Mort de Georges Frêche : quel impact pour Narbonne ?

« L’empereur » du Languedoc-Roussillon n’est plus. La mort brutale de Georges Frêche, survenue le dimanche 24 octobre, a touché de nombreux Languedociens. Et Narbonne ne fait pas exception. Le choc passé, questions et inquiétudes émergent sur le devenir de la ville. Décryptage.

Plus d’une semaine après le décès du président de Région, les Audois commencent à se remettre de la funeste nouvelle. Depuis plusieurs jours, partisans et opposants se partagent l’affiche pour exprimer leur ressenti. Personnage parfois apprécié, souvent décrié, Georges Frêche n’a jamais laissé indifférent. Petit tour hors des frontières montpelliéraines, à Narbonne, une ville passée à gauche en 2008.

Émotion dans les rues narbonnaises

Anonymes et personnalités se sont manifestés à l’annonce du décès de Georges Frêche. Certains ont été profondément affectés, comme Martine, 63 ans, Narbonnaise depuis toujours. « Mon mari me l’a appris le lendemain, en lisant le journal. J’ai été stupéfaite, c’était vraiment quelqu’un que j’appréciais beaucoup. »

Sarah, 32 ans, renchérit : « J’ai vraiment été étonnée quand j’ai su la nouvelle. Je ne m’y attendais pas. C’était une grande gueule, sans doute un peu tyrannique, mais un véritable animal politique. »

Laurent Borreill, le secrétaire local du Parti Socialiste (dont Frêche avait été exclu), a également fait part de son émotion. « J’ai eu un gros pincement au cœur lorsque j’ai appris la mort du président de Région. Je l’avais rencontré plusieurs fois. Certains le critiquaient, d’autres mettaient en avant ses points forts. C’est quelqu’un qui m’a toujours paru attachant, malgré ce qui a pu être dit. Ce n’est pas vraiment un Narbonnais que l’on perd, mais par adoption, il faisait partie de Narbonne. »

Les actions dans le Narbonnais

Durant son premier mandat à la tête du Languedoc-Roussillon, Georges Frêche a aidé à concrétiser plusieurs projets dans la ville et ses alentours : prévention des inondations, création d’un IUT génie-chimique ou encore construction d’une maison de la Région.

« Nous pouvons aussi retenir sa politique de rénovation des lycées, rappelle Laurent Borreill. Frêche a également participé à la vie culturelle et associative, en cofinançant des projets comme le festival Charles Trenet. Beaucoup de choses ont été rendues possibles grâce à lui. »

Pourtant, c’est souvent son action montpelliéraine que les Narbonnais retiennent. « Au final, j’ai plutôt l’impression qu’il a beaucoup œuvré à Montpellier et dans les environs. Je ne crois pas qu’il en ait fait autant pour l’Aude », explique Sarah. Cette vision est partagée par l’opposition. Didier Mouly, président de Nouveau Narbonne, a ainsi confié au Midi Libre du mardi 26 octobre que Frêche « n’avait […] pas encore fait grand-chose » pour la ville.

Quid des chantiers en cours ?

« L’empereur » du Languedoc-Roussillon laisse en suspens la concrétisation de projets d’envergure. L’inquiétude de certains Narbonnais peut donc paraître légitime. « Quand j’ai appris sa mort, raconte Martine, je me suis immédiatement dit qu’un grand homme était parti. Mais égoïstement, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Narbonne. Je crains que la ville n’en pâtisse et soit un peu délaissée maintenant. »

Où se situera la future gare TGV ? Trois sites sont en compétition. Georges Frêche souhaitait la construire près de Salles-d’Aude. Marcel Rainaud, président du Conseil général de l’Aude, privilégie les environs de Montredon-Corbières. Raymond Couderc, maire de Béziers, souhaiterait quant à lui un emplacement entre sa ville et Agde. Qu’en sera-t-il ? Pour l’instant, la question est loin d’être tranchée.

Que deviendra la zone d’activités économiques qui devait voir le jour à Salles-d’Aude ? Selon le maire du village, Jean-Luc Rivel, ce projet ne sera pas compromis. « La Région est déjà propriétaire du domaine », a-t-il affirmé dans le Midi Libre du 26 octobre.

Le président du Languedoc-Roussillon devait également doter Narbonne d’un musée de la Romanité. Cette mesure phare du second mandat est-elle aujourd’hui remise en cause ? Non, à en croire Jacques Bascou, député-maire de Narbonne : « [Le chantier] sera peut-être retardé, mais compte tenu de l’attachement de Georges Frêche à ce projet, je ne vois pas son successeur revenir dessus. » (Midi Libre, 26 octobre).

Un Catalan à la tête de la Région

Christian Bourquin, président du Conseil général des Pyrénées-Orientales, a été désigné le jeudi 28 octobre pour succéder au « roi de Septimanie ». Sa tâche risque de ne pas être aisée. « Frêche était quelqu’un hors du commun, explique Laurent Borreill. Lui trouver un remplaçant s’avère forcément difficile. On devait choisir une personne à la hauteur. Il y avait plusieurs successeurs possibles et c’est la démocratie qui a parlé. Il faut la respecter. »

Aucune raison donc de contester cette succession. Mais le Catalan mènera-t-il à bien les projets pour Narbonne ? Les politiques narbonnais n’en doutent pas. Les habitants, eux, sont moins catégoriques. « Frêche est irremplaçable, confie Martine. J’espère que Narbonne sera encore une priorité. Et pour cela, je fais confiance à Didier Codorniou. »

Le maire de Gruissan et vice-président du Grand Narbonne est également conseiller régional. Il était sur la liste des prétendants pour remplacer « le baron » du Languedoc-Roussillon. Les Narbonnais espèrent à présent qu’il saura défendre les intérêts de leur ville.

