a pas eu de démarchage, et pas de rabatteurs devant les bureaux de vote dimanche », poursuit-il, avant de rappeler qu’en plus de tout ça, les magasins étaient ouverts à l’occasion des fêtes de fin d’année.

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Du désenchantement à l’indifférence

Attablé dans une boulangerie très fréquentée de Saint-Paul, Adil observe, soucieux, la pluie battante à l’extérieur. Ce père de famille de 39 ans fait partie des 70% de Pailladins qui ne se sont pas déplacés au bureau de vote dimanche 6 décembre. Et il le revendique : « Sur Facebook, j’ai appelé à ne pas voter, à sanctionner ce gouvernement de menteurs », argue-t-il. Ce militant associatif qui se bat depuis 20 ans contre les injustices sociales se dit « démoralisé » : « Le vote n’a jamais rien changé pour nous. On doit se battre pour des choses banales, comme un simple terrain de foot », explique-t-il, en jouant nerveusement avec des grains de sucre éparpillés sur la table.

Gauche, droite… Les habitants ne font simplement plus la différence. Un désenchantement pour ces électeurs de François Hollande, parfois anciens sympathisants PS. Mohamed*, autre militant associatif de la Mosson âgé de 36 ans, avait adhéré au parti pendant quelques temps. Mais depuis deux ans, il n’a pas renouvelé sa carte d’adhésion : « Je ne me reconnais plus dans la classe politique actuelle. La gauche et la droite nous servent le même baratin », regrette ce trentenaire, qui n’a pas voté au 1er tour de ces élections régionales.
Autre problème, la défiance envers les politiques : « Les élections sont devenues un business. Les jeunes n’ont plus envie qu’on marchande leur voix. Les candidats ne sont plus crédibles à leurs yeux, ils n’y croient plus », ajoute Ilham.

Par la force des choses, les habitants de ce quartier ont appris à faire avec… Ou plutôt sans. Ismaël*, assis aux côtés d’Adil, pense qu’il fait partie de ceux qui ne comptent pas. Il explique, avec beaucoup de sérénité, qu’une certaine forme de « résilience », s’est installée avec le temps dans le quartier : « C’est dans notre culture. Si on ne nous donne rien, on apprend à se débrouiller en pensant que c’est la loi de la nature. » C’est bien un mépris réciproque qui existe désormais entre les habitants et les politiques, mais un « mépris sans colère… Une indifférence paisible », souligne-t-il.

Le FN ne fait plus peur

Dans ce contexte, plus rien n’effraie les Pailladins. Le risque FN, autrefois argument choc pour mobiliser les électeurs, ne marche plus. Ismaël raconte qu’il entend souvent, au détour d’une phrase, « on n’a pas peur du FN, on s’en fiche ». Adil, quant à lui, affirme que « le PS applique déjà les idées du FN. Avec l’état d’urgence, on cible une communauté. Les perquisitions, les bavures, la stigmatisation ou la déchéance de nationalité… », énumère-t-il, révolté.

Si la montée du Front National ne les effraie plus, certains vont même jusqu’à voter pour le parti : Louis Aliot, tête de liste FN, est arrivé en tête dans deux bureaux de vote du quartier, Heidelberg avec 31,55% et Sedar Senghor avec 35,51% des voix (B89 et B92). « On préfère l’original à la copie ! » s’exclame Adil, avec ironie. « Au moins avec eux, on sait à quoi s’attendre ». Un résultat à la fois surprenant et alarmant, dans un quartier où la population est souvent d’origine maghrébine. « Les gens sont perdus », lance Mohamed. « Moi, je n’oublie pas que c’est un parti profondément raciste. Je voterai au 2ème tour car je considère qu’il doit y avoir un sursaut républicain », ajoute-t-il. Et il n’est pas le seul à vouloir faire barrage au parti de Marine Le Pen. Ismaël est catégorique : « J’ai voté au 1er tour car je suis alerté par le danger FN. C’est une autre limonade, et je n’ai pas envie d’y goûter. » Dimanche, lors du second tour des élections, le taux d’abstention devrait être similaire dans ce quartier, où l’espoir semble avoir disparu.

*A la demande de ces personnes, leur nom a été modifié.

Philippe Saurel : 5% et puis s’en va

En dépit d’un score qui lui aurait permis de fusionner sa liste avec celle du PS, le maire de Montpellier a choisi de se retirer. Fidèle à sa stratégie d’indépendance toute, il échoue dans son pari régional, mais confirme son implantation à Montpellier et dans l’Hérault. L’essentiel pour lui.

Je suis étudiant et je ne vote pas

Selon une étude Harris Interactive, 64% des jeunes entre 18 et 24 ans ne sont pas allés voter au premier tour des éléctions régionales, dimanche 6 décembre 2015. Parmi eux, des étudiants. Nous avons tenté de comprendre les raisons de cette inquiétante vague d’abstention ?

