Beaucaire : la résistance au FN fragmentée

La ville gardoise dirigée par le Front national a voté au premier tour à 60 % pour le parti de Marine Le Pen. Fragmentée au plan politique comme associatif, la résistance anti-FN peine à proposer une alternative. Reportage dans le maquis beaucairois de l’entre-deux-tours.

Parties à la recherche des opposants au FN, nous sommes arrivées sous la grisaille dans une ville tourmentée en ce mardi 8 décembre d’entre-deux-tours. 16 000 personnes vivent à Beaucaire, mais personne ne s’aventure sur les pavés glissants de la ville. En votant à 60 % FN au premier tour des régionales, Beaucaire s’octroie le score frontiste le plus élevé du Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Les opposants politiques et associatifs n’ont pas déserté la ville, mais le frontiste Julien Sanchez maire de Beaucaire, semble tirer des avantages de leurs bisbilles intestines.

Une résistance associative mise à mal

Le milieu associatif beaucairois est structuré par le sport, la culture et la politique. Pilier de l’opposition au Front national, le Rassemblement citoyen de Beaucaire (RCB) a été créé par quatre habitantes et compte aujourd’hui une vingtaine de membres. La blogueuse Laure Cordelet, une des fondatrices, habite la ville depuis quatre ans. « Avant je n’étais pas du tout politisée, je venais d’une famille de droite. Je votais centre-droit. Mais avec l’élection de Sanchez, la parole raciste s’est libérée. C’est là que j’ai décidé de créer le Rassemblement ». Ateliers d’instruction civique, manifestations et conférence sont les principaux moyens d’action de l’association.

« Mon combat principal reste les municipales », confie-t-elle. D’où une moindre mobilisation pour ces régionales, malgré une distribution de tracts anti-FN dans les boîtes aux lettres des quartiers abstentionnistes de la Moulinelle et du centre-ville. L’association ne reçoit « aucune subvention, ce qui nous permet de dire merde à qui on veut », même si elle regrette de se battre avec peu de moyens. « C’est plus difficile de résister ».

L'édile Julien Sanchez dans son bureau empli de symboles français. Dans son grand bureau de l’hôtel de ville, Julien Sanchez connaît bien Laure Cordelet. « Son cas relève de la psychiatrie», lâche-t-il. Le jeune élu frontiste dit bien s’entendre avec le monde associatif beaucairois. Cela ne l’empêche pas de dénigrer le RCB: « On a donné un sens à leurs vies. Qu’elles continuent, ça nous fait monter ». Laure Cordelet s’en amuse : « Je sais très bien qu’il me prend pour une folle hystérique ».

Il suffit d’arpenter les rues aux côtés de Laure pour s’apercevoir qu’elle a la côte. En quelques mètres, quatre personnes l’accostent au long du canal, entre bavardages et accolades. « Mieux vaut ne pas être pressée », glisse-t-elle.

Au sein même de la résistance, les avis divergent à son sujet. « Elle fait un gros travail de diffusion, mais elle sert malgré elle de porte-voix au FN », affirme Claude Dubois, ancien conseiller municipal de l’opposition Front de gauche. Maxime créateur du groupe Facebook Les Beaucairoiseries, pense que « les gens ne la prennent plus trop au sérieux mais c’est dommage car on a besoin d’elle ». Des propos révélateurs de leurs difficultés à se fédérer. Les pôles d’oppositions existent mais ne sont pas à la hauteur de la montée du FN.

D’autres associations ont subi une coupe budgétaire. « Le principal rempart au FN c’est le monde associatif. Ce que fait Sanchez à Beaucaire, c’est enlever des subventions aux assos qui créent du lien social, comme l’aide scolaire. Donner des subventions, c’est reconnaître leur intérêt public », relève Sylvie Polinière, ancienne enseignante à Beaucaire et militante CGT, dans les locaux nîmois du syndicat.

L’enjeu pour ces associations est de trouver des moyens d’existence en dehors des subventions publiques. Le monde associatif beaucairois est sinistré. Il ne constitue pas à ce jour une opposition suffisamment forte pour enrayer l’ascension du Front national. La difficulté est d’autant plus forte pour la gauche de s’installer dans une région historiquement monarchiste et conservatrice. « L’arrivée des rapatriés d’Algérie et d’une main d’œuvre maghrébine ont créé des tensions. Ces deux populations ont dû cohabiter », explique Michel Crespy, sociologue gardois. Après avoir essayé le communisme il y a trente ans, ni la gauche ni la droite classiques n’ont su prendre le relais. Avec un chômage avoisinant les 20 % et des incivilités récurrentes, les Beaucairois se sont divisés, tout comme leurs représentants. Et le maire s’en frotte les mains.

Une opposition partisane incapable de s’unir

Le conseil municipal compte trois groupes d’oppositions : Beaucaire 2014 (divers-droite), Beaucaire pour tous (liste de l’ancien maire Jacques Bourbousson) et Réagir pour Beaucaire (Front de gauche). Cette fragmentation reflète le paysage politique des élections municipales de 2014. Face à Julien Sanchez, quatre listes se sont affrontées sans trouver d’union. « Pour les prochaines municipales, on veut une liste unique, seule condition pour gagner face au Front national », souligne Laure Cordelet du RCB.