Les adieux à « l’empereur de Septimanie »

Les obsèques de Georges Frêche ont eu lieu ce mercredi matin à la cathédrale Saint-Pierre à Montpellier. Le décès dimanche 24 octobre 2010 du président de région Languedoc-Roussillon, a suscité la venue de nombreux anonymes et personnalités.

Il est 9h30 à l’Hôtel de Région lorsque le cortège se prépare à partir pour la cathédrale. Une dizaine de voitures officielles sont placées en enfilade derrière le corbillard. Sont présents la famille de Georges Frêche, le président du club de foot de Montpellier Louis Nicollin, l’acteur Gérard Depardieu ou encore l’ancien ministre communiste Jean Claude Gayssot. Le cercueil de Georges Frêche est recouvert d’un drapeau tricolore. Le cortège prêt à partir, les voitures aux vitres teintées s’engagent sur la route.

Dans le centre historique de Montpellier, sur la place Saint Pierre, la foule est dense. ‘‘Près de cinq mille personnes’’, selon la police. Un écran géant a été installé dehors pour que ceux qui ne peuvent pas rentrer puissent participer à la cérémonie. Certains campent sur la place et dans la cathédrale depuis huit heures du matin. C’est l’archevêque de Montpellier, Mgr Pierre-Marie Carré qui officie. Il rappelle que Georges Frêche était un ‘‘catholique pascalien’’, qu’il avait fait le pari de croire en Dieu. Il a également évoqué un  »investissement constant au service des hommes. C’était un penseur, un intellectuel, il avait une grande liberté d’esprit.’’

Un écran géant a permis au public de suivre la cérémonie en direct

‘‘Georges était un homme de courage’’

Plusieurs de ses proches prennent le micro tour à tour pour se remémorer la figure qu’était Georges Frêche. Rien n’est oublié, de sa foi en sa ville à ses paroles controversées ou mal comprises en passant par son amour pour l’histoire romaine. Gérard Depardieu fait une lecture de certains passages des écrits de Saint Augustin, penseur cher à l’ancien maire de Montpellier. Raymond Dugrand, ancien adjoint à l’urbanisme, affirme que Georges Frêche ‘‘n’a fait que travailler au service des autres’’, et soutient que son ancien patron n’avait jamais eu une once de racisme en lui. A ce titre, il a lu un texte que Georges Frêche avait écrit il y a vingt ans de cela:  »Le racisme doit être combattu en permanence par un inlassable effort d’éducation. (…) Lutter contre le racisme est un devoir du quotidien. »

La femme et les filles de Georges Frêche devant le cortège funéraire
Gérard Collomb, maire-sénateur PS de Lyon, clot la cérémonie en rappelant le refus de Georges Frêche de se cantonner à la norme. Il rend également hommage au travail du  »bâtisseur’’,  » tirant la ville de l’anonymat pour en faire « Montpellier la surdouée »’’. ‘‘George était un homme de courage. Vous, Madame, vous, ses filles, vous les habitants de Montpellier, vous, les habitants du Languedoc-Roussillon, vous pouvez être fiers de Georges Frêche et rappeler sans cesse sa mémoire’’, fini-t-il par dire sous les applaudissements.

La cérémonie close, le cercueil est sorti de la cathédrale entouré de sa famille et de ses collègues universitaires habillés de rouge, tandis que Le temps des cerises chanté par Yves Montand est diffusé par les hauts parleurs qui cernent la place. Puis les voitures officielles s’éloignent en direction de Puylaurens, où Georges Frêche sera enterré dans le caveau familial.

Georges Frêche…et après ?

Georges Frêche, président de la Région Languedoc Roussillon, est décédé dimanche 24 octobre 2010. Une disparition qui oblige la Région à envisager la nomination d’un nouveau président du Conseil.

Président du Conseil régional depuis 2004, réélu en mars 2010 sous l’étiquette Divers Gauche, Président de la communauté d’agglomération et ancien maire de la ville de Montpellier, Georges Frêche a toujours été considéré comme «l’Empereur de Septimanie». Mais avant même de penser à son futur successeur, la Région doit organiser son intérim.

Josiane Collerais, présidente en intérim

Le Conseil régional précise lundi 25 octobre la procédure à mettre en place. Selon l’article 4133-2 du Code Général des Collectivités (Loi du 24 février 1996), c’est le vice président qui doit assurer l’intérim en cas de vacance au pouvoir.

Après les élections régionales de mars 2010, le Conseil régional a défini par délibération un classement des 15 vices présidents du Languedoc Roussillon établi par ordre alphabétique et dans un souci de parité.
Logiquement, Damien Alary actuel président du Conseil Général du Gard, devrait occuper cet intérim.

Cependant, l’article 4133-3 du Code Général des Collectivités, interdit le cumul des mandats : «Les fonctions de président de Conseil Régional sont incompatibles avec l’exercice d’une des fonctions électives suivantes : président d’un conseil général, maire.»

La présidence provisoire sera alors assurée par Josiane Collerais, élue communiste, actuellement en charge de la culture et du patrimoine. Quatrième vice président, mais première femme sur la liste, le poste lui revient donc légalement.

Un poste à pourvoir

Les prochaines élections, qui auront lieu dans un délai d’un mois maximum, détermineront le nouveau Président du Conseil de Région. Il sera désigné par les élus régionaux, tous bords politiques confondus.
Le nom du successeur reste un point sur lequel la Région ne souhaite pas se prononcer pour le moment.

Néanmoins, Christian Bourquin, Président du Conseil Général des Pyrénées Orientales et proche de Frêche, annonçait sur son blog le 20 novembre 2009, la possibilité de prendre sa suite : «Georges a plusieurs fois pris en exemple l’action que je mène à la tête du conseil général». Et il s’est laissé aller à un petit commentaire faisant allusion à sa succession en 2014 : «Ça serait amusant qu’il y ait un Catalan à la tête de la Région». Une thèse reprise aujourd’hui par certains journaux tels que le quotidien La Croix.

