Les amoureux de Paris dans l’objectif d’Uféras

Double passage à la mairie pour les mariés de Gérard Uféras. Du 6 mai au 31 juillet, l’Hôtel de Ville de Paris accueille l’exposition « Paris d’amour ». À travers 170 clichés, reportages et portraits, en noir et blanc ou couleur, le photographe ressuscite le Paris romantique, de Ronis et de Doisneau. Au delà des clichés. A voir et revoir.

Les Boutographies mettent à l’honneur les jeunes photographes européens

Du 8 au 23 mai, les Boutographies s’exposeront à Montpellier pour la dixième fois. A travers la ville, différentes manifestations mettront à l’honneur une photographie dans tous ses états. Du Carré Sainte Anne au Pavillon Populaire en passant par la galerie A la Barak, autant de lieux qui présenteront les travaux de jeunes auteurs émergents.

Que les amoureux de la photographie se réjouissent : elle a encore de beaux jours devant elle à Montpellier. Après un hiver riche en émotions photographiques : l’exposition à plusieurs facettes de Raymond Depardon, celle des photojournalistes régionaux, celle des 20 ans du fond photographique de Montpellier où se côtoient Willy Ronis, Sebastiao Salgado, Bettina Rheims, Bernard Faucon ou encore la très grande Sabine Weiss, le printemps s’annonce radieux.

Le festival des Boutographies fête ses dix ans. Et la programmation prévue est à la hauteur de l’évènement. La vocation d’une telle manifestation ? Faire connaître et donner une chance à de jeunes photographes européens de présenter leurs travaux. Ces auteurs émergents viennent d’Italie, de Belgique, d’Hollande, de Suède, riches de leurs univers pluriels.

Le Pavillon Populaire, devenu un «écrin architectural dédié à la photographie», accueillera des démarches photographiques personnelles, introspectives, au cœur de l’intime. L’italienne Anna Di Prospero et le français Benjamin Schmuck, malgré leur jeune âge, la vingtaine à peine, font preuve d’une grande maturité, mettant à nu leur intériorité.

Autre lieu, autre approche. Au Carré Sainte Anne, une photographie plus politique et sociale se dévoilera aux yeux du public. Le lieu, en effet, se prête mieux à des tirages aux formats plus volumineux tels ceux de Bruno Arbesu. Le photographe français s’est intéressé à la scénographie et au côté marketing des meetings électoraux. Il a suivi chaque parti politique en France, en Allemagne et en Espagne. Iorgis Matyassy a photographié encore et encore les coursiers à vélo de Londres, profession précaire mais emprunte d’une grande liberté. Il s’est dit fasciné par cette «figure éphémère de la jungle urbaine». Autre figure de la jungle urbaine : ces jeunes femmes issues de l’immigration vivant dans les banlieues. L’hollandaise Ilse Frech a dressé le portrait de ces femmes à la fois modernes et attachées à leurs traditions et à leurs origines. La photographe a souhaité aller au delà des clichés.

A côté de ces deux principaux lieux d’exposition, les Boutographies sèment ci-et-là les germes d’une photographie européenne. Outre la rétrospective qui donnera à voir, sur l’Esplanade Charles de Gaulle, les plus importants clichés de cette dernière décennie, des galeries ont lié partenariat avec les Boutographes : l’Espace Transit ou la galerie A la Barak. Les Boutographies comptent aussi de nombreuses manifestations : séminaires, lectures de portfolios, projections au Musée Fabre et ailleurs, … L’objectif étant de faire connaître une photographie de qualité à tous. L’esprit du festival étant de «faire gratis et libre», souligne Peter Vass, le président des Boutographies. Même si ce dernier ajoute : «les Boutographies, c’est l’affaire des amoureux de la photo».

Pour connaître dans les détails la programmation, le site des Boutographies est accessible ici.

20 ans de collection photographique à Montpellier

Au Pavillon populaire, du 3 mars au 30 avril 2010, se tient une exposition photographique présentant plus de 200 œuvres, offertes ou acquises par Montpellier durant ces 20 dernières années. HautCourant vous propose une visite guidée.

Photographie, 13 000 signatures pour sauver une profession

L’Union des Photographes Créateurs, Freelens, et la Société des auteurs de l’art visuel et de l’image fixe, ont conjointement lancé un appel pour la constitution d’Etats généraux de la photographie. La pétition a été déposée ce mardi 02 février au Ministère de la Culture et de la Communication où une délégation a été reçue.