Les conseillers de Beaucaire 2014 « ne font que s’opposer pour s’opposer », estime Claude Dubois. L’édile confirme : « c’est une opposition ridicule ». Il préfère celle de l’ancien maire qu’il qualifie de « constructive », et celle de l’unique représentante du Front de gauche. Il n’a même pas besoin d’affaiblir son opposition municipale : elle est déjà en lambeaux.

Une situation qui a conduit Claude Dubois à démissionner de sa fonction de conseiller municipal. « Je me suis mis en retrait, aujourd’hui j’agis seul, je suis un militant ». Amer, cet ancien candidat aux élections municipales de 2014 a baissé les bras et préfère aller prêcher la bonne parole dans le bar Le Romain.

Remy Vidal et Laure Cordelet, deux manières de s'opposer au Front national. « Le paysage politique beaucairois est en situation de mort clinique. La ville est abandonnée, tout est centralisé à Nîmes », analyse Rémy Vidal, secrétaire départemental de la fédération gardoise du Parti radical de gauche (PRG). Aucune antenne locale de parti n’est présente à Beaucaire. Ils ont déserté le champ de bataille. Le PRG lui-même n’a rien entrepris pour contrer le FN dans le cadre des régionales. Rémy Vidal préfère construire les fondations d’une section départementale qui puisse mobiliser autour d’un « projet collectif ».

Mal organisée, divisée, voire inexistante, l’opposition institutionnelle fait le jeu du FN en lui permettant de se maintenir. « Julien Sanchez est installé pour longtemps », conclut le sociologue Michel Crespy.


Faire renaître une résistance citoyenne

La ville se retrouve totalement assommée. « Certaines personnes ont peur de s’opposer. Dès que le Front national a quelqu’un dans le nez, il fait tout pour l’enterrer », confie la militante CGT Sylvie Polinière. La ville est divisée entre ceux qui soutiennent le FN et ceux qui sont contre. Conséquence : plus personne n’ose parler, comme si la loi du silence régnait.

« Rue nationale » à Beaucaire. Un lieu où les commerçants, d’origine maghrébine pour la plupart, sont visés par un arrêté municipal jugé discriminatoire par les concernés. Preuve de la défiance ambiante, l’un d’eux nous déroule un discours pro-frontiste de façade. « Le FN apporte du bien c’est un bon patron. Il y a des barbus qui nous pourrissent », nous explique cet épicier marocain. Un discours ambigu. Intriguées, nous lui garantissons son anonymat et celui-ci nous livre une toute autre version. « Je veux qu’on me montre du doigt en tant qu’arabe qui réussit. Je ne veux pas de problème avec la mairie, je suis commerçant ».

Cette méfiance nous l’avons aussi retrouvée au café de Malik, lorsque nous avons abordé quelques clients. « Mais vous êtes des journalistes, vous allez déformer nos propos », lance un des jeunes hommes. Une fois passée la barrière, deux d’entre eux de 27 ans acceptent de s’ouvrir. « Le maire se dit proche des gens, mais ça dépend desquels… moi je ne l’ai jamais rencontré ! », sourit Mohamed. Les régionales ne l’intéressent pas. Il préfère voter aux présidentielles et aux municipales, « sauf si c’est vraiment trop serré avec le Front national », ajoute-t-il. Samir, de son côté, n’a pas le droit de vote mais aimerait l’avoir. Il essaye de s’informer comme il peut, « avec les moyens qu’il a ». Contre le Front national, mais pas résistants pour autant.



Une ville où les habitants ne courent pas les rues à l'image de cette place.

Résistance 2.0. L’opposition citoyenne semble œuvrer davantage sur les réseaux sociaux que dans les rues de la ville. Le groupe Facebook Les beaucairoiseries, créé par Maxime, rencontre un vif succès depuis sa création il y a sept mois. Il a été formé suite à la censure immédiate de posts sur la page officielle de Beaucaire. Aujourd’hui, le groupe compte plus de 1400 membres et « une dizaine de personnes s’ajoutent chaque jour », selon Maxime. On y retrouve certains membres de l’opposition institutionnelle ou associative qui y débattent quotidiennement de politique locale. La résistance citoyenne se fait virtuelle.

« Une opposition constructive ne peut émerger que si le maire fait des actions très impopulaires », prévient Michel Crespy. « Mais Sanchez est quelqu’un de charismatique, jeune et malin ». Un seul espoir : le renouveau du militantisme, par la jeunesse et le dialogue. « C’est la jeunesse qui doit se bouger. À un moment donné, ils n’accepteront plus ça », conclut Sylvie Polinière. Nous quittons une ville illuminée par des décorations de Noël bleu marine, qui donne l’impression que la couleur du Front national a même envahi la ville. Beaucaire semble s’être résignée à moyen et long terme.