Autre candidat pressenti : Damien Alary, vice président du Conseil depuis 2004 délégué à l’aménagement du territoire. Dans la ligne politique de Frêche, il cherche aujourd’hui à disposer d’un large soutien.

Christian Jeanjean veut fonder la nouvelle Droite gaulliste

Le candidat aux élections régionales, dissident de l’UMP, n’a pas su convaincre les électeurs du Languedoc-Roussillon, et n’a recueilli que 2,3% des suffrages le 14 mars dernier. Pour autant, au sein de l’Union Républicaine Populaire, le mouvement qu’il a crée pour se lancer dans la campagne, il s’est d’ores et déjà proposé comme une alternative gaulliste dans la région, face à une majorité moribonde après la défaite de Raymond Couderc.

Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon

Vendredi, samedi et dimanche. Trois jours par semaine pour le maximum d’infos, enquêtes et reportages sur les élections Régionales qui se préparent en Languedoc-Roussillon. La rédaction de Haut Courant va se plier en quatre pour vous… Nous attendons vos réactions !

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 12/03 Elections Régionales : les tracts en revue

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 17/02 La Région, un cimetière pour les élites ( par William Genieys )

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 31/01 « L’extrême droite est historiquement ancrée dans le Midi »

 30/01 2004-2010 : Quel bilan pour Georges Frêche ?

 24/01 Les règles du jeu

 20/01 Le chômage au cœur des régionales

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========================[Les infos pour réagir :]

 15/03 Georges Frêche à son apogée

 15/03 France Jamet : « Face à Frêche, le Front National doit former une grande opposition »

 15/03 Europe Ecologie : une soirée électorale « aux airs de 21 avril 2002 »

 15/03 Une vidéo personnalisée de Xavier Bertrand, pour mobiliser l’électorat UMP

 12/03 Une semaine avec Europe Ecologie

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 12/03 « Mais qu’est-ce qu’il a ce Georges ? »

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Mis à jour le 15 mars à 23h30

Europe Ecologie : une soirée électorale « aux airs de 21 avril 2002 »

Le 17 rue Ledru-Rollin s’est peint de vert hier soir : des affichettes de Jean-Louis Roumégas, des vélos en tant que symbole d’un monde écolo, des petits lampions verts et jaunes, un tapis vert… Atmosphère garantie pour attendre les résultats d’un premier tour aux surprises annoncées. De l’espoir à la déception, la soirée fut longue au quartier général d’Europe Écologie en ce dimanche 14 mars.

« Nous préparons la fête ! ». C’est pleins d’entrain et d’espoirs que les militants d’Europe Écologie accueillent les journalistes de demain dans leur quartier général. Chacun sa tâche. Les uns allument des lampions à l’extérieur, les autres préparent des toasts à l’intérieur et se racontent des petites anecdotes : « l’autre jour, je militais en faisant du porte-à-porte. Je suis allée chez un monsieur qui me disait avoir toujours voté pour le Front National. Aujourd’hui, il vote pour nous ! Comme quoi tout est possible ! », raconte une jeune femme.

Aux alentours de 19h30, arrive Jean-Louis Roumégas, tête de liste d’Europe Écologie en Languedoc-Roussillon. Un peu tendu, malgré un grand sourire affiché, le Vert attend son « destin » et répond aux questions d’Haut Courant. Il prend le temps de donner quelques interviews, de jeter de temps-en-temps des petits coups d’œil à la télévision annonçant les forts taux d’abstention et de répondre avec amabilité aux questions de son staff. Néanmoins, au milieu de cette fourmilière qui gravite autour de lui, et sous une nuée de flashs, son regard reste rivé à son téléphone portable. Il scrute les estimations.

A ses côtés, deux-trois candidats, de nombreux militants ou sympathisants. Haut Courant est allé à leur rencontre. Pourquoi votent-ils ou se sont-ils engagés auprès d’Europe Écologie ? Quel a été leur investissement pour cette campagne ? Quelles sont leurs impressions ? Réponse en image avec Stéphane Silice, tout jeune militant mais néanmoins très actif.

20h et des poussières, le moment fatidique : l’annonce officielle des premières estimations. Chacun a l’œil fixé sur les écrans géants. Et les caméras sur Jean-Louis Roumégas. La sentence tombe : Frêche arrive en tête avec 35,2, suivi par l’UMP Raymond Couderc avec 20% et le Front National avec 13%… Europe Écologie ne passe par la barre fatidique des 10%. Roumégas obtient, selon les premières estimations, 9, 5%.

Pas le temps pour le tête de liste de digérer la nouvelle : une nuée de journalistes lui tombent dessus : « alors, alors, vous êtes surpris ? Déçu ? Que va-t-il se passer maintenant ? » Difficile d’entendre la réponse dans le brouhaha. Mais, Jean-Louis Roumégas conserve son petit sourire, avec un brin d’optimisme qui le caractérise. Rien n’est encore joué. Les décomptages ne sont pas terminés.

Malgré cet optimisme affiché, notamment par Manu Reynaud, secrétaire régional des Verts en Languedoc Roussillon, qui dit aux caméras : « avec Montpellier, il reste encore une chance. Il y a un fort vote écolo. On va passer la barre des 10%, il n’y a pas de soucis.» … l’assistance est sous le choc. Seuls Georges Frêche, « la gauche de droite », l’UMP et le Front National passent au second tour. « Pas de vraie gauche au second tour ? C’est une catastrophe ! » s’exclament ci-et-là les militants et les sympathisants. Une voix s’élève : « Frêche, c’est scandaleux ! »

Chacun est déçu du résultat. Didier, 47 ans, sympathisant votant Vert depuis 1981, trouve «très inquiétant que le Front National ait repris des forces en Languedoc-Roussillon : bravo Besson !» Selon lui, la faute en incombe au débat sur l’identité nationale. Chose que confirme Claudine Paul : «la crise et le débat ont grandement joué sur ce vote FN». Puis, rajoute-t-elle, «la victoire de Frêche est surprenante, et pourtant sans surprises : grâce à cette victimisation, et aux médias qui ont fait sa campagne à sa place, il a tout gagné. Il n’y avait même pas de programme sur son tract !»