Depuis des années, la photographie, et notamment la photographie de presse, est en danger. Directement liées à la crise de la presse, les difficultés que rencontrent les photojournalistes sont nombreuses : « les utilisations massives de photos dites « libre de droits », les photographies à « 1 euro », les photographies signées « DR », la baisse générale des tarifs, les contrats de cession de droits ne respectant pas la loi, la remise en cause par les juges de la qualité originale des photographies, la banalisation de la photographie comme un bien de consommation […]. Ces pratiques abusives génèrent une crise économique sans précédent qui met en péril les auteurs photographes et les agences photographiques qui diffusent leurs images. » Le constat énoncé par les professionnels de la photographie est donc bien sombre.

Trois associations professionnelles ont décidé de réagir en lançant une pétition intitulée « Sauvons la photographie » : l’Union des Photographes Créateurs (UPC), Freelens, et la Société des auteurs de l’art visuel et de l’image fixe (SAIF).

L’UPC est une organisation professionnelle de défense des droits des photographes auteurs. Elle étudie notamment les questions sociales, économiques ou encore juridiques, intéressant la profession de photographe auteur. Elle s’attache particulièrement au respect du droit d’auteur, tel que défini par le Code de la Propriété Intellectuelle. Mobilisée, elle a notamment organisé le week end dernier son Congrès 2010 pour étudier les perspectives qui s’offrent à la profession. Cet évènement a donné lieu à la naissance de l’UPP (Union des Photographes Professionnels), sur la base d’une association entre l’UPC et FreeLens. Cette nouvelle entité est la première organisation professionnelle de photographes 100% auteur. Freelens étant une association qui a pour objectif « d’établir et de faire prévaloir, au sein du grand public, de la profession et de ses utilisateurs, une éthique et une déontologie de la photographie d’information« . Enfin, la SAIF est une société civile dont la mission est de percevoir et de répartir les droits des auteurs des arts visuels dans leur ensemble : designers, dessinateurs, graphistes, peintres, photographes, sculpteurs…

Ces professionnels dénoncent l’absence de la photographie aux États généraux de la presse qui se sont déroulés en 2009. C’est d’ailleurs la principale revendication de cette pétition : la constitution d’Etats généraux de la photographie. Ainsi, dans l’édito du quatrième numéro du magazine Polka, Alain Genestar, directeur de la publication, milite pour des Etats généraux de la photographie : « puisque la presse s’est réunie pour trouver des solutions et remèdes à la crise qu’elle traverse, pourquoi ne pas en faire autant pour la photo en réparant « l’oubli » des Etats généraux et en organisant d’autre… mais en toute liberté. C’est à dire : sans la bénédiction préalable du pouvoir, mais sans s’interdire de lui faire part de nos réflexions et de nos propositions puisqu’en France, c’est ainsi et nul n’a envie de s’en plaindre: l’Etat, par sa législation, notamment fiscale, contribue à l’équilibre de la gestion des entreprises de presse. »

La pétition a donc été déposée ce mardi 02 février au Ministère de la Culture et de la Communication. Elle a recueillie 13 000 signatures dont, entre autres, celles des photographes Abbas, Jane Evelyn Atwood, Eliott Erwitt, Sebastiao Salgado, Sabine Weiss, et des politiques Marie-Georges Buffet, Jack Lang et Robert Navarro.

Selon Le Point, l’entourage de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, aurait indiqué que la « prise de conscience des difficultés des photographes est bien réelle et que] leurs sujets de préoccupations seront traités dans le cadre d’une mission de l’Inspection générale des Affaires culturelles« . De même, selon le [Parisien, deux inspecteurs généraux, Michel Balluteau et Marie Bertin se sont vu confier la semaine dernière une mission sur les actions à entreprendre en faveur du photojournalisme.

Daniel Bodin, le questionnement social.

Dans le Hall de l’Hôtel de Ville de Montpellier, le photographe Daniel Bodin a exposé, du 13 au 23 octobre 2009, ses clichés pris lors de l’installation du village des Enfants de Don Quichotte en mai dernier, place du Peyrou à Montpellier. Il revient sur son expérience pour Haucourant.com.

Pourquoi avoir travaillé sur l’action des Enfants de Don Quichotte à Montpellier en mai 2009 ?

C’est avant tout la suite logique d’une démarche sociale que j’ai depuis quelques années. Je me penche en priorité sur les évènements sociaux et politiques. Cette expérience est un questionnement face à la régression sociale, une réflexion sur la nouvelle précarité qui s’installe dans notre société. Ce thème-là m’intéresse. Je voulais contextualiser les choses. Avec quelques-uns de mes contemporains, nous étions loin d’imaginer, dans les années 1970, qu’un mal être social tel que celui-ci nous toucherait. Nous sommes choqués face au monde d’aujourd’hui. Disons le clairement, c’est un retour au Moyen-âge. Ma démarche est simple : pourquoi aller jouer les grands reporters ailleurs, alors que la misère existe ici aussi, à Montpellier ?