Régionales 2015 :
Louis Aliot : « Je pense que notre programme est supérieur aux autres »

Louis Aliot est la tête de liste Front National pour les élections régionales en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Il était à Montpellier le 19 novembre 2015, dans le cadre de sa campagne. Dans cette interview, il explique pouvoir l’emporter les 6 et 13 décembre prochains.

LlDMgNGDxJ0

« N’allez pas le répéter, mais le nègre vous emmerde ! »

La France est le pays des Droits de l’Homme. Pourtant, tous les jours, des citoyens sont victimes de propos racistes, de discriminations dans l’emploi, dans les logements, dans leurs recherches de stage. Pire, des élus de la République s’illustrent de plus en plus dans ce qu’on considère comme de simples dérapages, mais qui stigmatisent encore plus certaines populations. Et cela dans l’impunité totale.

Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon

Vendredi, samedi et dimanche. Trois jours par semaine pour le maximum d’infos, enquêtes et reportages sur les élections Régionales qui se préparent en Languedoc-Roussillon. La rédaction de Haut Courant va se plier en quatre pour vous… Nous attendons vos réactions !

conseil_regional.jpg

++++Tous nos articles

dr_languedoc.jpg

===================[Les clefs pour comprendre :]

 15/03 Premier tour des Régionales : Le pouls des QG de campagne

 12/03 Elections Régionales : les tracts en revue

 10/03 Voter : « il y a une application pour ça »

 7/03 Des candidats qui ne croient pas vraiment aux sondages ( sondage du 7 mars, Midi Libre )

 17/02 La Région, un cimetière pour les élites ( par William Genieys )

 10/02 Peut-on croire le sondage vérité ? ( Sondage du 9 février )

 7/02 Jacques Molénat, retour sur « la » phrase qui a fait basculer les régionales

 4/02 Le Conseil régional : mode d’emploi

 31/01 « L’extrême droite est historiquement ancrée dans le Midi »

 30/01 2004-2010 : Quel bilan pour Georges Frêche ?

 24/01 Les règles du jeu

 20/01 Le chômage au cœur des régionales

>>>Les programmes liste par liste ( Montpellier Journal )<<<

>>>Nos articles liste par liste<<<

>>>Les articles à la Une<<<

========================[Les infos pour réagir :]

 15/03 Georges Frêche à son apogée

 15/03 France Jamet : « Face à Frêche, le Front National doit former une grande opposition »

 15/03 Europe Ecologie : une soirée électorale « aux airs de 21 avril 2002 »

 15/03 Une vidéo personnalisée de Xavier Bertrand, pour mobiliser l’électorat UMP

 12/03 Une semaine avec Europe Ecologie

 12/03 Jean-Claude Martinez : « depuis 35 ans j’élève le peuple. Je leur fais croire qu’ils sont intelligents. »

 12/03 « Mais qu’est-ce qu’il a ce Georges ? »

 9/03 Dominique Voynet : « Il faut choisir sa Gauche »

 8/03 Pour la Journée de la femme, Martine Aubry vient au secours de son « amie » Hélène Mandroux

 8/03 Martine Aubry : « quand on est socialiste, on est féministe »

 6/03 « A Gauche Maintenant » marche contre Agrexco

 19/02 Le Languedoc-Roussillon devient un enjeu national pour Europe Ecologie

 19/02 « A Gauche Maintenant » : Une unité anticapitaliste dans un contexte antisocial

 18/02 Daniel Cohn-Bendit : « Je suis un utopiste réaliste »

 17/02 Mandroux, « maire courage » selon Montebourg
languedoc-roussillon.gif

 15/02 Patrice Drevet : « j’espère bien dépasser les 10% au premier tour »

 15/02 Christian Jeanjean : « Couderc ne tient pas Frêche à distance »

 15/02 Jeanjean roule sur les terres de Frêche

 15/02 Le MoDem jette l’éponge

 14/02 MoDem : Alerte orange en Languedoc Roussillon

 14/02 Le dépôt des listes du MoDem en Languedoc-Roussillon est repoussé à lundi

 14/02 Georges Fandos : « Il faut éviter la concentration sur Montpellier »

 14/02 Christian Jeanjean en route pour les Régionales

 13/02 Martine Aubry, cible privilégiée des attaques de Georges Frêche

 12/02 Romain Ferrara : « Pour moi, Raymond Couderc est le meilleur »

 12/02 Malgré la polémique, Frêche reste un poids lourd en Languedoc-Roussillon

 10/02 François Liberti : « Pour l’émer­gence d’une gauche de transformation sociale »

 8/02 Extrême-Gauche : l’union fera t-elle la force ?

 8/02 Christian Jeanjean 100% gagnant sur Facebook

 7/02 Georges Frêche : l’anti-parisianisme comme thème de campagne

 6/02 MoDem : Marc Dufour présente sa propre liste

 6/02 Europe Ecologie au centre de toutes les attentions

 5/02 Emmêlé dans ses contradictions, le MoDem va tenter de se mettre en marche

 5/02 Régionales en Languedoc-Roussillon : Bienvenue chez les fous !
vignes-et-raisins.jpg

 4/02 Gauche anti-frêchiste : « coup d’Etat » du PS?