Alors, ce ne sont que des huées et des cris indignés qui accueillent le petit discours de Georges Frêche diffusé sur France 2, quelques minutes après l’annonce des premières estimations. Et lorsque ce dernier dit vouloir tendre la main aux écologistes, Mustapha Majdoul, candidat héraultais, s’insurge : « ce n’est qu’une mascarade ! Il se fout de la gueule du monde ! » Une militante rajoute :« jamais nous n’accepterons la main de Frêche ! »

Les résultats officiels donnent 9,12% des voix à Jean-Louis Roumégas. Seulement à quelques centièmes de point de la barre obligatoire des 10%. Europe Écologie a été doublée par le Front National qui obtient 12,67%. Un résultat, qui rappelle aux militants d’Europe Écologie, « un certain 21 avril 2002, version Languedoc Roussillon ».

Chose confirmée par Jean-Louis Roumégas, au matin du 15 mars, à Midi Libre : « nous sommes dans une sorte de 21 avril à l’échelle du Languedoc-Roussillon où la gauche n’est pas représentée, les écologistes ne seront pas représentés au second tour […] Aucune force de la gauche officielle, celle que nous reconnaissons et avec laquelle nous pouvions fusionner, c’est-à-dire ni EE, ni le Parti socialiste, ni le Front de gauche ne seront représentés dans cette élection. » Ainsi, Europe Écologie ne donne aucune consigne de vote pour le second tour.

Julie DERACHE

Retour au dossier spécial Régionales 2010 en Languedoc-Roussillon

Dominique Voynet : « Il faut choisir sa Gauche »

C’est au nom d’une « vieille complicité » que Dominique Voynet est venue soutenir Jean-Louis Roumégas dans la dernière ligne droite du premier tour des élections régionales, mardi 9 mars à Montpellier. Avec une simplicité et un franc-parler qui la caractérisent, la co-fondatrice du parti des Verts a un objectif en tête : le second tour pour son acolyte écologiste.

Europe Écologie aime les symboles. Et quoi de plus symbolique que la visite de l’une des figures historiques des Verts ? Authentique écologiste, venue en tramway après avoir tracté dans les rues de Montpellier aux côtés de Jean-Louis Roumégas, Dominique Voynet donne une petite conférence de presse à la brasserie Le Sud, face à l’Hôtel de Région.

Une institution régionale dépouillée

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Entourée de quelques-uns des candidats d’Europe Écologie pour les Régionales, Mustapha Majdoul, Agnès Langevine et Katia Mingo , l’édile de Montreuil est longuement revenue sur la menace que représente la réforme sur les collectivités locales sur l’institution régionale.

Selon la sénatrice de Seine-Saint-Denis : « la Région est aujourd’hui menacée par les réformes du gouvernement. Notamment en ce qui concerne son autonomie financière et fiscale. En effet, la région est accusée d’être une institution dépensière par le président de la République. » Et de rajouter : « l’absence d’autonomie financière est extrêmement inquiétante. La promesse venant de la droite qui est de baisser les impôts régionaux est un peu facile à faire : les conseillers régionaux ne voteront quasiment plus rien de leur budget ».

Pourtant, Dominique Voynet rappelle l’importance de l’institution régionale. Elle cite quelques exemples : « la Région permet d’assurer la solidarité des territoires, elle est responsable de la formation professionnelle, elle prend en charge les lycées. Elle a notamment la responsabilité de mettre en place la formation pour les nouveaux métiers dont on aura besoin demain ».

La réforme des collectivités locales est, pour l’ancienne ministre de l’environnement, « un dépouillement de l’institution régionale ». Elle rappelle que « c’est peut-être la dernière fois que l’on procède à l’élection des conseillers régionaux, un scrutin de liste qui permet une juste représentation des hommes et des femmes. Si l’on laisse faire le gouvernement, demain on élira des conseillers territoriaux, siégeant à la fois au département et à la Région, élus sur la base de gros cantons regroupés. Ce, au détriment de la parité et au détriment de l’autonomie institutionnelle ».

Pour Dominique Voynet, le chef de l’État souhaite mettre en place un mode de scrutin adapté aux besoins de son parti et amplifier le mouvement de re-centralisation engagé à tous les niveaux : « après l’Université, l’Hôpital, la Justice, la Police, … c’est au tour des collectivités territoriales ».

« Il faut choisir sa Gauche »

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Ainsi, pour Dominique Voynet, le Languedoc-Roussillon mérite une meilleure campagne électorale que celle qui a été offerte aux électeurs jusqu’à présent. « La maladresse des partis, d’une part, et l’utilisation du scrutin pour en faire une sorte de plébiscite pour ou contre le sortant d’autre part, prime sur tout le reste », affirme l’écologiste. La tête de liste Europe Écologie Languedoc Roussillon, Jean-Louis Roumégas, rajoute : « la campagne a été confisquée par des faux débats». Il explique, entre autres, que le Parti Socialiste, au niveau national, a sacrifié le Languedoc Roussillon, « selon les propres mots du bureau national ».

Il reproche notamment au parti de la rose que « pour se refaire une image au niveau national, les socialistes ont utilisé l’affaire en Languedoc Roussillon, sans se préoccuper des conséquences ici. Ils considèrent donc qu’ici les électeurs sont des cobayes qui peuvent être sacrifiés sur l’autel de l’hégémonie du Parti Socialiste ou de l’image de Mme Aubry. C’est regrettable ».