Désintérêt, mal-information, véritable acte politique ou tout simplement oubli ? Ils sont très nombreux à ne pas s’être déplacés pour voter. Deux jours après le premier tour, sur les bancs des universités de Montpellier, les élections régionales sont loin d’être le souci des étudiants, ni le sujet de leurs conversations.

Alicia, 18 ans, étudiante en arts plastiques, ne trouve pas son bonheur politique parmi les candidats. « Je ne suis pas intéressée par la politique car quand j’essaye de m’informer, il n’y a aucun parti qui propose un programme qui répond à mes attentes. Je ne vois que du mauvais dans tout cela ». Idem pour Sacha, 23 ans, futur licencié en droit. « Je ne suis pas satisfait par l’offre politique », dit-il.

Salim, 22 ans, étudiant en Histoire ne se sent pas du tout concerné par les élections. « Je ne ressens pas que la France soit mon pays. Je ne vois pas pourquoi j’irai voter alors qu’on me dénigre indirectement, surtout après les événements du 13 novembre et les conséquences sur nous Français issus de l’immigration. Rien n’a été fait pour nous. Je ne me sens pas Français, ni Tunisien d’ailleurs. Je me sens Méditerranéen ».

Pour Emmanuel, 23 ans, qui prépare un DAEU littéraire, quand il s’agit des régionales, c’est le désintérêt total. « Je ne vote que pour les présidentielles. Pour ces régionales, je ne me suis pas informé, ça ne m’intéresse pas ».

Quant à Anna, 22 ans, étudiante en langues étrangères appliquées, elle a tout simplement occulté cette date. « J’ai complètement oublié que je devais voter dimanche. De plus, je ne reçois jamais le programme des candidats dans ma boite aux lettres, ça n’aide pas. »

Abstention = montée du Front National ?

Parmi les jeunes qui sont allés voter dimanche 6 décembre, un sur trois a donné sa voix au Front national, en tête dans six régions sur treize. En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, Louis Aliot, tête de liste FN a dépassé ses concurrents avec un score de 31,83 %.

Sacha, pointe du doigt le manque de mobilisation et reconnait que l’abstention est, selon lui, la première cause de la montée du FN. « Face à un électorat frontiste mobilisé, il y en a d’autres qui le sont beaucoup moins. Forcément, cela permet au FN de faire une percée ».

Pour Maxence, 19 ans, étudiant en Histoire, l’abstention n’est pas forcément la principale raison. « Je pense que c’est dû à la crise politique et économique. Les gens qui votent FN, ne sont ni racistes, ni fascistes. Ils en ont tout simplement marre des mensonges et promesses non tenues. C’est dû à un véritable désamour de la droite et la gauche et non à l’abstentionnisme, qui est un facteur mais pas le principal », explique-t-il.

Les attentats du 13 novembre et tout ce qui s’ensuit comme conséquences dans la société en termes d’amalgame envers les étrangers et Français d’origine musulmane, sont pour Emmanuel, la principale raison de la montée du FN. « L’abstention peut aussi être un facteur mais largement secondaire. À la limite il faudrait peut-être voter blanc », se demande-t-il.

Même chose pour Anna. « Je ne justifie pas le vote pour le FN mais je peux le comprendre car je connaissais des personnes qui étaient au Bataclan, je sais ce que l’on peut ressentir. Et avec la crise des migrants, surtout dans le nord, les gens ont en marre. Mais voter FN c’est comme trouver une solution dans le nazisme ». Pour elle aussi l’abstention n’est pas la raison principale de ces résultats.

Qu’en est-il pour le deuxième tour ?

Voter ou pas au deuxième tour, dimanche 13 décembre ? C’est la grande question. Sacha, lui, glissera son bulletin de vote dans l’urne. « Même si j’ai une certaine affiliation politique, j’irai voter au deuxième tour seulement pour contrer le FN. Peu importe le parti qui sera amené à diriger la région, le contexte actuel fait qu’il n’y aura pas tant de différence. Mais si le FN gagne, là, oui il y en aura une grande ».

Pour Jawel, 21 ans, également étudiant en droit, « voter pour contrer un parti c’est rentrer dans le ridiculisme. C’est une alternative politiquement incorrecte et insignifiante, donc je ne voterai pas non plus au deuxième tour ».

Maxence, lui, ira peut être voter. « Je préfère ne pas prendre le risque que le FN passe, donc j’irai peut être voter, même si je pense que la politique du FN repose, au final, que sur du vent. Marine Le Pen sait parler, c’est sa force. Si le FN gagne c’est grâce à cela car au fond leur programme n’est pas construit ».

Alicia, se dit choquée par les résultats du FN, mais elle n’est pas pour autant sûre d’aller au bureau de vote. « Quand j’ai vu les chiffres du FN, je me suis dit qu’il faudrait peut-être aller voter, donc je vais vraiment y réfléchir. Quitte à voter blanc ». En revanche pour Anna, c’est sûr, elle votera au deuxième tour. « Maintenant que je sais que je dois aller voter, j’irai, sans faute mais pas forcément pour contrer le FN », dit-elle.