 4/02 Rencontre avec un militant : une autre idée du socialisme

 3/02 L’engagement écolo vu par les militants d’Europe Ecologie

 2/02 Raymond Courderc lance la tournée des « Oubliés » en Languedoc-Roussillon

 1/02 J-L Roumégas : « les socialistes ne peuvent pas se poser en rassembleurs de la Gauche alors qu’ils sont divisés »

 30/01 Christian Jeanjean lance sa campagne au Mas-Drevon

 29/01 Déclaration d’Hélène Mandroux, jeudi 28 janvier

 29/01 Hélène Mandroux appelle au rassemblement de la gauche anti-Frêche

 29/01 Grande Motte : les socialistes se réunissent autour du sport et de ses enjeux politiques.
1_2_2.jpg

 28/01 Georges Frêche a-t-il vraiment dérapé ?

 26/01 Europe Ecologie peaufine sa stratégie

 24/01 L’écologie au sein de la politique du Conseil Régional

 24/01 Georges Frêche controversé mais soutenu

 24/01 Julien Sanchez : « Le FN n’a jamais été un parti raciste »

 23/01 La candidature de Georges Frêche : « un aveu d’impuissance » de la direction du Parti socialiste

 21/01 Sondages mi-janvier

==========================[Ailleurs sur le Net :]

 Rue89 : Régions en campagne (en partenariat)

 Régions 2010 (en partenariat)

 Midi-Libre

 Montpellier Journal

 7L TV

 France 3 Languedoc Roussillon

>>>Les programmes liste par liste ( Montpellier Journal )<<<

>>>Nos articles liste par liste<<<

>>>Les articles à la Une<<<

++++Les plus lus

1. Elections Régionales : les tracts en revue

2. Julien Sanchez : « Le FN n’a jamais été un parti raciste »

3. Mandroux, « maire courage » selon Montebourg

4. Georges Frêche controversé mais soutenu

5. 2004-2010 : Quel bilan pour Georges Frêche?

6. MoDem : Marc Dufour présente sa propre liste

7. J-L Roumégas : « les socialistes ne peuvent pas se poser en rassembleurs de la Gauche alors qu’ils sont divisés »

>>>Les programmes liste par liste ( Montpellier Journal )<<<

>>>Nos articles liste par liste<<<

>>>Les articles à la Une<<<

++++Les plus commentés

1. « Mais qu’est-ce qu’il a ce Georges ? »

2. Georges Frêche : l’anti-parisianisme comme thème de campagne

3. Georges Frêche controversé mais soutenu

4. Mandroux, « maire courage » selon Montebourg

5. Georges Frêche a-t-il vraiment dérapé ?

6. La gauche anti-frêchiste : un « coup d’Etat » du PS ?

7. Julien Sanchez : « Le FN n’a jamais été un parti raciste »

>>>Les programmes liste par liste ( Montpellier Journal )<<<

>>>Nos articles liste par liste<<<

>>>Les articles à la Une<<<

++++Crédits Photos

 Igor Gauquelin

 http://languedocroussillon.free.fr/Region_languedoc_roussillon/Region.php

 http://www.bsi-informatique.fr/lasource/index.php?option=com_content&view=article&id=71&Itemid=72

 http://www.julesguesde.fr/new_site/spip.php?article245

 http://www.midilibre.com/articles/2009/12/18/A-LA-UNE-Dernier-budget-avant-le-reglement-des-comptes-1041442.php5

 http://www.sports-sante.com/index.php/tag/oeuvre-artistique-a-la-maniere-de

 http://emblemes.free.fr/site/index.php?option=com_content&view=article&id=454:armoiries-du-languedoc-roussillon&catid=61:languedoc-roussillon&Itemid=111

Mis à jour le 15 mars à 23h30

Jean-Claude Martinez : « depuis 35 ans j’élève le peuple. Je leur fais croire qu’ils sont intelligents. »

Comment fait-on campagne quand on s’appelle Jean-Claude Martinez, qu’on a été pendant 25 ans vice-président du FN, puis exclu de ce même parti, après des différents avec la progéniture du père fondateur ? Comment fait-on campagne sans l’étiquette FN ? Comment fait-on campagne lorsqu’on dispose d’un petit budget et que les derniers sondages vous créditent de 0,5 % des voix ? A 3 jours du premier tour, rencontre avec l’aberrant, hyperactif et inclassable leader en Languedoc Roussillon de la liste La Région, la France, la Vie.