Selon la sénatrice de Seine-Saint-Denis, « l’espoir de rassemblement a été torpillé par la Rue de Solférino. Il est temps de choisir sa gauche maintenant ». Ainsi, pas d’autres solutions pour Europe Écologie, que d’agir seule pour représenter la modernisation de la gauche. Et les atouts de Roumégas pour cela ne manquent pas : « une énergie formidable, une qualité d’écoute et de respect des autres. Il est attentif aux problèmes des gens », affirme Dominique Voynet.

L’inévitable évocation du président de Région sortant, Georges Frêche, n’a pas tardé. Ce dernier aurait effectivement affirmé ces derniers jours : « l’écologie, il y a ceux qui en parlent et ceux qui agissent », raillant ainsi la venue de Dominique Voynet. Et Jean-Louis Roumégas de lui retourner le compliment : « le Languedoc Roussillon était premier en matière d’énergies renouvelables, il a aujourd’hui reculé au 5e rang ».

Quant à Dominique Voynet, elle ne se sent que peu concernée par la sentence de Frêche : « quand on veut être le bon écologiste de service, on ne doit pas seulement s’intéresser à des équipements symboliques que l’on peut inaugurer un dimanche soir. On doit, dans son domaine de compétence, mettre en place des politiques en vraie grandeur qui vont permettre la création d’emplois. L’enjeu est de passer de la phase expérimentale à la diffusion des bonnes pratiques en vraie grandeur ».

Elle ajoute en souriant : « quand j’entends cette phrase de Georges Frêche, je n’ai pas envie de la prendre pour moi. Jamais les écologistes n’ont été des bavards qui n’agissaient pas… On agit à la mesure des responsabilités qui nous sont confiées par les électeurs ». Chose confirmée par Jean-Louis Roumégas : « les écolos ont souvent été considérés comme des alliés sympathiques mais pas essentiels et au cœur des politiques ».

Par contre, pour l’ancienne ministre de l’environnement, la phrase de Georges Frêche s’appliquerait « magnifiquement » à Nicolas Sarkozy : « le président a prétendu se faire le champion de l’écologie mais vient de se renier à plusieurs reprises ses dernières semaines : qu’il s’agisse des phrases désastreuses prononcées au Salon de l’Agriculture, ou qu’il s’agisse de son attitude concernant la prévention des risques naturels. Le président de la république est inconséquent, il agit au hasard des rencontres et dit tout et son contraire ».

« Risques de tempêtes et d’inondations, on ne nous a pas écouté »

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Cette rencontre aura aussi été l’occasion, pour Jean-Louis Roumégas, d’un petit retour sur l’actualité, peu drôle, mais ô combien au cœur des préoccupations écologistes : la tempête et les inondations en Vendée et dans l’Ouest de la France ayant causé une soixante de morts. Le porte-parole national des Verts rappelle que le Languedoc-Roussillon est l’une des régions les plus fortement menacées par les risques d’inondations : « nous avons des zones submersibles très importantes ».

Toujours selon lui, cette catastrophe naturelle prouve que « les écologistes ont malheureusement eu raison trop tôt. On ne les a pas écouté ». Il critique l’utilisation politique qui est faite de ce drame par les membres du gouvernement : « les hélicoptères ministériels viennent déverser de la compassion et des promesses… Mais en réalité, on le sait bien, rien ne va changer. Après les inondations dans le Gard, en 2005 et 2008, rien n’a changé. Des digues qui ne font que menacer encore plus gravement les habitants ont été construites. Des permis de construire continuent d’être distribués dans des zones inondables. De même, on continue à monter des murs, des digues, non pas pour protéger les habitants, mais pour pouvoir continuer l’œuvre d’urbanisation ».

Ainsi, il rappelle que le projet politique porté par Europe Écologie est avant tout de stopper l’urbanisation et de restituer à la nature ses zones d’expansion spontanée. Notamment pour mieux gérer ces risques d’inondations.

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Pour la Journée de la femme, Martine Aubry vient au secours de son « amie » Hélène Mandroux

A une semaine du premier tour des élections régionales, Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste est venue apporter son soutien à Hélène Mandroux, candidate PS en Languedoc-Roussillon. Accompagnée par un cénacle de figures féminines du PS, à l’occasion de la journée de la femme, la maire de Lille s’est employée à remettre sur les rails la campagne socialiste dans la région. Retour sur une visite éclair en terre languedocienne.

« Campagne neigeuse, campagne heureuse ! ». La neige tombée abondamment hier sur Montpellier n’a pas manqué d’inspirer Martine Aubry, en visite lundi 8 mars à Montpellier aux côtés d’Hélène Mandroux.

La première secrétaire du Parti socialiste a choisi, non sans habileté, la Journée de la femme, pour venir soutenir son « amie », dont les derniers sondages lui redonnent des raisons d’espérer. La maire de Lille faisait ainsi d’une pierre deux coups : se poser en porte-drapeau d’une parité homme-femme qui doit être « une réalité », et remettre sur les rails la campagne de Mme Mandroux.

Un véritable « pack de femmes »

Pour sa venue dans la capitale languedocienne, Martine Aubry était accompagnée, selon ses propres mots, d’un véritable « pack de femmes ». Se trouvaient notamment à ses côtés, Élisabeth Guigou, députée de la Seine-Saint-Denis, ancienne Garde des Sceaux, Adeline Hazan, maire de Reims, députée européenne, Valérie Fournayron , députée-maire de Rouen, Laurence Dumont, députée du Calvados et secrétaire nationale à la formation, Aurélie Filipetti, députée de la Moselle, porte-parole du groupe socialiste à l’Assemblée Nationale, ou encore Farida Boudaoud, conseillère régionale en Rhône-Alpes… Une délégation « avant tout féminine, et non parisienne » prend soin de préciser la première secrétaire.