J’ai approché les Enfants de Don Quichotte car c’est un très bon moyen pour communiquer avec les Sans Domicile Fixe. On a alors une facilité pour aborder le sujet. Dans la rue, il est délicat d’approcher une personne dans cette situation, comme ça, tout de go. Avec les Enfants de Don Quichotte, j’ai pu nouer des contacts avec eux. C’est très important pour moi car cela va me permettre d’approfondir le sujet. C’est exactement le même mode de fonctionnement que pour tout bon journaliste.

Qu’avez-vous voulu montrer sur vos photographies ?

J’ai une approche humaniste dans mes photographies. Je ne veux pas faire de misérabilisme, je veux sensibiliser avec des photos humaines. Alors, j’ai dû en lisser certaines. Par là, je veux dire que j’ai dû alléger émotionnellement la réalité pour qu’elle passe mieux. Je ne voulais pas montrer des gens en situation d’échec. Je voulais faire un constat ponctuel, faire ressortir l’humanité de l’individu, créer une fenêtre sur le monde. Mes photographies ne sont pas dimensionnées à la misère. Je m’exprime à travers la photographie. Cette exposition mériterait sans doute du texte, une légende, et même l’édition d’un livre. Mais je ne suis pas doué pour l’écriture, sinon je serais écrivain et non photographe. Il va falloir que je travaille sur le texte.

Quelle expérience ce fut pour vous ?

Ce fut avant tout un échange, un enrichissement réciproque. Cela m’a permis de revenir sur de nombreux préjugés que j’avais comme tout le monde malgré mon métier. Les SDF apparaissent souvent comme des personnes abruptes, baraquées, tatouées, dures. Finalement, ce sont des gens charmants. J’ai recueilli un nombre incroyable d’histoires personnelles extraordinaires, extrêmement difficiles à entendre pour le commun des mortels. J’ai fait un constat de la vie, avec une démarche sociale. J’ai aussi fait une autre découverte : le politique, à Montpellier, a un souci du social. J’en ai été étonné. Je ne le savais pas. Ce travail, au final, fut plus complet que je ne l’aurais imaginé.

Pourquoi cette exposition ?

Cela a été une volonté de la mairie de Montpellier. Au départ, elle n’était pas concernée par mon travail. Puis, peu à peu, elle s’est intéressée à ce que je faisais. Donc, elle m’a demandé d’exposer mes photographies dans le hall de l’hôtel de ville. J’ai été le seul maître d’œuvre. Mes partenaires ne savaient pas vraiment ce qu’ils attendaient de moi, ils m’ont alors laissé faire. J’ai donc dû tout conceptualiser. Cette exposition fut montée à l’emporte-pièce. Cela a été un vrai challenge !

Pourquoi certaines de vos photographies sont en noir et blanc, et d’autres en couleur ?

C’est une bonne question ! J’ai une attirance pour le noir et blanc. En faisant le tour de mes photographies pour l’exposition, je n’avais pas assez de matière dans ces tons là. Alors, j’ai fait le choix de mélanger deux sujets en une exposition. J’ai, d’une part, affiché un reportage journalistique, en couleur, à l’extérieur des panneaux d’affichage. Le néophyte accroche plus à la couleur. Comme en musique, il s’attache plus à une musicalité populaire qu’au jazz. Avec la couleur, j’ai voulu ramener de la légèreté. On réintègre le monde normal, la réalité. Puis, j’ai mis des photographies en noir et blanc, à l’intérieur, pour créer une intimité. C’est la partie galerie. Sur les portraits, je voulais donner un aspect plus dramatique.

Quelles ont été les réactions du public face à votre exposition ?

J’ai eu peu de retours. Globalement, on est allé vers un encensement de mon travail. Ce n’est pas un lieu idéal pour une exposition de ce type, pour que les photographies soient regardées avec sens. Le regard du commun est interrogatif mais glissant. Elles ont cependant été confrontées à un public large. La plupart du temps, on m’a félicité pour l’humanité de mes photographies. Il me manque toutefois l’avis de professionnels.

Les Enfants de Don Quichotte, des images et des maux.

Dans le cadre de la journée mondiale du refus de la misère, le 13 octobre, et des 25 ans de la Banque Alimentaire, la Mairie de Montpellier a souhaité sensibiliser ses riverains par le biais d’une exposition des photos de Daniel Bodin consacrées aux Enfants de Don Quichotte. Des clichés tirés des quelques jours qu’il a partagé avec les plus démunis : des visages abimés par la vie, des moments d’intimité, des instants de solitude et de solidarité…