« Ce sont de faux habitants dans cette ville, un vrai décor de cinéma. »

« C’est beau, c’est grand, c’est fort la vie » telle est la devise de Jean-Claude Martinez. Mercredi 10 mars au marché d’Uzès (Gard), il a fallu toute la force de ce slogan à l’ex-vice-président du FN, pour convaincre les quelques rares électeurs. Refroidis par le froid et la neige ? Sans doute d’autant qu’« ici, c’est un marché bobos, il n’y a que des madamettes qui achètent bio. Ils ne sont pas à moins de 5 000 € par mois ». Tenace, il apostrophe pourtant « la bourgeoisie » et les commerçants à grand renfort d’humour, et de jovialité exubérante. « Si je trouve des clients, je vous les amène et vous vous m’amenez des électeurs ! » plaisante t- il auprès du boucher.

A ses militants, il ironise « Il faudrait peut-être trouver un électeur ! Allez, on s’agite, allons trouver les commerçants ! ». Ils sont huit ou neuf fidèles à le suivre, des anciens du Front National (FN) ou du Mouvement Pour la France (MPF) qu’il a ralliés à sa cause. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il font corps avec leur candidat : « suivez-le, qu’il y ait du monde sur la photo ! » souffle l’un d’eux. Un autre, en passant devant un étal de charcuterie, tape sur l’épaule du candidat en s’exclamant : « tu devrais acheter des saucissons pour montrer aux musulmans qu’on aime le porc ! »

Chez les commerçants l’accueil n’est pas beaucoup plus chaleureux. Une vendeuse refuse le livret que lui tend la tête de liste « je suis apolitique, mais je vote blanc, je n’ai pas besoin de tous vos blablas ! ». Piqué, Martinez s’en va en maugréant « ce sont de faux habitants dans cette ville, un vrai décor de cinéma. Ils croient qu’on peut bâtir une économie avec des robes en coton équitable ! ». Et justement, lui, veut construire une vraie économie, avec une agriculture qui permet de faire vivre les agriculteurs, pas une «imposture du bio» comme le préconisent les Verts.

Il fait pourtant preuve de lucidité quant à son avenir incertain à la tête de la région. Crédité de 0,5% dans le dernier sondage, il avance les 1%, « c’est 1 000 voix, soit le nombre de résistants en 1940. Jésus, ce con, n’a fait que 12 voix et la 13e elle l’a trahit ». Puis il rebondit sur le pape qui en prend pour son grade : « il devrait s’occuper d’autre chose que des capotes ! »

Après le marché ça sera direction les vignobles. La crise de la viticulture ? «Quand on arrache une vigne, on plante de l’Allemand ou de l’Anglais !» s’exclame t-il. La solution ? « Un conservatoire de vignoble pour stocker les terres et installer les jeunes. »

« Si Jean-Marie a un pépin, c’est moi qui irait à la DDASS pour déclarer qu’il est maltraité par sa fille »

Depuis le 17 novembre 2008, Jean-Claude Martinez a été exclu du FN. Pourtant pendant 25 ans, il en a été le vice-président, la tête pensante (ndlr. il a écrit la majorité des discours de Jean-Marie Le Pen). C’est une grande «affection» qui l’unit à Jean-Marie Le Pen. Ils ne se sont pas « quittés dans le drame ». L’affection demeure, au point que « Si Jean-Marie a un pépin, c’est moi qui irait à la DDASS pour déclarer qu’il est maltraité par sa fille » s’esclaffe le bougre. Mais sur ce coup-là, le leader frontiste n’a pas pu soutenir son ami : Marine et France Jamet, même combat, même filiation, même fidélité.

Voilà donc Martinez à son compte, pour « ouvrir une autre voie ». Une maison de la vie et des libertés pour être précis. «Un terme chaud, un refuge pour tous ceux qui appartiennent à la grande famille des hommes, les vignerons, les agriculteurs, les personnes âgées, les moutons… s’emballe-t-il». Une cassure irrémédiable donc avec le FN, mais surtout avec la fille de son «ami Jean-Marie» qui se joue sur la «vie», explique t-il. «Je ne peux pas le suivre sur ce terrain là, je suis contre la peine de mort, contre l’euthanasie…».

« Depuis 25 ans j’élève le peuple. Je leur fait croire qu’ils sont intelligents »

Sans l’étiquette FN, plus difficile la campagne ? « Non, c’est la même puisque les gens sentent que je suis différent. Je ne suis pas dans l’uniformité des autres partis. Je leur donne un livret pas un tract. » Justement le programme de M. Martinez compte 100 mesures axées sur trois thèmes Protéger nos racines, ouvrir nos ailes et embellir nos vies. Poétique non ? Normal, ce Sétois, brillant universitaire et ami de Maurice Clavel a été parolier de Frida Boccara.

Cent mesures, n’est ce pas un peu indigeste pour l’électorat ? Point du tout : « C’est la grandeur de l’universitaire d’élever le débat. Depuis 25 ans j’élève le peuple. Je leur fait croire qu’ils sont intelligents, je suis là pour élever leur sphincter moral ». Faire croire aux électeurs qu’ils sont intelligents ou les traiter de cons, la nuance est faible. Pas pour Martinez. lui «engueule les gens pour les faire réagir», il ne les «caresse pas comme le fait Georges Frêche».