A leur arrivée dans le centre-ville, salle Pétrarque, première étape de leur visite éclair, la cohorte féministe, Martine Aubry et Hélène Mandroux en tête, a reçu les doléances d’une assemblée exclusivement féminine.

Une première entrevue au cours de laquelle les deux protagonistes de la matinée n’ont pas ménagé leurs efforts pour afficher leur grande proximité. Tutoyant la première secrétaire du PS, la maire de Montpellier n’a eu de cesse, dans son discours liminaire, de remercier « Martine » pour son « courage » et sa volonté de « retrouver les vraies valeurs du PS » en Languedoc-Roussillon.

Martine Aubry, de son côté, n’était pas en reste côté complaisances. « Avec Hélène nous nous connaissons bien, il est vrai que nous sommes amies depuis longtemps et nous nous appelons souvent » a expliqué a plusieurs reprises la maire de Lille. Et de poursuivre, « les femmes, nous ne sommes jamais en concurrence », en oubliant sans doute, l’espace d’un instant, sa rivalité avec Ségolène Royal lors du congrès de Reims de novembre 2008.

Point de querelle avec Hélène donc. Au contraire, les deux femmes poussant même la mise en scène jusqu’à une remise de cadeaux, avec, pour Mme Mandroux, « un foulard fleuri et très coloré ». Échanges qui ne sont pas sans rappeler la réconciliation du meeting de Rezé, entre Martine Aubry et Ségolène Royal, à la veille des élections européennes de juin dernier.

Relancer la dynamique de la campagne

Avec sa « chère Hélène » l’heure est donc à l’entre-aide et à la « solidarité féminine ». Car pour Martine Aubry, « seule une femme pouvait accepter et porter ce lourd combat ». Dès lors, l’issue des élections régionales ne fait guère de doute pour la première secrétaire. Elle l’affirme avec force : « il faut que ça soit une femme, ça sera Hélène ! ». Fermez le ban.

De son côté, la candidate se veut plus prudente. Si elle affirme que « cette bataille », elle va « tout faire pour la gagner », elle le confesse volontiers : « nous sommes partis en retard ». Mais, les derniers sondages semblent la ragaillardir quelque peu. Interrogée par Hautcourant, Mme Mandroux souligne ainsi l’apparition d’une vraie « dynamique ». « Ce qui est important, ajoute la candidate, c’est que cette ligne continue à croître ».

Une dynamique que la venue de Martine Aubry en terre frêchiste devait à l’évidence renforcer un peu plus. La première secrétaire ne s’y est pas trompé. Lors de la deuxième étape matinale, davantage politique, au QG de campagne du maire de Montpellier, Mme Aubry a clairement montré sa volonté de redonner une impulsion à la campagne. Mêlant humour et attaques plus sérieuses, elle a monopolisé la parole devant une Hélène Mandroux visiblement effacée.

La première secrétaire du PS s’en est d’abord prise au candidat UMP, Raymond Couderc et « cette droite qui ici n’a pas hésité à faire alliance avec le FN ». « Quand je regarde ce que présente Couderc, ajoute Mme Aubry, c’est dans le fond le même programme que Jacques Blanc, avec du sarkozysme en plus ». Aux yeux du maire de Lille « il n’y a qu’un seul projet pour l’avenir du Languedoc Roussillon c’est celui porté par Hélène et son équipe, car pour battre la droite, rien de mieux que la gauche ! ».

Fustigeant à plusieurs reprises le débat sur l’identité nationale, elle lui a opposé le « vivre ensemble » de Mme Mandroux : « alors que Sarkozy nous a poussé vers cet ignoble débat sur l’identité nationale et que les français l’ont refusé, le vivre ensemble c’est ce que nous devons défendre quand nous sommes à gauche ; c’est ce vivre ensemble qu’Hélène propose dans son projet ».

Un panier garni pour Georges Frêche

Mais, pour conclure cette matinée, Martine Aubry se devait de terminer par un geste fort, en mesure de capter l’attention des listes adverses. Et la cible était toute trouvée : Georges Frêche !

Il est vrai, qu’en cette Journée de la femme, s’en prendre à un homme qui n’a jamais brillé par son féminisme éclatant, était plutôt aisé et bienvenu. La maire de Lille ne s’est pas fait prier. Ainsi avait-elle emporté dans ses bagages un véritable « panier garni » qui devait être remis dans l’après-midi « à Georges ».

Ce qui est sûr, c’est que son contenu ne devrait pas manquer de faire réagir « l’Empereur de Septimanie » : deux DVD de films avec Brad Pitt, à qui Georges Frêche s’est récemment comparé ; deux ouvrages, « Manuel de la communication non violente au quotidien » et « 211 idées pour devenir un garçon génial » ; deux disques dont le fameux « Femmes je vous aime » de Julien Clerc, ou encore deux magazines : un Têtu et un France Football, pour « les matchs de l’équipe de France qu’il verra pendant qu’Hélène Mandroux s’occupera de la région« .

Enfin et surtout, en conclusion de cette saillie humoristique, Martine Aubry a glissé dans son panier garni une petite touche personnelle pour le président sortant : un livre « sur les oiseaux ». « J’ai peur qu’il soit à cours d’inspiration donc je lui offre ce livre pour qu’il trouve d’autres noms d’oiseaux pour pouvoir me traiter » lance-t-elle, ironique. Il est vrai que depuis l’investiture de Mme Mandroux, Georges Frêche n’est pas tendre avec la première secrétaire, qualifiée, entre autres, « d’élue de la fraude ».

Interrogée par Haut Courant sur ces nombreux assauts frêchistes à son égard, Martine Aubry semble s’en amuser. « Tout ça me fait plutôt sourire » confie-t-elle avant de repartir en direction de l’aéroport.