Le candidat déplore d’ailleurs qu’il ait insulté «un vrai homme d’Etat, un israélite.» et a eu l’audace de le taxer d’ «espagnol de merde» au cours d’une émission de Guillaume Durand à laquelle ils étaient tous les deux conviés. Pas rancunier le bonhomme, comme pour Le Pen, une grande affection l’unit au président de région sortant. «Il m’appelle mon frère» confie-t-il. Il affirme d’ailleurs avoir apporté la spiritualité, l’intellect à l’un, tandis qu’à l’autre il aurait pu amener la nuance, le devoir de l’universitaire d’élever le débat.

«Ceux qui votent FN vont à l’originale France Jamet, et ceux qui ne votent pas FN continuent de lui (ndlr. M.Martinez) coller l’étiquette FN.»

Paradoxal Martinez ? Ne lui dites surtout pas qu’il est d’’extrême droite, un mot «issu du bipartisme» qui lui hérisse le poil. Il affirme avoir tenté de changer la ligne du FN, il a même organisé une rencontre entre Jean-marie Le Pen et le roi Hassan II du Maroc (ndlr. il a été conseiller fiscal du roi et directeur d’étude à l’ENA du Maroc). Il devait aussi lui présenter Hugo Chavez, qu’il admire et a déjà rencontré à plusieurs reprises. Construire un «axe Europe- Amérique Latine», est d’ailleurs un point essentiel de son programme.

Finalement, cet hurluberlu de la politique, à la frontière entre la folie et le génie – «il est un peu fada et difficile à suivre !» selon un de ses co-listiers – se présente comme un «alternationaliste». Il accueille tout le monde dans sa «maison de la vie et des libertés». Pourtant en en voulant se détacher du « père fondateur », et surtout de la nouvelle étiquette FN portée par Marine Le Pen, il s’est tiré une balle dans le pied. Comme l’explique un de ses militants  » Ceux qui votent FN vont à l’originale France Jamet, et ceux qui ne votent pas FN continuent de lui coller l’étiquette FN. »

Enfin, lorsqu’on le questionne sur l’incohérence de son discours et de son parcours, il rétorque : «Ces classements sont stériles. A ce moment là, l’extrême droite commence à la SFIO. Je crois à la lutte des classes, regardez, ici à Uzès, les riches me reçoivent mal. Je ne suis contre personne. On ne tient pas 25 ans contre !».
Finalement c’est l’un de ses militant qui le résume le mieux :  » Martinez, il avait la tête au FN et le cœur ailleurs ». C’est beau, c’est grand, c’est un peu fort tout de même…

Retour au dossier spécial Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon

Mis à jour le 13 mars à 22h30

Julien Sanchez : « Le FN n’a jamais été un parti raciste »

En 2000, Julien Sanchez rentre au Front National, à 16 ans. Aujourd’hui, en 2010, à l’occasion des élections régionales il est deuxième de liste départementale dans l’Hérault. De simple militant, il a gravi les échelons pour être aujourd’hui la figure de proue du FN « nouvelle génération ». Soutenant la tête de liste France Jamet, il est également adjoint au directeur du service presse et chef de projet internet national pour le Front National. Rencontre.

HautCourant : Julien Sanchez, pourquoi et comment avez-vous adhéré au Front National ?

Julien Sanchez : Mon engagement a été précoce. Mon père était engagé à l’extrême gauche et militant CGT. J’ai pu suivre les débats télévisés pendant mon enfance. C’est au lycée, à 16 ans que j’ai rejoint un parti : le Front National. Pour moi le FN c’est la justice sociale et donner aux gens la possibilité de vivre mieux. En France il y a des injustices. L’Etat aide beaucoup les étrangers mais n’aide pas les français dans le besoin. Auparavant le Parti Communiste dénonçait cet état de fait, aujourd’hui il ne reste plus que le FN pour le faire.

HC : Comment votre famille regarde-t-elle votre engagement pour l’extrême-droite ?

JS : [Sourire] Mes parents ne voteront pas FN c’est certain. Ils sont toujours communistes, mais respectent mon engagement. On a chacun nos conceptions de la politique, mais ils savent que mon combat est désintéressé et que je défends avant tout mes convictions.

HC : Comment se manifeste au jour le jour le militantisme d’un jeune adhérent au FN ?

JS : Au début, j’ai commencé en distribuant des tracts et des autocollants. A l’époque déjà je m’intéressais beaucoup à la création de sites sur internet, et j’ai très vite été contacté pour réaliser des sites pour le Front National. Aujourd’hui, je suis Chef de Projet Internet national pour le FN et j’ai participé à l’élaboration du site du parti, tout en continuant à effectuer un travail sur le terrain et à rencontrer la population. Le Front National donne des responsabilités aux jeunes, ça marche en fonction du mérite. C’est pour cette raison que Jean-Marie Le Pen a insisté pour que je sois une nouvelle fois éligible[[En 2004, Julien Sanchez était déjà candidat sur la liste d’Alain Jamet, en 13° position.]] lors de ces élections régionales. D’autant plus que dans le Languedoc-Roussillon, les jeunes frontistes sont moins stigmatisés qu’à Paris par exemple. Les gens sont plus ouverts. A ce niveau là, il y a pas mal de jeunes dans le bureau de campagne de France Jamet, comme vous avez pu le voir. Il y en aura également beaucoup sur notre liste, contrairement à celles des deux autres principaux partis.

HC : On constate une forte présence du FN sur la toile ? Est-ce une stratégie de campagne visant à toucher les jeunes ?

JS : Internet, c’est incontournable aujourd’hui. Cela permet de compenser le manque de médiatisation dont souffre le FN. Et effectivement, c’est très important pour les jeunes : actuellement, 90% des adhésions sur la toile viennent de jeunes désireux de s’engager mais hésitants à se rendre à une permanence.

HC : Sur votre blog, vous écrivez « je me bats contre toute forme de discrimination ». N’est-ce pas paradoxal pour un militant du FN ?

JS : Ce n’est pas paradoxal, le Front National n’a jamais été un parti raciste. Être contre l’immigration ce n’est pas du racisme. Il y a énormément de problèmes et de misère en France, occupons-nous en avant d’essayer d’accueillir toute la misère du monde.
Et quand j’entends Sarkozy parler d’immigration choisie, ça me désole. En réalité, son idée c’est de faire venir les cerveaux d’Afrique et de laisser crever le reste de la population. Il faut avant tout aider ces pays à se développer chez eux.

HC : Quel bilan tirez-vous de six ans de frêchisme au Conseil Régional ?

JS : Premièrement, le manque de démocratie. Pour l’anecdote, lors de la transition Blanc-Frêche en 2004, les nouveaux arrivants nous ont donné une heure pour évacuer les bureaux. Nous nous sommes retrouvés dans un cagibi de 9m² pour huit élus.
Au niveau de la région, la politique de George Frêche se caractérise par la hausse des impôts et l’inaction, alors qu’il utilise 100 millions d’euros par an pour sa communication. La seule bonne chose qui ressort de ces six années, c’est la création de la marque « Sud de France ».


HC : Parlez nous un peu du programme du FN pour ces régionales.

JS : Notre programme défend quatre thèmes principaux : la baisse des impôts jusqu’en 2014, la protection de l’agriculture et notamment des viticulteurs qui font la renommée de notre région, plus de sécurité dans les transports et les lycées et enfin la préférence nationale.

Retour au dossier spécial Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon

Mis à jour le 25 janvier à 17h00

Identité nationale : le FN cherche à tirer profit d’un débat controversé

Jeudi 14 janvier, Marine Le Pen, numéro deux du Front national, était l’invitée de l’émission « A vous de juger» sur France 2. La députée européenne s’est livrée à un face à face houleux avec Eric Besson sur la question de l’identité nationale.

Enfin ! La confrontation sur la question de « l’identité nationale » entre Eric Besson et Marine Le Pen a eu lieu. Et c’est une petite victoire pour la fille du leader frontiste. Il faut se rappeler en effet que le ministre de l’immigration et de l’identité nationale avait annulé sa participation à un débat à Liévin (Pas-de-Calais), prévu initialement le 13 janvier, après avoir appris la venue de Mme Le Pen. Annulation qui avait provoqué les foudres de la numéro deux du FN, dénonçant « une reculade puérile et ridicule » qui témoignait de la « couardise et de la piètre idée de la démocratie » du ministre. (Voir la vidéo). Marine Le Pen tenait donc là sa revanche.

« Un débat lancé comme un thème de campagne »

Sur le fond, la confrontation s’est avérée largement stérile, entre bataille de chiffres approximatifs et attaques personnelles. Eric Besson a tenté de retrouver des accents républicains, qui lui échappaient quelque peu ces derniers temps, face à une Marine Le Pen offensive et fidèle aux positions frontistes. Le ministre de l’identité nationale et de l’immigration continue de se féliciter de la tenue de ce débat, le voyant comme le « signe de la fin d’un monopole que s’est octroyé le FN pendant un certain nombre d’années ». La députée européenne s’en est prit quant à elle à «un débat lancé comme un thème de campagne » qui ne répondait pas aux vraies questions.

Et de reprocher à Eric Besson un manque d’honnêteté quant à l’intitulé du débat. Selon elle, celui-ci aurait dû d’entrée se placer sur la question de l’immigration. L’occasion pour la numéro deux du FN d’appeler, une nouvelle fois, à un « débat sur l’immigration ». « Peut-on continuer à accueillir dans notre pays l’équivalent de la population de la ville de Lille ? » s’est elle interrogée.

Un débat finalement sans vraie conséquence, duquel l’auditoire retiendra sans doute la surprenante conclusion de Mme Le Pen. Surprenante question d’abord : «Combien pèse le fait d’être français ? ». Et réponse à la mesure de la question : « Être français pèse un gramme, le poids d’un bulletin de vote, le seul privilège que les français ont encore ». Pour le reste, la fille du leader frontiste est restée sur les positions tenues pas le Front National sur le débat depuis son lancement, début novembre.