Au final, si cette « campagne neigeuse » ne promet pas forcément une fin « heureuse », selon l’adage aubryiste du jour, elle reste néanmoins, à une semaine du premier tour, une campagne bien houleuse.

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Le Languedoc-Roussillon devient un enjeu national pour Europe Ecologie

De nombreux leaders d’Europe Écologie se sont réunis, mercredi 17 février 2010, pour un meeting animé à Montpellier. Daniel Cohn-Bendit, José Bové et Noël Mamère se sont donnés rendez-vous pour soutenir Jean-Louis Roumégas, tête de liste Europe Écologie LR. La campagne pour les régionales a pris des accents nationaux.  » Le Languedoc Roussillon est un laboratoire pour qu’émerge une nouvelle culture politique  » résume Dany le Vert.

19h15, la salle Fernand Pelloutier commence à s’échauffer. Elle attend les « stars » d’Europe Écologie. Soudain, la musique retentit et c’est sous une nuée de caméras que Dany, José, Noël et Jean-Louis se dirigent vers la scène.

«Il y a de l’ambiance ce soir», s’exclame Noël Mamère, invité surprise, qui a remis pour l’occasion son costume de journaliste afin d’animer le débat. Rapidement le ton est donné : les socialistes et Georges Frêche en prennent pour leur grade. «Le Languedoc-Roussillon a été le théâtre d’une vaste opération de manipulation du Parti Socialiste qui a préféré s’accommoder de M. Frêche. Quant à Mme Mandroux, la pauvre, elle a été sacrifiée par le Parti Socialiste.» Les régionales sont, pour lui, une étape dans la reconquête de la gauche. Europe Écologie représente une alternative au frêchisme, «variante du sarkozysme adapté au niveau régional

Un programme, point par point

«Il est temps de parler programme», lance Agnès Langevine, tête de liste P-O. Les spotlights laissent place à une lumière tamisée… Confortablement assis sur d’immenses canapés installés sur la scène, les uns après les autres, différents candidats présentent quelques points du programme d’Europe Écologie. Trois par trois, pour un temps de trois minutes chacun.

La perpignanaise ouvre le bal et parle de s’attaquer au chantier de l’emploi : «il faut créer des emplois non délocalisables.» Et cela passe par quoi ? « La transformation écologique de l’économie. Un exemple : la reconversion de l’agriculture qui développera des emplois et amènera une autonomie alimentaire de la région. » Puis, c’est au tour de Pere Manzanares de s’essayer à l’exercice des trois minutes, avec un maître-mot : l’euro-région. «Pour le moment, l’euro-région est plus virtuelle que réelle. Elle doit devenir l’instance d’une coopération gagnant-gagnant entre deux territoires. L’euro-région est une chance, la transformation un outil», dit-il avant de conclure sur quelques mots de catalan. L’accent chantant, Silvain Pastor, le Gardois l’a aussi : «il est nécessaire que notre région soit dénucléarisée et développe l’énergie positive. Le potentiel est là. Il faut décroître notre consommation d’énergie, gaspillée inutilement, et il faut mettre en place des moyens massifs pour cela.» Ce n’est pas Georges Fandos, le représentant héraultais de Cap21 qui va le contredire. L’agronome, adepte de l’aménagement équilibré du territoire, est aussi contre le gaspillage : «arrêtons avec cette société consumériste où si t’as pas une marque, t’es rien». En effet, «nous nous croyions à l’abri des désordres du monde. Il en n’est rien», tance Pascal Frissant, le tête de liste audois. Le viticulteur évoque les difficultés du monde paysan et viticole : «notre colère est au niveau de notre tristesse». Pour lui, il est clair qu’«il faut mettre de l’argent sur la table.» Et pour cela, changer le modèle de gouvernance. «Ici, la gouvernance actuelle est contestée. Ce n’est pas une question de personne mais de projet politique qui s’appuie sur la loi du plus fort», explique Nadja Flank, la représente de Gauche Alternative. Elle décrie le modèle de métropolisation abusif et prône la promotion de la diversité sociale et culturelle, et la coopération.

Transformation sociétale, démocratique, économique et écologique : on l’a compris Europe Écologie veut que les choses changent ! «Nous sommes les visionnaires», explique Georges Fandos.

Roumégas :« On part pour gagner !»

P1380304.jpg Finies les discussions au coin du feu, confortablement installés sur un canapé. Le patron est de retour. Avec ferveur et dynamisme, du haut de son pupitre, il réveille la salle : «c’est une urgence sociale et écologique. Si on n’agit pas, on ne s’en sortira pas !» Érosion du littoral, réchauffement climatique, folles dépenses énergétiques, tout y passe. Jean-Louis Roumégas rappelle quelques données du bilan économique de Georges Frêche : chômage le plus important de France, région dernière en terme de PIB par habitant, Languedoc-Roussillon champion du RMI… «On dit dans les médias, Georges Frêche est certes amoral mais il a un bon bilan. Ce n’est pas vrai. Pour un chantre du développement libéral, ce n’est pas un bon résultat ! » C’est le résultat de « rêves mégalomaniaques». Pour Roumégas, il faut sortir «de la tutelle de cette économie de la grande distribution qui nous tue». Le défi est lancé : «on va gagner ! En plus, il y a les copains du Front de Gauche avec nous.» Une alliance de second tour est annoncée : Europe Écologie et le Front de Gauche feront front commun contre Frêche… pour gagner !