« Une escroquerie électorale »

Déjà invitée de France 2, le 1er novembre, alors que le « grand débat sur l’identité nationale » venait d’être lancé par Eric Besson, Marine Le Pen fustigeait une « escroquerie électoraliste » qui n’avait comme seul but de « ressouder une majorité qui part en lambeaux ». (Voir la vidéo).

Derrière cette admonestation, la numéro deux du FN s’inquiétait surtout d’une opération politique et médiatique de la majorité visant à conserver l’électorat frontiste qui s’était rallié à la candidature de Nicolas Sarkozy en 2007. C’est en substance ce qu’elle déclarait dans une tribune au Monde, du 22 décembre, s’en prenant à un président de la République qui souhaite « retenter le « coup » de la campagne de 2007 : apparaître comme le protecteur de notre pays, de ses valeurs et de son identité face à toutes les agressions ».

Refusant que ce débat ne soit l’apanage du gouvernement, le Front national n’avait pas tardé à réagir en lançant dès le 4 novembre « son » site consacré au « débat » sur l’identité nationale : identitenationale.net. Un espace, peut on lire sur ce site, qui constitue une réponse au gouvernement qui a « fait le choix d’un débat fermé, ficelé, dont les conditions d’organisation dans les sous-préfectures […] ne sont pas à la hauteur de l’enjeu ». Le site n’omet toutefois pas de préciser que ce débat « est essentiel, fondamental, car il conditionne notre vie de tous les jours mais aussi l’existence même de notre Nation ».

Un contexte favorable

Le Front national tentait ainsi de ne pas laisser le débat lui échapper. Sans doute le contexte dans lequel il se déroule depuis le mois de novembre l’a-t-il aidé. Entre la votation suisse sur les minarets, les nombreux dérapages du débat et sa dérive vers des questions liées à l’immigration, le parti frontiste est apparut en capacité de redevenir audible.

A commencer par Jean-Marie Le Pen et sa fille. En réaction à la tribune de Nicolas Sarkozy dans Le Monde, le 9 décembre, la députée européenne se félicitait, sur le site du Front national, « que Nicolas Sarkozy soit obligé sous la pression populaire de reconnaître la validité du référendum suisse et à appeler à une pratique religieuse non ostensible dans la sphère publique ». Et d’ajouter, « C’est là une victoire idéologique du Front National qui a été le premier à se féliciter du vote helvétique ». Et la numéro deux du FN renchérissait sur France 5, le 8 janvier, en estimant que « le débat leur échappe l’UMP] car ils ne l’ont jamais maitrisé » ([voir la vidéo).

Son père, Jean-Marie Le Pen n’a lui non plus pas été en reste. Ainsi ironisait-il, lors de ses vœux à la presse, le 6 janvier, en remerciant le président de la République de lui avoir rendu un fier service en lançant ce débat dans l’espoir de « siphonner » les voix d’extrême droite, comme à la présidentielle de 2007. Pour le leader frontiste, « en lançant en pleine campagne électorale un débat truqué sur l’identité nationale, aux bons soins du ministre socialiste et immigrationniste de l’Immigration, Nicolas Sarkozy a involontairement réveillé les Français ».

« un risque de remontée du Front national »

Autant de prises de positions qui inquiètent, à droite comme à gauche, en vue des élections régionales de mars prochain. Car dans ce contexte, Jean-Marie Le Pen estime son parti en capacité de se maintenir au second tour dans « dix à douze régions« . A droite, François Baroin, député (UMP) de l’Aube et maire de Troyes a été le premier à s’en inquiéter. Dans un entretien au Monde, il évoquait « un risque de remontée du Front national favorisé par la crise, d’une part, et par ce débat qui, au fond, ne peut que le servir ». Dans la même veine, Azouz Begag, ancien ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances dénonçait, dans les colonnes de Sud-ouest, un débat « indigne de la République française » qui va « profiter » au Front National.

Il reste qu’en dépit d’un Front national apparemment de nouveau galvanisé par ce débat, rien n’indique son retour en force sur le plan électoral. Un sondage TNS Sofres/Logica (lire ici) réalisé les 4 et 5 janvier indique que les français sont de plus en plus nombreux à se démarquer des idées frontistes. Seuls 18% des sondés adhéreraient toujours aux thématiques du parti de Jean-Marie Le Pen.

Deux frontistes pour un poste

Les élections régionales de mars prochain vont voir s’affronter à distance Marine Le Pen et Bruno Gollnisch. En plus d’être respectivement les têtes de liste FN dans les régions Nord-Pas-de-Calais et Rhône-Alpes, ils sont tous les deux candidats à la succession de Jean-Marie Le Pen à la tête du Front national, mouvement populiste et souverainiste créé en 1972 au sein du groupuscule Ordre Nouveau. Décryptage sans jugement de valeurs.