José Bové: «l’alternative de cette région, c’est l’écologie»

P1380338.jpg Noël Mamère l’accueille comme «un des alliages fondateurs d’Europe Écologie avec Cohn-Bendit et Éva Joly», ajoutant non sans humour «l’alliance du taulard et de la juge». L’ex-leader de la Confédération paysanne José Bové se déclare «heureux» de revenir à Montpellier, où l’engagement des militants ne faiblit pas. Le député européen insiste sur l’importance de créer un pont entre l’Europe et les régions, et de renforcer les moyens d’actions en ce sens. Sans oublier les enjeux locaux qu’il connait bien, lui qui réside près de Millau : «je ne peux m’empêcher de penser au projet de la Salamane, et à l’implantation de cette plateforme logistique par Système U. Ce serait plus utile de donner ces terres à de jeunes agriculteurs locaux, au lieu de favoriser cette logique de concurrence déloyale inacceptable.» Le projet Agrexco n’a pas échappé à son courroux. Il s’engage au nom d’Europe Écologie et de la coalition des 85 associations : «si nous arrivons en tête au second tour, nous arrêterons ce projet immoral soutenu par Frêche.». Il achève son pamphlet sous les applaudissements du public : «nous avons quatre semaines pour montrer que l’alternative de cette région, c’est Europe Écologie ! Vive Europe Écologie Languedoc Roussillon !»

Daniel Cohn-Bendit: «l’écologie est une préoccupation universelle, même la femme du patron ne veut pas que le ciel lui tombe sur la tête».

Il était attendu comme le messie, Dany le vert. Orateur hors pair, il a fait un discours dont la ferveur et le franc-parler ne faiblissent depuis un certain jour de mai 1968, dans la cour de la Sorbonne. Il a rappelé aux militants qu’«Europe Écologie est la troisième force politique en France. Il n’y a pas d’alternance possible sans ! Ce qui est fondamental, c’est que nous serons dans les majorités de gestion. Peu importe que le PS fasse 20% et nous 17 ou 18%. Ce ne sera pas une défaite. Plus nous sommes forts, plus nous serons nombreux dans les conseils régionaux et plus nous pourrons effectuer une politique de transformation.» Le député européen réaffirme sa position d’ouverture au Modem ou au PS: «Nous cultiverons une culture de partenariat dans le respect d’un projet commun. Ne nous coupons pas de cela avec un jusqu’au boutisme incohérent». Il cite l’exemple improbable de l’Alsace, traditionnellement à droite, comme la seule région où les sondages donnent gagnant Europe Écologie : «nos militants, là bas, ont réussi à rassembler». Selon Dany, Europe Écologie se positionne sur beaucoup de sujets à gauche, mais concernant l’écologie, elle est centrale : «il s’agit d’une préoccupation au centre d’une lutte planétaire, universelle. Même la femme du patron ne veut pas que le ciel lui tombe sur la tête !»

L’État Major de Solférino sérieusement critiqué

Dans ce meeting, ce n’est pas tant la maire de Montpellier qui est critiquée, vue par Europe Écologie comme «une sacrifiée», mais plutôt le bureau national du Parti Socialiste. Pour ne citer que des morceaux choisis : «le PS a fait preuve de péché d’orgueil en pensant qu’ils étaient les seuls à pouvoir avoir une réflexion politique sur la région et en demandant ainsi la direction de la liste», selon José Bové. Cohn-Bendit ajoute : «les membres du PS ne sont pas nos adversaires, ni nos concurrents. Leur logiciel est resté collé au XXe siècle. Alors camarades socialistes, venez, nous sommes capables de vous emmener vers le XXI e siècle !» Revenant sur l’alliance manquée entre la liste de Jean-Louis Roumégas et celle d’Hélène Mandroux, il tape sur les doigts de Solférino, affirmant qu’une «solution locale avait été trouvé» et que lorsque la maire de Montpellier a demandé l’aval du bureau national, celui-ci a refusé. «Ils voulaient la direction de la liste et non pas une démocratie gérée à parité et à égalité».

Bien qu’en début de meeting Noël Mamère ait annoncé «le maelström des derniers jours est maintenant derrière», la pilule a du mal à passer…

Georges Frêche, «le parrain» a les oreilles qui sifflent

S’il y a bien une personne dont les oreilles ont du siffler, c’est le président de Région sortant : Georges Frêche. Chacun y va de son petit commentaire. Noël Mamère critique l’anti-parisianisme primaire du sudiste : «il n’y a pas Paris contre la province. Georges Frêche fait du localisme contre la démocratie.» José Bové souhaite en finir avec cet «égoïsme régional» et devient même poétique : «les coqs sur leurs tas de fumier croient que lorsque le soleil se lève, c’est parce qu’ils chantent». Quant à Jean-Louis Roumégas, il critique le «fait du prince» et «l’exploitation marketing de la morale politique». Une chose est sûre, le porte parole national des Verts ne porte pas Georges Frêche dans son cœur. Pas plus que Dany le Rouge : «vous avez un parrain. Vous pouvez avoir tous les projets que vous voulez pour la Sicile, vous ne gagnerez jamais face à la mafia. Ces clientélismes touchent des pans entiers de la société. Il faut en finir avec le frêchisme, avec cette gauche au visage ubuesque

Et même «Monsieur Météo» en prend pour son grade

La liste Génération Écologie de Patrice Drevet a été qualifiée d’«imposture» ou «d’usurpation de la démocratie» par Daniel Cohn Bendit. L’alliance de Drevet avec Georges Frêche au deuxième tour n’est un secret pour personne. Puis, ironisant sur les origines douteuses de ce produit «peine en vert», il a appelé les chercheurs qui ont «retrouvé» le père de Toutankhamon à faire des recherches pour retrouver les origines du Piscenois.

22h. C’est avec liesse et joie, que l’ensemble des candidats présents ont rejoint les « stars » sur scène. Applaudissements et pas de danses viennent clôturer la soirée. Le meeting d’Europe Écologie aura fait salle comble. Plus en tout cas qu’Hélène Mandroux la veille, qui n’avait réuni que 300 militants…

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